L’Idylle éternelle/La petite reine

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 9-12).


LA PETITE REINE


Vous avez l’air vainqueur d’une petite reine,
Reine des cœurs, ma chère âme ! De très grands Rois
Adoreraient ce rire argentin qui s’égrène,
Ce front impérieux et timide à la fois.
 
Je vous habillerais toute de mousselines
Blanches, si j’étais Roi ; les Lys purs et glacés
De royales blancheurs n’auraient jamais assez,
Ni les Cygnes, ni les Aubes, ni les Hermines.


À vos seins adorés que j’aimerais sans fin,
Des marguerites, des muguets, des roses pâles.
Sur votre front charmant, le diadème fin
En dentelle d’argent tout constellé d’opales.
 
Dans le fauteuil royal aux solennels blasons,
Inconfortable et dur, votre grâce craintive
S’inclinerait, rêvant à de vieilles chansons
Et, dans cet apparat incommode, captive.

Voilà le cadre exquis que vous donnent mes vœux,
Ô ma charmante, ô ma divine souveraine !
Si j’étais un grand Roi, vous me diriez : « Je veux ! »
Vous avez l’air vainqueur d’une petite reine.


Reprise du même motif


Vous avez l’air vainqueur d’une petite reine.
De très grands Rois
Adoreraient ce rire argentin qui s’égrène,
Ce front impérieux et timide à la fois.

Je vous habillerais toute de mousselines
Blanches, d’hermines !


Vos cheveux ondulés se crespent, exigeant,
Comme au temps où le grand Ronsard chantait sans cesse
Une princesse,
Le petit diadème en dentelle d’argent.

Des marguerites, des muguets, des roses pâles
Et des opales !

Voilà le cadre exquis que vous donnent mes vœux.
En souveraine,
Si j’étais un grand Roi, vous me diriez : « Je veux ! »
Vous avez l’air vainqueur d’une petite reine.