L’Idylle éternelle/Cantique

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 59-62).


CANTIQUE


Avant les douces floraisons
De nos amoureuses roses,
J’ai rimé pour tes seins roses
De délicates chansons.

Et quand elles seront fanées,
J’aurai pour tes trahisons
De douloureuses chansons,
Requiems des hyménées.


Mais tous nos rosiers sont en fleurs !
Laisse-moi cueillir mes roses,
Baiser tes lèvres mi-closes
Et tes yeux ensorceleurs.

Si tu veux des vers idylliques,
Je te lirai simplement
Ceux de l’Eternel Amant
Du Cantique des Cantiques.


Tes seins blancs sont meilleurs à ma bouche gourmande
Que les fraises des bois ;
Ma faim les veut toujours, et ma soif redemande
Le doux vin que j’y bois.
Tes cheveux parfumés sont la mer attiédie
 Où mon rêve est bercé.
Ils tombent lourdement sur ta hanche arrondie
Et ton sein oppressé.
Tes lèvres sont la coupe ardente et savoureuse
Que rien ne peut tarir,


La coupe où le doux vin de l’ivresse amoureuse
Attire mon désir.
Ton corps a le troublant et lilial calice
D’une mystique fleur.
Comme tu es charmante aux heures de délice,
Ma colombe, ma sœur !
Ton corps est un palmier dont tes seins sont les grappes ;
À la chute du jour,
Dans le palmier fleuri nous ferons nos agapes
Et nos fêtes d’amour.
Ton corps est une vigne aux grappes opulentes,
Où je m’enivrerai.
C’est un jardin d’oubli plein de magiques plantes,
Où je m’endormirai.