L’Encyclopédie/1re édition/YEBLE
YEBLE, s. m. (Botan.) c’est le sambucus humilis, sive ebulus, C. B. P. 456. I. R. H. 606. en effet, cette plante ressemble fort au sureau, elle s’éleve rarement à la hauteur de quatre piés, & très-souvent à celle de deux. Sa racine est longue, de la grosseur du doigt : elle n’est point ligneuse, mais charnue, blanche, éparse de côté & d’autre, d’une saveur amere, un peu âcre, & qui cause des nausées. Ses tiges sont herbacées, cannelées, anguleuses, moëlleuses, comme celles du sureau, & elles périssent en hiver. Ses feuilles sont placées avec symmétrie, & sont composées de trois ou quatre paires de petites feuilles, portées sur une côte épaisse, terminées par une feuille impaire. Ces petites feuilles sont plus longues, plus aiguës, plus dentelées, & d’une odeur plus forte que celle du sureau.
Ses fleurs sont disposées en parasol, petites, nombreuses, odorantes, d’une odeur approchante de celles de la pâte d’amandes, d’une seule piece, en rosette. partagées en cinq parties, dont le fond est percé par la pointe ou calice en maniere de clou, au milieu de cinq étamines blanches, chargées de sommets roussâtres.
Après le regne des fleurs, les calices se changent en des fruits ou des baies noires dans la maturité, anguleuses, gaudronnées d’abord, & presque triangulaires, mais ensuite plus rondes, & pleines d’un suc qui tache les mains d’une couleur de pourpre ; elles renferment des graines oblongues, au nombre de trois, convexes d’un côté, & de l’autre anguleuses. On trouve fréquemment cette plante le long des grands chemins, & des terres labourées. (D. J.)
Yéble, (Mat. méd.) toutes les parties de cette plante sont d’usage, & elles sont toutes purgatives, à l’exception des fleurs, qui sont comptées parmi les remedes sudorifiques.
Les racines d’yéble, & surtout leur écorce, fournissent un purgatif hydragogue très-puissant. L’écorce moyenne de la tige est aussi un purgatif très fort.
Ces remedes sont très-usités dans les hydropisies, & ils servent en effet utilement dans cette maladie, lorsque les purgatifs forts sont indiqués, & que les forces du malade le permettent. On donne ou le suc de ces écorces ordinairement mêlé avec la décoction d’orge, ou des fruits appellés pectoraux, ou-bien en infusion. Geoffroi rapporte, d’après Fernel, que la vertu purgative de l’yéble se dissipe par l’ébullition. Mais cette prétention n’est pas confirmée par l’expérience ; car l’extrait même de l’écorce d’yéble est très-purgatif. Le suc dont nous venons de parler se donne à la dose d’une once ; & celle de l’écorce, pour l’infusion dans l’eau ou dans le vin, est depuis demi once jusqu’à deux onces.
Les graines purgent aussi très-bien, données en poudre, jusqu’à la dose d’un gros, ou en infusion à la dose de demi-once.
On prépare un rob avec le suc des baies, qui, à la dose de demi-once jusqu’à une once, est aussi un puissant hydragogue.
Les feuilles & les jeunes pousses sont regardées comme des purgatifs plus temperés.
Quant à l’usage extérieur de l’yéble, qui est aussi assez commun, on croit ses feuilles fort utiles, si on les applique en forme de cataplasme sur les tumeurs froides & œdémateuses, & qu’elles dissipent sur-tout les hydroceles, & même les tumeurs inflammatoires des testicules & du scrotum. On les applique encore sur les érésypeles & sur les brûlures.
La racine d’yéble entre dans l’emplâtre de grenouilles, la semence dans la poudre hydragogue de la pharmacopée de Paris, & les feuilles dans l’extrait panchymagogue de Crollius, &c. (b)