L’Imitation de Jésus-Christ (Lamennais)/Livre deuxième/02

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Traduction par Félicité de Lamennais.
Texte établi par M. Pagès, Bonne Presse (p. 95-96).


CHAPITRE II.

QU’IL FAUT S’ABANDONNER A DIEU EN ESPRIT D’HUMILITÉ.


1. Inquiétez-vous peu qui est pour vous ou contre vous ; mais prenez soin que Dieu soit avec vous en tout ce que vous faites.

Ayez la conscience pure, et Dieu prendra votre défense. Toute la malice des hommes ne saurait nuire à celui que Dieu veut protéger.

Si vous savez vous taire et souffrir, Dieu, sans doute, vous assistera.

Il sait le temps et la manière de vous délivrer ; abandonnez-vous donc à lui.

Il est souvent très utile, pour nous retenir dans une plus grande humilité, que les autres soient instruits de nos défauts, et qu’ils nous les reprochent.

2. Quand un homme s’humilie de ses défauts, il apaise aisément les autres, et se réconcilie sans peine ceux qui sont irrités contre lui.

Dieu protège l’humble et le délivre ; il aime l’humble et le console ; il s’incline vers l’humble et lui prodigue ses grâces et, après l’abaissement, il l’élève dans la gloire.

Il révèle à l’humble ses secrets ; il l’invite et l’attire doucement à lui.

Quelque affront qu’il reçoive, l’humble vit encore en paix parce qu’il s’appuie sur Dieu et non sur le monde.

Ne pensez pas avoir fait de progrès, si vous ne vous croyez au dessous de tous les autres.

RÉFLEXION.

Que vous importent les discours et les pensées des hommes ! Ce ne seront point eux qui vous jugeront. S’ils vous accusent à tort, celui qui voit le fond des consciences vous a déjà justifié. S’ils vous reprochent des fautes réelles, n’êtes-vous pas heureux d’être averti, heureux de souffrir une humiliation salutaire ? Ce qui vous trouble, c’est l’orgueil, qui ne saurait supporter d’être repris. L’humble ne s’irrite point, ne s’émeut point, lors même que la passion le comdamne injustement. Plein du sentiment de sa misère, on ne saurait jamais tant l’abaisser, qu’il ne s’abaisse dans son cœur encore davantage. Voulez-vous que rien n’altère le calme de votre âme ? abandonnez-vous à Dieu en toutes choses ; et dans les peines, les contrariétés, les traverses, dites avec Jésus-Christ : Oui, mon Père, parce qu’il vous a plu ainsi[1] !

  1. Luc. x, 21.