L’Idylle vénitienne/Sagesse
X
SAGESSE
C’était promis… Elle est venue.
Je l’attendais, sur le seuil du palazzino, avec une rose à la main et un baiser à la bouche.
— Cara ! Cara purissima mia !
— Je tremble… balbutiait-elle ; voyez… voyez comme je tremble !
Et elle a eu peur de la chaise-longue et s’est assise dans un fauteuil.
Cependant, pour laisser mes doigts trouver, parmi les frisons de sa nuque, le crochet de son tour de cou et dégrafer son corsage, elle a penché sagement la tête. Mais, ensuite, elle s’est mise à rougir, à croiser les jambes, à pleurer…
— Pas encore ! suppliait-elle… Non ! Pas aujourd’hui ! Pas encore !
Et, goutte à goutte, un petit ruisseau, du bord de sa joue, glissait jusqu’à sa gorge…
Sur ses seins, mes lèvres, ce soir-là, n’ont osé baiser que ses larmes.