L’Origine des Cons sauvages (éd. 1797)/9

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Chez Jean de la Montagne (A Lyon) (p. 60-63).

CI-APRÈS ENSUIT
LA CHANSON,

CHANTÉE DE TRÈS-MÉCHANT SON.



Vous qui tenez escolle
Du bas esbattement,
Gardez en chaulde colle
De gâter l’instrument,
Car la grosse vérole
Se prend soudainement,
Puis on est mis au roole
D’amoureux en tourment.


Le trou de la femelle
Mord cauteleusement,
Bien souvent la plus belle,
En a couvertement :
Portez de la chandelle,
Regardez bassement,
Qui d’en porter se mêle,
Il faict très-sagement,

C’est grosse seigneurie,
D’estre perlifié,
Pour aller en suerie,
Estre vivifié :
N’en ayez point d’envie,
J’en suis certifié,
Autant vault sur ma vie,
Estre crucifié,


Le joyaux de la brague,
N’a esté mal courtoys,
Car pour un coup de bague,
J’en ai sué un moys,
Plus aspre que Lignague,
M’ont fait toucher le boys ;
Au diable soit la dague,
Et le jeu du biscoys.

Lyez et goustez le pourpoint,
Non sans avoir quelque remord :
Le compositeur en est mort,
Qui tout avoit d’un seul coup point.

Ce livre-ci fut composé
A Naple au pays de Suerie,
Auquel lieu a esté porté
A un maistre d’imprimerie ;

Lequel soudain, je vous affie,
Pour l’imprimer cessa toute œuvre ;
On le vend à la bourgeoisie
De Rouen, rue de la Chieuve.