L’Encyclopédie/1re édition/TUSSILAGE

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TUSSILAGE, s. f. (Hist. nat. Botan.) il n’y a dans le système de Tournefort qu’une seule espece de ce genre de plante, tussilago vulgaris, I. R. H. 487. en anglois, the common coolts-foot. Sa racine est longue, menue, blanchâtre, tendre, rampante ; elle pousse plusieurs tiges à la hauteur d’environ un pié, creuses en-dedans, cotonnées, rougeâtres, revêtues de petites feuilles sans queue, pointues, placées alternativement ; elles soutiennent chacune en leur sommet une fleur, belle, ronde, radiée, jaune, ressemblante à celle de l’aster, avec cinq étamines capillaires & très courtes, à sommets cylindriques ; à quoi succedent plusieurs semences oblongues, applaties, garnies chacune d’une aigrette. Après les fleurs naissent les feuilles, & ces feuilles font grandes, larges, anguleuses, & presque rondes.

Cette plante croît aux lieux humides, comme aux bords des rivieres, des ruisseaux, des fontaines, des fossés, dans les terres grasses & un peu aquatiques. Elle fleurit au commencement de Mars, & sa fleur ne dure pas long-tems ; elle trace, & multiplie beaucoup dans les jardins. (D. J.)

Tussilage, ou Pas d’ane, (Mat. méd.) ce sont principalement les fleurs de tussilage qui sont d’usage en Médecine ; on se sert pourtant aussi quelquefois de ses feuilles, de ses racines, & de ses diverses parties, tant intérieurement qu’extérieurement.

Ces remedes tiennent un rang distingué parmi les béchiques ou pectoraux ; on les prescrit en infusion ou en décoction à la dose de trois ou quatre pincées pour chaque pinte de liqueur, soit seules, soit mêlées à d’autres remedes pectoraux. Voyez Pectoral.

Cette tisane soit simple, soit composée, est un remede populaire contre le rhume.

On trouve dans les boutiques un sirop de tussilage simple, un sirop composé, auquel cette plante donne son nom, & une conserve faite avec les fleurs. On retire aussi de ses fleurs une eau distillée qui ne participe certainement point de leur qualité adoucissante ; car elles doivent cette qualité à une substance mucilagineuse, qui n’est rien moins que volatile. Le sirop de tussilage simple se prépare avec l’infusion ou la décoction des fleurs non mondées de leurs pédicules. Il possede toute la qualité adoucissante du tussilage, que le sucre augmente encore plutôt qu’il ne l’affoiblit ; on doit avoir précisément la même idée de la conserve. Le sirop de tussilage composé se prépare de la maniere suivante, selon Lémeri, (Pharmac. univers.) prenez racine de tussilage demi-livre, feuilles & fleurs de la même plante quatre poignées, capillaire de Montpellier deux poignées, reglisse une once ; faites cuire dans huit livres d’eau commune jusqu’à la dissipation du tiers ; clarifiez la colature avec cinq livres de beau sucre, & cuisez en consistence de sirop selon l’art, toutes les matieres employées dans ce sirop sont douées de vertus fort analogues ; par conséquent le sirop de tussilage composé a les mêmes propriétés que le sirop de tussilage simple.

La racine de tussilage entre d’ailleurs dans le sirop de velar, les fleurs dans le syrop de grande consoude, dans celui de rossolis, & dans la décoction pectorale de la pharmacopée de Paris ; les fleurs & les racines dans les trochisques noirs de la même pharmacopée, &c.

Quant à l’usage extérieur de cette plante, on applique quelquefois ses feuilles pilées en forme de cataplasme sur les tumeurs inflammatoires, pour les relâcher & en diminuer la douleur. (b)