L’Italie d’hier/Titien

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Charpentier & Fasquelle (p. 122-123).

Titien. — Un portrait de femme d’une beauté opulente, aux épais sourcils, aux grands yeux noirs, aux cheveux crespelés et reflétés de carmin, et dont une mèche vient mourir, à droite sur le cou : un portrait dans la douce gamme de la pâle chair du visage italien avec ses pommettes brillantes.

Sous deux doigts de dentelle, sa puissante gorge à la blancheur mate, se montre dans l’ouverture d’une robe de brocard bleu, passequillé de velours noir, agrémenté de grappes d’or, et où sur les manches bouffantes de velours violet, courent, parmi des crevés blancs, des arabesques de filigrane.

La, et mieux encore dans « La Flore », la magique peinture de l’épiderme de la femme, de la délicatesse de ses tous impossibles, rendue avec la coloration de couleurs qui semblent ne pas devoir se trouver sur une palette. Car de la peau de la femme, Titien a rendu, et le laiteux et la matité et les luisants de marbre, comme sortis de dessous une strygille, et le rayonnement des pores semblant chacun tenir un mica de lumière, — enfin l’espèce de doux allumement de la voluptueuse enveloppe de la vie féminine, sous le plein soleil.