L’Homme à la longue barbe/12. Le Ministre de la police
CHAPITRE X.
Le Ministre de la Police.
Ce fut dans cette prison d’État que le Superbe passa plusieurs années de sa vie, en proie aux souffrances physiques et morales les plus affreuses, au point qu’après la Restauration il montrait comme un trophée ses jambes ouvertes de toutes parts.
Ses geôliers lui avaient donné une couverture tout imprégnée de mercure ; il s’en plaignit un jour à Fouché, en lui disant qu’il avait froid. Le Ministre arrive à Vincennes, conduit Duclos dans une chambre où il y avait un grand feu, et lui fait l’offre d’une place brillante et lucrative, comme le prix du serment qu’il prêterait à Napoléon.
« Je ne prêterai jamais deux sermens, répondit le Superbe ; toujours ferme, toujours invariable dans mes opinions, dans mes principes, dussé-je mourir ici, je mourrai le même. »
Le Ministre furieux ordonna son transfert à Bicêtre, où Duclos resta jusqu’à la bataille de Paris. Le lendemain de l’entrée des alliés sonna l’heure de sa délivrance. Les cent jours survinrent, il repartit pour la Vendée ; et c’est là qu’un terme de mépris lui suscita cette malheureuse affaire, qui a peut-être influé sur sa destinée actuelle.