L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/PIII XX
Pichon et Depierreux, (p. 212-214).
C’est à dessein que j’ai différé jusqu’ici de parler de l’œil, qui a tant d’influence sur la beauté de tous les êtres animés parce qu’il ne trouvait pas aussi naturellement sa place à côté des objets précédemment considérés, quoique par le fait, il se réduise aux mêmes principes. Or, je pense que la beauté de l’œil consiste premièrement dans sa netteté : pour la couleur, il est difficile de décider laquelle est la plus agréable, cela dépend beaucoup des goûts particuliers ; mais un œil ne saurait plaire si son eau est trouble et pesante[1]. À cet égard, l’œil nous plaît sur le même principe qu’un diamant, une eau pure, une glace et d’autres substances transparentes. Le mouvement de l’œil ajoute encore à sa beauté en variant continuellement sa direction ; mais un mouvement lent et languissant est plus beau que ces coups d’œil rapides qui ressemblent au passage d’une étincelle : ceux-ci animent, les autres touchent. Pour ce qui est de l’union de l’œil avec les parties voisines, elle est soumise à la loi de tous les beaux assemblages, qui est de ne pas faire une déviation trop forte de la ligne des parties contiguës, et de ne pas tendre à une figure exactement géométrique. Mais si l’œil nous plaît, s’il nous touche, c’est, en outre, parce qu’il porte en lui l’expression de certaines qualités de l’ame, et de là vient en général son plus grand pouvoir ; de sorte que tout ce que nous avons dit de la physionomie peut s’appliquer à l’œil.
- ↑ Partie IV, sect. 25,