L’Italie d’hier/Modène

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Charpentier & Fasquelle (p. 61-62).
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MODÈNE

À Modène, quand nous arrivons, toute la ville est en remue-ménage.

Le beau palais, où dans la frise du haut, les aigles alternent avec les fleurs de lis, est rayonnant, comme la façade de l’hôtel d’une maîtresse de maison, dont c’est le jour. Et les sentinelles de la porte sont droites et fières, et dans la ville, c’est un tapage.... car les quatre équipages de la capitale, je ne sais en l’honneur de quoi, brûlent le pavé, encombrent les rues. Oh ! de colossaux équipages : les derniers carrosses hauts sur roues, et tout carillonnant d’antique ferraille, montrant, sur le siège, des cochers rhomboïdaux, recouverts de fastueuses et de sordides livrées, carrosses d’où l’on s’étonne de ne pas voir tomber par les portières, pêle-mêle avec des boniments, des panacées et des rouleaux de la Mecque, mais dans le fond desquels on perçoit, ratatinée, une vieille femme, un vieux pastel, grelottant sous une vieille pelisse d’hermine.

C’est le duc de Modène qui possède le grand hôtel de ses États. Et peut-être est-ce le ministre des finances de Modène qui vous fait votre note.