L’Origine de nos Idees du Sublime et du Beau/VI
Pichon et Depierreux, (p. 68-69).
La plupart des idées capables de produire sur l’ame une puissante impression, soit simplement de douleur ou de plaisir, soit de leurs modifications, peuvent se réduire à ces deux chefs : la conservation de soi et la société; toutes nos passions doivent concourir aux fins de l’une ou de l’autre. Les passions relatives à la conservation de soi sont ordinairement modifiées par la douleur ou le danger. Les idées de douleur, de maladie, de mort, remplissent l’ame de fortes émotions d’horreur ; mais la vie et la santé, quoiqu’elles nous donnent la faculté d’éprouver le plaisir, n’en causent point la sensation par la simple jouissance. Il suit donc de là, que les passions qui ont pour objet la conservation de soi, ont leur source principale dans la douleur et le danger, et qu’elles sont les plus puissantes de toutes les passions.