L’Encyclopédie/1re édition/UBIENS les

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UBIENS les, (Géog. anc.) Ubii ; peuples de la Germanie, compris originairement sous le nom général des Stoevones. Ils habitoient premierement au-de-là du Rhin. Leur pays étoit d’une grande étendue. Il confinoit du côté du nord au pays des Sicambres, ce qui est prouvé par la premiere expédition de César dans la Germanie transrhénane ; car lorsqu’il fut arrivé aux confins des Ubiens, il entra dans le pays des Sicambres ; & le Segus pouvoit servir de bornes entre ces deux peuples.

Du côté de l’orient, les Ubiens touchoient au pays des Cattes, comme le prouvent encore les expéditions que César, l. IV. c. xvj. & xjx. l. VI. c. jx & x. fit au-delà du Rhein, & il est à croire que les sources de l’Adrana & de la Longana, étoient aux confins des deux peuples.

Au midi ils étoient limités par le Mein, qui les séparoit des Helvétiens, des Marcomans & des Sédusiens. Enfin on ne peut point douter que les Ubiens du côté du couchant ne fussent bornés par le Rhein ; car aux deux fois que César passa le Rhein, il entra d’abord dans le pays des Ubiens : outre que le pont qu’il fit à la seconde expédition, joignoit le pays de ces peuples à celui des Treviri. Spener, notit. Germ. ant. l. IV. c. j. & l. IV. c. iij.

Les Ubiens vivoient dans une perpétuelle inimitié avec les Cattes, dont ils devinrent même tributaires ; ce qui fit que les Ubiens furent les premiers des peuples au-delà du Rhein qui rechercherent l’alliance & la protection des Romains. Mais ils ne trouverent pas dans cette alliance & dans cette protection tout le secours dont ils avoient besoin pour se défendre contre des peuples à qui cette démarche les rendit odieux ; & ils couroient risque d’être entierement exterminés, si le consul M. Vipsanius Agrippa ne les eût transférés sur la rive gauche du Rhein, où ils prirent le nom du fondateur de leur colonie, qui l’an 716 de Rome, & 35 ans avant Jesus-Christ, leur bâtit une ville qui fut appellée colonia Agrippina, & Tacite donne le nom d’Agrippinenses à toute la nation.

Il ne paroît pas que les Ubiens eussent des chefs, duces, ou des rois pour les commander. Le commerce qu’ils avoient avec les Gaulois leur en avoient fait prendre quelques manieres ; & à l’exemple e ces peuples, ils avoient un sénat qui géroit les affaires générales ; aussi voyons-nous que les ambassadeurs des Teneteres s’adresserent au sénat de la colonie pour exposer la commission dont ils étoient chargés, & non à aucun prince ni chef. Lorsqu’ils eurent passé le Rhein, ils ne changerent point la forme de leur gouvernement, du-moins n’en a-t-on aucune preuve.

Quant aux bornes du pays qu’ils occuperent en-deçà du Rhein, aucun ancien ne les a déterminées. Cluvier prétend qu’ils avoient le Rhein à l’orient ; du côté du nord ils étoient bornés par une ligne tirée depuis l’embouchure du Roer dans la Meuse, jusqu’à l’endroit ou une autre riviere appellée aussi Roer, se jette dans le Rhein, ils confinoient de ce côté-là au pays des Menapii & des Gugerni ; le Roer, qui se jette dans la Meuse, les bornoit au couchant, & les séparoit du pays des Tongres ; & du côté du midi, l’Aar faisoit la borne entre leur pays & celui des Treviri. (D. J.)