L’Idylle éternelle/Pour une

La bibliothèque libre.
Paul Ollendorff, éditeur (p. 31-33).



POUR UNE


N’était-ce rien que moqueries ?
Ou l’amour faisait-il voler
Vers mon cœur pour le consoler
Ces oiseaux bleus, vos rêveries ?
 
Des ressouvenirs anciens
Dans leur brume vous avaient prise.
Vous étiez triste, ô tant exquise.
Et vos yeux ont cherche les miens.


Par quelle ardente sympathie
Un seul regard m’a-t-il charmé ?
Ah ! je n’avais jamais aimé
Que vous, quand vous êtes partie.
 
Partie !… Et, seul, je me souviens ;
Je revois cette aurore brève,
Vos cheveux couleur de mon rêve
Et vos yeux qui cherchaient les miens.

Quand nous nous reverrons, votre âme,
Dites ! n’aura rien conservé
Du rêve qu’elle avait rêvé.
Et vos yeux n’auront plus leur flamme.
 
Ou, plus cruels encor, ce soir
Désiré comme nulle aurore,
Ne sauront-ils, tendres encore,
Qu’aggraver mon mal sans espoir.


Ainsi, vois, perfide ou sincère,
Toujours tu me tortureras,
Ô méchante, qui ne sais pas
Tout le mal que tu peux me faire.