L’Origine des Cons sauvages (éd. 1797)/3
CHAPITRE PREMIER.
De quelle maniere sont les
cons, et leur différence.
Il est premier à noter que
tous cons généralement sont
composés, emparés et conformés
d’une carnalité spongieuse
et obédiente sans rebellion,
laquelle, de sa propre
nature, se dilate, et lui fait
place selon l’opportunité de
son indigence. Si est à savoir
qu’il est des cons de plusieurs
sortes ; les uns sont thisics, les autres hydropics, puis
d’autres médiocres. Entre les
cieux cons thisics, les uns
sont comme une petite esclatte
fendue, enveloppée
d’un peu de peau sans motte
ne relevure. D’autres y a de
cette sorte, qui ont un peu
de promotoire, et au donjon
il se treuve un os barré qui
empêche et efface la volonté
et puissance que l’on y cuide
treuver ; pour cet effet, c’est
un pauvre et malheureux métier.
Des cons médiocres, selon
qu’ils s’éloignent du thisic,
et approchent l’hidropic,
ils s’emmeliorent et en sont plus magifiques. Néanmoins,
tout ainsi que le thisic est
contagieux, ceux qui s’en approchent
semblablement sont
tous infectés. Cons hydropics
sont contagieux, et inficient
les membres dont ils sont visités.
Et pour cette cause,
quand feu missire Ollivier de
la Marche, chevalier, jadis
tant renommé en armes et en
allégance, comme un autre
César, et déjà tant âgé, se
voulut remarier à une ancienne
damoiselle de la maison
de Bourgogne, laquelle
damoiselle estoit haute, et
montée sur eschas, maigre et pleine d’arrestes, avec un
long con thisic et contagieux,
Il vied un sien ami, bon compagnon
de Picardie, lequel
tâchant lui dissuader ce mariage,
en se gaudissant, lui
en envoya tout au long le
rondeau ci-après.
Un con basti de deux esclattes,
Et puis bordé de noire matte,
Et teint d’un tissu cramoisi,
A pris un chevalier moysi,
Qui ressembloit un roi de cartes ;
Il avoit les baleures plattes,
Et d’une blancheur toute matte,
Quand ce chevalier l’eut choisi.
Au garnier où l’on prend des rattes,
Il a reçu des coups de pattes,
De langues d’ouï et de si,
Plus qu’un couvreur de Boisgency
N’a rabattu de cloux à lattes.
Touchant les cons hydropiques, les uns ressemblent à une grosse boignette fendue ; les autres un gros cœur de mouton, mi parti par le bas, et de ceux-ci, le fruit est beaucoup plus plaisant et beaucoup voluptueux. Et pour tant un grand commissaire des guerres, en son temps grand perscruteur des secrets muliebres, à la requeste de monsieur des Cordes, lors gouverneur de Picardie, fit deux élégantes ballades ; l’une de la perfection et beauté d’un cheval, et l’autre, de l’excellence de sa femme : et quand il vient à décrire la région de basse frise, il dit que la belle femme doit être comme il suit. Savoir :
Parmi les reins bien fournie encharnée,
Grosses cuisses, devant haute enconnée,
Et en beauté parfaite à l’advenant,
De doux racueil, et de rebelle entrée
Le ventre épois, motte de frais rasée,
Le cropion tenir directement,
Et son bourdon serrer estroitement,
Je ne m’enquiers de trop ou peu profonde.
Le compagnon porter joyeusement,
Parfaite en biens, seroit la plus du monde.