L’Espion libertin ou le Calendrier du plaisir/03

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Au palais égalité (Gay et Doucé) (p. 13-27).
Liste des jolies femmes :
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Du Palais-Égalité


L’Espion libertin, Bandeau de début de chapitre
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L’ESPION LIBERTIN



LISTE DES JOLIES FEMMES

DU

Palais-Égalité


L’espion libertin, séparateur de paragraphe
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ADÉLAÏDE

Galerie des Bons-Enfants, n° 116.

C’est une brune, assez bien ; elle est grande et jeune ; ses yeux sont passables, sa bouche est trop enfoncée. Quant à cet endroit voluptueux où l’on dépose l’offrande de l’amour, il est vaste et profond.

Cette adorable courtisane a une prédilection pour les grands hommes ; ses appas sont encore en assez bon état.

Pour deux heures : six francs.


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ARNAULT

Épinglier, ci-devant rue des Fossés-Montmartre, actuellement rue Montmartre, au coin du passage Vigand au premier, au-dessus de la lingère.

La maison où elle demeure, anciennement connue pour le plus mauvais lieu qu’un honnête homme pût fréquenter, est maintenant sur un meilleur ton.

Depuis deux francs jusqu’à trois francs.


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ADÈLE

Rue du Lycée, n° 7.

Elle demeurait jadis rue de la Loi, hôtel de Bordeaux et était entretenue par un danseur de l’Opéra.

C’est une charmante petite femme ; elle est bien construite et a les formes les plus voluptueuses ; sa gorge est assez bien placée.

Pour le souper et le coucher : vingt-quatre francs.


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AUGUSTINE HUREAU

Rue des Boucheries-Honoré, n° 119.

C’est une petite blonde d’un air assez indifférent, elle a été entretenue pendant quelque temps par un Italien, mais elle préfère le détail et la bruyante orgie du plaisir, à la douce tranquillité que pourraient lui faire goûter un ou deux adorateurs.

J’en connais plus d’une qui désirent de pareilles occasions, et sauraient mieux en profiter.

Une perruque et six francs.


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VICTOIRE

Galerie des Bons-Enfants, n° 121.

Sans sa parure, Victoire ne porterait aucun intérêt ; elle est assez jolie, mais putain de profession. Dès l’âge de huit ans qu’elle vendait dans les rues de Paris, elle faisait déjà le commerce : elle connaît toutes les particularités de la profession.

On trouve chez elle mille instruments inventés par la lubricité, pour renforcer les sens, fortifier le désir, étendre la jouissance, éterniser les regrets : en un mot, elle est experte dans son art.

douze francs.


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MARIE-FRANÇOISE MONSANA

Dite Georgette.

C’est une femme assez jolie, quoique sa gorge n’ait pas l’éclat de la rose : elle est passable en Société.

Cette bacchante moderne vise au bel esprit ; elle se croit, à la fois, la plus belle des trois Grâces et la plus savante des neuf Muses. Son goût décidé pour les romans la fait aimer d’un très grand nombre de petits auteurs.

Elle demeure rue Froidmanteau, n° 7, au deuxième, sur le derrière du devant.

Douze volumes et six francs.


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H*****

Rue du Bout-du-Monde.

Cette maison est le plus infernal réceptacle qu’il y ait à Paris. C’est un assemblage de voleurs et de femmes, non seulement proscrites par la société des gens vertueux, mais même par celle des libertins qui ont un reste de probité et de délicatesse.

L’honnête homme ne peut voir cette taverne sans rougir. Les femmes qui demeurent chez ce H*****, sont la lie de la Société ; toutes les marchandes et poissardes de la halle, après avoir vendu des légumes pendant le jour, font un trafic, le soir, de chair humaine.

Y compris la chandelle et la goutte d’eau-de-vie : cinquante centimes.

VICTOIRE

Rue Saint-Sauveur, chez madame Sain,
et tenant la maison.

Victoire est une très jolie femme ; son embonpoint fait plaisir ; elle a deux globes charmants : l’amour a embelli chacun d’eux d’un bouton de rose, qu’on serait tenté de croire sans épines ; sa peau et fort douce ; ses cuisses sont d’une blancheur éblouissante.

Pour le souper et la nuit : dix-huit francs.


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SA SŒUR

Même maison.

Quelle difformité dans la nature ! Autant la charmante Victoire est aimable, autant sa sœur est prude, maussade et bizarre : son teint un peu basané n’offre rien d’agréable.

trois francs.


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MILLER

Rue des Filles-Saint-Thomas, chez l’épicier, à l’entresol, au coin de la rue de la Loi.

C’est une ci-devant danseuse de l’Opéra. Elle sait si bien sauter, qu’elle n’a fait qu’un pas du temple des Muses à celui de Priape et de Vénus.

Mademoiselle Miller est une brune piquante ; elle a de l’embonpoint ; sa gorge, quoique très grosse, n’en offre pas moins d’agréments. Elle se promène tous les soirs dans le jardin et dans les galeries du Palais : la gaieté de son caractère la rend excellente pour les parties fines.

Pour toute la journée et la nuit : trente-six francs.


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DURANCI

Galerie du Palais-Égalité, n° 163.

Elle demeurait jadis galerie des Variétés, café de la Régence.

Encore une grosse maman, mais celle-ci est châtaine. Comme on voit qu’elle a été très belle femme, des adorateurs distingués se plaisent à brûler de l’encens sur ses autels. L’énorme grosseur de sa gorge et ses autres appas commencent à s’épanouir : elle s’est associé quelques petites femmes qui ne sont pas désagréables.

Pour un moment d’une heure : cinq francs.


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GEORGETTE

Passage du Perron, chez Bertrand, restaurateur, au troisième.

Elle est percée si bas, que bientôt les deux détroits n’en feront plus qu’un.

Pour la nuit : quatre francs.


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LÉVÊQUE

Galerie des Bons-Enfants, n° 113.

C’est une grosse maman de bonne mine ; son automne a tous les charmes du printemps. Lévêque est mille fois préférable aux femmes qu’elle a chez elle.

J’ignore si c’est cette même Lévêque qu’on a vue, à défaut de peignoir, s’affubler du rochet d’un évêque : si c’est elle, on lui a résigné quelque part du bénéfice.

Madame Lévêque s’impose et remplit scrupuleusement les devoirs de l’hospitalité.

Pour la nuit : vingt-quatre francs.


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CAROLINE

Elle doit être mise après madame Lévêque : même maison que madame Lévêque.

Quelles couleurs puis-je employer pour faire le portrait d’une semblable créature ! Comment purifier mon pinceau lorsqu’il aura tracé le tableau où doit être représentée Caroline ?…

Cette malheureuse personne est aussi maltraitée de la nature pour le physique que pour le moral : sa figure chiffonnée, son regard éteint, ses traits presque effacés, sa gorge pendante et sa démarche ignoble, répondent infiniment à la bassesse de ses sentiments et aux plaisirs honteux auxquels elle s’adonne.

Le sein, surtout, cette mappemonde si jolie, arrondie par Vénus, animée par l’amour, retouchée, repolie par les dieux ; le sein, ce chef-d’œuvre de la nature, le plus bel ornement du corps féminin ; le sein, en un mot, qu’une femme devrait ménager avec tant de soin, est la partie la plus défigurée du corps de Caroline. Les mains criminelles de mille et une tribades, semblables à elle, sont encore empreintes sur les restes honteux de ses attraits qui tombent en ruines.

Il n’est point de femme aussi sotte, aussi insolente envers les hommes que cette Caroline. Elle se bat au couteau, se prend de vin, et, dans ses moments d’ivresse, elle porte sa passion pour les femmes jusqu’à les gamahucher. Qu’elles soient saines ou non, son amour l’aveugle.

Allez, jeunes Parisiens, allez embrasser l’aimable Caroline ; mais gare les chancres !

Pour la voir toute nue, en payant le champagne ou le bourgogne : un mandat de vingt et un francs.


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MARGUERITE

Dite la Blonde : ci-devant au Perron, n° 93, maintenant Galerie des Bons-Enfants, n° 116.

Si sa passion pour son sexe ne l’entraînait point, elle serait, sans contredit, beaucoup plus aimable aux yeux de ceux qui la connaissent. Mais elle sacrifie tout pour ses désirs criminels.

On trouve avec elle tous les genres de voluptés que peut mettre en usage un libertin consommé : les sodomistes, dit-on, mais je ne le crois pas, trouvent avec elle à se satisfaire.

On s’arrange à l’amiable.


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ÉLÉONORE

Ci-devant chez madame Valmon ; actuellement passage du Prix-Fixe qui donne dans la rue de la Loi.

C’est une brune dont le visage est allongé ; elle a le nez à la Roxelane ; ses yeux ne disent rien ; sa gorge est passable. Eléonore est d’un doux caractère, et demeure chez elle.

trois francs.


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BABET

De la place Maubert, dite la Belle Brune.

C’est une grande, assez jolie, très bien mise, mais qui se donne le plus mauvais genre : quand il le faut, elle est un peu bégueule et aimant les jolis garçons.

six francs.


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M****

Dite la Picarde ; Palais-Égalité, galerie de Pierre, 65, au second, maison Tortoni.

Il ne faut que l’entendre pour savoir qu’elle a joui. On la dit Picarde : sa voix haute et hardie annonce une poissarde et une bacchante, bien plus qu’une femme de Picardie.

Cette belle enrhumée est l’acquisition de madame Valentin qui a cependant chez elle quelques jolies femmes ; mais j’exclus la M**** du catalogue de celles qui méritent quelques louanges. D’ailleurs, je sais que fort peu de personnes aimeront le genre de la Picarde.

Une femme pourra plaire lorsqu’elle sera gaie, vive, enjouée, sage en société, libertine au boudoir, réservée dans sa mise. Mais cette Picarde a la vanité de se croire jolie quoiqu’elle soit détestable. Elle va souvent au café du Ventriloque, d’où elle ne sort que lorsque la fumée du vin lui ôte l’usage de la raison.

Pour la nuit : Un panier de harengs saurs, un double décilitre d’eau-de-vie, et la somme de cinquante centimes.


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MADAME JULIOTTE

Rue Neuve-des-Petits-Champs, en face
la Trésorerie Nationale.

Oh ! malheur sans remède ! Encore quelques pas, et elle sera à la fin de sa carrière. Tous les jours l’émétique, les pilules, les lavements entrent dans son corps et en font une boutique d’apothicairerie.

C’est malheureux pour elle et pour tout le monde ; car l’homme de goût, l’étranger, le libertin, le jeune, le vieux, tous trouvaient à se satisfaire chez madame Juliotte : on était en sûreté dans sa maison ; mais la mort……

. . . . . . . . . . . . . . . .

Requiescat in pace !…

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ROSANNE

Chez madame Juliotte, rue des Petits Champs, en face la Trésorerie.

Petite personne assez jolie, du goût de madame Juliotte : — elle sait se connaître en sujets.

Nous ne reprocherons point à Rosanne d’être trop libertine envers les hommes, mais bien de l’être envers les femmes. J’en parle savamment, j’ai vu. J’ignore si c’est son défaut, mais un rien peut la détourner de ce mauvais penchant et la ramener à la raison.

Alors, tous les libertins de goût iront voir la belle Rosanne, et chacun donnera la somme de six francs.


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ROSE

Au coin du Perron et de la rue du Lycée,
au second.

Son âge ne me permet pas de parler de ses charmes. Tous les malheurs l’accablent à la fois. Elle a eu chez elle de très jolies femmes, mais, dans le nombre, il s’est trouvé des malheureuses qui l’ont volée.

Dernièrement, elle avait une mulâtresse du plus mauvais ton, qui est partie de chez elle avec armes et bagages

Maintenant Rose a chez elle trois ou quatre femmes dont nous nous ferons un devoir de taire le nom et l’origine. On est dispensé de vanter leurs charmes, parce qu’elles n’en ont pas : mais elles ont entre elles un je ne sais quoi qui amuserait volontiers celui qui ne les connaît point.

Pour voir ce quatuor et leur manège : douze francs.


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