L’Idylle vénitienne/Sagesse

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Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 27-29).


X

SAGESSE


C’était promis… Elle est venue.


Je l’attendais, sur le seuil du palazzino, avec une rose à la main et un baiser à la bouche.

Cara ! Cara purissima mia !

— Je tremble… balbutiait-elle ; voyez… voyez comme je tremble !

Et elle a eu peur de la chaise-longue et s’est assise dans un fauteuil.


* *

Cependant, pour laisser mes doigts trouver, parmi les frisons de sa nuque, le crochet de son tour de cou et dégrafer son corsage, elle a penché sagement la tête. Mais, ensuite, elle s’est mise à rougir, à croiser les jambes, à pleurer…

— Pas encore ! suppliait-elle… Non ! Pas aujourd’hui ! Pas encore !

Et, goutte à goutte, un petit ruisseau, du bord de sa joue, glissait jusqu’à sa gorge…


* *

Sur ses seins, mes lèvres, ce soir-là, n’ont osé baiser que ses larmes.