L’Idylle éternelle/Pour une autre

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 34-35).


POUR UNE AUTRE


Oh ! ces yeux, terribles charmeurs
Dont l’abîme obscur m’épouvante,
Qui me font vivre et dont je meurs !
 
Clarté noire, candeur savante !
Menace de cieux inédits,
De l’enfer promesse vivante !

Sont-ils les phares des maudits ?
Ou les belles lampes des anges
Dans les blancheurs du Paradis ?


Faut-il qu’on chante leurs louanges,
Ou qu’on les maudisse, ces yeux
Si redoutables sous leurs franges ?
 
Parfois ils semblent, radieux,
Des étoiles inaccessibles
À nos désirs audacieux ;
 
Et parfois, flèches invincibles
Aux pointes lourdes de poison,
Ils prennent tous les cœurs pour cibles.

Qu’ils me donnent un grand frisson.
Ou fassent chanter en mon âme
Une très perverse chanson,

J’ai peur des yeux de cette femme.