L’Encyclopédie/1re édition/VIGILES ou VEILLE

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VIGILES ou VEILLE, s. f. (Hist. ecclés.) terme de calendrier ecclésiastique, qui signifie le jour qui précede une fête. Voyez Fête & Veille.

Le jour civil commence à minuit, mais le jour ecclésiastique ou canonique commence vers les quatre heures du soir, ou vers le coucher du soleil, & finit le lendemain à pareille heure. Voyez Jour.

C’est pourquoi la collecte pour chaque dimanche ou fête, se dit, selon l’usage de l’Église, dès l’office du soir ou des vêpres du jour précédent, vers l’heure où commence le jour ecclésiastique.

Cette premiere partie des jours consacrés à la religion, qui commençoient ainsi dès le soir de la veille, étoit employée par les premiers chrétiens à chanter des hymnes, & à pratiquer d’autres actes de dévotion ; & comme ces exercices de piété ne finissoient souvent que fort avant dans la nuit, on les appelloit veilles ou vigiles. Voyez Veilles.

Ces vigiles s’alongerent successivement au point que tout le jour qui précédoit la fête, fut appellé à la fin vigile.

Forbes attribue l’origine des vigiles à une coutume de l’ancienne église, suivant laquelle les fideles de l’un & l’autre sexe s’assembloient la veille de Pâques pour prier & veiller ensemble, en attendant l’office qu’on faisoit de grand matin, en mémoire de la résurrection de J. C. Cette pratique est encore en usage en France dans plusieurs diocèses.

Tertullien dans le livre qu’il adresse à sa femme, observe que dans la suite les chrétiens firent la même chose à d’autres fêtes ; mais comme il s’y étoit glissé des abus, ces veilles furent défendues par un concile tenu en 1322, & à leur place on institua des jeûnes qui jusqu’à présent ont retenu le nom de vigiles. Ce sont les jours qui précedent immédiatement les fêtes les plus solemnelles, celles des apôtres & de quelques martyrs ; ce qui varie suivant les divers usages des diocèses.

Vigiles est aussi en terme de Breviaire, le nom qu’on donne aux matines & aux laudes de l’office des morts, qu’on chante soit devant l’inhumation d’un mort, soit pour un obit ou service. Les vigiles sont à trois, ou neuf leçons, selon qu’elles sont composées d’un ou de trois nocturnes. Voyez Nocturne.