L’Idylle éternelle/Chanson extasiée

Jacques Madeleine avec une préface de Catulle Mendès

L’Idylle éternelle

Paul Ollendorff, éditeur, 1884 (p. 5-6).

CHANSON EXTASIÉE

Si je t’aime, enfant trop chérie,
Si pour l’encadrer dans l’azur
Mon âme éprise de féerie
A choisi ton visage pur,

C’est que toute délicatesse
Est dans le rhythme précieux
Et dans l’exquise petitesse
De ton cher corps délicieux :

C’est que les indicibles roses
Sur tes lèvres ont mis les leurs,
Que tes yeux, paupières mi closes,
Ont des regards ensorceleurs ;

C’est que ta voix musicienne,
Par les mots que tu n’as pas dits,
Evoque l’Idylle ancienne
Des impossibles paradis ;

C’est qu’il faut pour prendre la Lyre
Avoir des yeux extasiés.
— Je l’adore avec le sourire
Des rossignols pour les rosiers.