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L’Heptaméron des nouvelles/Nouvelle 20

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Texte établi par Claude Gruget, Vincent Sertenas (p. 75v-79v).

Vn gentil-homme eſt inopinément guary du mal d’amours, trouuant ſa damoiſelle rigoureuſe entre les bras de ſon palefrenier.


NOVVELLE

NOVVELLE VINGTIESME.


Av pays du Dauphiné, y auoit vn gentil-homme, nommé le ſeigneur du Ryant, qui eſtoit de la maison du Roy Frãçois premier de ce nom, autant beau & honneſte qu’il eſtoit poſsible de veoir. Il fut longuement ſeruiteur d’vne dame vefue, laquelle il aimoit & reueroit tant, que de peur qu’il auoit de perdre ſa bõne grace, ne l’oſoit importuner de ce qu’il deſiroit le plus. Et luy, qui ſe ſentoit beau & digne d’eſtre aimé, croyoit fermement ce qu’elle luy iuroit ſouuẽt : c’eſt, qu’elle l’aimoit plus que tous les gentils-hommes du mõde, & que ſi elle eſtoit contrainte de faire quelque choſe pour vn gentil-homme, ce ſeroit pour luy ſeulement, comme le plus parfait qu’elle auoit iamais cogneu, & luy prioit de ſe contenter ſeulement, ſans oultrepaſſer, de ceſte honneſte amitié, l’aſſeurant que ſi elle cognoiſſoit qu’il pretendiſt d’auantage, fans fe contenter de la raiſon, que du tout il la perdroit. Le pauure gentil-homme non ſeulement ſe contentoit de cela, mais ſe tenoit tresheureux d’auoir gaigné le cueur de celle qu’il penſoit tant honneſte. Il ſeroit long de vous racompter le diſcours de ſon amitié & lõgue frequentation qu’il eut auec elle, & les voyages qu’il faiſoit pour la venir veoir. Mais pour concluſion, ce pauure martir d’vn feu ſi plaiſant, que plus on en bruſle, plus on en veult bruſler, cherchoit touſiours le moyen d’augmenter ſon martire. Et vn iour luy print fantaſie d’aller veoir en poſte celle qu’il aimoit plus que luy meſme, & qu’il eſtimoit par deſſus toutes les femmes du monde. Luy arriué, alla en la maiſon, & demanda ou elle eſtoit. On luy diſt qu’elle ne faiſoit que venir de veſpres, & eſtoit entrée en ſa garenne, pour acheuer ſon ſeruice. Il deſcendit de cheual, & ſ’en va tout droit à la garenne ou elle eſtoit, & trouua ſes femmes qui luy dirent, qu’elle ſ’en alloit toute feule promener en vne grande allée, eſtant en ladicte garenne. Il commença plus que iamais à eſperer quelque bonne fortune pour luy. Et le plus doulcement qu’il peut, ſans faire bruit, la chercha le mieulx qu’il luy fut poſsible, deſirant ſur toutes choſes de la pouuoir trouuer ſeule. Mais quand il fut aupres d’vn pauillon d’arbres ployez, qui eſtoit vn lieu tant beau & plaiſant qu’il n’eftoit poſsible de plus, entra ſoudainement dedans, comme celuy à qui tardoit deveoir ce qu’il aimoit. Mais il trouua à ſon entrée la damoiſelle couchée ſur l’herbe, entre les bras d’vn pallefrenier de ſa maiſon, auſsi laid, ord, & infame, que le gentilhomme eſtoit beau, honneſte, & amiable. Ie n’entreprends pas de vous depeindre le deſpit qu’il eut : mais il fut ſi grand, qu’il eut puiſſance d’eſteindre en vn moment le feu ſi embraſé de long temps. Et autant remply de deſpit qu’il auoit eſté d’amour, duy diſt : Ma dame, prou vous face : auiourd’huy par voſtre meſchanceté cogneuë, ſuis guary & deliuré de ma continuelle douleur, dont l’honneſteté que i’eſtimois en vous eſtoit occaſion. Et ſans autre à Dieu ſ’en retourna plus viſte qu’il n’eſtoit venu. La pauure femme ne luy feit autre reſponve, ſinon de mettre la main deuant ſon viſage : car puis qu’elle ne pouuoit couurir ſa honte, elle couuroit ſes yeux pour ne veoir celuy qui la voyoit trop clairement, nonobſtant ſa longue diſsimulation.

Parquoy, mes dames, ie vous ſupplie, ſi n’auez vouloir d’aimer parfaictement, ne penſez pas diſsimuler à vn homme de bien, & luy faire deſplaifir pour voſtre gloire : car les hypocrites font payez de leur loyer, & Dieu fauoriſe ceulx qui aiment parfaictement. Vrayement, diſt Oiſille, vous nous l’auez gardée bōne à la fin de la iournée. Et ſi n’eſtoit que nous auons iuré de dire la verité, ie ne ſçaurois croire qu’vne femme de l’eſtat dõt elle eſtoit, ſceuſt eſtre ſi meſchante de laiſſer vn ſi honneſte gentilhomme pour vn ſi vilain mulletier. Helas ! ma dame, ſi vous ſçauiez, diſt Hircan, la difference qu’il y a d’vn gẽtilhomme, qui a toute la vie porté le harnois & ſuiuy la guerre, au pris d’vn varlet ſans bouger d’vn lieu bien nourry, vous excuſeriez ceſte pauure vefue. Ie ne croy pas Hircan, diſt Oiſille, quelque choſe que vous en dictes, que vous puissiez receuoir nulle excuſe d’elle. I’ay bien ouy dire, diſt Simontault, qu’il y a des femmes qui veulent auoir des Euangeliſtes, pour preſcher leur vertu & leur chaſteté, & leur font la meilleure chere qu’il leur eſt poſsible, & la plus priuée, les aſſeurans que ſi la conſcience & l’honneur ne les retenoient, elles leur accorderoient leurs deſirs. Et les pauures ſots, quand en compaignie ils parlent d’elles, iurent

qu’ils
qu’ils mettroient leur doigt au feu ſans bruſler, pour ſouſtenir

qu’elles ſont femmes de bien, car ils ont experimenté leur amour iuſques au bout. Auſsi ſe font louër par tels honneſtes hommes celles qui à leurs ſemblables ſe monſtrẽt telles qu’elles ſont, & choiſiſſent ceulx qui ne ſçauent auoir hardieſſe de parler : & ſ’ils en parlent pour leur vile & orde condition ne ſeroient pas creuz. Voila, diſt Longarine, vne opinion que i’ay autresfois ouy dire aux plus ialoux & ſoupçonneux hommes, mais c’eſt peindre vne chimere : car combien qu’il ſoit aduenu à quelque pauure malheureuſe, ſi eſt ce choſe qui ne ſe doit ſoupçonner en autre. Or tant plus auant nous entrons en ce propos, diſt Parlamente, & plus ces bons ſeigneurs icy drapperont ſur la tiſſure, & tout à noz deſpens. Parquoy mieulx vault aller ouyr les veſpres, à fin que ne ſoyons tant attendues que nous fuſmes hier. La compaignie fut de ſon opinion, & en allant, Oiſille leur diſt : Si quelqu’vn de nous rẽd graces à Dieu, d’auoir à ceſte iournée dict la verité des hiſtoires que nous auons racomptées, Saffredent luy doit demander pardon, d’auoir rememoré vne ſi grande villennie contre les dames. Par mon ſerment, diſt Saffredent, combien que mon compte ſoit veritable, ſi eſt-ce que ie l’ay ouy dire. Mais quand ie vouldrois faire le rapport du cerf à veuë d’œil, ie vous ferois faire plus de ſignes de la croix de ce que ie ſçay des femmes, que l’on n’en faict. à ſacrer vne egliſe. C’eſt bien loing de ſe repentir, quand la confeſsion aggraue le peché. Puis qu’auez telle opinion des femmes, diſt Parlamente, elles vous doiuent priuer de leur honneſteté, entretenement, & priuauté. Mais il luy reſpondit : aucunes ont tant vſé en mon endroit du conſeil que vous leur donnez, en m’eſlongnant & ſeparant des choſes iuſtes & honneſtes, que ſi ie pouuois dire pis, & pis faire à toutes, ie ne m’y eſpargnerois pas, pour les inciter à me venger de celle qui me tient vn ſi grand tort. En diſant ces parolles, Parlamente meiſt ſon touret de nez, & auec les autres entra en l’egliſe, ou ils trouuerent vespres tresbien ſonnées, mais ils n’y trouuerent pas vn des religieux pour les dire, pource qu’ils auoient entendu que dedans le pré ſ’aſſembloit ceſte compaignie, pour y dire les plus plaiſantes choſes qu’il eſtoit poſsible : & comme ceulx qui aimoient mieulx leurs plaiſirs que leurs oraiſons, ſ’eſtoient allé cacher dedans vne foſſe, le ventre contre terre, derriere vne haye fort eſpeſſe. Et lá auoient ſi bien eſcouté les beaux comptes, qu’ils n’auoient point ouy ſonner la cloche de leur monaſtere. Ce qui parut bien, car ils arriuerent en telle haſte, que quaſi l’aleine leur failloit à commencer veſpres. Et quand elles furent dictes, confeſſerent à ceulx qui leur demandoient l’occaſion de leur chant tardif, & mal entonné, que ce auoit eſté par les eſcouter. Parquoy voyant leur bonne volonté, leur fut permis que tous les iours ils aſsiſteroient derriere la haye, aſsis à leur aiſe. Le ſouppé ſe paſſa ioyeuſement, en releuant les propos qu’ils n’auoient pas mis à fin dans le pré, qui durerent tout le long de la ſoirée, iuſques à ce que Oiſille les pria de ſe retirer, à fin que leur eſprit fuſt plus prompt le lendemain. Et apres vn bon & long repos, dont elle diſoit qu’vne heure auant mynuict valloit mieux que trois apres, ſe partit ceſte cõpaignie, mettant fin au ſecond diſcours & recit d’hiſtoires.


FIN DE LA DEVXIESME IOVRNEE DES

NOVVELLES DE LA ROYNE

DE NAVARRE.


LA TROIS-


LA TROISIESME IOVRNEE DES
NOVVELLES DE LA ROYNE DE NAVARRE.



Le matin la compaignie ne peut ſitoſt venir en la ſalle qu’ils ne trouuaſſent ma dame Oiſille, qui auoit plus de demie beure au parauant eſtudié la lecon qu’elle deuoit lire. Et ſi aux precedens propos ils ſ’eſtoient contentez, aux ſeconds ne le furent pas moins : & n’euſt eſté que l’vn des religieux les vint querir pour aller à la meſſe, leur contemplation les empeſchoit d’ouïr la cloche. La meſſe ouye bien deuotement, & le diſné paſsé bien ſobrement, pour n’empeſcher par les viandes leur memoire, à ſ’acquiter chacun en ſon ranc le mieux qu’il leur ſeroit poßible, ſe retirerent à leurs chambres à visiter leurs regiſtres, attendans l’heure accouſtumée d’aller au pré, laquelle venuë ne faillirent à ce beau voyage. Et ceux, qui auoient deliberé de dire quelque folie, auoient deſia le viſage ſi ioyeux, que lon esperoit d’eux occaſion de bien rire. Quand ils furent aßis, demanderent à Saffredent, à qui il donnoit ſa voix. Puis (diſt il) que la faulte que ie feis hier, eſt ſi grande que vous dictes, ne ſcachant hiſtoire digne pour la reparer, ie donne ma voix à Parlamente, laquelle pour ſon bon ſens, ſcaura ſi bien louër les dames, qu’elle fera mettre en oubly la verité que vous ay dicte. Ie n’entreprens, diſt Parlamente, de reparer voz faultes, mais bien de me garder de les enſuiure. Parquoy ie me delibere, vſant de la verité promiſe & iurée, de vous monſtrer qu’il y

v ij
a des dames, qui en leur amitié n’ont cherché nulle fin que d’honneſteté.

Et pource que celle, dont ie vous veux parler, eſtoit de bonne maiſon, ie ne changeray rien en l’hiſtoire, que le nom : vous priant, mesdames, de penſer qu’amour n’a point de puissance de changer vn cueur chaſte & honneſte, comme vous verrez par l’hiſtoire que ie vois compter.

L’honnefte merueilleufe amitié d’vne fille de grande maison & d’vn baftard: l’empefchement qu’vne Royne donna à leur mariage, auec la ſage refponfe de la fille à la Royne.

NOVVELLE VINGTVNIESME.

IL Y A VOIT en France vne Royne,qui en fa copaignie nourriffoit pluſieurs filles de bones & grandes maiſons.Entre autres y en auoit vne nommée Rolandine, qui eftoit bien proche fa parete. Mais la Roy- ne pour quelque inimitié qu’elle portoit à ſon pere,ne luy faifoit pas trop bone che- re.Cōbien que ceſte fille ne fuft pas des plus belles ne des plus laides, fi eftoit elle tant ſage & gracieuſe, que pluſieurs grands ſeigneurs & perſonnages la demanderent en mariage, dont ils auoient froide refponfe: car le pere aimoit tant ſon argët, qu’il en oublioit l’aduancement de fa fille. Et fa maiftreffe (comme dict eft) luy portoit fi peu de faueur,qu’elle n’eftoit point de- mandée de ceux qui ſe vouloient aduancer en la bonne grace de la Royne. Ainfi par la negligence du pere, & par le defdaing de la maiftreffe, ceſte pauure fille demeura long teps fans eftre mariée.Et comme celle qui ſe fafcha à la longue,non tant pour l’enuie qu’elle euft d’eftre mariée, que pour la honte qu’elle auoit de ne l’eftre point, tant fen fafcha que du tout elle ſe re- tira à Dieu, & laiſſant les modanitez & gorgiafetez de la court, tout ſon paſſe teps fut de prier Dieu ou faire quelques ouura- ges. Et en ceſte vie ainſi retirée paſſa fa ieuneffe, en viuant tant honneftement & fainctement, qu’il n’eftoit poſsible de plus. Quand elle fut approchée de trente ans,il y eut vn gentilhom- me ba- COL me baftard d'vne grande & bonne maiſon, autant gentil com- paignon & homme de bien, qu'il en fut point de ſon temps: mais la richeſſe l'auoit du tout delaissé, & auoit fi peu de beau- té qu'vne dame, quelle que fuft,pour ſon plaiſir ne l'euft choiſi. Ce pauure gentil homme eftoit demeuré fans party, & com- me vn malheureux fouuét cherche l'autre, vint aborder ceſte pauure damoiselle Rolandine:car leurs fortunes,complexions, & conditions eftoient fort pareilles: & ſe plaignans I'vn à l'au- tre de leurs infortunes, prindrent vne trefgrande amitié. Et ſe trouuans tous deux compaignons de malheur,ſe chercherent en tous licux pour ſe conſoler I'vn l'autre, & en ceſte longue frequentation s'engendra vne trefgrande amitié. Ceux, quia- uoient veu la damoiselle Rolandine fi fort retirée qu'elle ne parloit à perſonne, la voians lors inceſſamment entretenir le baftard de bonne maiſon, en furent incontinent ſcandaliſez, & dirent à fa gouvernante qu'elle ne deuoit endurer ſes longs propos. Ce qu'elle remonftra à Rolandine,luy diſant que cha- cun en feroit ſcandalisé de ce qu'elle parloit tant à vn homme qui n'eftoit aſſez riche pour l'efpoufer, ne aſſez beau pour eftre aimé. Rolandine, qui auoit eſté toufiours plus reprise de ſon aufterité que de ſes modanitez, dift à fa gouuernate:Helas, ma- mere!vous voyez que ie ne puis auoir vn mary ſelon la maiſon dontie fuis, & que ray toufiours fuy ceux, qui font beaux & ieunes, de peur de tomber aux incóueniens ou i'en ay veu d'au tres.Et i'ay trouué ce gentil-homme fi ſage & vertueux,comme vous fçauez,lequel ne me prefche que choſes bonnes & ver- tueuſes : quel tort puis-ie tenir à vous & à ceux qui en parlent, de me conſoler de mes ennuiz? La pauure vieille, qui aimoit fa maiftreffe plus qu'elle mefme, luy dift: Ma damoiselle, ie voy bien que vous dictes verité, & que vous eſtes traitée de pere & de maiftreffe autrement que ne le meritez.Si eſt-ce puis que lon parle de voftre honneur en telle forte, & fuft il voftre pro- pre frere, vous vous deuez retirer de parler à luy. Roládine luy dift en pleurant : Ma mere, puis que vous le me conſeillez, ie le feray:mais c'eſt vne choſe efträge,de n'auoir en ce monde nul- le cófolation, Le baftard comme il auoit accouftumé la voulut venir entretenir, mais elle luy dift tout au long ce que fa gou- uernante luy auoit dict. Et le pria en pleurant, qu'il ſe contētaft v iij pour vn temps,de parler à elle,iufques à ce que ce bruit fuft vn peu paſsé:ce qu'il feit à fa requefte. Mais durant ceſte eflongne- ment, ayant perdu lyn & l'autre leur conſolation, commence- rent à ſentir vn tourmet, qui iamais du cofté d'elle n'auoit eſté experimenté. Elle ne ceffoit de prier Dieu, & d'aller en voya- ges,& faire abſtinences. Car ceft amour encores incogneu luy donnoit vne telle inquietude, qu'elle ne la laiffoit vne feule heure repoſer. Du cofté du baftard de bone maiſon,n'eftoit l'a- mour moins fort. Mais luy, qui auoit defia cöclud en ſon cueur de l'aimer & de tafcher à l'efpoufer, & regardant auec l'amour l'honneur que ce luy feroit de la pouuoir auoir, penſa qu'il luy failloit chercher moyen pour luy declarer fa voloté, & fur tout gaigner fa gouuernante. Ce qu'il feit, en luy remonftrant la mi- fere en quoy eftoit retenue fa pauure maiftreffe, à laquelle on vouloit ofter toute conſolation. Dont la pauure vieille en plo- rant le remercia de l'honnefte affection qu'il portoit à fa mai- ſtreſſe. Et aduiferet enſemble le moyen comme ils pourroient parler l'vn à l'autre.Rolandine faifoit ſemblant d'eftre malade d'vne migraine ou lon craint fort le bruit, & quand ſes compai- gnes iroient en la chabre, ils demeureroient tous deux ſeuls, & la il la pourroit entretenir. Le baftard en fut fort ioyeux,& ſe gouuerna entierement par le conſeil de ceſte gouuernante, en forte que quand il vouloit il parloit à s'amie, mais ce contente- ment ne luy dura gueres. Car la Royne, qui ne l'aimoit gueres, s'enquift que faifoit tant Rolandine en la chabre, & quelqu'vn dift que c'eftoit pour fa maladie. Toutesfois vn autre qui auoit trop de memoire de l'abſence,luy dift que l'aiſe,que Rolandine auoit d'entretenir le baftard de bone maiſon, luy deuoit faire paſſer fa migraine. La Royne, qui trouuoit les pechez veniels des autres mortels en elle, l'enuoya querir, & luy defendit de ne parler iamais au baftard,fi ce n'eftoit en fa chambre ou en fa falle. La damoiselle n'en feift nul ſemblant, mais luy refpondit que fi elle euft pensé que luy ou vn autre luy euft defpleu, elle n'euft iamais parlé à luy. Toutesfois penſa en elle mefme qu'el- le chercheroit vn autre moyen, dont la Royne ne fçauroit rien: ce qu'elle feit: & les Mercredis, Vendredis & Samedis, qu'elle ieufnoit, demeuroit en fa chambre auec fa gouuernante,ouel- le auoit loiſir de parler,tādis que les autres fouppoient, à celuy qu'elle