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L’Encyclopédie/1re édition/UNIGENITUS

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UNIGENITUS constitution, (Hist. du jansénisme. ) constitution en forme de bulle, donnée à Rome en 1713, par le pape Clément XI. portant condamnation du livre intitulé : Réflexions morales sur le nouveau Testament, par le P. Quesnel. Cette bulle commence par le mot Unigenitus, d’où lui vient son nom ; mais c’est son histoire qui nous intéresse, la voici d’aprés l’historien du siecle de Louis XIV.

Le P. Quesnel, prêtre de l’Oratoire, ami du célebre Arnauld, & qui fut compagnon de sa retraite jusqu’au dernier moment, avoit des l’an 1671, composé un livre de réflexions pieuses sur le texte du nouveau Testament. Ce livre contient quelques maximes qui pourroient paroître favorables au jansénisme ; mais elles sont confondues dans une si grande foule de maximes saintes & pleines de cette onction qui gagne le cœur, que l’ouvrage fut reçu avec un applaudissement universel. Le bien s’y montre de tous côtés ; & le mal il faut le chercher. Plusieurs évêques lui donnerent les plus grands éloges dans sa naissance, & les confirmerent quand le livre eut reçu par l’auteur sa derniere perfection. L’abbé Renaudot, l’un des plus savans hommes de France, étant à Rome la premiere année du pontificat de Clément XI. allant un jour chez ce pape qui aimoit les savans, & qui l’étoit lui-même, le trouva lisant le livre du pere Quesnel. Voila, lui dit le pape, un livre excellent ; nous n’avons personne à Rome qui soit capable d’écrire ainsi ; je voudrois attirer l’auteur auprès de moi. C’est cependant le même pape qui depuis condamna le livre.

Un des prélats qui avoit donné en France l’approbation la plus sincere au livre de Quesnel, étoit le cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Il s’en étoit déclaré le protecteur, lorsqu’il étoit évêque de Châlons ; & le livre lui étoit dédié. Ce cardinal plein de vertus & de science, le plus doux des hommes, le plus ami de la paix, protégeoit quelques jansénistes sans l’être, & aimoit peu les jésuites, sans leur nuire & sans les craindre.

Ces peres commençoient à jouir d’un grand crédit depuis que le pere de la Chaise, gouvernant la conscience de Louis XIV. étoit en effet à la tête de l’église gallicane. Le pere Quesnel qui les craignoit, étoit retiré à Bruxelles avec le savant bénédictin Gerberon, un prêtre nommé Brigode, & plusieurs autres du même parti. Il en étoit devenu le chef après la mort du fameux Arnauld, & jouissoit comme lui de cette gloire flatteuse de s’établir un empire secret indépendant des souverains, de régner sur des consciences, & d’être l’ame d’une faction composée d’esprits éclairés.

Les jésuites plus répandus que sa faction, & plus puissans, déterrerent bientôt Quesnel dans sa solitude. Ils le persécuterent auprès de Philippe V. qui étoit encore maître des Pays-bas, comme ils avoient poursuivi Arnauld son maître auprès de Louis XIV. Ils obtinrent un ordre du roi d’Espagne de faire arrêter ces solitaires. Quesnel fut mis dans les prisons de l’archevêché de Malines. Un gentil-homme, qui crut que le parti janséniste feroit sa fortune s’il délivroit le chef, perça les murs, & fit évader Quesnel, qui se retira à Amsterdam, où il est mort en 1719. dans une extrême vieillesse, après avoir contribué à former en Hollande quelques églises de jansénistes ; troupeau foible, qui dépérit tous les jours. Lorsqu’on l’arrêta, on saisit tous ses papiers ; & comme on y trouva tout ce qui caractérise un parti formé, on fit aisément croire à Louis XIV. qu’ils étoient dangereux.

Il n’étoit pas assez instruit pour savoir que de vaines opinions de spéculation tomberoient d’elles-mêmes, si on les abandonnoit à leur inutilité. C’étoit leur donner un poids qu’elles n’avoient point, que d’en faire des matieres d’état. Il ne fut pas difficile de faire regarder le livre du pere Quesnel comme coupable, après que l’auteur eut été traité en séditieux. Les jésuites engagerent le roi lui-même à faire demander à Rome la condamnation du livre. C’étoit en effet faire condamner le cardinal de Noailles qui en avoit été le protecteur le plus zélé. On se flattoit avec raison que le pape Clément XI. mortifieroit l’archevêque de Paris. Il faut savoir que quand Clément XI. étoit le cardinal Albani, il avoit fait imprimer un livre tout moliniste, de son ami le cardinal de Sfondrate, & que M. de Noailles avoit été le dénonciateur de ce livre. Il étoit naturel de penser qu’Albani devenu pape, feroit au moins contre les approbations données à Quesnel, ce qu’on avoit fait contre les approbations données à Sfondrate.

On ne se trompa pas, le pape Clément XI. donna, vers l’an 1708, un decret contre le livre de Quesnel ; mais alors les affaires temporelles empêcherent que cette affaire spirituelle qu’on avoit sollicitée, ne réussit. La cour étoit mécontente de Clément XI. qui avoit reconnu l’archiduc Charles pour roi d’Espagne, après avoir reconnu Philippe V. On trouva des nullités dans son decret, il ne fut point reçu en France, & les querelles furent assoupies jusqu’à la mort du pere de la Chaise, confesseur du roi, homme doux, avec qui les voies de conciliation étoient toujours ouvertes, & qui ménageoit dans le cardinal de Noailles, l’allié de madame de Maintenon.

Les jésuites étoient en possession de donner un confesseur au roi, comme à presque tous les princes catholiques. Cette prérogative est le fruit de leur institut, par lequel ils renoncent aux dignités ecclésiastiques : ce que leur fondateur établit par humilité, est devenu un principe de grandeur. Plus Louis XIV. vieillissoit, plus la place de confesseur devenoit un ministere considérable. Ce poste fut donné au pere le Tellier, fils d’un procureur de Vire en basse Normandie, homme sombre, ardent, inflexible, cachant ses violences sous un flegme apparent : il fit tout le mal qu’il pouvoit faire dans cette place, où il est trop aisé d’inspirer ce qu’on veut, & de perdre qui l’on hait : il avoit à venger ses injures particulieres. Les jansénistes avoient fait condamner à Rome un de ses livres sur les cérémonies chinoises. Il étoit mal personnellement avec le cardinal de Noailles, & il ne savoit rien ménager. Il remua toute l’église de France ; il dressa en 1711. des lettres & des mandemens, que des évêques devoient signer : il leur envoyoit des accusations contre le cardinal de Noailles, au bas desquelles ils n’avoient plus qu’à mettre leur nom. De telles manœuvres dans des affaires profanes sont punies ; elles furent découvertes & n’en réussirent pas moins.

La conscience du roi étoit allarmée par son confesseur, autant que son autorité étoit blessée par l’idée d’un parti rébele. Envain le cardinal de Noailles lui demanda justice de ces mysteres d’iniquité. Le confesseur persuada qu’il s’étoit servi des voies humaines, pour faire réussir les choses divines ; & comme en effet il défendoit l’autorité du pape, & celle de l’unité de l’église, tout le fond de l’affaire lui étoit favorable. Le cardinal s’adressa au dauphin, duc de Bourgogne ; mais il le trouva prévenu par les lettres & les amis de l’archevêque de Cambrai. Le cardinal n’obtint pas davantage du crédit de madame de Maintenon, qui n’avoit guere de sentimens à elle, & qui n’étoit occupée que de se conformer à ceux du roi.

Le cardinal archevêque, opprimé par un jésuite, ôta les pouvoirs de prêcher & de confesser à tous les jésuites, excepté à quelques-uns des plus sages & des plus modérés. Sa place lui donnoit le droit dangereux d’empêcher le Tellier de confesser le roi. Mais il n’osa pas irriter à ce point son souverain ; & il le laissa avec respect entre les mains de son ennemi. « Je crains, écrivit-il à madame de Maintenon, de marquer au roi trop de soumission, en donnant les pouvoirs à celui qui les mérite le moins. Je prie Dieu de lui faire connoître le péril qu’il court, en confiant son ame à un homme de ce caractere ».

Quand les esprits sont aigris, les deux partis ne font plus que des démarches funestes. Des partisans du pere le Tellier, des évêques qui espéroient le chapeau, employerent l’autorité royale pour enflammer ces étincelles qu’on pouvoit éteindre. Aulieu d’imiter Rome, qui avoit plusieurs fois imposé silence aux deux partis ; au-lieu de réprimer un religieux, & de conduire le cardinal ; au-lieu de défendre ces combats comme les duels, & de réduire tous les prêtres, comme tous les seigneurs, à être utiles sans être dangereux ; au-lieu d’accabler enfin les deux partis sous le poids de la puissance suprème, soutenue par la raison & par tous les magistrats : Louis XIV. crut bien faire de solliciter lui-même la fameuse constitution, qui remplit le reste de sa vie d’amertume.

Le pere le Tellier & son parti envoyerent à Rome cent trois propositions à condamner. Le saint office en proscrivit cent & une. La bulle fut donnée au mois de Septembre 1713. Elle vint & souleva contre elle presque toute la France. Le roi l’avoit demandée pour prévenir un schisme ; & elle fut prête d’en causer un. La clameur fut générale, parce que parmi ces cent & une propositions il y en avoit, qui paroissoient à tout le monde contenir le sens le plus innocent, & la plus pure morale. Une nombreuse assemblée d’évêques fut convoquée à Paris. Quarante accepterent la bulle pour le bien de la paix ; mais ils en donnerent en même tems des explications, pour calmer les scrupules du public.

L’acceptation pure & simple fut envoyée au pape ; & les modifications furent pour les peuples. Ils prétendoient par-là satisfaire à-la-fois le pontife, le roi, & la multitude. Mais le cardinal de Noailles, & sept autres évêques de l’assemblée qui se joignirent à lui, ne voulurent ni de la bulle, ni de ses correctifs. Ils écrivirent au pape, pour demander des correctifs même à sa sainteté. C’étoit un affront qu’ils lui faisoient respectueusement. Le roi ne le souffrit pas : il empêcha que la lettre ne parût, renvoya les évêques dans leurs diocèses, & défendit au cardinal de paroître à la cour.

La persécution donna à cet archevêque une nouvelle considération dans le public. C’étoit une véritable division dans l’épiscopat, dans tout le clergé, dans les ordres religieux. Tout le monde avouoit, qu’il ne s’agissoit pas des points fondamentaux de la religion ; cependant il y avoit une guerre civile dans les esprits, comme s’il eût été question du renversement du christianisme ; & on fit agir des deux côtés tous les ressorts de la politique, comme dans l’affaire la plus profane.

Ces ressorts furent employés pour faire accepter la constitution par la Sorbonne. La pluralité des suffrages ne fut pas pour elle ; & cependant elle y fut enregistrée. Le ministere avoit peine à suffire aux lettres de cachet, qui envoyoient en prison ou en exil les opposans.

Cette bulle avoit été enregistrée au parlement, avec la reserve des droits ordinaires de la couronne, des libertés de l’église gallicane, du pouvoir & de la jurisdiction des évêques ; mais le cri public perçoit toujours à-travers l’obéissance. Le cardinal de Bissi, l’un des plus ardens défenseurs de la bulle, avoua dans une de ses lettres, qu’elle n’auroit pas été reçue avec plus d’indignité à Genève qu’à Paris.

Les esprits étoient sur-tout revoltés contre le jésuite le Tellier. Rien ne nous irrite plus qu’un religieux devenu puissant. Son pouvoir nous paroît une violation de ses vœux ; mais s’il abuse de ce pouvoir, il est en horreur. Le Tellier osa présumer de son crédit jusqu’à proposer de faire déposer le cardinal de Noailles, dans un concile national. Ainsi un religieux faisoit servir à sa vengeance son roi, son pénitent & sa religion ; & avec tout cela, j’ai de très-fortes raisons de croire, qu’il étoit dans la bonne foi : tant les hommes s’aveuglent dans leurs sentimens & dans leur zèle !

Pour préparer ce concile, dans lequel il s’agissoit de déposer un homme devenu l’idole de Paris & de la France, par la pureté de ses mœurs, par la douceur de son caractere, & plus encore par la persécution ; on détermina Louis XIV. à faire enregistrer au parlement une déclaration, par laquelle tout évêque, qui n’auroit pas reçu la bulle purement & simplement, seroit tenu d’y souscrire, ou qu’il seroit poursuivi à la requête du procureur-général, comme rebelle.

Le chancelier Voisin, secrétaire d’état de la guerre, dur & despotique, avoit dressé cet édit. Le procureur-général d’Aguesseau, plus versé que le chancelier Voisin dans les lois du royaume, & ayant alors ce courage d’esprit que donne la jeunesse, refusa absolument de se charger d’une telle piece. Le premier président de Mesme en remontra au roi les conséquences. On traîna l’affaire en longueur. Le roi étoit mourant. Ces malheureuses disputes troublerent ses derniers momens. Son impitoyable confesseur fatiguoit sa foiblesse par des exhortations continuelles à consommer un ouvrage, qui ne devoit pas faire chérir sa mémoire. Les domestiques du roi indignés lui refuserent deux fois l’entrée de la chambre ; & enfin ils le conjurerent de ne point parler au roi de la constitution. Ce prince mourut, & tout changea.

Le duc d’Orléans, régent du royaume, ayant renversé d’abord toute la forme du gouvernement de Louis XIV. & ayant substitué des conseils aux bureaux des secrétaires d’état, composa un conseil de conscience, dont le cardinal de Noailles fut le président. On exila le pere le Tellier, chargé de la haine publique & peu aimé de les confreres.

Les évêques opposés à la bulle, appellerent à un futur concile, dût il ne se tenir jamais. La Sorbonne, les curés du diocèse de Paris, des corps entiers de religieux, firent le même appel ; & enfin le cardinal de Noailles fit le sien en 1717, mais il ne voulut pas d’abord le rendre public. On l’imprima malgré lui. L’Eglise de France resta divisée en deux factions, les acceptans & les refusans. Les acceptans étoient les cent évêques qui avoient adhéré sous Louis XIV. avec les jésuites & les capucins. Les refusans étoient quinze évêques & toute la nation. Les acceptans se prévaloient de Rome ; les autres des universités, des parlemens, & du peuple. On imprimoit volume sur volume, lettres sur lettres ; on se traitoit réciproquement de schismatique, & d’hérétique.

Un archevêque de Rheims du nom de Mailly, grand & heureux partisan de Rome, avoit mis son nom au bas de deux écrits que le parlement fit brûler par le bourreau. L’archevêque l’ayant sû, fit chanter un te Deum, pour remercier Dieu d’avoir été outragé par des schismatiques. Dieu le récompensa ; il fut cardinal. Un évêque de Soissons ayant essuyé le même traitement du parlement, & ayant signifié à ce corps que ce n’étoit pas à lui à le juger, même pour un crime de lése-majesté, il fut condamné à dix mille livres d’amende ; mais le régent ne voulut pas qu’il les payât, de peur, dit-il, qu’il ne devint cardinal aussi.

Rome éclatoit en reproches : on se consumoit en négociations ; on appelloit, on réappelloit ; & tout cela pour quelques passages aujourd’hui oubliés du livre d’un prêtre octogénaire, qui vivoit d’aumônes à Amsterdam.

La folie du système des finances contribua, plus qu’on ne croit, à rendre la paix à l’Eglise. Le public se jetta avec tant de fureur dans le commerce des actions ; la cupidité des hommes, excitée par cette amorce, fut si générale, que ceux qui parlerent encore de jansénisme & de bulle, ne trouverent personne qui les écoutât. Paris n’y pensoit pas plus qu’à la guerre, qui se faisoit sur les frontieres d’Espagne. Les fortunes rapides & incroyables qu’on faisoit alors, le luxe, & la volupté portés aux derniers excès, imposerent silence aux disputes ecclésiastiques ; & le plaisir fit ce que Louis XIV. n’avoit pu faire.

Le duc d’Orléans saisit ces conjonctures, pour réunir l’église de France. Sa politique y étoit intéressée. Il craignoit des tems où il auroit eu contre lui Rome, l’Espagne, & cent évêques.

Il falloit engager le cardinal de Noailles non-seulement à recevoir cette constitution, qu’il regardoit comme scandaleuse, mais à rétracter son appel, qu’il regardoit comme légitime. Il falloit obtenir de lui plus que de Louis XIV. son bienfaiteur ne lui avoit en vain demandé. Le duc d’Orléans devoit trouver les plus grandes oppositions dans le parlement, qu’il avoit exilé à Pontoise ; cependant il vint à bout de tout. On composa un corps de doctrine, qui contenta presque les deux partis. On tira parole du cardinal qu’enfin il accepteroit. Le duc d’Orléans alla lui-même au grand-conseil, avec les princes & les pairs, faire enregistrer un édit, qui ordonnoit l’acceptation de la bulle, la suppression des appels, l’unanimité & la paix.

Le parlement qu’on avoit mortifié en portant au grand-conseil des déclarations qu’il étoit en possession de recevoir, menacé d’ailleurs d’être transféré de Pontoise à Blois, enregistra ce que le grand-conseil avoit enregistré ; mais toujours avec les réserves d’usage, c’est-à-dire, le maintien des libertés de l’église gallicane, & des lois du royaume.

Le cardinal archevêque, qui avoit promis de se retracter quand le parlement obéiroit, se vit enfin obligé de tenir parole ; & on afficha son mandement de retractation le 20 Août 1720.

Depuis ce tems, tout ce qu’on appelloit en France jansénisme, quietisme, bulles, querelles théologiques, baissa sensiblement. Quelques évêques appellans resterent seuls opiniâtrement attachés à leurs sentimens.

Sous le ministere du cardinal de Fleury, on voulut extirper le restes du parti, en déposant un des prélats des plus obstinés. On choisit, pour faire un exemple, le vieux Soanin, évêque de la patite ville de Sénès, homme également pieux & inflexible, d’ailleurs sans parens, sans crédit.

Il fut condamné par le concile provincial d’Ambrun en 1728, suspendu de ses fonctions d’évêque & de prêtre, & exilé par la cour en Auvergne à l’âge de plus de 80 ans. Cette rigueur excita quelques vaines plaintes.

Un reste de fanatisme subsista seulement dans une petite partie du peuple de Paris, sur le tombeau du diacre Paris, & les jésuites eux-mêmes semblerent entraînés dans la chute du jansénisme. Leurs armes émoussées n’ayant plus d’adversaires à combattre, ils perdirent à la cour le crédit dont le Tellier avoit abusé. Les évêques sur lesquels ils avoient dominé, les confondirent avec les autres religieux ; & ceux-ci ayant été abaissés par eux, les rabaisserent à leur tour. Les parlemens leur firent sentir plus d’une fois ce qu’ils pensoient d’eux, en condamnant quelques-uns de leurs écrits qu’on auroit pu oublier. L’université qui commençoit alors à faire de bonnes études dans la littérature, & à donner une excellente éducation, leur enleva une grande partie de la jeunesse ; & ils attendirent pour reprendre leur ascendant, que le tems leur fournît des hommes de génie, & des conjonctures favorables.

Il seroit très-utile à ceux qui sont entêtés de toutes ces disputes, de jetter les yeux sur l’histoire générale du monde ; car en observant tant de nations, tant de mœurs, tant de religions différentes, on voit le peu de figure que font sur la terre un moliniste & un janséniste. On rougit alors de sa frénésie pour un parti qui se perd dans la foule & dans l’immensité des choses. (D. J.)