L’amour saphique à travers les âges et les êtres/25

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(auteur prétendu)
Chez les marchands de nouveautés (Paris) (p. 194-197).

L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre
L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre

XXV

LA PARTICIPATION DE L’HOMME
DANS LE SAPHISME


L’homme peut, devant le saphisme toléré ou recherché comme excitant aux joies passionnelles ordinaires, jouer un rôle tout passif ou tour à tour passif et actif : c’est ce dernier que le plus souvent il préfère et demande dans l’amour vénal.

Certains « voyeurs » se contentent du spectacle que leur offre deux lesbiennes se caressant et peuvent ressentir l’orgasme vénérien même sans coït ni attouchement d’aucune sorte.

D’autres, demeurent par goût ou nécessité à l’écart des lesbiennes en scène et se masturbent pour goûter les joies suprêmes.

Il en est qui sont au comble de la satisfaction quand il leur est permis de flageller les actrices de la liaison saphique ; d’autres goûtent des délices inouïes, au contraire, à être flagellés à l’instant où les amantes savourent leurs joies lesbiennes.

Chez le plus grand nombre, la vue de l’amour saphique n’est agréable que s’il est un prélude excitant et que, à un moment donné, le voyeur se satisfait sur l’une ou les deux actrices ou encore se fait masturber par elles par la main ou les lèvres.

Sous le second Empire, tous les familiers de la cour connaissaient les préférences passionnelles du comte P… qui délaissait sa femme pour des impures dociles à ses fantaisies.

Il aimait, à la fin d’un souper plantureux, voir deux femmes en toilette de bal élégante et correcte se donner des baisers, s’enlacer ; puis, se mettre nues.

Alors, la verge du comte se trouvant en état d’érection par suite du spectacle contemplé, il s’étendait sur le dos, et faisait se coucher sur lui, également sur le dos, l’une des deux femmes, en l’anus de laquelle il introduisait son membre. Pendant ce temps, l’autre femme commençait à titiller et à baiser le clitoris, la vulve de son amie, et celle-ci avait la recommandation de se laisser aller à tous les soubresauts, tressaillements, convulsions que provoqueraient en elle les affres délicieuses du plaisir. — Au besoin, elle les simulait. Et le bonheur du comte P… était au comble de se satisfaire, tandis que celle qu’il possédait postérieurement jouissait d’un ultime plaisir procuré par une autre. Il avait, disait-il, la sensation cérébrale qu’il participait au plaisir des deux femmes et les pénétrait également. La fin de ce névrosé fut brusque et tragique. Ses abus l’ayant rendu impuissant, il se suicida, un soir que même ses recherches vicieuses ne pouvaient plus amener en lui l’orgasme désiré.

Nombre de prostituées, en offrant le spectacle de l’amour lesbien à leurs clients, arrivent souvent à esquiver la tâche la plus pénible de leur besogne.

Quelquefois l’imagination dépravée du voyeur exige que l’amour saphique soit compliqué d’une sorte de violence, réelle ou feinte, ou d’un inceste.

Une femme, d’origine belge, qui, en apparence, menait une vie fort décente, se faisait de bons revenus avec une clientèle de vieux paillards ravis de sa discrétion et qui payaient largement le spectacle qu’elle leur procurait en se faisant masturber par sa petite fille de huit ans, ou en masturbant celle-ci qu’elle avait dressée à simuler une excessive joie passionnelle sous ses attouchements.

Nous avons été à même d’observer de près deux ménages bourgeois qui, dans le monde, conservaient une réputation de correction extrême. Or, leurs relations amicales étroites se doublaient d’étrange complicité dans la recherche des joies passionnelles.

Échange des femmes ; amour saphique consenti de celles-ci étaient chose admise ; mais la grande fête constituait pour ces messieurs, lorsque les dames étaient amoureusement enlacées et en pleine jouissance sensuelle, à les posséder simultanément, en se plaçant derrière leur dos.


L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre
L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre