L’Encyclopédie/1re édition/TURBE

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TURBE, s. s. (Gramm. & Jurisp.) du latin turba, qui signifie troupe ou attroupemement de personnes, d’où l’on a fait en françois turbe, & quelquefois tourbe, tourbiers.

La turbe, ou enquête par turbe, étoit une enquête que l’on faisoit anciennement pour constater quelque fait ou quelque usage ; on convoquoit les habitans d’un lieu, ou autres personnes, que l’on entendoit pour avoir leur avis ou témoignage sur ce qui faisoit l’objet de l’enquête, & leur avis ou déposition étoit rédigé collectivement, à la différence des enquêtes ordinaires où les témoins sont entendus séparément, & leur déposition rédigée de même. La confusion qui s’élevoit ordinairement dans l’assemblée des turbiers & les autres inconvéniens que l’on y a reconnus, ont fait que l’usage de ces sortes d’enquêtes a été abrogé par l’ordonnance de 1667.

A ces enquêtes ont succédé des actes de notoriété que l’on demande aux officiers d’un siege, aux avocats, procureurs ou autres personnes, selon la nature de l’affaire. Voyez Acte de notoriété, Enquête, Notoriété. (A)

Turbe, s. f. (Hist. mod.) c’est ainsi que les Turcs nomment une espece de tour ou de colonne qu’ils élevent sur les tombeaux. On les laisse communément ouvertes par le haut ; cette ouverture sert à recevoir la pluie qui arrose les fleurs & les plantes odoriférantes dont ces tombeaux sont ornés, & l’on y met une grille de fer ou de cuivre pour empêcher les oiseaux d’y faire leurs nids ou de s’y loger. Voyez Cantemir, Hist. ottomane.