L’Idylle éternelle/Serpentine

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Paul Ollendorff, éditeur (p. 27-30).


SERPENTINE


Ô petite main !
Elle se dégante
D’un air si joli, sur notre chemin.
Je t’aime d’amour, menotte élégante
Blanche, fine, douce,
ô petite main !


Les jolis bras blancs !
Au bord de la manche
On devine un peu des contours troublants
Et l’on voit un peu de la peau si blanche.
On les mangerait,
les jolis bras blancs !

Oh ! le joli cou.
Des lignes exquises !
Comme c’est tentant : on ne sait jusqu’où
Il ferait aller nos âmes conquises
Par cette promesse.
Oh ! le joli cou.

Oh ! les grands yeux noirs.
Leur regard me plonge
Dans l’extase, ou dans de grands désespoirs….
Est-ce un aveu tendre ou bien un mensonge
Qu’il faut qu’on y lise ?
Oh ! les grands yeux noirs.


Le cher petit nez !
Dans ses courbes roses.
Dans ses fins replis les Amours sont nés.
Il semble humer d’excellentes choses,
De troublants parfums,
le cher petit nez.

L’adorable pied !
Dans cette bottine
Coquette et cambrée, il faut l’épier
Mignard et sonnant la chanson mutine,
La chanson d’amour,
l’adorable pied.

La taille divine :
Et comme on devine
Des tas de secrets charmants tout à fait,
À la voir flexible et souple cà souhait
Et fine à ravir,
la taille divine !


Ah ! l’exquise lèvre.
On sent, à la voir
Sourire, en son cœur une ardente fièvre,
Et pour la calmer il faudrait pouvoir
Y coller sa lèvre,
à l’exquise lèvre !