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L’histoire de Juliette/sixième partie

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JULIETTE,

OU

LES PROSPÉRITÉS DU VICE.






Peu de jours après notre retour, le Roi nous fit proposer de venir voir sur un des balcons de son palais, l’une des fêtes les plus singulières de son royaume ; il s’agissait d’une cocagne. J’avais souvent entendu parler de cette extravagance ; mais ce que je vis était bien différent de l’idée que je m’étais faite.

Charlotte et Ferdinand nous attendaient dans un boudoir, dont la croisée donnait sur la place où devait avoir lieu la cocagne : le duc de Gravines homme de cinquante ans, très libertin et la Riccia furent les seuls admis avec nous. Si vous ne connaissez pas ce spectacle, nous dit le Roi dès que le chocolat fut pris, vous allez le trouver bien barbare. C’est ainsi que nous les aimons, sire, répondis-je ; et j’avoue qu’il y a long-tems que je voudrais en France, ou de semblables jeux, ou des gladiateurs : on n’entretient l’énergie d’une nation que par des spectacles de sang ; celle qui ne les adopte pas s’ammolit. Quand un empereur imbécille, en faisant monter le sot christianisme sur le trône des Césars, eut fait fermer le cirque à Rome, que devinrent les maîtres du monde ? Des abbés, des moines ou des ducs. Je suis parfaitement de cet avis, dit Ferdinand ; je voudrais renouveller ici les combats d’hommes contre des animaux, et même ceux d’homme à homme. J’y travaille ; Gravines et la Riccia m’aident tous deux, et j’espère que nous réussirons. La vie de tous ces gueux-là, dit Charlotte, doit-elle être comptée pour quelque chose, quand il s’agit de nos plaisirs ? Si nous avons le droit de les faire égorger pour nos intérêts, nous devons également l’avoir pour nos voluptés. Allons belles dames, nous dit Ferdinand, donnez vos ordres : en raison du plus ou moins de rigueur, du plus ou moins de police que je mets à la célébration de ces orgies, je puis faire tuer six cents hommes de plus ou de moins : prescrivez-moi donc ce que vous desirez à cet égard… Le pis… le pis, répondit Clairwil ; plus vous ferez égorger de ces coquins, et plus vous nous amuserez. Allons, dit le Roi, en donnant bas un ordre à l’un de ses officiers : puis un coup de canon s’étant aussi-tôt fait entendre, nous nous avançâmes sur le balcon. Il y avait un peuple excessivement nombreux sur la place, alors nous découvrîmes toute la perspective.

Sur un grand échafaud, que l’on orne d’une décoration rustique, se pose une prodigieuse quantité de vivres disposés de manière à composer eux-mêmes une partie de la décoration. Là, sont inhumainement crucifiés des oies, des poules, des dindons, qui, suspendus tout en vie et seulement attachés par un clou, amusent le peuple par leurs mouvemens convulsifs ; des pains, de la merluche, des quartiers de bœufs, des moutons paissant dans une partie de la décoration, qui représente un champ gardé par des hommes de cartons, bien vêtus ; des pièces de toiles, disposées de manière à former les flots de la mer, sur laquelle s’apperçoit un vaisseau chargé de vivres ou de meubles à l’usage du peuple, telle est disposée, avec beaucoup d’art et de goût, l’amorce préparée à cette nation sauvage, pour perpétuer sa voracité et son excessif amour pour le vol ; car après avoir vu ce spectacle, il serait difficile de ne pas convenir, qu’il est bien plutôt une école de pillage qu’une véritable fête. À peine avions-nous eu le tems de considérer le théâtre, qu’un second coup de canon se fit entendre. À ce signal, la chaine de troupes, qui contenait le peuple, s’ouvrit avec rapidité ; le peuple s’élance, et, dans un clin-d’œil, tout est enlevé, arraché, pillé, avec une vitesse… une frénésie, qu’il est impossible de se représenter. Cette effrayante scène, qui me donna l’idée d’une meute de chiens à la curée, finit toujours plus ou moins tragiquement, parce qu’on se dispute… qu’on veut avoir… empêcher son voisin de prendre ; et qu’à Naples, ce n’est jamais qu’à coups de couteaux que de pareilles discussions se terminent. Mais cette fois, d’après nos desirs, par les soins cruels de Ferdinand, quand le théâtre fut chargé, quand on crut qu’il pouvait bien y avoir sept ou huit cents hommes dessus, tout-à-coup il s’enfonce, et plus de quatre cents personnes sont écrasées… Ah ! foutre, s’écria Clairwil, en tombant pâmée sur un sopha… Eh ! mes amis, vous ne m’aviez pas prévenue, je meurs ; et la putain appelant la Riccia, fouts-moi, mon ange, fouts-moi, lui dit-elle ; je décharge ; de mes jours je n’ai rien vu qui m’ait fait autant de plaisir.

Nous rentrâmes ; les fenêtres et les portes se fermèrent, et la plus délicieuse de toutes les scènes de lubricité s’exécuta, pour ainsi dire, sur les cendres des malheureux, sacrifiés par cette scélératesse.

Quatre jeunes filles de quinze ou seize ans, belles comme le jour, et revêtues de crêpes noirs, sous lesquels elles étaient nues, nous attendaient debout, en silence ; quatre autres femmes enceintes, de vingt à trente ans, entièrement nues, parraissaient, dans le même silence et dans la même douleur, attendre nos ordres vers une autre partie de la chambre ; couchés sur un canapé, au fond de la pièce, quatre superbes jeunes hommes de dix-huit à vingt ans, nous menaçaient le vit à la main ; et ces vits, mes amis, ces vits étaient des monstres, douze pouces de circonférence, sur dix-huit de long ; de la vie rien de pareil ne s’était offert à nos yeux, nous déchargeâmes toutes les quatre rien qu’en les appercevant. Ces quatre femmes, et ces quatre jeunes personnes, nous dit Ferdinand, sont les filles et les veuves de quelques-uns des infortunés qui viennent de périr sous vos yeux ; ce sont ceux que j’ai le plus exposés, et de la mort desquels je suis certain ; j’ai fait venir de bonne heure, ces huit femmes ici, et enfermées dans une chambre sûre, j’ai voulu qu’elles vissent par une fenêtre, le sort de leurs pères et de leurs époux : je vous les livre maintenant pour achever de vous divertir, et vous transmets tous mes droits sur elles. Là, poursuivit le monarque, en ouvrant une porte qui donnait sur un petit jardin, là, est un trou destiné à les recevoir quand elles auront mérité, par d’horribles souffrances, d’arriver à ce moment de calme… vous voyez leurs tombeaux. Approchez, femmes, il faut que vous le voyez aussi ; et le barbare les fit descendre dedans, il les y fit étendre ; puis content des proportions, il ramena nos yeux sur les quatre jeunes gens. Assurément, mesdames, nous dit-il, je suis bien certain que jamais vous n’avez rien vu de pareil, et il empoignait ces vits plus durs que des barres de fer, il nous les faisait prendre, soulever, baiser, branlotter. La vigueur de ces hommes, poursuivit le roi, égale au moins la supériorité de leurs membres, il n’en est pas un d’eux, qui ne vous réponde de quinze ou seize décharges, et pas un qui ne perde dix ou douze onces de sperme à chaque éjaculation : c’est l’élite de mon royaume ; il sont Calabrois tous les quatre, et il n’y a point de provinces en Europe qui fournissent des membres de cette taille. Jouissons maintenant, et que rien ne nous gêne ; quatre boudoirs tiennent à celui-ci ; ils sont ouverts ; ils sont garnis de tout ce qui sert au service de la luxure : allons, foutons, faisons-nous foutre, vexons, tourmentons, supplicions, et que nos têtes embrasées par le spectacle qui vient de nous être présenté, raffinent à-la-fois les cruautés et les luxures… Oh ! foutre, mon ami, dis-je à Ferdinand, comme tu entends l’art d’amuser des imaginations comme les nôtres ! Robes, jupons, culottes, tout fut bientôt mis à bas, et avant que de procéder à des scènes générales, il parut que l’intention de chacun était de s’isoler un moment dans des cabinets séparés. La Riccia prit avec lui l’une des jeunes filles, une femme grosse et un fouteur ; Gravines s’enferma avec Olimpe, et une femme grosse, et Ferdinand prit Clairwil, un fouteur, une femme grosse et deux petites filles ; Charlotte me choisit, et voulut avec nous, deux fouteurs, une des petites filles et une femme grosse.

Juliette, me dit la reine de Naples, que nous fûmes dans notre boudoir, je ne puis plus dissimuler les sentimens que tu as fait naître dans mon cœur : je t’adore ; je suis trop putain pour te promettre de la fidélité, mais tu sais que ce sentiment romanesque est inutile entre nous : ce n’est point un cœur que je t’offre, c’est un con… un con qui s’inonde de foutre chaque fois que ta main y touche. Je te suppose mon esprit, ma façon de penser, et te préfère incontestablement à tes sœurs. Ton Olimpe est une bégueule, son tempérament l’emporte quelquefois, mais elle est timide et poltronne ; il ne faudrait qu’un coup de tonnerre pour convertir une telle femme ; ta Clairwil est une superbe créature, infiniment d’esprit, sans doute, mais nous différencions de goût ; elle n’aime à exercer ses cruautés que sur les hommes, et quoique je sacrifie volontiers ce sexe, le sang du mien pourtant me fait plus de plaisir à répandre ; elle a d’ailleurs un air de supériorité prononcé sur nous toutes, qui humilie prodigieusement mon orgueil. Avec autant de moyens, et peut-être même beaucoup plus qu’elle, Juliette, tu n’affectes pas autant de vanité ; cela console ; je te crois plus de douceur dans le caractère, autant de coquinerie dans l’esprit, mais plus de solidité avec tes amies : je te préfère enfin, et ce diamant de cinquante mille écus, que je te supplie d’accepter, suffira peut-être à t’en convaincre. Charlotte, dis-je en refusant le bijou, l’on peut avec toi convenir de ses vices ; je suis sensible à tes sentimens, et je t’en jure de semblables ; mais je l’avoue, ma chère, je ne fais par caprice, nul cas de ce qu’on me donne, je n’estime que ce que je prends, et si tu veux, rien n’est plus facile que de me satisfaire sur cet objet. — Comment donc ? — Jure avant tout, sur l’amour que tu as pour moi, de ne jamais rien révéler du desir impérieux dont je suis dévorée. — Je le jures. — Eh bien ! je veux voler les trésors de ton mari, je veux que tu me fournisses toi-même les moyens d’y parvenir. — Parles bas, dit la reine, ces gens-ci pourraient nous entendre… Attends, je vais les enfermer.

Jasons maintenant à notre aise, reprend Charlotte, accepte-tu ce que je te propose, c’est la seule façon de me convaincre des sentimens que tu me montres. O Juliette ! ajoute-t-elle, la confiance que tu me témoignes doit te valoir la mienne… et moi aussi je médite un forfait, m’y serviras-tu ? — Fallût-il y risquer mille vies, parle. — Si tu savais à quel point je suis excédée de mon mari. — Malgré ses complaisances ? — Est-ce donc pour moi qu’il fait tout cela ? Il me prostitue par libertinage… par jalousie ; il croit, en appaisant ainsi mes passions, empêcher mes desirs de naître, et il aime mieux que je sois foutue par son choix, que par le mien. — Plaisante politique. — C’est la sienne, c’est celle d’un Espagnol italiennisé, et il ne peut y avoir rien de pis dans le monde qu’un tel être. — Et tu desires ? — Empoisonner ce vilain homme, devenir régente ; le peuple me préfère à lui, il adore mes enfans ; je régnerai seule, tu deviendras ma favorite, et ta fortune est faite. — Non, je ne demeurerai pas avec toi, je n’aime pas le rôle que tu me proposes ; d’ailleurs, j’idolâtre ma patrie et veux bientôt y retourner ; je te servirai ; je vois que les moyens te manquent : Ferdinand, qui possède des poisons de tout genre, te les cache, sans doute ; je t’en donnerai, mais service pour service, Charlotte ; songe, que tu n’auras ce que je te promets qu’au prix des trésors de ton mari : à combien montent ces trésors ? — Quatre-vingt millions, tout au plus. — En quelles espèces ? — Des lingots, des piastres, des onces et des sequins. — Comment ferons-nous ? — Tu vois cette croisée, me dit Charlotte, en me montrant une fenêtre assez voisine de celle où nous nous plaçâmes, qu’un charriot bien attelé se trouve au bas après-demain ; je volerai la clef, je jetterai par la fenêtre dans ce charriot tout ce que je pourrai. — Et la garde ? — Il n’y en a point de ce côté. Écoute, dis-je à Charlotte dont je complottais la perte avec délices dans ce moment-là : j’ai quelques démarches à faire pour préparer le poison qu’il te faut et ne me soucie pas de les entreprendre sans être sure de mon fait ; signe-moi cet écrit, dis-je en le minutant tout de suite, j’agirai dès-lors sans nulle crainte, et nous serons tranquilles toutes deux. Charlotte, aveuglée par son amour pour moi, par l’extrême desir de se défaire de son mari, en signant tout ce que je voulus, me prouva que la prudence est rarement la compagne des grandes passions. Voici ce qu’elle ratifia :

« Je volerai tous les trésors de mon mari, et les donnerai pour récompense à celle qui me fournira le poison nécessaire à l’envoyer dans l’autre monde. »

Signé, C. de L., R. de N.


Allons, dis-je, me voilà tranquille ; après-demain, à l’heure indiquée, tu peux compter sur le charriot ; sers-moi bien, Charlotte… tu le seras de même ; amusons-nous maintenant… Oh ! chère amie, me dit Charlotte en m’accablant de baisers, quels services tu me rends et combien je t’adore !… L’imbécille !… comme il s’en fallait que je lui rendisse le même sentiment ! Oh ! l’illusion n’était plus possible ; nous avions trop perdu de foutre ensemble ; je ne me délectais que de l’idée de sa perte, et son imprudent écrit l’assurait. Branlons-nous toutes deux, me dit-elle, avant que d’appeler nos objets de débauches ; et sans attendre ma réponse, la putain me jette sur le lit de repos, s’agenouille entre mes cuisses et me gamahuche en me chatouillant à-la-fois et le con et le cul ; ce fut alors où j’usai bien de la facilité qu’ont les femmes pour les infidélités d’imagination, c’était de Charlotte que je recevais des sensations voluptueuses, j’étais couverte de ses pollutions… de ses baisers… et je ne pensais qu’à trahir Charlotte.

Femmes adultères, vous voilà : dans les bras de vos époux, vous ne leur abandonnez que le corps, et les sensations de voluptés qu’ils y font naître, n’appartiennent jamais qu’à l’amant ; ils se trompent, ils prennent pour eux l’ivresse où leurs mouvemens vous plongent, quand les imbécilles n’ont pas une étincelle de l’embrâsement. Sexe enchanteur, continuez cette tromperie, elle est dans la nature ; la flexibilité de vos imaginations vous le prouve ; dédommagez-vous ainsi, quand vous ne le pouvez autrement, des chaînes ridicules de la pudeur et de l’hymen, et ne perdez jamais de vue que si la nature vous fit un con pour foutre avec les hommes, sa main forma, du même jet, le cœur qu’il faut pour les tromper.

Charlotte s’enivra de mon sperme, et j’avoue qu’il coula par flots, dans l’idée vraiment délicieuse pour une tête comme la mienne, de perdre à jamais celle qui le faisait ainsi répandre : elle se rejette dans mes bras, nous nous polluons avec ardeur, elle suce ma bouche et mes tetons, et comme je la branle délicieusement, la tribade se pâme vingt fois. Nous nous entrelaçons l’une sur l’autre, en sens contraire, de manière à pouvoir nous gamahucher réciproquement ; nos langues chatouillent le clitoris, et un doigt libertin effleure et les trous du cul et les cons ; nous nous inondâmes de foutre, et certes toutes deux avec des pensées bien diverses : enfin, Charlotte en feu desire du libertinage, elle appelle, elle veut d’abord que tout soit dirigé sur moi ; la femme grosse, sous ma main droite, est offerte à mes vexations ; la jeune fille, à califourchon sur ma poitrine, me fait à-la-fois baiser le con le plus frais et le plus charmant cul. Charlotte excite les vits et me les enfile elle-même. Je rafole de l’idée d’avoir une reine pour maquerelle, dis-je à Charlotte ; allons, putain, fais ton métier ; mais des engins de la taille de ceux que Ferdinand nous procure, ne sont pas faciles à recevoir ; et quelques frayés que soient mes appas, il m’est impossible d’endurer, sans préparation, des attaques aussi monstrueuses. Charlotte humecte les voies, elle frotte les bords de mon con, et le membre du fouteur, avec une essence qui, dès la première secousse, fait pénétrer plus de la moitié du monstre ; cependant les douleurs sont si vives, qu’en poussant un cri furieux, je jette au diable la petite fille huchée sur ma poitrine ; je veux me débarrasser du trait qui me déchire ; Charlotte s’y oppose, elle nous presse tous deux l’un sur l’autre, et ce procédé que favorise mon nouveau champion, l’introduit à l’instant au fond de ma matrice ; je n’avais jamais tant souffert ; ces épines pourtant se changent bientôt en roses ; mon adroit cavalier s’y prend avec tant d’art, il pousse avec tant de force, qu’au quatrième bond, je l’inonde de foutre : tout alors se remet en place ; Charlotte, en favorisant l’acte, en chatouillant les couilles et le trou du cul de mon fouteur, offre à ma main gauche ses fesses, que je moleste pour le moins avec autant de violence que celles de la femme grosse, et la petite fille gamahuchée par moi, m’inonde le visage de sa douce éjaculation. Quelle vigueur dans le Calabrois ! il me lime plus de vingt minutes, perd à la fin son foutre, et me refout trois fois de suite sans quitter la lice ; j’en donne enfin au bout d’une heure. Son camarade le remplace : pendant que je fouts avec le second, Charlotte veut jouir du plaisir de me les voir tous les deux dans le corps, elle-même arrange l’attitude : je suis couchée dans les bras de l’un, c’est moi qui le fouts ; il se laisse faire ; je manie, je moleste un con de ma main droite, la gauche socratise un cul, ma langue gamahuche un clitoris. L’autre homme, aidé par la reine, se présente au trou de mon derrière ; mais, quelqu’habitude que j’aie de cette manière de goûter le plaisir, nous luttons un quart d’heure sans pouvoir seulement efleurer la brêche. Toutes ces tentatives me plongent dans une incroyable agitation : je grince les dents, j’écume, je mords tout ce qui m’environne, j’inonde de foutre le vit qui laboure mon con ; c’est sur lui que je me venge de n’en pouvoir faire entrer dans mon cul ; à force de ruses et de patience, je le sens pourtant qui pénètre ; celui qui m’enconne me lance un coup de reins assez vigoureux pour favoriser l’attaque de son camarade. Je jette un cri terrible, je suis enculée… je n’avais rien éprouvé de pareils. Quel spectacle, dit Charlotte, en se branlant en face de nous, et me baisant par fois sur la bouche, sacre-dieu quelle ouverture !… Oh ! Juliette, que tu es heureuse… et je déchargeais… et j’étais comme une forcenée, je n’y voyais plus, je n’entendais plus, tous mes sens n’existaient que dans les régions de la volupté ; j’étais à elle uniquement. Tous deux, sans quitter la place, parcoururent une double carrière, et quand je m’en débarassai, le foutre inondait mes cuisses de toutes parts… je le distillais par tous les pores. À toi, garce, dis-je à Charlotte, fais de même, si tu veux connaître le plaisir : je n’ai pas besoin de la presser, promptement enfilée par tous deux, la coquine me prouve, que si son mari lui permet quelques plaisirs, à dessein de calmer un libertinage qui pourait devenir dangereux pour lui, il n’avait pas tout-à-fait tort. Cruelle comme nous, dans ses voluptés, la gueuse me supplie de molester la femme grosse sous ses yeux, pendant qu’elle gamahuche la petite fille, et qu’on la fout en con et en cul. Cette malheureuse se jette à mes pieds : je suis sourde ; ivre de rage et de lubricité, je la renverse d’un coup de genoux dans l’estomac, et je lui saute sur le ventre ; dès que je la vois à terre, je la rosse, je la bats, je l’étouffe ; Charlotte m’encourage en balbutiant des horreurs ; enfin la gueuse également foutue deux coups, éloigne les hommes et se lève : nous avalons deux bouteilles de champagne et nous passons dans le salon. Toute la compagnie s’y était déjà rendue. Chacun parla de ses prouesses ; il fut facile de juger que ce n’était pas seulement dans notre boudoir qu’on avait molesté les femmes grosses ; aucunes d’elles ne pouvaient se soutenir ; celle de Gravines sur-tout… elle était prête d’accoucher ; le scélérat l’avait mise en sang.

Le dîner fut de la plus extrême magnificence ; les jeunes filles nous servaient à table, et les femmes grosses, couchées à terre sous nos pieds, recevaient les vexations qu’il nous plaisait de leur imposer. Placée près de Clairwil, j’eus le tems de lui confier le tour que j’avais fait : je remplis son ame de joie, en lui racontant ces détails ; et quoiqu’il ne me fût guères possible que de les exquisser, elle me comprit, me félicita, en m’assurant que j’étais la femme la plus adroite, et la plus entreprenante qu’elle connut.

Électrisés par la chaire délicate et les vins délicieux qui nous furent servis, nous passâmes, en trébuchant, dans une magnifique salle, toute préparée pour les orgies que nous avions à célébrer. Là, les agens étaient Ferdinand, Gravines, La Riccia, Clairwil, Charlotte, Olimpe et moi : les victimes ; les quatre femmes grosses, les quatre jeunes filles qui nous avaient servies au dîner, et les huit beaux enfans de l’un et de l’autre sexe, dont les culs nous avaient lancé des liqueurs ; quatorze vigoureux champions, pour le moins aussi gros, aussi nerveux que ceux que nous avions épuisés le matin, parurent la lance en arrêt ; tout était nu… frémissant et attendant, avec autant de respect que de silence, les loix qu’il nous plairait de leur imposer. Le repas nous ayant mené fort loin, il devenait essentiel que des lumières éclairassent le lieu de la scène. Cinq cents bougies cachées dans des gazes vertes, répandaient dans cette salle la clarté la plus douce et la plus agréable : plus de particularité, plus de tête-à-tête, dit le roi ; c’est aux yeux les uns des autres que nous devons opérer maintenant.

Nous nous précipitons alors, sans aucune règle, sur les premiers objets qui se présentent : on fout, on se fait foutre ; mais la cruauté préside toujours à des luxures aussi désordonnées que les nôtres. Ici, l’on pressurait des gorges : là, l’on fouettait des culs ; à droite, on déchirait des cons ; les femmes pleines se martyrisaient à gauche, et les soupirs de la douleur ou du plaisir, mêlés de plaintes d’un côté, d’affreux blasphêmes de l’autre, furent long-tems les uniques bruits qui se firent entendre. Des cris plus énergiques de décharges se distinguèrent bientôt ; celle de Gravines fut la première. Hélas ! il n’a pas plutôt prononcé les expressions de son délire, que nous voyons tomber à ses pieds, du milieu des groupes qui l’entouraient, une femme égorgée, son fruit arraché des entrailles, et tous les deux baignés dans les flots de leur sang. Ce n’est pas ainsi que je m’y prendrai, dit la Riccia, en ordonnant d’attacher fortement, contre un mur, une de ces truies gonflées. Tenez, dit-il, observez-moi : il chausse un soulier garni de pointes de fer, s’appuie sur deux hommes, et lance, de toute la force de ses reins, un coup de pied à plat sur le ventre de la donzelle, qui, crevée, déchirée, ensanglantée, fléchit sous ses liens, et nous pond son indigne fruit, que le paillard arrose à l’instant des flots écumans de son foutre. Très-près du spectacle, à la fois foutue par devant et par derrière, suçant le vit d’un jeune garçon, qui dans ce moment déchargeait dans ma bouche, branlant un con de chaque main, il me fut impossible de ne point partager les plaisirs du Prince, et je perdis mon sperme à son exemple. Je jette les yeux sur Clairwil ; on l’enculait ; une jeune fille la gamahuchait, et la gueuse fouettait un petit garçon ; elle m’imite. Charlotte enconnée suçait un petit garçon, branlait deux filles, et faisait fouetter, devant elle, une des femmes grosses sur le ventre. Ferdinand opérait sur une fille ; il la déchiquetait avec des tenailles rouges ; on le suçait ; et quand il se sentit prêt de décharger, le vilain, armé d’un scapel, coupa les tetons de sa victime, et nous les jetta aux nez. Tels étaient à-peu-près nos plaisirs, lorsque Ferdinand nous proposa de passer dans un cabinet voisin, dans lequel une machine artistement préparée, nous ferait jouir d’un supplice très-extraordinaire pour les femmes grosses. On prend les deux qui restent ; ou les lie sur deux plaques de fer placées l’une au-dessus de l’autre, en telle sorte que les ventres des femmes, mises sur ces plaques, se répondaient perpendiculairement ; les deux plaques s’enlèvent à dix pieds l’une de l’autre.

Allons, dit le Roi, disposez-vous au plaisir ; chacun l’entoure ; et au bout de quelques minutes, par le moyen d’un ressort aux ordres de Ferdinand, les deux plaques, l’une en montant, l’autre en descendant, s’unissent avec une telle violence, que les deux créatures, s’écrasant mutuellement, sont elles et leur fruit réduites en poudre en une minute, Vous imaginez facilement, j’espére, qu’il n’y en eût pas un de nous qui ne perdit son foutre à ce spectacle, et pas un qui ne le comblât des plus divins éloges.

Repassons dans une autre pièce, dit Ferdinand ; nous y goûterons peut-être d’autres plaisirs.

Cette pièce énorme était occupée par un vaste théâtre ; sept différentes tortures y paraissent préparées ; quatre bourreaux nus et beaux comme Mars, devaient servir chaque supplice, dont le premier était le feu ; le second, le fouet ; le troisième, la corde ; le quatrième, la roue ; le cinquième, le pal ; julT10p22 le sixième, la tête coupée ; le septième, hâché en morceaux. Chacun de nous avait, pour se tenir, un vaste emplacement, dans lequel se voyait cinquante portraits des plus jolis enfans que l’on put voir, de l’un et l’autre sexe. Nous entrâmes dans les places, qui nous étaient destinées, seulement chacun avec un fouteur, une petite fille et un petit garçon, pour le service de nos plaisirs pendant les exécutions ; à côté de chacun des portraits, dont nous étions environnés, était un cordon de sonnette.

Que chacun, à votre tour, nous dit Ferdinand, choisisse une victime, dans les cinquante portraits qui l’entourent ; qu’il tire le cordon de la sonnette qui correspond à l’objet de son choix, aussi-tôt la victime qu’il aura désignée, lui sera offerte ; il s’en amusera un moment… Ensuite, vous voyez que dans chaque place est un escalier qui mène au théâtre ; il y fera monter sa victime ; l’annexera au supplice, qui le fera mieux bander, puis opérera lui-même, si cela lui convient ; si non, il fera signe au bourreau, du supplice qu’il aura choisi, et la victime enlevée sur-le-champ par cet homme, sera sacrifiée sous ses yeux ; mais pour l’intérêt même de vos plaisirs, n’agissez que l’un après l’autre : nous sommes maîtres de notre tems ; rien ne nous presse ; et les heures les mieux employées de la vie, sont toujours celles où l’on l’arrache aux autres.

Sacre-dieu, dit Clairwil au Roi, je n’ai jamais vu d’imagination plus fertile que la tienne ; ne m’en attribuez point la gloire, dit le Napolitain : toutes ces fantaisies faisaient bander les tyrans de Syracuse qui me précédaient. J’ai trouvé dans mes archives des traces de ces horreurs ; elles ont échauffée ma tête ; je m’en amuse avec mes amis.

Gravines sonne le premier, son choix tombe sur un jeune garçon de seize ans, beau comme le jour ; il paraît, et Gravines a seul le droit de s’en amuser ; il le fouette, il le suce, il lui mord le vit, il lui écrase une couille, l’encule, et finit par l’envoyer aux flammes : il est sodomiste, prétend le scélérat ; et comme tel, voilà le supplice qui lui convient. Clairwil sonne ensuite, et vous croyez bien que c’est sur un garçon que son choix tombe également : à peine avait-il dix-huit ans ; il était beau comme Adonis ; la coquine le suce, le branle, le fustige, s’en fait lécher le con et le cul ; puis, s’élançant avec lui sur le théatre, la bougresse l’empale elle-même, en se faisant enculer par un des bourreaux.

Olimpe suit, une fille de treize ans est l’objet de son choix ; elle la caresse, et la fait pendre.

Ferdinand vient après : comme Clairwil, il choisit un jeune homme : j’aime le supplice des femmes, nous dit-il ; mais je me plais encore mieux à celui des individus de mon sexe : l’adolescent paraît ; vingt ans, membré comme Hercule, avec la figure de l’Amour : Ferdinand se le fait mettre, le lui rend, le fustige, et le mène lui même au supplice ; il le rompt. Ainsi brisé, l’on le met sur une roue, où, on le laisse exposé au fond du théatre.

La Riccia choisit une fille de seize ans, belle comme Hébé, et après lui avoir fait subir toutes sortes d’horreurs, il la fait hacher toute vive.

Charlotte sonne une petite fille de douze ans, et quand elle s’en est amusée, elle lui fait couper la tête, en se faisant foutre par deux hommes.

Je fais venir une fille de dix-huit ans, superbe ; de ma vie je n’avais vu de plus beau corps : après l’avoir bien baisée, maniée, léchée sur toutes les parties, je la mène au supplice ; et travaillant avec les bourreaux, je lui enlève, à grands coups de lanière, des pièces de chair, plus larges que la main : elle expire, et ses quatre bourreaux me foutent sur son cadavre.

Ce jeu nous plaisait trop, pour ne pas se prolonger excessivement. Nous immolâmes en tout, onze cents soixante-seize victimes ; ce qui fit cent soixante-huit pour chacun, parmi lesquelles six cents filles, et cinq cents soixante-seize garçons. Charlotte et Borghèse furent les seules qui ne sacrifièrent que des filles. Je fis périr autant d’individus d’un sexe que de l’autre ; la Riccia de même ; mais Clairwil, Gravines et Ferdinand n’immolèrent absolument que des hommes, et presque toujours de leurs mains. Fendant tout ce tems, l’on n’avait cessé de nous foutre, et nos athlètes s’étaient relayés plusieurs fois. Nous nous retirâmes au bout de quarante-cinq heures, entièrement écoulées dans l’ivresse des plus divins plaisirs.

Madame, dis-je tout bas à Charlotte en la quittant, souvenez-vous du billet que vous m’ayez signé ; et toi, me répondit Charlotte également bas, du rendez-vous que je t’ai donné pour après demain… sois aussi exacte que moi, je ne t’en demande pas davantage.

Nous rentrâmes, je ne manque pas d’expliquer aussitôt à Clairwil, ce que je n’avais pu lui dire qu’en l’air. Ce projet est délicieux, me dit-elle. — Oui, mais tu ne vois pas où je veux le conduire ? — Non. — J’abhorre Charlotte. — Oh ! baise-moi, cher amour, comme je partage tes sentimens ! — Eh non, c’est quelle m’aime à la folie cette femme, c’est qu’elle veut toujours que je la fasse décharger, et rien ne m’ennuie comme ces préférences. Il n’y a qu’à toi, mon ange, qu’à toi seule au monde… que je pardonne de m’aimer — Quelle tête que la tienne, Juliette. — Conviens qu’elle est digne de toi ? — Oh oui, mon ange… Enfin, que fais-tu de Charlotte ? — Le lendemain du jour ou j’aurai ses trésors, j’envoye le billet, que tu vois, au mari, et j’espère que quand il y lira : je volerai tous les trésors de mon mari, et les donnerai, pour récompense, à celle qui me donnera le poison nécessaire à l’envoyer dans l’autre monde, j’espère, dis-je, que quand le cher époux verra ces mots, il condamnera Charlotte à la mort, ou du moins à la plus affreuse prison. — Oui, mais Charlotte condamnée, révélera ses complices ; elle dira que c’est à nous qu’elle a livré ses trésors. — Sera-t-il présumable que, si c’était nous qui les eussions reçus, ce fussent nous qui envoyassions le billet au roi ? — Présumable ou non Ferdinand fera des recherches. — Tout sera par mes soins enfoui dans notre jardin ; j’irai moi-même parler au roi, si ses soupçons se portent avec violence sur nous ; je le menacerai de révéler le trait horrible de la cocagne d’avant-hier. Ferdinand faible et bête, craindra mes menaces, et il se taira, et puis :

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Il faut risquer quelque chose pour être riche : penses-tu que cinquante on soixante millions ne vaillent pas la peine de quelques frais ? — Mais si nous sommes prises, nous mourrons. — Qu’importe ; la chose du monde que je craigne le moins, est d’être pendue. Ne sais-tu donc pas qu’on décharge en mourant ainsi ; jamais l’échafaud ne m’effraya : si jamais j’y suis condamnée, tu m’y verras voler avec impudence… Mais calme-toi, Clairwil, le crime nous aime, il nous favorise ; je t’en garantis le succès. — Confieras-tu nos projets à Borghèse ? — Non, je ne l’aime plus cette femme. — Oh foutre ! je la déteste moi. — Il faut s’en défaire le plutôt possible. — N’allons nous pas demain au Vésuve. — Tu as raison, il faut que les entrailles de ce volcan lui servent de tombeau. Quelle mort ! — Elle ne m’est venue dans la tête, que parce que je la suppose affreuse. — Je la lui voudrais plus cruelle encore. — Quand nous haïssons toutes deux… Oh ! nous haïssons bien. — Il faut dîner avec elle comme à l’ordinaire. — La flatter même. — Laisse-moi conduire cela, tu sais que la fausseté s’allie avec mon masque et mon caractère. — il faut la branler cette nuit. — Assurément. — Oh ! mon ! ange, comme nous allons êtres riches ! — Ce coup fait, il faut quiter Naples. — Et l’Italie. Il faut revoler en France, acheter des terres et passer nos jours ensemble. Que de voluptés nous attendent ! — Elles n’auront plus d’autres loix que nos desirs. — Il n’en sera pas une que nous ne puissions nous satisfaire à l’instant. — Oh cher amour ! qu’on est heureux avec de l’argent ; qu’il est imbécille celui qui n’emploie pas tous les moyens légitimes ou non, pour s’en procurer. Oh ! Clairwil, on m’arracherait mille vies plutôt que de m’enlever le goût du vol ; c’est un des plus grands plaisirs de ma vie ; c’est un besoin de mon existence. J’éprouve à voler la même sensation qu’une femme ordinaire ressent quand on la branle. Tous les forfaits chatouillent en moi les houpes nerveuses du temple de la volupté, comme le feraient des doigts ou des vits ; et je décharge rien qu’en les complotant… Tiens, vois ce diamant ; Charlotte me l’avait offert ; il vaut cinquante mille écus, je l’ai refusé ; offert, il me déplaisait ; volé, il fait mes délices. — Tu le lui a pris. — Oui, je ne m’étonne plus qu’il y ait des hommes qui se soient livrés à cette passion, pour la seule volupté qu’elle procure ; j’y passerais ma vie, et je te réponds que j’aurais deux millions de rente, que l’on me verrait toujours voler par libertinage. Ah ! mon amour, me dit Clairwil, comme il est certain que la nature nous a créés l’une pour l’autre… va, nous serons inséparables.

Nous dînâmes avec Borghèse, tout s’arrangea de concert pour la promenade, qui devait se faire au Vésuve le lendemain. Nous fûmes le soir à l’opéra ; le roi vint nous visiter dans notre loge, ce qui fit jeter tous les yeux sur nous. De retour au logis, nous proposâmes à Borghèse de passer une partie de la nuit à manger des rôties au vin de Chypre, et à nous branler ; elle y consentit ; et nous portâmes, Clairwil et moi, la fausseté au point de faire décharger sept ou huit fois cette femme condamnée par notre scélératesse, et de décharger nous-mêmes presqu’autant de fois dans ses bras. Nous la laissâmes se coucher ensuite, pour aller passer, mon amie et moi, le reste de la nuit ensemble ; et nous perdîmes encore chacune trois ou quatre fois du foutre, sur l’idée délicieuse de trahir, le lendemain, tous les sentimens de la confiance et de l’amitié. Il faut des têtes comme les nôtres, pour concevoir de tels écarts, je le sais ; mais malheur à qui ne les connait pas, il est privé de grands plaisirs ; j’ose assurer qu’il n’entend rien à la volupté.

Nous nous levâmes de bon matin : on ne dort pas quand on projette un crime ; sa seule idée embrâse tous les sens : on le manie sous toutes ses formes, on le savoure dans toutes ses branches, et l’on jouit mille fois d’avance, du plaisir dont on sait bien qu’on pétillera, dès qu’il sera commis.

Une calèche à six chevaux nous conduisît aux pieds du Volcan. Là, nous trouvâmes des guides, dont l’usage est de vous atteler à des bretelles, sur lesquelles on se soutient pour gravir la montagne : on est deux heures à parvenir au sommet. Les souliers neufs que vous apportez pour cette course, sont brûlés quand elle est finie. Nous montâmes gaiement ; nous persiflions Olimpe ; et il s’en fallait bien que la malheureuse comprit le double sens, aussi traître qu’entortillé, des sarcasmes que nous lui lâchions.

C’est une affreuse corvée, que le voyage de cette montagne : toujours dans la cendre jusqu’au cou, si l’on avance quatre pas, on en recule six, et perpétuellement dans la crainte que quelques laves ne vous engloutissent tout vivant. Nous arrivâmes, excédées, et nous nous reposâmes dès que nous fûmes à l’embouchure. Ce fut de là que nous considérâmes, avec un intérêt prodigieux, l’orifice tranquille de ce Volcan, qui dans ses momens de fureur fait trembler le royaume de Naples. Croyez-vous, dîmes-nous à nos guides qu’il y ait quelque chose à craindre aujourd’hui ?… Non, répondirent-ils ! quelques morceaux de bithume, de soufre ou de pierre-ponce pourront s’élancer ; mais il est vraisemblable qu’il n’y aura point d’irruption. — Eh bien, mes amis, dit Clairwil, donnez-nous le panier qui contient nos rafraichissemens ; et redescendez au village ; nous allons passer ici la journée ; nous voulons dessiner, lever des plans. — Mais s’il arrivait quelque chose. — Ne dites-vous pas qu’il n’arrivera rien ? — Nous ne pouvons l’affirmer. — Eh bien ! quand il arriverait quelque chose, nous voyons le village où vous nous avez pris, nous y descendrons à merveille ; et trois ou quatre onces que nous leur glissâmes dans la main, les déterminèrent bientôt à nous laisser.

À peine furent-ils à quatre cents pas, que nous fixant Clairwil et moi… Userons-nous de ruse, dis-je bas à mon amie ? Non ! me dit-elle ; de force : et nous élançant aussitôt toutes deux sur Olimpe ; garce, lui dîmes-nous, nous sommes lasses de toi ; nous ne t’avons fait venir ici que pour te perdre… Nous allons te précipiter toute vive dans les entrailles de ce Volcan. — Oh, mes amies ! qu’ai-je donc fait ? — Rien. Tu nous lasses, n’en est-ce point assez ?… et lui enfonçant, en disant cela, un mouchoir dans la bouche : nous interceptâmes sur-le-champ ses cris, et ses jérémiades ; alors Clairwil lui attacha les mains avec des cordons de soie qu’elle avait apportés à ce dessein ; j’en fis autant de ses deux pieds ; et quand elle fut hors de défense, nous-nous amusâmes à la contempler ; des larmes s’échappant de ses beaux yeux, venaient retomber en perles sur sa belle gorge ; nous la déshabillâmes, nous la maniâmes et la vexâmes sur toutes les parties de son corps ; nous molestâmes sa belle gorge, nous fustigeâmes son charmant cul, nous lui piquâmes les fesses, nous épilâmes sa motte, je lui mordis le clitoris jusqu’au sang.

Enfin, après deux heures d’horribles vexations… nous l’enlevons par ses liens, et la précipitons au milieu du Volcan, dans lequel nous distinguâmes plus de six minutes, le bruit de son corps heurter et se précipiter par saccades sur les angles aigus qui le rejetaient l’un à l’autre, en la déchirant en détail ; peu-à-peu le bruit diminua, nous finîmes par ne plus rien entendre : ç’en est fait, dit Clairwil qui n’avait cessé de se julT10p34 branler depuis qu’elle avait lâché le corps. Oh foutre, mon amour ! déchargeons maintenant toutes deux, étendues sur le bourlet même du Volcan ; nous venons d’y commettre un crime… une de ces actions délicieuses que les hommes s’avisent d’appeler atroce ; eh bien ! s’il est vrai que cette action outrage la nature, qu’elle se venge, elle le peut ; qu’une irruption se fasse à l’instant sous nous, qu’une lave s’ouvre, et nous engloutisse… Je n’étais plus en état de répondre, déjà dans l’ivresse moi-même, je rendais au centuple, à mon amie, les pollutions dont elle m’accablait… Nous ne parlions plus… étroitement serrées, dans les bras l’une de l’autre, nous branlant comme deux tribades, il semblait que nous voulions changer d’ames, par le moyen de nos soupirs embrâsés ; quelques mots de lubricité, quelques blasphêmes, étaient les seules paroles qui nous échappaient : nous insultions à la nature ; nous la bravions, nous la défions ; et triomphantes de l’impunité dans laquelle sa faiblesse et son insouciance nous laissaient, nous n’avions l’air de profiter de son indulgence, que pour l’irriter plus grièvement.

Eh bien ! me dit Clairwil qui revint la première de notre mutuel égarement, tu vois, Juliette, si la nature s’irrite des prétendus crimes de l’homme ; elle pouvait nous engloutir, nous fussions mortes toutes deux dans le sein de la volupté… l’a-t-elle fait ? Ah ! sois tranquille, il n’est aucun crime dans le monde, qui soit capable d’attirer la colère de la nature sur nous ; tous les crimes la servent, tous lui sont utiles, et quand elle nous les inspire, ne doute pas qu’elle n’en ait besoin. Clairwil n’avait pas fini, qu’une nuée de pierres s’élance du volcan, et retombe en pluie autour de nous : ah ! ah ! dis-je, sans seulement daigner me lever, Olimpe se venge ; ces morceaux de souffre et de bitumes sont les adieux qu’elle nous fait, elle nous avertit qu’elle est déjà dans les entrailles de la terre. Rien que de simple à ce phénomène, me répondit Clairwil ; chaque fois qu’un corps pesant tombe au sein du volcan, en agitant les matières, qui bouillonnent sans cesse au fond de sa matrice, il détermine une légère irruption : que rien ne nous dérange, déjeûnons, Clairwil, et crois que tu te trompes sur la cause de la pluie de pierres qui vient de nous inonder, elle n’est autre que la demande que nous fait Olimpe de ses habits ; il faut les lui rendre ; et après en avoir retiré l’or et les bijoux, nous fîmes un paquet du total, que nous jetâmes dans le même trou qui venait de recevoir notre malheureuse amie. Nous déjeunâmes ensuite : aucun bruit ne se fit entendre ; le crime était consommé, la nature était satisfaite. Nous descendîmes, et retrouvâmes nos gens au bas de la montagne ; un malheur affreux vient de nous arriver, dîmes-nous en les abordant, les larmes aux yeux… notre compagne infortunée… en s’avançant trop près du bord hélas… elle a disparue… Oh ! braves gens, y aurait-il du remède ? Aucun, répondirent-ils à-la-fois ; il fallait nous laisser avec vous, cela ne vous serait pas arrivé ; elle est perdue, vous ne la reverrez jamais. Nos feintes larmes redoublèrent à cette cruelle annonce ; et remontant dans notre calèche, en trois quarts-d’heure nous sommes à Naples.

Dès le même jour nous publiâmes notre malheur ; Ferdinand vint lui-même nous en complimenter, nous croyant vraiment sœurs et amies ; quelque dépravé qu’il fut, jamais l’idée du crime que nous venions de commettre ne se présenta même à son imagination, et les choses en restèrent là. Nous renvoyâmes bientôt à Rome, les gens de la princesse de Borghèse, avec les certificats de son accident, et nous fîmes dire à sa famille qu’on eût à nous indiquer l’emploi à faire de ses bijoux et de son or, s’élevant, écrivîmes-nous, à trente mille francs, tandis que dans le fait elle en laissait pour plus de cent mille, dont vous sentez bien que nous nous étions emparées ; mais nous n’étions plus à Naples quand la réponse de la famille y vint, et nous jouîmes en paix de la spoliation faite à notre amie.

Olimpe, princesse de Borghèse, était une femme douce, aimante, emportée dans le plaisir, libertine par tempérament, pleine d’imagination, mais n’ayant jamais approfondi ses principes, timide, tenant encore à ses préjugés, susceptible d’être convertie au premier malheur qui lui serait arrivé, et qui, par cette seule faiblesse, n’était pas digne de deux femmes aussi corrompues que nous.

Un évènement plus important nous attendait. Le lendemain était le jour pris avec Charlotte pour l’enlèvement des trésors de son mari ; le reste de la soirée fut employé par Clairwil et moi, à préparer une douzaine de grandes malles, et à faire creuser, avec beaucoup de secret, un vaste trou dans notre jardin ; il avait été fait par un homme à qui nous brûlâmes la cervelle, et que nous enterrâmes le premier dans cette fosse mystérieuse : n’aies point de complices, dit Machiavel, ou défais-t’en dès qu’ils t’ont servi

Enfin arriva le moment de faire trouver le charriot garni de malles, sous les fenêtres indiquées. Clairwil et moi, vêtues en hommes, conduisîmes nous-mêmes la voiture, et nos gens, dans le secret d’une partie de campagne, ne cherchèrent pas à en découvrir davantage. Charlotte fut exacte, la coquine desirait avec trop d’ardeur le poison promis si elle réussissait, pour être coupable de quelques négligences ; pendant quatre heures entières, elle nous descendit des sacs, que nous chargions aussitôt dans les malles ; enfin elle nous avertit que tout était descendu : à demain, répondîmes-nous, et nous regagnâmes en hâte notre logis, assez heureuses pour n’avoir pas rencontré une ame pendant tout le tems qu’avait durée cette expédition. Dès que nous fûmes au logis, un second homme nous aida à enfouir les malles, et y fut enfoui lui-même dès qu’il ne nous devint plus nécessaire.

Inquiètes, fatiguées, soucieuses d’être si riches, nous nous couchâmes cette fois-ci sans songer aux plaisirs. Dès le lendemain, les bruits du vol fait au roi, se répandirent dans la ville ; nous profitâmes de ce moment favorable pour lui faire tenir le billet de la reine, avec tout le mystère imaginable. À peine l’a-t-il lu, que se livrant au plus affreux accès de colère, il vient lui-même arrêter sa femme, la confie au capitaine de sa garde, avec l’ordre exprès de la conduire au fort St.-Elme, où il la condamne en secret à l’habillement le plus grossier, et à la nourriture la plus simple ; il est huit jours sans la voir. Elle le fait presser de venir ; il paraît : la scélérate avoue tout, et nous compromet de la plus affreuse manière ; Ferdinand accourt furieux à notre hôtel, et comme cette conversation est intéressante, je vais la rendre en dialogue.

Ferd. Vous êtes coupables d’une horreur ! dois-je la soupçonner dans celles que j’ai crues mes amies ? — Clair. De quoi s’agit-il ? — Ferd. La reine vous accuse d’avoir dérobé mes trésors. — Jul. Nous ? — Ferd. Vous. — Clair. Quelle vraisemblance ! — Ferd. Elle est convenue d’avoir un moment comploté contre mes jours, et elle assure que vous lui avez promis le poison nécessaire pour me les ravir, si elle pouvait payer ce don, de mes trésors. — Clair. Avez-vous trouvé chez elle le poison qu’elle dit avoir payé si cher ? — Ferd. Non. — Jul. Comment se peut-il, en ce cas, quelle ait consenti à livrer les sommes avant que d’avoir le poison promis ? — Ferd. C’est ce que j’ai pensé. — Clair. Sire, votre femme est une coquine, mais une coquine bien maladroite ; nous sachant liées avec vous, elle a cru déguiser son infamie, en faisant porter sur nos têtes toute l’horreur de son exécrable projet, mais la trame est trop mal ourdie. — Ferd. Qui peut m’avoir enfin envoyé ce billet ? — Jul. Assurément, ceux qui ont vos trésors : mais soyez persuadé qu’ils sont loin ; ceux qui vous ont envoyé ce billet étaient à couvert, quand ils vous ont instruit, et c’est pour les sauver que la reine nous nomme. — Ferd. Mais quel intérêt Charlotte a-t-elle de sauver maintenant ceux qui la trahissent ? — Clair. Elle a le poison, elle ne veut pas que vous sachiez qu’elle l’a ; elle fait en conséquence tomber le soupçon sur ceux à qui il devient impossible d’affirmer qu’elle l’a ; mais elle le tient, il est certain qu’elle le possède, et que vous périssiez sans la précaution que vous avez prise. — Ferd. Vous trouvez donc que j’ai bien fait ? — Jul. Il était difficile de faire mieux. — Ferd. La croyez-vous coupable ?… (Et Clairwil se mit à sourire avec malignité.) Ce mouvement de physionomie m’éclaire, dit Ferdinand furieux, achevez de porter le poignard dans mon cœur… Saviez-vous quelque chose ? — Clair. Votre femme est un monstre, vous dis-je, elle vous détestait, et ce qui vous reste de mieux à faire, est de la livrer promptement à toute la rigueur des loix — Ferd. Oh ! mes amies, réellement, vous n’avez aucune connaissance de celui qui a dérobé mes trésors ? — Jul. et Clair. Nous le jurons. — Ferd. Eh bien ! qu’elle périsse dans sa prison… qu’elle y meure de faim et de misère… Et vous, mes amies, pardonnez mes soupçons, je vous demande excuse de les avoir conçus ; je conçois toute leur injustice. — Sire, il nous suffit que vous les ayez eu pour que nous vous demandions la permission de quitter à l’instant vos états. — Ferd. Non, non, je vous en conjure, à présent que je suis débarrassé de cette vilaine femme… je suis beaucoup plus tranquille, et nous ferons encore des choses délicieuses. — Jul. Votre repos n’établit pas le nôtre. D’honnêtes femmes ne se consolent jamais d’avoir eu leur honneur compromis. — Ah ! je ne vous soupçonne ni l’une ni l’autre, dit le roi, en se précipitant à nos genoux, mais ne m’abandonnez jamais, vous devenez nécessaire à mon existence, je ne me consolerais pas de vous perdre. — Clair. Et quelle est la somme que l’on t’a ravie ? — Ferd. Quarante millions ; c’est la moitié de ce que j’avais, la scélérate est convenue qu’elle avait promis le tout, mais qu’elle n’avait pas osé tout donner. L’infâme créature, dis-je (mais animée d’un bien autre sentiment que celui que pouvait me prêter le roi ; la rage seule de n’avoir pas tout eu, me faisait invectiver Charlotte) le monstre ! que d’audace, et que d’impudence ! tromper ainsi le meilleur des époux !… un homme qui lui était si attaché, qui sacrifiait tout à ses plaisirs ! oh ! jamais tant d’ingratitude ne se manifesta sur la terre ! et le plus cruel des supplices ne pourrait encore la punir.

En ce moment Elise et Raimonde, parées comme des déesses, vinrent servir le chocolat au prince. Ferdinand ne les avait pas encore vues : quelles sont ces belles femmes, demanda-t-il dans le plus grand trouble ? Nos demoiselles de compagnie, répondis-je, — Pourquoi ne les ai-je pas connues ? — Pouvions-nous soupçonner qu’elles pussent vous plaire ?… Et le paillard oubliant aussitôt et sa prisonnière et son vol, veut que ces deux filles lui soient à l’instant livrées. De tels desirs devenaient des ordres pour nous, dans la circonstance où nous étions. Un boudoir s’ouvre à Ferdinand ; il s’y enferme avec nos femmes, et n’en revient qu’au bout de deux heures, après les avoir excédées. Mes bonnes amies, nous dit-il en sortant, ne m’abandonnez pas, je vous en conjure ; que tout reproche soit oublié, et je vous proteste de ne plus voir en vous, que l’innocence et la probité, et il disparut. Avec une autre tête que celle du faible souverain de Naples, Charlotte était empoisonnée sur-le-champ ; certes, nous lui en avions assez dit pour le déterminer à cette action ; mais cet homme, sans force et sans caractère, était-il capable d’une action de vigueur ? aussi ne fit-il rien. Toute l’Europe a su, sans en connaître les motifs, et cette détention et sa brièveté. Pour nous, bien décidées à ne pas attendre le dénouement de cette aventure, nous fîmes sur-le-champ nos préparatifs de départ. Les quarante millions nous embarrassaient : Comme nous avions acheté beaucoup de bustes, de mosaïques, de marbres antiques, et de pierres du Vésuve, nous plaçâmes notre or dans de doubles fonds pratiqués aux caisses de ces emballages, et ce stratagème réussit à merveille, avant de les fermer, nous envoyâmes supplier le roi de les faire visiter ; il ne le voulut jamais, Nous les cachetâmes. Dix charriots les emportèrent, et nous les suivîmes dans deux carosses, l’un pour nos gens, l’autre pour nous. Un moment avant que de partir, nous fûmes prendre congé de Ferdinand, qui fit encore tout son possible pour nous retenir, et qui nous donna, de sa main même, le passe-port nécessaire à quitter ses états.

Le soir nous couchâmes à Capoue, huit jours après, à Rome où nous arrivâmes sans le moindre accident. Ce fut de-là seulement que Clairwil instruisit son frère du projet qu’elle avait de me suivre à Paris, où elle desirait de terminer ses jours. Elle l’engageait à prendre le même parti ; mais Brisa-Testa ne voulut jamais quitter sa profession, et quelles que fussent les richesses qu’il y eût acquises, il nous protesta qu’il était décidé maintenant à mourir les armes à la main. Eh bien ! me dit Clairwil, c’en est fait, je te donne la préférence sur lui, et je ne veux plus que nous nous séparions. J’embrassai mille fois mon amie et lui jurai quelle n’aurait jamais à se repentir de cette résolution. Que je connaissais mal la fatalité de son étoile et de la mienne, en lui faisant cette promesse !

Nous continuâmes notre route, sans qu’il nous arriva rien d’intéressant jusqu’à Ancône, où, profitant du plus beau tems du monde, nous nous promenions sur le port, lorsque nous remarquâmes une grande femme d’environ quarante-cinq ans, qui nous examinait avec la plus scrupuleuse attention… Reconnaît-tu cette femme, me dit Clairwil ?… Je me retourne…j’observe. Ah ! dis-je pleine d’étonnement, cette créature est notre sorcière de Paris… C’est la Durand ; et à peine eus-je fini, que l’individu dont nous parlions, se jette avec transport dans nos bras… Ah ! ah ! dit Clairwil un peu émue de revoir au bout de cinq ans une femme, qui lui avait prédit qu’elle n’avait plus que ce terme à vivre, quel est donc le hasard qui nous réunit en cette ville ? Venez chez moi, nous dit la Durand toujours belle, quoique ces gens-ci n’entendent pas notre langue, il est inutile de nous exposer devant eux.

Nous la suivîmes ; et après nous avoir reçues dans le plus bel appartement de l’hôtellerie qu’elle occupait, que je suis aise, nous dit-elle, dès que nous fûmes assises, de pouvoir vous procurer, dans fort peu de tems, la connaissance de la femme la plus singulière, la plus dans votre genre qu’ait encore créée la nature. — Qui donc ; dit Clairwil ? — C’est une sœur cadette de l’impératrice, une tante de la reine de Naples, ignorée de l’univers entier. La princesse Christine annonça, dès sa plus tendre enfance, un penchant si violent au libertinage, que son père sentit l’impossibilité de l’établir. Voyant que ses mauvais penchans croissaient avec l’âge, il prit le parti de lui acheter une île en Dalmatie, sur les bords du golfe de Venise, et lui assigna trois millions de revenu, la mit sous la protection des Vénitiens, qui lui accordèrent le titre de souveraine de son île, et la permission d’y faire tout ce qu’elle voudrait. Christine reléguée là depuis seize ans, en a maintenant quarante, et y jouit de tous les plaisirs que la plus extrême lubricité peut faire naître. Je ne vous en dirai pas davantage, voulant vous laisser tous les plaisirs de la surprise ; nous traverserons le golfe dans une felouque à elle, dont je puis disposer quand je veux. C’est un voyage de vingt-quatre heures ; décidez-vous.

Assurément nous le sommes, répondis-je ; je suis bien sûre que Clairwil ne me désavouera pas : notre voyage ayant pour but d’étudier les mœurs et de voir des choses extraordinaires, l’objet serait manqué, si, pouvant observer ce que tu nous proposes, nous nous y refusions par tiédeur. — Oh ! sacre-dieu, dit mon amie, comme nous allons foutre dans l’île de Christine… Jamais, dit Durand, jamais vous n’aurez eu tant de plaisir… Quoi ! dis-je, elle a donc là ?… Eh ! non, non ; je ne veux rien dire, répondit la Durand, il faut que vous en ayez toute la surprise, et nous changeâmes de propos, pour ne pas déplaire à une femme qui paraissait ne vouloir pas s’ouvrir davantage. Oh ! parbleu, dis-je à la Durand, puisque je te retrouve, il faut absolument que tu m’apprennes le motif qui te fit disparaître aussitôt de Paris. Pourquoi ne te trouvas-tu point au rendez-vous que tu avais indiqué au comte de Belmor, avec lequel je t’avais fait faire connaissance ? Certes, répondit la Durand, la raison qui m’empêcha de m’y trouver, ne pouvait être meilleure : on me pendait ce jour-là. — Es-tu folle ? — On me pendait, vous dis-je ; le fait est simple, deux mots vont vous l’expliquer. J’avais fourni du poison au jeune duc de… pour trancher les jours de sa mère : des remords vinrent troubler les projets de cet imbécille ; il me trahit ; je fus arrêtée ; mon procès fait dans vingt-quatre heures : mais singulièrement liée avec Samson, j’obtins de lui de n’être pendue que pour la forme. Des éclaircissemens, des aveux, me valurent des délais. Je ne descendis de l’hôtel-de-ville qu’aux lumières. Samson fit un nœud coulant, et m’escamota, Portée au cimetière, un de ses valets m’acheta par ses ordres, et je quittai Paris dès la nuit même. J’y revins l’année d’ensuite sous un autre nom et dans un autre quartier, sans être chicanée par personne ; mes affaires n’ont pas été mal depuis. On a bien raison de dire, que la corde de pendu porte bonheur. J’ai soixante mille livres de rente, et mes fonds croissent chaque année : tous les ans je fais un voyage en Italie ; j’y fais préparer les poisons que je distribue ensuite dans toute l’Europe. J’aime mieux cela que de les composer chez moi. En vérité, la mode de ces meurtres est telle aujourd’hui, que je puis à peine y suffire. Ce sera chez Christine où vous verrez des effets bien piquans des venins que je compose. — Tu lui en vends ? — Ah, bon Dieu ! pour cent mille écus tous les ans. — Elle est donc cruelle ? — C’est une Zingha. — Ah ! je l’adore d’avance, dit Clairwil ; allons Durand, partons quand tu voudras. Femme charmante, dis-je ici, voulant absolument satisfaire ma curiosité, j’exige enfin de toi de nous dévoiler à présent, quels étaient les personnages singuliers par qui tu nous fis battre, flageller, qui firent, en un mot, devant nous tant de choses extraordinaires chez toi… L’un, nous dit la Durand, est le célèbre duc de… l’autre, Beaujeon, ce millionaire, si connu. Depuis quatre ans, tous deux me paient énormément pour pareilles expéditions. On n’a pas d’idée de ce que j’ai trompé de femmes et de filles, de la même manière, pour eux. Mais à propos, dit Durand, en donnant des ordres, croyez-vous donc que je vais vous laisser sortir de chez moi sans dîner, un refus de votre part me mettrait au désespoir ; j’espère que vous ne me le ferez point, et le plus splendide repas fut aussitôt servi. Durand, dit Clairwil, au dessert, tu nous promets de grands plaisirs pour demain ; mais tu ne nous parles pas de ceux d’aujourd’hui ; j’ai cependant vu là, parmi tes valets, trois ou quatre gaillards qui m’ont l’air de bander fort dur. — En veux-tu tâter ? — Pourquoi pas ? Et toi, Juliette ? Non, dis-je, préoccupée d’une idée plus forte que moi, et dont je n’étais pas la maîtresse ; non, j’aime mieux boire des liqueurs et causer avec Durand, que de foutre. J’ai mes règles, d’ailleurs, et ne me sens nullement en train. Voilà la première fois que tu refuses des vits, dit Clairwil, avec une sorte d’inquiétude dont j’étais loin de pénétrer la cause : allons, viens mon ange, poursuivit Clairwil, quand on ne peut pas foutre par devant, on fout par derrière. Viens donc, tu sais que je ne goûte jamais de vrais plaisirs sans toi. Non, dis-je toujours entraînée par cette sorte de pressentiment qui me maîtrisait ; non, te dis-je, je ne bande point du tout, et je veux jaser. Clairwil entra dans le cabinet qui lui était destiné, et je vis distinctement, dans une glace, un signe énergique qu’elle fit à la sorcière, et qui me parut ne pouvoir être autre chose qu’une forte recommandation de silence. Les portes se ferment ; je reste avec Durand.

Oh ! Juliette, me dit cette femme dès que je fus seule avec elle, rends grâces à ton étoile des sentimens que tu m’inspires. Charmante fille, poursuit-elle en m’embrassant, non, tu ne seras pas la victime d’un monstre… Préférable à lui sous tous les rapports, je sauverai tes jours en te prévenant de tout. — De quoi s’agit-il donc, madame, vous me glacez d’effroi ? — Écoute-moi, Juliette, et sur-tout ne révèle rien. Cette île en Dalmatie… cette princesse Christine… ce voyage… chère fille, tu étais perdue… tout cela n’était que des pièges tendus par une femme que tu croyais ton amie. — Quoi ! Clairwil ? — Elle avait complotté ta mort ; elle est jalouse de tes richesses ; elle a dans sa poche un écrit, où vous vous êtes mutuellement promis d’hériter l’une de l’autre ; elle t’assassinait pour avoir ton bien. — Oh ! l’infernale créature, m’écriai-je en furie ! — Calme-toi, Juliette, calme-toi ; un mot peut te perdre encore ; achève de m’écouter. La felouque, où nous nous embarquions, faisait naufrage… Nous nous sauvions, tu périssais ; venge-toi ; prends ce paquet, il contient la poudre fulminante ; c’est le plus prompt des venins que nous employions. À peine en aura-t-elle pris, quelle tombera à tes pieds comme frappée de la foudre. Je ne te demande rien pour le service que je te rends ; ne le regarde jamais que comme le fruit de mon excessive tendresse pour toi… O ma bienfaitrice, m’écriai-je en larmes ! de quel affreux danger tu me préserves ?… Mais, achève de m’expliquer tout ce mystère… Comment es-tu dans Ancône ?… Comment Clairwil t’a-t-elle vue ? — Je vous suis depuis Naples, où j’étais pour mes poisons : Clairwil qui m’y rencontra, me prescrivit tout ceci ; je vous ai laissée à Lorette, et suis venue dans cette ville pour y disposer une scène, où je ne me prêtais qu’avec le plus ferme desir de te sauver la vie. Si j’eusse refusé Clairwil, elle employait d’autres moyens, et tu périssais infailliblement. — Mais dès que Clairwil voulait se défaire de moi, quel besoin d’attendre si long-tems. — Vos écrits n’étaient pas faits, vos sommes n’étaient point placées, il fallait être sorti de Rome ; et elle savait qu’en quittant cette ville, vous ne séjourneriez qu’à Lorette. Ce fut pour la journée d’ensuite, qu’elle m’ordonna de tout disposer. — Indigne créature, m’écriai-je, toi que j’aimais avec tant de sincérité, dans les bras de qui je me livrais avec tant de candeur et de bonne-foi ! — C’est un monstre de fausseté et de perfidie : il n’est aucune espèce d’occasion où l’on puisse compter sur elle ; et l’instant où l’on s’imagine avoir le moins à en craindre, est celui où il faut s’en méfier avec le plus de soin… J’entends du bruit, peut-être va-t-elle rentrer ; elle redoute notre entretien : compose-toi, et ne la manque pas ; adieu.

Effectivement, Clairwil rentra très-agitée ; elle avait mal foutu, disait-elle ; les deux hommes qu’on lui avait donné bandaient mal : elle ne s’accoutumait point d’ailleurs à goûter des plaisirs que ne partageait pas sa chère Juliette. Je déchargerais mieux avec toi, me dit-elle, si tu voulais que nous nous branlassions. Ce sera pour cette nuit, répondis-je, en déguisant mon cruel état du mieux qu’il m’était possible ; mais, d’honneur, à présent, ma chère, je ne banderais pas pour Adonis, Eh bien ! dit Clairwil, retournons au logis ; aussi bien, je me sens accablée ; je ne serai pas fâchée de me mettre au lit de bonne-heure. Adieu, Durand, poursuivit-elle ; à demain : tâche, sur-tout, que nous ayons dans la felouque, des musiciens, des vivres, et de bons fouteurs ; je ne connais point d’autre façon de me désennuyer sur mer. Nous rentrâmes.

C’est une singulière femme, que cette Durand, me dit Clairwil, dès que nous fûmes seules ; elle est bien dangereuse, ma chère, à quelle épreuve elle a mise mon amitié pour toi ! Croiras-tu que, dans l’instant où tu nous a quittées quelques minutes, pour passer dans une garde-robe, la scélérate m’a proposé de t’empoisonner, pour deux mille louis ? Peu surprise, je ne vis, dans ce propos, qu’un mauvais piège dans lequel il m’était impossible de donner. Je pris assez sur moi, cependant, pour avoir l’air de tout croire… Oh Dieu ! dis-je, cette femme est un monstre ; voilà donc la raison qui me l’a fait trouver si fausse dans le peu de tems que j’ai causé avec elle. — Sans doute ; elle avait complotté contre tes jours, ta mort la divertissait. Ah ! dis-je, en fixant Clairwil, c’était peut-être pendant notre voyage sur mer, que la coquine exécutait son funeste coup… Non, dit Clairwil, sans nul embarras… à souper, ce soir, et telle est la raison qui m’a fait t’entraîner si vite… Mais ce voyage, dis-je, il m’inquiète à présent ; réponds-tu bien ?… — Oh ! sur ma tête : j’ai totalement changé ses idées, je te réponds qu’elle n’y pense plus ; soupons.

On nous sert ; j’étais décidée : dans l’impossibilité absolue d’être la dupe de ce que me disait Clairwil, trop pénétrée de la franchise des aveux de la Durand, je glisse au premier plat dont je sers à Clairwil, le venin caché dans mes doigts ; elle avale, chancelle et tombe en poussant un cri furieux. Me voilà vengée, dis-je à mes femmes très-étonnées de cette sincope… et je leur dévoile aussi-tôt l’aventure. Oh ! foutre, m’écriai-je, savourons les doux charmes de la vengeance, et faisons des julT10p57 horreurs maintenant ; branlez-moi toutes deux sur le cadavre de cette putain, et que son exemple vous apprenne à ne jamais trahir votre amie.

Nous dépouillâmes Clairwil, nous l’étendîmes nue sur un lit… je la branlai, elle était encore chaude ; armée d’un godmiché, je la foutis ; Elise me faisait baiser son cul ; pendant ce tems-là, je chatouillais le con de Raimonde. Je parlais à cette malheureuse comme si elle eût encore existé ; je lui adressais des reproches et des invectives, comme si elle eût pu m’entendre ; je pris des verges, je lui donnai le fouet… je l’enculai ; insensible à tout, je vis bien qu’il n’y avait plus d’espoir, je la fis mettre dans un sac ; et ses propres valets, qui la détestaient et qui me surent le meilleur gré du monde de les avoir débarrassés d’une aussi mauvaise maîtresse, se chargèrent, dès qu’il ferait nuit, d’aller secrètement la porter à la mer.

J’écrivis, sur-le-champ, à mon banquier à Rome, qu’en raison du contrat passé entre Clairwil et moi, au moyen duquel les biens placés ensemble chez lui appartenaient au dernier vivant, il eût à ne plus faire passer qu’à moi le total du revenu ; d’où il résultait qu’en réunissant les deux fortunes sur ma tête, je me trouvais plus de cinq millions de rente. Rien ne s’arrange comme un meurtre, en Italie ; je fis donner deux cents sequins à la justice d’Ancône, il n’y eût seulement pas de procès-verbal.

Eh bien ! dis-je à Durand, en allant dîner chez elle le lendemain, et sans vouloir lui rien expliquer encore, c’est donc ainsi que vous avez voulu me tromper ? Clairwil m’a tout dit ; vous deviez m’empoisonner hier soir… Elle seule s’y est opposée. L’infernale créature ! répondit la Durand, avec tout l’air de la franchise ; oh, Juliette ! croyez que je vous ai dit la vérité ; je vous aime trop pour vous en imposer sur des faits aussi graves : je suis scélérate autant qu’une autre, peut-être plus qu’une autre, mais quand j’aime une femme, je ne la trompe jamais… Tu n’as donc pas exécuté ? — Non : Clairwil respire, elle me suit, nous allons partir. — Eh bien ! puisque je t’ai trahie, je me retire donc… Oh, Juliette ! que vous payez mal les services que je vous ai rendus… Mieux que tu ne penses, Durand, interrompis-je avec vivacité, en lui glissant, d’une main, un porte-feuille où il y avait cent mille écus ; et lui montrant, de l’autre, les cheveux de Clairwil, que j’avais coupés, tiens, voilà les ornemens de la tête que tu as proscrite, et voici la récompense de ta généreuse amitié. Garde tout cela, me répondit la Durand ; Juliette, je t’adore, je n’ai voulu de prix à tout ce que j’ai fait, que le bonheur de t’adorer sans rivale : j’étais jalouse de Clairwil, je ne le cache pas, mais je l’eusse pourtant épargnée sans l’horreur dont elle s’est rendue coupable envers toi ; il m’a été impossible de lui pardonner l’attentat formé contre les jours de celle dont je voudrais prolonger la vie aux dépends de la mienne. Je suis beaucoup moins riche que toi, sans doute, mais j’ai de quoi vivre magnifiquement, et puis me passer de l’argent que tu m’offres : mon métier ne m’en laissera jamais manquer, je ne veux pas être payée d’un service rendu par mon cœur. Plus de séparation désormais, entre nous, dis-je à la Durand, quitte ton auberge, viens dans la mienne ; tu prendras les gens, les équipages de Clairwil, et nous partirons, pour Paris, dans deux ou trois jours. Tout s’arrangea ; Durand ne conserva qu’une femme-de-chambre, à laquelle elle était extrêmement attachée ; elle renvoya le reste de sa maison, et vint s’établir chez Clairwil.

Il était facile de voir, à l’air dont cette femme me dévorait des yeux, que ce qu’elle attendait, avec le plus d’impatience, était l’instant, où pour prix de ce qu’elle avait fait, mes faveurs lui seraient accordées. Je ne la fis pas languir ; après le dîner le plus somptueux et le plus élégant, je lui tends, les bras ; elle s’y précipite ; nous volons dans ma chambre ; tout s’y ferme, et je me livre, avec d’inexprimables délices, à la plus libertine, et la plus luxurieuse des femmes. Durand, âgée de cinquante ans, n’était pas encore sans mérite ; ses formes étaient belles et bien conservées ; sa bouche fraîche, sa peau douce et peu ridée ; un superbe cul, la gorge encore soutenue, fort blanche, des yeux très-vifs, beaucoup de noblesse dans les traits, et des transports dans le plaisir… des goûts d’une bisarrerie… Par un caprice de la nature, dont Clairwil et moi ne nous étions jamais doutées, Durand n’avait jamais pu jouir des plaisirs ordinaires de la jouissance. Elle était barrée, mais (et de cela vous devez vous en souvenir) son clitoris, long comme le doigt, lui inspirait pour les femmes, le goût le plus ardent. Elle les foutait, elle les enculait ; elle voyait aussi des garçons : l’extrême largeur du trou de son cul me fit bientôt voir, que quand aux intromissions, elle se dédomageait par celle-là. Je fis les avances, et crus quelle mourrait de plaisir, sitôt qu’elle sentit mes mains sur sa chair. Déshabillons-nous, me dit-elle, on ne jouit bien que nue. J’ai d’ailleurs la plus grande envie de revoir tes charmes, Juliette, je brûle de les dévorer. Tout est à bas dans une minute : mes baisers parcourent ce beau corps avec ardeur ; et peut-être, faut-il l’avouer, peut-être eussai-je eu bien moins de plaisir, si Durand eut été plus jeune. Mes goûts commençaient à se dépraver, et l’automne de la nature me donnait des sensations bien plus vives que son printemps : objet unique des caresses de cette femme ardente, j’étais accablée de luxures ; on n’imagine pas à quel point elle portait ses recherches. Oh comme les femmes criminelles sont voluptueuses ! que leurs lubricités sont savantes ! Prudes langoureuses et froides, insupportables bégueules, qui n’osez pas seulement toucher le membre qui vous perfore, et qui rougiriez de lâcher un foutre en foutant ; venez, venez ici prendre des exemples ; c’est à l’école de la Durand où vous vous convaincrez de votre ineptie.

Après les premières caresses, Durand, moins génée que lorsque Clairwil était comme autrefois en tiers avec nous, me déclara ses fantaisies, en me suppliant de m’y soumettre. À genoux devant moi, il fallait qu’en l’accablant d’invectives, je lui frottasse le nez tour à tour, et de mon con et de mon cul ; il fallait, en frottant le devant, que je lui pissasse sur le visage. Cela fait, je devais la couvrir de coups de pieds et de coups de poings, m’emparer d’une poignée de verges, et la fustiger jusqu’au sang. Quand à force de mauvais traitemens je l’aurais étendue par terre, il fallait que ma tête entre ses cuisses, je la gamahuchasse un quart d’heure, en la socratisant d’une main, et lui branlant les tetons de l’autre ; ensuite, dès qu’elle serait bien en feu, je devais me laisser enculer avec son clitoris, pendant qu’elle chatouillerait le mien. Je te demande pardon de tant de choses, Juliette, me dit cette libertine, après m’avoir tout expliqué ; mais si tu savais où nous entraîne la satiété !… Après trente-cinq ans d’un libertinage soutenu, on ne doit jamais faire des excuses de ses goûts, répondis-je ; tous sont respectables, tous sont dans la nature ; le meilleur de tous est celui qui nous flatte le mieux ; et me mettant à l’opération, je la satisfis si bien, qu’elle pensa mourir de plaisir ; rien n’égalait les crises voluptueuses de la Durand. De mes jours je n’avais vu de femme décharger ainsi : non seulement elle élançait son foutre comme un homme, mais elle accompagnait cette éjaculation, de cris si furieux, de blasphêmes tellement énergiques, et de spasmes si violens, qu’on eût cru qu’elle tombait en épilepsie. Je fus enculée comme si j’eusse eu affaire avec un homme, et j’y ressentis le même plaisir. Eh bien ! me dit-elle, en se relevant, es-tu contente de moi ? Oh ! foutre, m’écriai-je, tu es délicieuse, tu es un vrai modèle de lubricité ; tes passions m’embrâsent, rends-moi tout ce que je t’ai fait. — Quoi tu veux être battue ? — Oui. — Souffletée, fustigée ? — Assurément. — Tu veux que je pisse sur ton visage ? — Sans doute, et que tu te dépêches ; car je bande et veux décharger. La Durand, plus accoutumée que moi à ces services, s’y prend avec une telle agilité, elle y emploie une si grande adresse, qu’elle me fait à l’instant partir, sous les titillations voluptueuses de sa langue impudique. — Comme tu décharges, cher amour, me dit-elle ; comme tu ressens énergiquement le plaisir ; ah ! tu ne me le cèdes en rien. Il faut que je te l’avoue, Durand, répondis-je, tu m’échauffes étonnamment la tête ; je suis étonnamment glorieuse d’être liée avec une femme comme toi ; maîtresses toutes deux des jours de l’univers entier, il me semble que notre réunion nous rend supérieures à la nature même. Oh ! que de crimes nous allons commettre ! que d’infamies nous allons faire ! — Tu ne regrettes donc plus Clairwil ? — Le puis-je quand je te possède ? — Et si je n’avais inventée toute cette histoire que pour me débarrasser d’une rivale ? — Oh ! quel excès de scélératesse ! — Si je m’en étais souillée ? — Mais, Durand, Clairwil m’a dit que tu lui avais offert de m’empoisonner pour deux mille louis. — Je savais bien qu’elle te le dirait ; je n’ignorais pas non plus que cette confidence de sa part, loin de t’en imposer, ne paraîtrait qu’un piège mal-adroit, qui, avec la finesse que je te connaissais, ne servirait qu’à te faire hâter le crime que je voulais que tu commisse. — Et pourquoi choisir ma main pour cela ? Ne pouvais-tu pas t’en charger ? — Il était bien plus délicieux pour moi de te faire trancher les jours de ma rivale ; pour que ma volupté fût complette, il fallait que ton bras me servit : il l’a fait. — Juste ciel ! quelle femme tu es !… mais elle fut inquiète en dînant chez toi l’autre jour, elle goûta mal les plaisirs que tu lui destinais, on eût dit qu’elle se méfiait de notre tête-à-tête… elle te fit un signe. — J’avais préparée cette inquiétude, parce que j’en pressentais les résultats sur toi ; tu vois bien que j’ai réussi, et que son air troublé la rendit bientôt plus coupable à tes yeux : en lui disant que je t’empoisonnerais pour deux mille louis ; elle dut craindre que je ne t’en proposasse autant contre elle. Voilà le signal expliqué, voilà d’où vient qu’elle trembla du tête-à-tête, et ce frémissement, fruit de mes soins, produisit sur ton esprit l’effet entier que j’en attendais : deux heures après, le coup fut exécuté. — Quoi ! d’honneur, Clairwil était innocente ? — Elle t’adorait… Je t’adorais aussi et ne pouvais souffrir de rivale… Tu triomphes scélérate, dis-je à la Durand, en me précipitant sur son sein, oui, tu triomphes complettement, et je t’idolâtres au point que si ce crime était à refaire, je le ferais sans qu’il fût besoin du motif dont tu l’étayes… Et pourquoi ne m’avoir pas déclaré ton amour à Paris ? — Je ne l’osai devant Clairwil, et quand tu revins me voir sans elle, l’homme que tu me conduisais me gênat ; la seconde fois je n’y étais plus ; mais je ne t’ai jamais perdue de vue, ma chère et tendre amie, je t’ai suivie à Angers, en Italie, tout en faisant mon commerce : je t’avais toujours sous les yeux ; mon espoir disparut en voyant tes différentes liaisons avec les Donis, les Grillo, les Borghèse, et je me désespérai bien plus encore quand je sus que tu avais retrouvée Clairwil ; enfin je t’ai suivie de Rome ici, et lasse d’être si long-tems contrariée, j’ai voulu dénouer l’aventure : tu vois comme j’ai réussi. — Inexplicable et délicieuse créature ! on ne porta jamais plus loin la fausseté, l’intrigue, la méchanceté, la scélératesse et la jalousie ! — C’est que personne n’eut jamais ni mes passions ni mon cœur ; c’est que personne n’aimât jamais comme je t’aime. — Mais quand tes feux seront éteints, tu me traiteras sans doute comme tu viens de traiter Clairwil… aurai-je le tems de me défendre ? — Je vais te tranquilliser, mon ange, et répondre énergiquement à tes injustes soupçons : écoute-moi. J’exige que tu conserves à jamais l’une de tes femmes, Elise ou Raimonde ; choisis, je ne te laisserai pas l’autre, je t’en préviens. — Mon choix est fait, je garde Raimonde. Eh bien ! poursuivit Durand, si jamais Raimonde périt d’une manière tragique, et dont tu ne puisses soupçonner la cause, n’en accuse que moi ; j’exige maintenant que tu laisses un écrit dans la main de cette fille, qui l’autorise à me dénoncer comme ton assassin, si jamais tu péris toi-même d’une manière malheureuse pendant notre liaison. — Non, je ne veux point de ces précautions, je me livre à toi, je m’y livre avec délices ; j’aime l’idée de mettre ma vie dans tes mains… laisse-moi Elise, laisse-moi tout le monde, ne gêne pas mes goûts : je suis libertine, je ne te promettrai jamais d’être sage, mais je te ferai le serment de t’adorer toujours. — Je n’ai pas envie de te tyranniser ; au contraire, je servirai moi-même tes plaisirs, je ferai tout pour tes jouissances physiques ; mais si le moral y entrait pour quelque chose, je t’abandonnerais à l’instant ; je connais l’impossibilité de captiver une femme comme toi, putain par principes et par tempérament : ce serait, je le sais, vouloir imposer des digues à la mer ; mais tu peux toujours être maîtresse de ton cœur, je te le demande… j’exige qu’il ne soit qu’à moi. — Je te le jure. — Va, nous goûterons de bien grands plaisirs ; le libertinage n’est bon que quand le sentiment n’y entre pour rien : il faut n’avoir qu’une amie, n’aimer sincèrement qu’elle, et foutre avec tout le monde. Juliette, il faut, si tu veux me croire, renoncer à ce train d’opulence avec lequel tu marches ; je réformerai moi-même la moitié de mon train ; nous n’en ferons pas moins bonne chère, nous n’en aurons pas moins toutes nos aises ; mais il est inutile de s’afficher. D’ailleurs, je veux suivre mon état, et l’on viendrait difficilement acheter à une femme que l’on verrait voyager en reine. Et moi aussi, répondis-je, je veux satisfaire à mes goûts, je veux voler, je veux me prostituer, et nous nous livrerions difficilement à tout cela, avec tant d’étalage. — Il faut que je passe pour ta mère, avec ce titre je te prostituerai moi-même ; Elise et Raimonde seront tes parentes : nous trafiquerons également leurs charmes, et sois sûre, qu’à la tête d’un pareil sérail, nous ferons de l’argent en Italie. — Et tes poisons ? — Je les vendrai mieux, je les vendrai plus cher : il faut que nous retournions en France sans dépenser un sol du nôtre, et que nous ayons au moins deux millions de profit. — Quelle route allons-nous prendre ? — J’aurais bien envie de retourner vers le Midi. Tu n’as pas d’idées, Juliette, de la dépravation des mœurs Calabroises et Siciliennes ; je connais cette partie, nous y ferions des trésors. J’y vendis, l’an passé, pour cinq cents mille francs de poison ; je ne pouvais réussira les composer : ils sont crédules comme tous les gens faux ; en leur disant la bonne aventure, je leur persuadais tout ce que je voulais… O Juliette ! c’est un bon pays. Je voudrais retourner à Paris, dis-je à la Durand, il me tarde d’y être établie ; n’y vivrons-nous pas mieux qu’en courant ainsi ? n’y pourrons-nous pas faire les mêmes choses ? — Il faut au moins voir Venise ; de-là nous gagnerons Milan et Lyon. — À la bonne heure. Nous dînâmes. Durand me dit qu’elle voulait faire toute la dépense, qu’elle se payerait sur le gain ; mais qu’elle me suppliait de ne pas lui enlever le plaisir d’avoir l’air de m’entretenir : j’y consentis… Je mettais, je l’avoue, la même délicatesse à recevoir ses soins, qu’elle en mettait à me les rendre. Le crime a donc aussi ses délicatesses ; il connaîtrait bien mal les hommes celui qui ne le croirait pas.

Est-il vrai, dis-je à ma nouvelle compagne, que tu possèdes le beaume de longue vie ? Ce beaume n’existe point, me dit la Durand, ceux qui le distribuent ne sont que des imposteurs ; le vrai secret, pour prolonger sa vie, est d’être sobre et tempérant ; or, nous sommes trop loin de ces vertus pour espérer les dons du beaume. Eh ! qu’importe, ma chère, il vaut mieux vivre un peu moins, et s’amuser : que serait la vie, sans les plaisirs ? Si la mort était un tourment, je te conseillerais d’allonger ta vie ; mais comme ce qui peut nous arriver de pis, est de retomber dans le néant où nous étions avant que de naître, ce doit être sur l’aile des plaisirs qu’il faut parcourir la carrière. — Oh, mon amour ! tu ne crois donc pas à une autre vie ? — Je serais bien honteuse d’adopter de pareilles chimères ; mais trop éclairée sur toutes ces choses, je ne crois pas avoir rien à t’apprendre, et j’imagine que, bien pénétrée des premiers principes de la philosophie, et l’immortalité de l’ame et l’existence de Dieu, sont à tes regards des extravagances sur lesquelles tu ne te donnes pas même la peine de réfléchir. La fausseté de tous ces systêmes démontrée, il en est un que j’élève sur leur ruine, et qui, sans doute, a quelqu’originalité ; je l’appuie sur une infinité d’expériences ; je soutiens que l’horreur que la nature vous inspire pour la mort, n’est le fruit que des craintes absurdes que nous nous formons dès l’enfance sur cet anéantissement total, d’après les idées religieuses dont on a la sottise de nous remplir la tête. Une fois guéris de ces craintes et rassurés sur notre sort, non-seulement nous ne devons plus voir la mort avec répugnance, mais il devient facile de démontrer qu’elle n’est réellement plus qu’une volupté ; tu conviendras d’abord qu’on ne peut s’empêcher d’être certain qu’elle ne soit une des nécessités de la nature qui ne nous a créés que pour cela ; nous ne commençons que pour finir ; chaque instant nous mène à ce dernier terme ; tout prouve que c’est l’unique fin de la nature : or, je demande comment il est possible de douter, d’après l’expérience acquise, que la mort, en tant que besoin de la nature, ne doive pas devenir, de ce moment-là seul, une volupté, puisque nous avons sous nos yeux la preuve convainquante que tous les besoins de la vie, ne sont que des plaisirs : il y a donc du plaisir à mourir ; il est donc possible de concevoir qu’avec de la réflexion et de la philosophie, on puisse changer en idées très-voluptueuses toutes les ridicules frayeurs de la mort, et qu’on puisse même y penser et l’attendre en s’excitant aux plaisirs des sens. Ce systême, absolument nouveau, et qui n’est pas sans vraisemblance, dis-je à mon amie, serait dangereux à mettre au jour. Que de gens uniquement contenus par la crainte de la mort, et qui, délivrés de cette frayeur, se livreraient à tout, de sang froid… Mais, dit ma délicieuse amie, je suis bien loin de chercher à éloigner du crime ; je ne travaille au contraire qu’à dégager sa route de toutes les entraves qu’y met la sottise ; le crime est mon élément ; la nature ne m’a fait naître que pour le servir, et je voudrais multiplier à l’infini tous les moyens de le commettre : le métier que je fais et que j’exerce bien plus par libertinage que par besoin, prouve l’extrême desir que j’ai d’étendre le crime ; je n’ai point de passion plus ardente que celle de le propager dans le monde, et si je pouvais l’envelopper tout entier dans mes pièges, je le pulvériserais sans remords. — Et quel est le sexe contre lequel ta fureur libertine complotte avec le plus de plaisir ? Ce n’est pas le sexe qui m’irrite, c’est l’âge… les liens… l’état de la personne ; lorsque ces convenances se trouvent dans un homme, je l’immole avec plus de volupté qu’une femme ; se rencontrent-elles dans une femme, elle obtient aussi-tôt la préférence, — Eh ! qu’elles sont ces convenances, demandai-je ? — Je ne devrais pas te les dire. — Pourquoi donc ? — Tu tireras de ces aveux mille fausses inductions qui gêneront ensuite notre commerce. — Ah ! je t’entends, je conçois l’un des rapports qui échauffent ta tête ; tes faveurs, sûrement, sont des arrêts de mort ? — Ne l’avais-je pas dit ? Écoute-moi donc, Juliette, et tranquillise-toi. Je ne te déguiserai pas, sans doute, qu’un objet qui ne m’aurait servi que de simple et unique jouissance sans aucune espèce de relation avec moi, ne fût, par cela seul, proscrit dans mon imagination : mais si je rencontre dans cet objet, des similitudes, des convenances telles que celles que j’ai trouvées en toi, ne doute pas qu’alors, loin de briser les nœuds qui m’attachent à un tel objet, je ne les resserre par tous les moyens qui seront en moi. Au nom du plus tendre amour, cesse donc de t’inquiéter, mon ange ; je t’ai offert une façon certaine de te rassurer, ta délicatesse la refuse, ne me laisse donc pas imaginer maintenant que ton esprit puisse contrarier ton cœur ; ai-je d’ailleurs des moyens que tu ne possèdes toi-même ? — Assurément, tu en as, répondis-je, et je suis loin de connaître toute la profondeur de ton art. J’en conviens, dit mon amie en souriant, mais sois bien assurée que cet art ne sera mis en usage avec toi, que pour te contraindre à m’aimer. — Ah ! j’y compte ; je sais que les scélérats ne se nuisent jamais entr’eux, et sois bien convaincue que sans les affreux soupçons que tu m’avais donnés sur Clairwil, je ne l’aurais pas sacrifiée. — Il entre des regrets dans ce propos, Juliette ! — Eh bien ! non, non, dis-je en baisant mille et mille fois mon amie, finissons même toute sorte d’explication là-dessus ; je te répète que je me livre à toi, tu peux compter sur mon cœur comme je fais fond sur le tien : notre union fait notre force, et rien ne pourra la dissoudre. Achève-moi donc maintenant, je te prie, le détail des convenances qui t’irritent pour la consommation du crime : j’aime à voir si elles se rapportent aux miennes, et jusqu’ici j’y vois de grandes ressemblances. — Je t’ai dit que l’âge y faisait beaucoup ; j’aime à dessécher la plante quand elle est arrivée à sa plus grande perfection de fraîcheur et de beauté, entre quinze et dix-sept ans, voilà les roses que je moissonne avec plaisir, surtout quand la santé est parfaite, et que la nature, que j’ai l’air de contrarier alors, paraît avoir formé cet objet, pour arriver bien sain au dernier tenue de la vie. Ah, Juliette ! comme je jouis alors ! les liens m’irritent aussi : je prive avec délices un père de son enfant, un amant de sa maîtresse. — Une tribade de sa bonne. — Eh bien ! oui méchante, tu l’as vu. Est-ce ma faute si la bisarre nature m’a créée coquine à ce point : si cet objet m’appartient, mon plaisir redouble. J’ai dit que l’état de la personne contribuait aussi beaucoup à l’embrâsement de ma tête : j’aime sur cela les deux extrêmes, la richesse et la qualité, ou l’indigence et l’infortune. Je veux, en général, que le choc produise un ébranlement considérable, que la perte, que j’occasionne, coûte des pleurs ; je jouis délicieusement en les voyant répandre, leur abondance ou leur acreté détermine mon foutre ; plus elles coulent, mieux je décharge. Oh ! ma tendre et délicieuse amie, dis-je à moitié pâmée, branle-moi, je t’en conjure ; tu vois le trouble où tu me plonges ; je n’ai jamais connu personne dont les sentimens soient plus conformes aux miens. Clairwil n’était qu’un enfant près de toi ; tu es ce qui convient le mieux à mon bonheur ; tu es la femme que je cherchais, ne m’abandonne plus ; et Durand, pour profiter de mon extase, m’ayant fait pencher sur un canapé, me branla avec trois doigts, comme je ne l’avais été de mes jours. Je le lui rendis ; je suçai son clitoris ; et quand je vis que le trou de son cul s’ouvrait et se resserrait comme le calice des fleurs aux douces injections de la rosée, je m’armai d’un godmiché et l’enculai, en continuant de la branler ; jamais on ne vit de cul de cette largeur. Mon instrument avait huit pouces de tour sur un pied de long, à peine l’eus-je présenté, qu’il disparut dans un instant : alors la putain sacra, se trémoussa comme une véritable forcenée ; et je vis bien que, si la nature l’avait privée de connaître les plaisirs du vulgaire, elle l’en avait bien complètement dédommagée en lui accordant pour ceux-ci les plus délicates sensations. Un des grands talens de ma nouvelle amie consistait dans l’art de donner du plaisir en en recevant ; elle était si souple… si agile que, pendant que je l’enculais, elle s’enlaçait autour de mon corps, et parvenait à me baiser la bouche et à me branler le cul. Abandonnant quelquefois tout pour ne se livrer qu’à ses sensations, alors elle blasphémait avec une énergie que je n’avais connue à personne ; et sous quelque rapport que l’on considérât cette femme singulière, on voyait qu’enfant du crime de la luxure et de l’infamie, il n’était pas une seule de ses qualités physiques ou morales, qui ne tendit à en faire la plus insigne libertine de son siècle. Durand voulut me rendre tout ce que je lui avais fait : elle m’encula, et lubriquement branlée par elle, je soutins au mieux le même godmiché, je déchargeai trois fois sous ses coups ; et je le répète, je n’avais jamais vu de femmes… entendre aussi bien l’art de donner des plaisirs.

Nous nous remîmes à boire : et quand nos têtes furent bien prises, viens, me dit la Durand, allons courir les rues ; allons nous souiller de libertinage ; allons voir les apprêts funèbres d’une jeune fille de quinze ans, belle comme le jour, que je fis mourir hier par le poison, à la sollicitation de son père, qui, après l’avoir bien foutue, a voulu se venger d’une indiscrétion qu’elle venait de commettre.

Nous sortîmes costumées à la manière des courtisannes du pays : il faisait nuit. Je voudrais, avant tout, me dit mon amie, que nous allassions branler quelques vits de matelots sur le port ; il doit y avoir là des monstres : tu ne saurais croire le plaisir que j’ai d’exprimer le jus de ces saucissons-là… Ah, putain ! dis-je en la baisant, tu es grise. — Un peu, peut-être ; mais n’imagine pourtant pas que les secours de Bacchus me soient nécessaires pour allumer en moi le flambeau du libertinage : ce que l’un prête à l’autre est divin, je le sais ; et je ne me porte jamais si bien aux excès de la luxure, que quand je suis gorgée de mêts délicats et de vin capiteux ; mais je n’en ai pourtant pas un tel besoin, que je ne puisse, sans ce stimulant, franchir toutes les bornes de la décence et de la pudeur… tu vas le voir.

À peine sommes-nous sur le port, qu’une foule de porte-faix et de matelots nous aborde. Venez, mes amis, dit Durand, soyez calmes, honnêtes et tranquilles, nous allons vous satisfaire tous. Tenez, voyez cette jolie fille ; c’est une Française[1] ; elle n’est que d’hier dans le commerce ; vous allez la voir se trousser sur la borne, en offrant à vos goûts le côté qui vous plaira le mieux ; je vous branlerai sur ses charmes. Quinze se rangent autour de nous, en applaudissant à l’ordre établi par Durand. Le premier veut voir ma gorge nue : il allait la flétrir par ses grossiers attouchemens, si ma compagne ne lui eut interdit tout geste ; il fallut donc se résoudre à ne faire que la couvrir de foutre ; elle en est inondée. Le second veut, qu’assise sur la borne, j’écarte mes cuisses le plus possible, afin qu’on le branle sur mon clitoris. Je ne tiens pas à la grosseur du membre dont la Durand farfouille l’entrée de mon vagin ; et me précipitant dessus par un mouvement involontaire, je me l’enfonce jusqu’aux couilles. À peine le drôle se sent-il ainsi pris, qu’il me saisit dans ses bras, m’enlève, retrousse mes jupes, et fait voir mon cul à toute la troupe. Un de ces enragés se jette sur mon derrière, il le tripote, il l’enfile, et me voilà portée par deux crocheteurs, me voilà l’objet des caresses et des hommages de tous deux. Attendez, dit Durand, donnons-lui de quoi se soutenir, et elle me place, en disant cela, un membre énorme entre chaque main. Quel délicieux grouppe, dit la coquine, en présentant son derrière au cinquième. Tiens, mon ami, voilà mon cul ; joignons-nous au tableau ; formons un de ses épisodes ; je ne julT10p80 puis malheureusement te donner autre chose, la nature ne me l’a pas permis ; mais sois assuré que la chaleur et l’étroit de mon cul te dédommageront amplement de mon con. D’autres attitudes se succédèrent bientôt : plus de cinquante de ces malotrus me passèrent par les mains : au moyen d’une eau dont ma camarade les frottait avant qu’ils ne me pénétrassent, je pus me livrer à tous sans aucune crainte, et je fus foutue quarante-cinq coups en moins de trois heures. Durand ne faisait que les essayer ; elle me les rapportait, et ils terminaient, à leur choix, ou dans mon con, ou dans mon cul. La coquine les suça presque tous, c’était une de ses plus grandes voluptés ; et comme vous le croyez facilement, elle ne se refusait rien de ce qui pouvait échauffer sa tête. Nos bandits satisfaits, il fallut boire avec eux. Voilà ce que j’en aime le mieux, me dit Durand tout bas ; tu n’imagines pas à quel point j’aime à faire, en mauvaise compagnie, toutes les actions de la plus vile crapule et de la plus basse débauche. Nous sortions de table… de manière assurément à n’avoir faim ni l’une ni l’autre. Nous n’en dévorâmes pas moins toutes deux l’énorme repas qu’il plût à ces coquins-là de nous payer, et pour lequel vingt d’entr’eux se cottisèrent à deux sequins chacun, ce qui revenait à près de cinq cents francs. Là, nous bûmes, nous mangeâmes, nous nous laissâmes tripoter… foutre, et nous nous abrutîmes, en un mot, au point qu’étendues toutes deux par terre au milieu du cabaret, nous ne nous livrâmes à ces gredins qu’aux conditions préalables, qu’ils nous vomiraient, nous pisseraient et nous chieraient sur le visage, avant que de nous enfiler. Tous le firent, et nous ne nous relevâmes de-là qu’inondées d’urine, d’ordures et de foutre. Mes enfans, dit ma compagne, dès qu’un peu d’ordre eut succédé à ces orgies, il est juste maintenant que nous nous faisions connaître à vous, et qu’en reconnaissance du bon souper que vous nous avez donné, nous vous gratifions de quelques-unes de nos marchandises. Y a-t-il ici quelqu’un qui veuille satisfaire ses vengeances ou ses haines particulières, nous allons lui en fournir les moyens. Munies des meilleurs poisons de l’Italie, dites-nous ceux qui vous conviennent et pour qui vous les destinez. Le croirez-vous, mes amis… oh ! juste ciel, à quel point est portée maintenant la dépravation humaine ! tous d’une voix unanime nous supplièrent de leur faire part de nos funestes dons, et il n’y en eut pas un seul qui n’eût, selon lui, les meilleures distributions à en faire. Ils en eurent tous ; et cette libidineuse soirée nous rendit peut-être la cause d’une soixantaine de meurtres.

Allons, me dit la Durand, il n’est pas tard, nous pouvons courir encore : d’ailleurs, il faut que j’aille absolument m’assurer du succès de la mort de ma jolie petite fille de quinze ans. Nous quittâmes donc nos convives, après les avoir embrassés : à peine fûmes-nous sur la place de la cathédrale, que nous vîmes passer un enterrement. La coutume étant en Italie de porter les morts à visage découvert, il fut facile à la Durand de reconnaître les traits de la jolie fille dont elle voulait vérifier la mort… La voilà… la voilà, me dit-elle précipitamment. Oh foutre ! branlons-nous dans un coin, en la voyant passer : non, dis-je, il vaut mieux la devancer à la cathédrale ; nous nous cacherons dans une chapelle, où nous ferons ce que tu dis, en la voyant descendre au tombeau… Tu as raison, dit Durand, le moment est meilleur, pénétrons. Nous fûmes assez heureuses pour nous placer précisément derrière le confessionnal de la chapelle même où l’on allait descendre cette jeune personne. Nous nous collons contre le mur, et nous voilà à nous chatouiller pendant la cérémonie, en ménageant notre décharge, de façon à ce que s’écoulant au moment où l’on descendrait le cercueil, elle pût, pour ainsi dire, servir d’eau-bénite à la défunte. On ne referma la tombe qu’à demi, et nous vîmes que le fossoyeur, ou avait quelques intentions que nous ne devinâmes pas encore, ou ne voulait peut-être, comme il était tard, ne prendre cette peine que le lendemain. Pardieu ! restons ici, me dit la Durand, il me passe dans la tête un caprice incroyable : tu as vu comme cette petite fille est belle. — Eh bien ! — Nous la sortirons du tombeau, tu me branleras sur sa délicieuse figure, sur cette tête charmante que les ombres funèbres placées sur son front, par mes mains, ne peuvent encore flétrir… As-tu peur ? — Non. — Eh bien ! s’il est ainsi, restons. L’église se ferme, et nous voilà seules.

Que j’aime ce silence lugubre, me dit la Durand ; comme il convient au crime… comme il échauffe les passions ; il est l’image du calme des cercueils ; et je te l’ai dit, je bande pour la mort, agissons. Un moment, dis-je, j’entends du bruit… et nous regagnons notre coin à la hâte… Oh ciel ! qu’apperçûmes-nous ? Nous étions devancées dans notre projet… et par qui, grand Dieu ? quelle exécrable dépravation !… Le père lui-même venait jouir de son abominable forfait ; il venait le consommer ; le fossoyeur le devançait, une lampe à la main. Remonte-la, lui dit-il, ma douleur est si grande, que je veux encore l’embrasser, avant que de m’en séparer pour toujours. Le cercueil reparaît, le corps en est sorti, puis replacé par le fossoyeur sur les marches de l’autel. Va, sors à présent, mon ami, dit l’incestueux et barbare auteur des jours de cette charmante fille, tu troublerais mes larmes : laisse-moi les répandre à l’aise : tu viendras me reprendre dans deux heures, et je récompenserai ton zèle. Les portes se referment. Oh ! mes amis, comment vous décrire les horreurs que nous vîmes. Il le faut, cependant, ce sont les égaremens du cœur humain que je développe, et je n’en dois laisser aucun pli de caché.

Ne se croyant pas encore assez en sûreté dans cette église, le coquin se barricade dans l’intérieur de la chapelle, il allume quatre cierges, les place à la tête et aux pieds de sa fille, puis développe le drap mortuaire, et l’étale nue sous ses yeux : d’indiscibles frémissemens de plaisir le saisissent alors ; ses muscles renversés, ses soupirs entrecoupés, son vit qu’il met à l’air, tout nous peint l’état de son ame embrâsée : sacre-dieu, s’écrie-t-il ! voilà donc mon ouvrage… et je ne m’en repens point… Vas, ce n’est pas ton indiscrétion que j’ai punie, c’est ma scélératesse que j’ai contentée ; ta mort me faisait bander, je t’avais trop foutue, je suis content… Il s’approche du corps à ces mots, il manie la gorge, il enfonce des épingles dedans. Oh foutre, disait-il ! elle ne le sent plus… malheureusement elle ne le sent plus… je me suis trop pressé… Ah garce ! que de nouveaux tourmens je t’imposerais encore, si tu respirais !… Il lui écarte les cuisses, lui pince les lèvres du con, la pique dans l’intérieur, et se sentant bander fort dur, le scélérat l’enconne, il s’alonge sur elle, il lui baise la bouche, il fait ce qu’il peut pour y darder sa langue, mais les convulsions du venin ayant resserré les dents de cette malheureuse, il ne peut en venir à bout : il se retire, il retourne la morte, la place sur le ventre, et nous expose les plus belles fesses qu’il soit possible de voir. Il baise ce derrière avec ardeur, il se branle vigoureusement, en l’accablant de baisers : ah ! combien de fois j’ai joui de ce beau cul, s’écrie-t-il alors ! que de différens plaisirs il me procura pendant quatre ans que je le foutis ; alors il se retire, fait deux ou trois fois le tour du corps, en s’écriant : Ah foutre, foutre, le beau cadavre ! et comme il bandait horriblement en prononçant ces mots, nous nous convainquîmes que c’était là sa passion. Il se remet à genoux entre les cuisses de sa fille, rebaise mille fois encore le beau cul que lui expose l’attitude, le pique, le mord, applique dessus des claques furieuses, arrache même un morceau de chair avec ses dents et sodomise. Ici son délire nous paraît au comble ; il grince les dents, il écume, et tirant un couteau de sa poche, il coupe, en déchargeant, le con de ce cadavre, et se rajuste.

Là, nous observâmes, avec philosophie, l’état de l’homme, ferme dans ses principes, quand il vient de satisfaire sa passion. Un imbécille, obligé d’attendre, n’ayant pour perspective que l’objet de sa rage et de sa lubricité au milieu du silence et de l’horreur des tombeaux, eût infailliblement frémi ; notre scélérat, calme, s’occupe à rempaqueter les restes déchirés de sa fille. Il les replace dans le cercueil ; il demeure même quelques tems dans le caveau, sans que nous sachions ce qu’il y fait ; c’est alors que la Durand, qui pendant toute l’opération, n’avait cessé ou de se branler, ou de me branler moi-même, me propose de repousser la pierre du caveau, et d’engloutir cet homme avec sa victime… Non, dis-je, c’est un scélérat, et nous leur devons à tous, respect et protection. Cela est juste, me répondit-elle, mais au moins faisons lui bien peur, place-toi promptement au même lieu, et dans la même attitude ou il vient de mettre sa fille, que ce soit la première chose qu’il voye en remontant ; toutes ses idées se confondront, il y aura de quoi le rendre fou. Cette extravagance me parut trop singulière pour ne pas être exécutée. Le libertin reparaît, et c’est mon cul bien exposé, qu’il apperçoit pour premier objet : sa surprise fut telle, qu’en se reculant de frayeur, peu s’en fallût qu’il ne se précipitât dans le caveau ; il y était sans mon amie, qui, le retenant par le bras, lui causa un nouveau mouvement de terreur, qui produisit en lui les plus plaisantes convulsions. Cordelli, lui dit la Durand, ne t’effraye pas, tu es ici avec tes amies, reconnais dans moi celle qui ta vendu le poison dont tu t’es servi, et dans cette belle fille, une camarade prête à te donner des voluptés de tous les genres, pourvu qu’elles ne ressemblent pas à celles que tu viens de te procurer devant nous. Vous m’avez étrangement surpris, dit le négociant. — Eh bien ! remets-toi, mon ami, nous t’avons vu, nous t’avons admiré. Vois ce beau cul, il est à tes ordres ; pour cinq cent sequins je te le livre… et songe que cette superbe créature n’est pas une femme ordinaire… Il est beau, dit Cordelli en le maniant ; mais je ne bande plus… Vous avez vu la décharge que je viens de faire : cette perte se répare, dit Durand ; va, sois certain de rebander bientôt. J’ai dans ma poche une liqueur, dont l’effet est sûr. Où veux-tu que la scène se passe ? — Dans ce caveau : redescendons-y ; je ne puis quiter les cendres de ma victime, vous ne sauriez croire à quel point elles m’échauffent. Nous descendons. Cordelli n’a pas plutôt relevé le drap mortuaire, il n’a pas plutôt apperçu les restes inanimés de sa malheureuse filles qu’il rebande. La Durand lui frotte les couilles de l’eau dont elle a parlé ; puis elle le secoue. Je lui montre mes fesses, il les touche, il me socratise, baise ma bouche, et l’érection se décide. Il faut, nous dit-il, que cette jeune personne ait la complaisance de se placer dans le cercueil, entièrement couverte du drap, nous remonterons, la pierre se refermera quelques instans, je suis parfaitement certain alors de décharger sur le bord du trou. Ici, la Durand me regarda ; mes réflexions furent bientôt faites : nous ne nous séparons jamais, monsieur, dis-je au négociant, aucune de nous ne restera dans ce tombeau, ou vous nous y fermerez toutes deux. Ah ! Juliette ! tu te méfies de moi, dit la Durand : eh bien ! monte avec Cordelli, je resterai, moi, et souviens-toi que c’est à toi seule que je me recommande. Une seconde réflexion vint aussitôt m’éclairer : j’idolâtrais Durand, la plus légère méfiance nous brouillait ; était-il possible qu’on me laissât-là !… le fossoyeur n’allait-il pas revenir ; ne devenais-je pas, s’il n’arrivait rien, mille fois plus sûre de mon amie : quelle tranquillité pour l’avenir ! Eh bien, dis-je promptement à la Durand, pour te prouver qu’il ne peut entrer nuls mauvais soupçons dans mon ame, je reste ; fais ce que tu voudras, Cordelli ; mais souviens-toi qu’il me faut mille sequins pour cette complaisance : tu les auras, dit le négociant, ta docilité me paraît sans bornes, elle sera récompensée.

On met à bas les restes de la jeune fille, je les remplace ; Cordelli m’enveloppe du linceul ; il me baise trois ou quatre fois le trou du cul ; ah ! le beau cadavre, s’écrie-t-il en tournant trois ou quatre fois autour de moi, puis il remonte avec la Durand.

Je l’avoue, un froid mortel me saisit quand j’entendis la pierre se refermer sur moi. Me voilà donc, me dis-je, à la disposition de deux scélérats ; étrange aveuglement du libertinage, où vas-tu peut-être me conduire ! mais cette épreuve était nécessaire… Je vous laisse à penser combien mon trouble accrut quand j’entendis ouvrir la chapelle, la refermer, et le plus effrayant silence succéder à ces deux mouvemens. Oh ! ciel, me dis-je, me voilà perdue ! perfide Durand, tu m’a trahie ! et je sentis une sueur froide s’exhaler de mes pores, depuis l’extrémité de mes cheveux, jusqu’à la cheville de mes pieds : puis, reprenant courage, allons, me disais-je, ne nous désespérons point, ce n’est point un acte de vertu que je viens de faire, je frémirais si c’en était un ; mais il n’est question que de vice, je n’ai donc rien à craindre, À peine terminais-je ces réflexions, que les cris de la décharge de Cordelli se font entendre, la pierre se lève, Durand se précipite sur moi, te voilà libre, mon ange, s’écrie-t-elle, et voici les mille sequins. — T’inspirerai-je encore de la méfiance à l’avenir ? Ah ! jamais, jamais, m’écriai-je, pardonne un premier mouvement, il avait bien plus Cordelli que toi pour objet ; mais remontons, je suis prête à m’évanouir. Cordelli excédé… dont le sperme bouillonnant inondait toute la pierre, nous attendait assis sur les marches de l’autel. Nous sortîmes, le fossoyeur parut ; Cordelli le paya, et nous nous retirâmes : Durand voulut passer cette nuit avec moi.

Voilà une aventure qui nous lie pour jamais, dis-je à mon amie, elle cimente éternellement notre amitié, notre confiance, elle resserre nos nœuds pour la vie. Je te l’ai dit, Juliette, me répondit la Durand, nos armes réunies feront beaucoup de mal aux autres, elles ne se dirigeront jamais contre nous. N’est-il pas vrai, dis-je, que si tu avais eu une autre femme, elle restait dans le caveau ? Assurément, me répondit la Durand ; et je te jure qu’il m’a offert deux mille sequins pour t’y laisser. Eh bien ! dis-je, cherchons une jolie fille, proposons-là lui, et divertissons-nous de sa passion. — Mais, tu l’as cette fille desirée. — Qui donc ? — Elise. — Comme tu en veux à l’une ou l’autre de mes femmes ; est-ce jalousie ? — Non, mais je n’aime pas à voir près de toi quelqu’un que tu puisses croire t’être plus attaché que je ne la suis : n’es-tu donc point lasse de cette fille ; je te laisse l’autre, mais celle-là, certes, je crois que tu en as assez joui, il n’y a pas de nuit que tu ne couches entre toutes deux : eh bien ! mon ange, je la remplacerai. — Ton projet m’irrite et me répugne à-la-fois. — Il est donc ce qui convient à la volupté, me répondit Durand ! car les plus grands plaisirs ne naissent que des répugnances vaincues. Sonne-là, amusons-nous-en, jurons sa perte en la branlant ; rien ne m’amuse comme ces sortes de trahisons. — Ah ! Durand, que d’infamies tu me fais faire. — Dis plutôt que de voluptés je te prépare. Elise paraît, toujours belle comme l’amour ; elle se met complaisamment entre nous deux ; Durand, qui ne la connaît pas encore, prend à la caresser le plus extrême plaisir. Voilà vraiment une voluptueuse créature, dit la coquine, en la couvrant de baisers ; fais-la coucher sur toi, Juliette, et chatouille lui le clitoris, pendant que je vais l’enculer… Oh ! quel voluptueux cul, comme notre homme va s’égayer sur ces belles fesses ! et la garce gamahuchant l’anus, ne tarda pas à y introduire son petit engin. Étendue sur Elise, et par conséquent sur moi, elle suçait nos bouches alternativement. Depuis douze heures de suite, nous dit-elle, que je fais du libertinage, je devrais être épuisée… et je ne me suis jamais senti tant d’ardeur… et moi aussi, m’écriai-je, et c’est notre projet, dis-je bas, qui m’échauffe le plus. Si tu savais, Durand, combien il m’électrise… Je t’en supplie, ma bonne, déchargeons sur cette délicieuse idée ; et comme je branlais fort bien Elise, et que Durand la sodomisait à merveille, la petite coquine déchargea la première. En cet instant, Durand lui applique des claques terribles sur les fesses ; elle se retire du cul, et blasphêmant comme une damnée, elle gronde cette malheureuse de ce qu’elle l’a troublée par sa décharge. Le devoir d’une victime, lui dit-elle durement, est de se prêter, jamais elle ne doit se permettre de partager aucun plaisir. Allons, coquine, il faut que je vous fouette, pour vous apprendre à m’avoir dérangée. Je lui tiens la victime, et la scélérate l’étrille un quart-d’heure. Elise connaissait cette manie, elle en avait souvent été la victime avec moi ; mais de ses jours elle ne l’avait reçu avec autant de violence. Tu vas lui gâter les fesses, disais-je, et demain Cordelli. — Il aime ces vestiges, ils le font bander, et la libertine continuait d’étriller au sang ; enfin, l’orage cesse, Durand m’encule, et veut, pendant sa décharge, avoir les fesses déchirées d’Elise, à la hauteur de ses baisers. Voilà une créature divine, dit-elle en terminant ; c’est précisément ce qu’il nous faut… As-tu déchargé, toi, ma toute belle ? je te demande pardon de ne pas m’être occupée de tes plaisirs ; mais je suis, dans le délire, d’un inconcevable égoïsme… Ah ! dis-je, j’ai été pour le moins aussi heureuse que toi ; vois mon con comme il est mouillé. — Et ta tête était-elle à la chose ? — Oh ! je t’en réponds… Nous nous endormîmes, Elise entre nous deux ; et Durand me disait tout bas, avant de se plonger au sein du sommeil… il n’y a rien que j’aime comme l’idée de coucher avec un individu quelconque, dont je suis sûr de causer la mort le lendemain.

Durand fut de bonne heure trouver Cordelli : enchanté d’une aussi flatteuse proposition, le marché des jours de la malheureuse Elise fut bientôt conclu, mille sequins en devinrent le médiocre prix ; mais Corde li voulut des recherches, et comme je vais vous raconter cette sinistre aventure, je ne vous préviendrai de ces épisodes qu’en les encadrant dans l’action.

Pendant l’absence de ma compagne, j’avais fait parer Elise, on l’avait baignée, raffraîchie, parfumée, et cette belle fille, qui n’avait pas encore dix-huit ans, n’eut pas plutôt réunis tous les secours de l’art aux dons de la nature, qu’elle parut belle comme un ange.

Il faut être à cinq heures ce soir chez Cordelli, me dit la Durand à son retour, la scène se passera dans une de ses campagnes, à trois lieues d’Ancône, sur le bord de la mer, et je te réponds qu’elle sera bonne : dînons. Elise et Raimonde se mirent à table avec nous, comme à l’ordinaire ; nous leur annonçâmes là qu’elles allaient se séparer. Elise, dîmes-nous, trouve à Ancône un riche négociant qui fait sa fortune ; elle y reste. Les deux amies fondirent en larmes ; puis Elise se jetant dans mes bras : Oh ! ma chère dame, s’écria-t-elle en me couvrant de ses pleurs et de ses baisers, vous m’aviez promis que je ne vous abandonnerais jamais !… Et c’est ici, mes amis, où j’éprouvai bien de quelle energie est dans l’ame d’une libertine, le choc de la sensibilité sur la luxure ; je me roidis contre ses larmes, je trouvais du plaisir à les braver… à ne les faire servir que d’aiguillon à ma lubricité. Mais, ma chère, répondis-je à cette belle fille, en la repoussant sur son siége, n’aurais-je donc pas d’éternels reproches à me faire, si je te faisais manquer ta fortune ? — Je ne veux point de fortune, madame, je ne réclame que la grâce de ne vous abandonner de ma vie… Elise, dit Durand, tu aimes donc bien Juliette ? — Hélas ! madame, je lui dois la vie, j’étais perdue sans elle ; c’est elle qui a retiré Raimonde et moi de chez un brigand, qui nous aurait infailliblement massacrées, et quand la reconnaissance se joint aux sentimens naturels du cœur, vous imaginez bien, madame, que la plus ardente amitié doit en être le fruit. Il faut cependant vous quitter, dit la Durand avec méchanceté, il le faut très-promptement. Je bandais, Durand s’en apperçut ; passe dans une autre chambre avec elle, me dit mon amie, tout bas, je vais me branler avec Raimonde.

À peine fus-je seule avec Elise, que je sentis la fureur s’emparer de mes sens ; cette belle fille me baisait en pleurant, je la maltraitai ; et sentant mon foutre couler aux premiers coups que je lui donnais, je redoublai. En vérité, lui dis-je durement, vos sentimens pour moi me surprennent, car il s’en faut que les miens y répondent : vous avez pu ne pas m’être indifférente autrefois, mais aujourd’hui je suis lasse de vous : il y a plus de trois mois que je ne vous garde que par charité. Par charité, madame ? — Oui, d’honneur, que deviendrez-vous sans ma pitié ? une raccrocheuse des rues. Remerciez-moi donc des soins que je me suis donnés pour vous procurer quelqu’un, et branlez-moi par reconnaissance. Je la mis nue, j’examinai tous ses charmes, et l’esprit dans lequel je les voyais, pensa me faire mourir de volupté : ah ! comme j’étais doucement remuée, en me disant, dans trois jours ce beau corps sera la proie des vers, et je serai la cause de cette destruction. Élan divin de la luxure, inexprimables voluptés du crime, voilà donc les ravages que vous produisez dans l’organisation d’une femme libertine ! Elise !… Elise ! toi que j’aimais, je te livres à des bourreaux, et j’en décharges !

Comme la petite coquine, pour tâcher de se faire regretter, redoublait de soins avec moi, elle triompha bien promptement ; elle me suçait en me socratisant ; j’inondai sa bouche ; je lui rendis ce qu’elle m’avait fait. J’idolâtrais l’idée de la plonger dans le plaisir, avant que de la livrer au supplice ; elle déchargea… puis fondit en larmes, en m’adressant les expressions les plus tendres… les plus instantes prières de la conserver auprès de moi : rien ne parvint à me toucher. Dès que je fus rassasiée, allons, dis-je, il faut partir ; elle voulut passer dans sa chambre pour faire son paquet ; ce n’est pas la peine, lui dis-je, on vous enverra tout cela demain… Elle se rejette dans mes bras, je la repousse, je lui donne des coups furieux, elle en saigne ; je l’eusse étranglée, je crois, sans la promesse de la livrer à Cordelli. Nous rentrâmes au salon : Durand n’y était point encore. Je me hâtai d’aller l’observer par le trou de la serrure ; Dieu ! quelle fut ma surprise, de voir un homme enculant Raimonde, et La Durand fustigeant le fouteur. Je frappes… je veux entrer. Est-ce toi, dit Durand ? — Eh ! sans doute, ouvre donc… Ah ! me dit-elle bas, en me faisant doucement entrer… c’est Cordelli, il a voulu voir absolument la fille que tu lui destinais ; je n’ai pas voulu te troubler, et lui ai donné Raimonde, en attendant… tu le vois, il l’encule… il en rafole. Ne vous dérangez pas, monsieur, me hâtai-je de dire en me rapprochant ; mais souvenez-vous seulement que ce n’est pas celle-là que je vous livre. J’en suis fâché, répondit le paillard, avec des expressions entrecoupées par la violence des sensations de son plaisir. Oh ! oui… j’en suis… fâchée… car elle a le plus… beau cul… le plus étroit, et je me… sentais toutes les dispositions possibles… à faire… avec elle… infiniment de choses singulières… Allons, continua-t-il en déculant, je ne veux pas décharger, j’ai besoin de mes forces ; mais raisonnons un moment ; Raimonde sortit, et Cordelli s’asseyant entre la Durand et moi ; je n’ai pu tenir à mon impatience, nous dit-il, je suis arrivé comme vous sortiez de table, la Durand m’a dit que vous vous amusiez avec celle que vous me destinez ; voyant Raimonde avec elle, j’ai désiré sa jouissance, et vous avoue que je n’ai pu m’empêcher, en la connaissant, de regretter que ce ne soit pas celle-là qui doive ce soir me servir de victime. C’est la favorite de Juliette, m’a dit la Durand, elle ne voudra jamais la livrer ; mademoiselle, poursuivit le séducteur, en me prenant la main, écoutez-moi, je suis rond dans les marchés que je fais ; riche à millions, faisant seul, depuis plus de vingt ans, tout le profit de la célèbre foire de Sinigaglia[2], quelques mille sequins de plus ou de moins, quand il s’agit de mes passions, ne me font rien ; je ne connais pas Elise, mais votre Raimonde me plaît infiniment ; j’ai bien peu vu de plus divin derrière, je n’en foutis jamais de plus chaud ni de plus étroit : cette fille doit être superbe dans les pleurs, et c’est, en un mot, une des plus belles femmes à victimer, que j’aie encore vue depuis long-tems. Tenez, je prends l’autre sur parole, et celle-ci avec connaissance de cause : voulez-vous six mille sequins de toutes deux ? Beaucoup plus, dis-je, en sentant aussitôt l’intérêt, l’amour de l’or, l’emporter dans mon cœur, sur toute autre espèce de sentiment, vous me donnerez vingt mille sequins des deux, et elles sont à vous. Mais, dit Cordelli, j’en ai déjà une pour mille sequins. — Je romps le marché, je ne les vends plus qu’ensemble, et certainement, elles ne sortiront de mes mains qu’au prix que je viens de dire. Je ne puis qu’approuver mon amie, dit Durand, vous êtes encore bien heureux qu’elle vous cède à si bas prix l’unique objet de ses affections. — Une fille que j’idolâtre… la livrer, à qui ? à un scélérat, qui va la faire mourir ! — Oh ! oui, répondit l’Italien, et par d’horribles supplices, je vous en réponds. — Il faut donc que ces choses-là se payent, décidez-vous donc, monsieur, car si la pitié vient reprendre ses droits dans mon ame, vous n’aurez plus rien. Votre marchandise est chère, mademoiselle, reprit le négociant, mais, sacre-dieu, vous me prenez dans un moment où le feu de la luxure ne me permet plus aucune réflexion… Envoyez ce bon chez mon commis, et vous aurez l’argent désiré dans une demi-heure. Voyons l’autre fille, en attendant. Scélérate, dis-je bas à mon amie, c’est encore ici ton ouvrage ; il était décidé que tu ne voulais me laisser personne. — Oh, Juliette ! n’accuse de tout ceci que mon amour pour toi ; sois sûre que tu ne te repentiras jamais de t’être livrée à moi seule ; inspirée par mon idolâtrie, je te tiendrai lieu de toute la terre ; et elle sortit pour aller retirer l’argent. Je fis paraître Elise, d’abord seule. Elle est charmante, s’écria le paillard ! je ne m’étonne pas du prix que tu y mets ; et, se pressant de la déshabiller, son enthousiasme redouble quand il peut admirer à l’aise les charmes de cette jolie créature ; il ne se lasse point d’examiner ce cul délicat et mignon ; il le baise, l’écarte, le gamahuche, le fout, en ressort pour le baiser de nouveau, et quelqu’ardentes que soient les caresses qu’il prodigue, il ne peut s’en rassasier. Fais venir l’autre, me dit-il, je veux comparer. Raimonde paraît, et bientôt aussi nue qu’Elise, elle offre à notre examinateur tout ce qui peut faciliter ses observations. On n’imagine pas le scrupule avec lequel il y procède ; les fesses sur-tout fixent son attention avec un recueillement dont on n’a pas d’idée, je le branle légèrement pendant ce tems-là ; il manie quelquefois mon derrière, en enfonçant sa langue dans ma bouche ; il encule Elise, en nous claquant, Raimonde et moi, de droite et de gauche : en vérité, l’une vaut l’autre, me dit-il tout bas, et toutes deux sont délicieuses… Je les ferai beaucoup souffrir… Quel est le meilleur cul, demandai-je ? Ah ! toujours Raimonde, me répondit-il, en baisant la bouche de cette belle fille, le sien est plus chaud, plus étroit : mets-toi sur le bord du lit, Juliette, me dit cet insatiable libertin, je veux t’enculer aussi ; il fait repasser Elise à ma gauche, de façon que je suis au milieu. Alors, il pince vigoureusement les deux culs en foutant le mien ; puis se retirant, c’en est assez, dit-il, je déchargerais ; le jour s’avance, partons. Les deux jeunes filles vont se préparer ; et me trouvant seule avec l’Italien, avoue, lui dis-je, que c’est ma compagne qui t’a échauffée la tête sur Raimonde. — Je ne te cacherai pas qu’elle desire sa mort. — La coquine ! c’est par jalousie ; ce motif l’excuse à mes yeux… Oh ! mon parti est pris : tu feras donc bien souffrir ces deux malheureuses ; et je le branlais pendant ce tems-là, il était debout devant moi, je secouais son vit sur ma gorge, je lui chatouillais l’anus… Et quel supplice leur réserves-tu ? — Est-ce que tu desires que je les ménage ? — Ah ! si j’ordonnais ces tourmens, ils seraient plus affreux que ceux que tu prépares ! — Délicieuse créature !… voilà comme j’aime les femmes ; elles sont plus féroces que les hommes, quand elles se livrent à la cruauté. La raison de cela, est naturelle, répondis-je, leurs organes sont plus déliés, leur sensibilité plus profonde, leurs nerfs bien plus irascibles ; or, voilà le genre de constitution qui mène à la barbarie. — Avec une imagination bien plus vive que là nôtre, une femme doit plus avidement embrasser les excès, et voilà pourquoi, dans le crime, elles vont toujours bien plus loin que nous. Qu’on annonce un duel, un combat de gladiateurs, une exécution de justice, vous les verrez s’y porter en foule ; recensez les spectateurs, le résultat vous offrira toujours au moins dix femmes contre un homme. Une infinité de sots, ajouta le négociant, dupes de cette incroyable sensibilité qu’ils voient dans les femmes, ne se doutent pas que les extrémités se rapprochent, et que c’est précisément au foyer de ce sentiment que la cruauté prend sa source : parce que la cruauté n’est, elle-même, qu’une des branches de la sensibilité, dis-je, et que c’est toujours en raison du degré dont nos âmes en sont pénétrées, que les grandes horreurs se commettent. Tu parles comme un ange, mon cœur, dit le négociant ; baise-moi mille fois, j’aime ton esprit autant que tes charmes, tu devrais t’attacher à moi. Je suis inviolablement attachée à mon amie, répondis-je, nous sommes inséparables et ne nous quitterons qu’à la mort. — Elle resterait avec toi. — Cela est impossible, nous voulons revoir notre patrie… Et je finissais à peine que la Durand revint. Comme j’étais allée au-devant d’elle, j’eus le tems d’apprendre de sa bouche, qu’elle venait de réussir au plus heureux des coups. J’ai fait un faux billet, me dit-elle, et nous avons le double de l’argent. — Quarante mille sequins ? — Oui, je les tiens déjà dans mon cabinet. — Céleste créature ! oh, combien j’aime ton adresse ! — Te repends-tu du marché, maintenant ? — Non, d’honneur… Mais lorsque Cordelli reverra son agent ? — Le crime sera consommé ; et s’il lâche un seul mot, nous le ferons rouer. — Oh ! baise-moi mille et mille fois, mon ange ! — Viens chercher la moitié de l’argent. — Ces précautions deviennent inutiles entre nous ; occupons-nous de Cordelli, nous partagerons au retour. — Je voudrais que tu prisses tout ; j’ai plus de plaisir à te voir au dernier degré de l’opulence, qu’à m’enrichir moi-même ; et Cordelli nous faisant appeler, nous partîmes.

En peu d’heures, nous arrivâmes au château du négociant. C’était une vraie forteresse située sur un rocher s’avançant de plus de vingt toises dans la mer ; on était obligé de quitter la voiture à la petite ferme qui se trouvait au bas du rocher, offrant à sa racine un escalier de quatre cents marches, par lequel seul on parvenait à cette redoutable maison. Nous trouvâmes, au bas, une porte de fer, que le négociant ouvrit, et six pareilles dans la longueur de l’escalier, que notre patron ouvrit et referma de même. Durand, voyant la surprise se mêler sur mes traits, à l’agitation de la peur, me rassura, et dit aussi-tôt à Cordelli : Tu m’avais parfaitement indiqué l’endroit, et nos gens, à qui j’en ai laissé la description, pour nous y revenir chercher demain, si nous ne sommes pas à dix heures du matin avec eux, trouveront bien facilement cette retraite. Elle est connue de tout les environs, dit le négociant, d’un air à me calmer ; mais ta précaution, Durand, était inutile, je t’ai promis que cette nuit même, nous retournerions à la ville, et tu me connais assez pour être bien sûre que je ne te tromperai jamais. Il s’en fallait bien que nos deux jeunes filles fussent aussi tranquilles. Une sorte de pressentiment accompagne toujours le malheur, les infortunées l’éprouvaient dans toute sa force : elles étaient toutes les deux prêtes à s’évanouir. Une dernière porte semblable aux autres s’ouvre enfin et se ferme avec les mêmes procédés ; deux vieilles femmes de soixante ans nous reçoivent. Tout est-il prêt, dit Cordelli ? Depuis ce matin, monsieur, répond une des vieilles ; et nous ne vous attendions pas si tard : nous avançons ; une salle-basse assez triste s’offre d’abord à nous. Regardez où nous sommes, dit Cordelli, en ouvrant une fenêtre ; et quelle fut alors notre surprise, de nous voir à trois cents pieds de la surface de la mer, et presque au milieu des eaux : ce rocher décrit une courbe, dit le négociant, la ligne perpendiculaire tomberait à une demi-lieue du rivage ; on peut crier tant qu’on veut ici, l’on est sûr de n’être entendu de personne ; nous sortîmes de cette salle et montâmes au second : tel était le lieu de la scène ; jamais peut-être rien d’aussi horrible ne s’était offert à mes yeux. Sur une estrade ronde, placée au milieu de cette salle, ronde elle-même, nous distinguâmes, dès en entrant, tous les différens instrumens nécessaires à tel supplice que l’on pût imaginer. Il y en avait de si exécrables, de si incompréhensibles, que jamais même l’idée de leur existence ne m’était venue ; deux grands hommes basanés, hauts de six pieds, la bouche ornée d’effrayantes moustaches et d’une figure horrible, absolument nuds comme des sauvages, paraissaient au milieu de ces instrumens attendre avec respect les ordres qui leur seraient donnés. Quinze cadavres de jeunes filles et de jeunes garçons tapissaient les murs rembrunis de cette salle ; et sur quatre sellettes environnant l’estrade, se voyait assis deux filles de seize ans, et deux garçons de quinze, dans le plus parfait état de nudité. Les vieilles qui étaient entrées avec nous, fermèrent les portes, et Cordelli jouissant délicieusement de notre surprise, c’est ici que nous allons opérer, dit-il ; rarement, affecta-t-il de dire à nos deux jeunes filles… Oh oui, très-rarement on sort de cette salle, une fois que l’on y est entré : allons, dona Maria, faites déshabiller ; qu’on allume, et mettons-nous promptement à l’ouvrage… je sens le foutre qui picote mes couilles ; je n’ai jamais été si en train de faire des horreurs.

Juliette, me dit le paillard, je vous établis mon satellite, l’agent général de mes plaisirs ; mettez-vous nue et ne me quittez pas. Uniquement attachée au service… aux besoins urgens de mon vit et de mon cul, vous soignerez exactement l’un et l’autre pendant toute la scène : si je me fais foutre, vous humecterez le trou de mon cul avec votre bouche ; vous mouillerez de votre langue, les vits destinés à me sodomiser ; vous les introduirez vous-même dans mon derrière ; si je fouts, vous guiderez ma pine dans les trous qu’il me plaira de perforer, que vous élargirez de même avec la salive émanée de vos lèvres : vous observerez une chose en opérant ; toutes les fois que votre bouche viendra de préparer, soit un vit, soit un cul, il faudra qu’aussitôt cette même bouche se colle sur la mienne, et la suce long-tems. Le plus profond respect, d’ailleurs, accompagnera toutes vos démarches : songez qu’il n’entre ici que des esclaves ou des victimes.

Vous, Durand, vous m’amenerez les objets, vous me les présenterez, et souvenez-vous l’une et l’autre de ne jamais faire aucun mouvement, sans me faire baiser avant vos derrières.

Quant à vous, poursuivit-il, en s’adressant aux vieilles, seulement nues de la ceinture en bas, les bras bien découverts, et armés d’une poignée de verges minces et vertes, vous me suivrez de même, et vous vous exercerez sur mes reins et mes fesses, à mesure que vous en reconnaîtrez le besoin. Vous Sanguin, et vous Barbaro, non seulement vous remplirez ici le rôle d’exécuteurs, mais vous observerez même, avec exactitude, de me perforer le derrière, chaque fois que vous me verrez vous le présenter amoureusement ; Juliette alors saisira vos engins, et viendra me les introduire dans le cul, conformément aux détails et aux ordres qui lui ont été indiqués.

Pour vous, jeunes gens, qui, placés sur ces quatre sellettes, attendez dans le plus respectueux silence, ce qu’il me plaira de vous prescrire, la soumission est votre lot ; n’imaginez pas que les liens qui vous attachent à moi, puisque vous êtes mes enfans tous les quatre, quoique nés de différentes mères, m’empêchent de vous conduire à la mort, par les sentiers les plus rudes et les plus épineux ; sachez que je ne vous ai donnée la vie, que pour vous l’ôter, que l’infanticide est un de mes plus doux plaisirs, et que plus le sang vous rapproche de moi, plus j’aurai de délices à vous martyriser.

Pour vous, mes beaux enfans, poursuivit-il, en flagornant et persiflant avec cruauté mes deux femmes ; je vous paye assez cher, pour avoir le droit de faire avec vous tout ce que la perversité de mon imagination pourra me suggérer de plus exécrable… et vous pouvez compter sur d’affreuses souffrances : je connaîtrai bientôt, j’espère, tous les effets de la douleur sur vos ames sensibles.

À ces mots, les malheureuses créatures se précipitent aux genoux de leur farouche tyran. Déjà déshabillées par les vieilles, leurs beaux cheveux noirs flottant en désordre sur leur sein d’albâtre, leurs larmes inondant les pieds de ce bourreau, rendent d’un intérêt au-dessus de tout ce qu’on peut dire, le déchirant spectacle de leur douleur et de leur désespoir… Ah, foutre-dieu ! dit le scélérat, en se laissant aller sur un fauteuil, pendant que je le pollue d’une main, et que je le socratise de l’autre… Comme j’aime ces effets tragiques de l’infortune !… comme ils me font bander !… Voulez-vous un poignard, mes belles amies ? vous pourriez-vous tuer mutuellement, cela serait délicieux pour moi ; et le monstre, en parlant ainsi, appuyait brutalement ses mains sur les seins frais et délicats de ces deux charmantes filles ; il les pinçait, il les comprimait violemment, et paraissait prendre un plaisir singulier à redoubler leur douleur morale, de tous les petits tourmens physiques qu’il infligeait avec volupté. Apportez moi leurs foutus culs, dit-il à l’une des vieilles ; mettez les trous à hauteur de mes lèvres : vous, Durand, sucez-moi ; Juliette continuera de me branler dans votre bouche : alors il mordit ces deux beaux culs, et laissa l’empreinte de ses dents en plus de douze ou quinze endroits ; passant ensuite sa tête entre les cuisses de Raimonde, il revint la mordre sur le clitoris, avec une telle violence, que la pauvre fille s’en évanouit. Enchanté d’un tel effet, il recommence l’épreuve avec Elise ; mais un mouvement de cette belle fille ayant fait manquer le but, le scélérat n’atteignant que les lèvres du vagin, en emporte un morceau tout sanglant : quelque maltraitées qu’elles fussent de ces premières attaques, il veut les foutre toutes les deux en cet état. L’ordre se donne, on les couche à plat-ventre sur un long canapé, leurs têtes au-dessous des cadavres qui tapissent la chambre, et là le coquin, servi par Juliette, s’introduit alternativement de leurs deux cons dans leurs deux culs, pendant l’espace de plus de vingt minutes ; alors, il s’empare d’une poignée de verges, et les ayant fait placer à genoux l’une au-dessus de l’autre, de manière à ce qu’il pût frapper ensemble et les fesses divines d’Elise, et les beaux tetons de Raimonde, il fustigea, il martyrisa ces belles chairs, tantôt séparément, et tantôt à-la-fois, plus d’une demi-heure de suite, pendant qu’une des vieilles, à genoux devant son derrière, lui piquait les fesses, avec une aiguille d’argent. Elise et Raimonde changèrent, afin qu’il put fouetter les fesses de celle dont il venait de déchirer les tetons, et martyriser le sein de celle dont il venait de molester le cul. Quand tout fut bien en sang, on bassina, on étancha les parties molestées, et Cordelli, bandant comme un furieux, ordonne à l’un des jeunes garçons de s’approcher : ce délicieux enfant réunissait tous les charmes que peut prodiguer la nature ; figure enchanteresse, peau blanche et fine, une jolie bouche de beaux cheveux, le plus beau cul que l’on puisse voir. Comme il ressemble à sa mère, dit le paillard en le baisant… La malheureuse ! qu’est-elle devenue, dis-je à l’Italien ?… Eh bien, Juliette, me répondit-il, vous me soupçonnez donc toujours de quelques horreurs : vous seriez bien surprise, si je la faisais paraître à l’instant. — Je vous en défie… Eh bien ! la voilà, dit Cordelli, nous montrant un des cadavres accrochés au mur ; c’est sa mère, demandez-lui plutôt ; je l’ai dépucelé là, le cher amour : à peine y a-t-il trente-six heures… Oui, là, dans les bras de la tendre mère, et peu après, qu’il vous le dise encore… Oui, en vérité, sous ses yeux, j’envoyai la maman, par un supplice assez bisarre, où je vais envoyer aujourd’hui monsieur son cher fils, par un qui ne le sera pas moins, je vous le jure… et le coquin, pollué par moi, bandait excessivement.

Il fait contenir l’enfant par une vieille, j’humecte, par ses ordres, l’orifice gomorrhéen, je guide le membre, Durand suce le ganimède en dessous, et l’Italien encule, en baisant mon derrière.

Toujours assez leste… assez maître de lui, pour n’effleurer que le plaisir, sans jamais le laisser échapper, Cordelli, sans perdre de foutre, se retire encore de ce cul.

L’autre jeune homme est amené, même cérémonie, même économie de sperme ; et le négociant les faisant mettre, l’un sur les reins de l’autre, les étrille tous deux à-la-fois : de tems en tems il revient aux vits, il les suce : enfin, dans un mouvement furieux de lubricité, il mord, d’une manière si terrible, les couilles du premier qu’il a foutu, que l’enfant en perd connaissance ; Cordelli, sans y prendre garde, passe ailleurs : on approche de lui, l’une des jeunes filles ; ce n’était pas une beauté, mais elle avait quelque chose de si doux, un air de pudeur et d’innocence, si intéressant, qu’elle entraînait tous les hommages, sans qu’on pût les lui refuser. Pour celle-là, dit Cordelli, elle est bien sûrement pucelle ; mais comme il ne m’est plus possible de bander pour un con, j’ordonne aux vieilles de me la contenir à plat-ventre, sur les bords de ce canapé, et dès qu’il possède bien en perspective les deux voluptueuses fesses de ce bel enfant, le paillard les moleste, les mord, les pince, et les égratigne avec tant de vîtesse et de force ; quelles sont en sang dans une minute : le coquin enfile le cul. Croyant avoir acquis là suffisamment de forces pour essayer le con, il s’y présente, et son illusion, soutenue par nos attouchemens et par nos baisers libertins, principalement par nos derrières offerts à ses caresses, il vient à bout de faire sauter le pucelage ; il se retire tout sanglant pour renfiler sa route favorite, et après quelques attaques, ainsi mélangées, il revient décharger dans le cul d’un des jeunes garçons, qu’à cet effet, il a toujours tenu près de lui. On eut dit un éclat de foudre : je crus qu’il allait enfoncer la maison. Nous l’entourions ; il baisait mes fesses, une des vieilles le fouettait, Durand le socratisait, Elise lui chatouillait les couilles, il pinçait le cul de Raimonde, il examinait ceux du petit garçon et de la jeune fille, postés bien en face de lui ; tout… tout concourait enfin à provoquer une décharge dont il était difficile de se peindre l’énergie.

Oh ! foutre, dit-il en sortant de là, il va me falloir des horreurs à présent ; pour me remettre en train. Eh bien ! nous en ferons, mon ami, nous en ferons, dis-je en consolant son vit, en le suçant, en le pressant, en en exprimant, avec soin, jusqu’à la dernière goutte de sperme[3]. Cordelli me sut gré de ces soins ; on l’entoure de nouveau pendant que je le suce, sa bouche se porte sur celle de la jeune fille qu’il vient de dévirginer, on dirait qu’il voudrait lui arracher la langue à force de la lui sucer ; bientôt, qui le croirait ! par une incroyable bisarrerie, c’est la bouche fœtide de l’une des vieilles qu’il veut langotter un quart-d’heure, et le vilain ne la quitte que pour pomper, avec les mêmes délices, celle de l’un des bourreaux qu’il fait approcher de lui ; ce dernier excès le détermine : je commence à sentir les effets du miracle : Cordelli prend une de mes mains, et la portant sur l’instrument de ce scélérat, je suis confondue en voyant que l’outil qu’on me fait empoigner a plus de grosseur que la plus forte partie de mon bras, et presque la longueur d’une de mes cuisses. Prends ce vit, Juliette, me dit l’italien, et places-le dans le con de la petite fille que je viens de déflorer, songe qu’il faut qu’il entre à quelque prix que ce puisse être. Sur l’inutilité des premières tentatives, nous fûmes obligés d’attacher la victime ; Cordelli veut qu’elle le soit, les quatre membres en bas, et fortement liés au parquet… que les deux trous surtout, soient bien présentés, afin que si son homme ne peut réussir à se plonger dans l’un, il soit à même de se réfugier aussitôt dans l’autre ; je conduis le glaive : Cordelli pressait son homme par derrière, quelque sec et poilu que fût ce fessier, le paillard le lui langottait à plaisir, et parraîssait prêt à le foutre, dès que l’énorme engin de cet agent serait niché où il le voulait. À force d’art, nous réussissons ; le vit pénètre dans le con de la jeune fille, et les teintes livides de la mort, répandues sur son front, annoncent l’état affreux de son physique. Cependant, Cordelli, l’œil fixé sur ce singulier mécanisme, ordonne bientôt à son homme de changer de main. J’aide à l’opération : la nature foulée, pressée vivement de partout, semble se prêter à-peu-près indifféremment à tout ; cependant l’anus se déchire, le sang coule, et l’Italien, aux nues, se collant au cul du fouteur, lui rend bientôt tout ce qu’il donne. Oh ! juste ciel ! que de contrastes ! On ne se fait pas d’idée de cette jolie petite mine, intéressante et douce, salement baisée par la figure d’homme la plus rébarbative, et la plus effrayante qu’il y eût sans doute au monde, flétrissant, de ses rudes moustaches, les lys et les roses du plus beau teint possible, et mêlant d’exécrables blasphêmes, aux prières douces et pleines d’onction, de l’ame la plus innocente. Que votre imagination, mes amis, se représente, d’une autre part, l’infâme Cordelli, préférant, aux beautés qui l’environnent, le cul dégoûtant de ce bourreau, gamahuchant ce cul avec la même ardeur dont tout autre être eût raisonnablement brûlé pour une jeune et jolie novice, y introduisant son vit, et commandant enfin à la Durand, d’étrangler la victime pendant que son homme déchargera.

Tout a lieu : la malheureuse expire ; et l’Italien, déculant son homme, nous offre un vit sec et mutin, maintenant propre à toutes sortes d’attaques. Ah ! me voilà remis, nous dit-il… En voilà donc une de morte ! j’ai été bien sage, mes amis, vous en conviendrez ; on ne saurait, je crois, ordonner un supplice moins fort. Une des vieilles voulut emporter le cadavre… laisse donc, s’écria-t-il, laisse donc cela, bougresse, ne sais-tu donc pas que ces perspectives me font bander ? et le vilain, collant son visage sur celui de cette malheureuse, ose cueillir d’affreux baisers sur des traits déformés par la mort, et n’offrant plus, au lieu des grâces qui s’y jouaient naguères, que les convulsions de la douleur… que les contorsions du désespoir. Durand, dit le négociant, fais rebander cet homme-là ; je veux qu’il me foute pendant que mon vit farfouillera l’un et l’autre orifice de la petite fille qui me reste. Tout se prépare ; Cordelli encule, il faisait toujours précéder cette épreuve. Son homme le fout sans préparation ; un cul si julT10p123 large en avait-il besoin ! Elise et Raimonde lui font baiser leurs fesses, il manie de droite et de gauche celles des deux petits garçons, dont la Durand et moi suçons les vits. Du cul, Cordelli passe au con, et les objets varient sous ses doigts ; son homme décharge : il appelle l’autre ; celui-ci, pour le moins aussi bien fourni que son camarade, mais plus effrayant encore, s’il est possible, sodomise vigoureusement son maître, et lui décharge deux fois dans le cul, et les orgies commencent à prendre une plus sérieuse tournure.

Allons, sacre-bougre de Dieu, dit notre homme en colère, il me faut des crimes, des horreurs, ce n’est plus qu’à ce prix que obtiendrai de nouvelles éjaculations ; et sur ce point, mon égoïsme est tel, que dût-il en coûter la vie à tous tant que vous êtes ici, je vous immolerais tous à l’instant pour obtenir une bonne décharge. Par qui vas-tu commencer, scélérat, dis-je alors ? — Par toi… par une autre… par je ne sais qui ; que m’importe pourvu que je bande ? croyez-vous donc qu’il en soit ici, dont les jours me soient plus précieux les uns que les autres ? Allons, voyons cette garce-ci, dit le pendart, en saisissant la tremblante Elise par le sein, et l’entraînant à ses genoux ainsi ; alors il se fit apporter des tenailles, et pendant que je le branlais, qu’un des bourreaux lui contenait la victime, et qu’on l’entourait de culs, le barbare eut la constance d’arracher brin à brin toute la chair des tetons de cette jeune fille, et d’applanir si bien sa poitrine, que l’on n’y vît bientôt plus nulle trace des deux boules de neige qui l’embellissaient quelques heures avant. Cette première opération faite, on lui représente la victime sous une autre forme ; elle est tenue par quatre personnes, les cuisses dans le plus grand écart possible, et le con bien en face de lui ; allons, dit l’antropophage, je vais travailler dans l’attelier du genre humain ; je le suçais cette fois-ci ; ses tenailles fouragent un quart-d’heure, il les enfonce jusqu’à la matrice. Qu’on retourne, s’écrie-t-il en fureur ; les plus belles fesses du monde lui sont présentées, son fer cruel s’introduit dans l’anus, et cette délicate partie est traitée avec la même frénésie que l’autre : et c’est moi… moi, jadis folle de cette belle créature, c’est moi qui, maintenant, excite son assassin à la traiter avec autant de rage et de fureur. Trop funeste inconséquence des passions, voilà donc où vous nous portez ! Inconnue de moi, j’eusse peut-être éprouvé, pour cette créature, quelques sentimens d’indulgence ; mais il est inoui ce qu’on invente, ce qu’on dit, ce qu’on fait, quand c’est le dégoût qui flétrit les tendres roses de l’amour.

Elise, noyée dans son sang, respirait cependant encore ; Cordelli la considère avec délices dans cette voluptueuse angoisse : le crime aime à jouir de son ouvrage, tout ce qui l’assure, tout ce qui le contente, devient une jouissance pour lui. Il m’oblige à le branler sur elle ; il imbibe, avec volupté, son vit du sang que sa main fait couler, et l’achève enfin à coups de poignards.

Un des jeunes garçons remplace ma tribade. Cordelli fait ouvrir les fenêtres du côté de la mer : on attache l’enfant à une corde que tient une poulie, au moyen de laquelle on le laisse brusquement tomber à cinquante pieds de hauteur. Là, Cordelli lui crie de se préparer, en lui faisant voir qu’armé d’un couteau, il peut au plus petit mouvement de sa volonté l’engloutir à jamais dans les flots. L’enfant crie ; je branle Cordelli ; il baise la bouche de Raimonde ; il branle le vit de l’un de ses bourreaux pendant que l’autre le fout, en lui piquant les fesses. On relève la corde : l’enfant rentre, mais toujours attaché. Eh bien ! lui dit le négociant, as-tu eu bien peur ? — Ah ! je n’en puis plus, mon père ; grace, grace, je vous en conjure… Petit jeanfoutre, dit Cordelli en fureur, apprends que ce mot de père n’a plus de sens à mes oreilles ; je ne l’entends plus ; tourne tes fesses, il faut que je te foute avant que de te renvoyer aux poissons… Oui, mon cher fils, aux poissons… voilà ta destinée ; tu vois quelle est la force du sang dans mon cœur ! Le coquin encule : pendant qu’il fout, on allonge la corde ; la chûte sera de deux cents pieds cette fois. Dès que deux ou trois allées et venues paraissent l’avoir satisfait, les bourreaux saisissent l’enfant, et le précipitent violemment par la fenêtre, c’est-à-dire, à deux cents pieds de haut ; distance qu’il n’a pas plutôt parcourue, que la corde, en l’empêchant d’aller plus bas, disloque absolument les membres où elle est arrêtée. On le remonte. Le malheureux tout brisé, rendait le sang de partout. Encore une enculade, dit l’Italien… Et puis une cabriole, dit Durand. — Assurément ; mais la corde que je fais allonger ne le laissera plus cette fois qu’à vingt-cinq pieds de la surface des eaux. L’enfant refoutu se rejette, se remonte presque mort. Son père le fout pour la dernière fois ; et dès qu’il est à dix pieds de la surface de l’eau, allons, lui crie le féroce Italien, prépare-toi, tu vas mourir. Pour le coup la corde se coupe, et c’est dans la mer qu’est enfin plongé ce malheureux.

Cette passion, dis-je à Cordelli, est une des plus jolies que je connaisse. — T’échauffe-t-elle, Juliette, — oui d’honneur. — Eh bien ! donne-moi ton cul, je vais te foutre ; cela te calmera. Cordelli me lime un quart-d’heure en complotant de nouveaux écarts, et Raimonde est appellée. Son sort est écrit dans les yeux de l’Italien ; elle peut aisément l’y voir… Oh, ma chère maîtresse ! me dit-elle en m’embrassant, il est donc décidé que vous allez, me livrer à ce monstre ? moi qui vous aimais tant !… Des rires furent mes seules réponses : et les bourreaux ayant présenté cette chère fille, le traître fait précéder quelques caresses ; il palpe et baise toutes les parties charnues ; il langote, chatouille le clitoris, encule, reste dix minutes au fond du derrière, et Raimonde est jetée nue dans une cage de fer, remplie de crapauds, de serpens, de couleuvres, de vipères, de chiens enragés et de chats, qui jeûnaient depuis quatre jours. On ne se figure ni les cris, ni les contorsions, ni les haut-le-corps de cette malheureuse si-tôt que les animaux l’eurent atteinte ; il était impossible de voir des impressions de douleur d’un genre plus pathétique. Je n’y tins pas ; Durand me branlait bien en face de la cage où foutait Cordelli, sucé par une vieille : en un instant, toutes ces bêtes couvrirent Raimonde, au point qu’on ne la vit bientôt plus. S’attachant aux parties charnues, les fesses et les tetons furent dévorées en peu de minutes. Comme elle ouvrait la bouche en criant, une vipère s’insinua dans son gosier et l’étrangla, malheureusement trop tôt pour nos plaisirs. En ce dernier instant, l’autre bourreau foutait Cordelli, le coquin sodomisait une vieille en gamahuchant le cul de la seconde, et maniant mes fesses d’une main, celle de la petite fille qui restait, de l’autre, et Durand continuait de me branler. julT10p128

Oh ! double foutre-dieu, que j’exècre, s’écria-t-il, en se retirant fort vite du cul de la vieille, j’avais cru me mettre à l’abri de la décharge en sodomisant cette gueuse, et m’en voilà tout prêt. Non, non, elle ne partira pas, mon cher, dis-je, en courbant son vit la tête contre terre ; tu auras le tems de finir : pensons à autre chose un moment. Eh bien, dit le négociant, comment trouves-tu ce supplice, Juliette ? je l’ai conçu pour cette garce, du moment que j’ai eu vu son derrière : il me suffit d’examiner cette partie dans une femme pour dicter aussi-tôt son arrêt de mort. Si tu veux, Juliette, je vais écrire le tien sur tes fesses même ; et comme il les pinçait vigoureusement en disant cela, je me dégageai lestement, en lui présentant celui des petits garçons qui restait. Il le fixe avec des yeux terribles, c’est celui dont le scélérat a massacré la mère, et dont le cadavre embaumé existe encore sous ses regards. J’ai desiré, ce me semble, dit cet effrayant libertin, que l’on fit souffrir à ce petit gueux, le même supplice par lequel j’ai fait périr madame sa mère, il y a trois jours. Qu’en dis-tu, Juliette ; voilà quel est ce supplice. Il faut d’abord crever les yeux de la victime ; lui couper ensuite toutes les extrêmités ; lui casser après les quatre membres, et définitivement l’enculer pendant qu’on l’achève à coups de poignards ; et c’est-là, dis-je, ce que vous avez fait souffrir à sa mère. Oui. — Cela me paraît fort bon ; il ne s’agît plus que d’exécuter ; mais j’espère que vous n’oublierez pas et d’arracher les dents et de couper la langue. Ah, foutre-dieu ! tu as raison, Juliette, répond Cordelli, je l’avais oublié avec celle qui lui donna le jour ; mais je proteste bien de m’en souvenir avec le fils. Allons, opérez, dit-il à ses bourreaux ; et pendant ce tems, c’est mon cul qu’il perfore, en se faisant placer pour perspective celui de la jeune fille, dont les tourmens doivent suivre ceux-ci. La Durand lui montre le sien sur la droite, et il examine le spectacle à gauche ; les vieilles le fouettent.

On ne se peint point la légèreté avec laquelle les bourreaux travaillent, et l’on se forme encore moins d’idée de l’excès des douleurs et de la violence des cris de la victime. Quand Cordelli s’apperçoit qu’un seul agent suffit au supplice, il ordonne à l’autre, encore teint de sang de venir m’enconner, afin de lui rendre meilleure la jouissance de mon cul. Quelqu’accoutumée que je fusse aux monstrueux engins, celui-là, je l’avoue, ne s’introduisit en moi, qu’en m’occasionant d’horribles douleurs ; j’étais secouée, Dieu sait. Quoique cet homme fût affreux, les horreurs qu’il venait de commettre, la manière vigoureuse dont il me traitait, les blasphêmes qu’il prononçait, l’épisode sodomite dont me régalait son maître, tout m’entraîna bientôt, et j’inondai de foutre le vit de mon fouteur. Cordelli comblé d’entendre les cris de ma décharge, se mêler à ceux des tourmens de son fils, n’y tient pas ; son sperme s’écoule malgré lui, et je suis à la fois mouillée des deux côtés. Cependant le supplice n’était pas fini ; l’exécuteur demande s’il faut suspendre : non en vérité, répond l’Italien ; ces gens-là sont bien singuliers, ils s’imaginent toujours qu’on a besoin de bander pour tourmenter une créature ; mais moi, j’agis de sang froid, comme dans la passion : la nature a placé dans mon être le goût du sang, et je n’ai nullement besoin de m’exciter pour en répandre. On continua. Cependant, pour ne pas laisser languir la scène, je réchauffais son vit dans ma bouche, et la Durand l’excitait par des propos. Cordelli, lui dit-elle, la preuve que tu n’es pas assez féroce, c’est qu’il nous reste encore des horreurs à inventer, après toi. — Prouvez-moi cela. — Facilement. Je vais, si tu le veux, ordonner moi-même le supplice de la fille qui te reste, et tu verras, je me flatte, des choses plus fortes que celles qu’enfanta jusqu’ici ta débonnaire imagination. Voyons, dit le négociant. Il faut, dit ma compagne, qu’au moyen des instrumens que je vois-là, vous fassiez enlever délicatement la peau de cette jeune fille : ainsi écorchée vive, vous la fouetterez avec des épines, vous la frotterez ensuite avec du vinaigre ; et vous renouvellerez sept fois cette opération. Arrivé aux nerfs, vous les lui piquerez avec des pointes d’acier rougies, puis vous la plongerez dans un brasier ardent. Oh ? foutre, dit Cordelli, quel supplice ! Écoute Durand, je l’accepte ; mais je t’avertis que je te le fais subir à toi-même, s’il ne me fait pas décharger. J’y consens. — Travaillons. On fait avancer la donzelle ; c’était la plus jolie des deux. Cette malheureuse avait la plus belle taille possible, de superbes cheveux blonds, un air de vierge, et des yeux dont Vénus même eût été jalouse. Le cruel Italien veut encore baiser ce charmant petit cul ; il faut, dit-il, que je lui rende un dernier hommage, avant que ma barbarie en flétrisse les roses ; qu’il est beau ce cul, mes amies ! et Cordelli vivement ému des horreurs proposées, passe bientôt des éloges aux actions. La jeune fille est enculée, et après deux ou trois courses, le vilain veut jouir du plaisir cruel de voir le plus gros des vits de ses bourreaux, perforer ce joli petit cul. L’épreuve a lieu ; mais ne peut, comme vous croyez bien, réussir qu’aux dépends du déchirement total de l’anus : Cordelli, pendant ce tems-là, sodomisait l’exécuteur ; l’autre s’empare du con de la jeune personne, qui, traitée de cette cruelle manière, nous donne l’image d’une brebis entre deux lions. Le paillard ne s’en tenant point-là, passe du cul de l’un de ses bourreaux, dans celui de l’autre, et se trouvant enfin suffisamment échauffé, il ordonne le commencement du supplice en chargeant Durand de sa direction.

Il est impossible de se représenter les douleurs qu’éprouva cette malheureuse, quand l’italien la fouetta, avec des épines, sur la peau neuve qu’on venait de lui faire en l’écorchant ; mais ce fut bien autre chose, quand on enleva cette seconde, et qu’il fallut fouetter sur la troisième : les grincemens de dents de cette malheureuse, ses hauts-le-corps faisaient le plus grand plaisir à voir. Cordelli voyant que je me branlais à ce spectacle, vint me chatouiller lui-même ; mais occupé du supplice de sa victime, il chargea la Durand de ce soin ; et mon amie, toute aussi émue que moi, se fit rendre ce qu’elle me prêtait. L’opération fut longue, nous déchargeâmes trois ou quatre fois ; toutes les peaux de cette créature furent enlevées, sans que les organes de la vie fussent encore endommagés. Il n’en fut pas de même lorsqu’on lui attaqua les nerfs avec des pointes d’acier rougies au feu. Ses cris redoublèrent de force ; elle était fort lubrique à voir. Cordelli veut l’enculer en cet affreux état ; il en vient à bout, et continue à la percer avec ses fers rouges tout en la sodomisant. L’excès de la douleur absorbe à la fin dans elle, tout ce qui la retenait encore à la vie, et la malheureuse expire en recevant le foutre de son bourreau dans le cul. Un sérieux glacé, caractérise alors tous les traits de sa figure. Il s’habille, fait revêtir ses bourreaux, et passe avec eux et les vieilles dans une pièce voisine. Où va-t-il, dis-je à la Durand, avec laquelle cet arrangement me laissa seul ? — Je l’ignore ; s’il allait maintenant comploter contre nous ? — Nous le mériterions. Pourquoi diable viens-tu chez des gens que tu ne connais pas mieux ? — L’espoir de l’or m’a séduite, il me séduit encore. Je suis persuadée que c’est ici ou le coquin cache ses richesses ; si nous pouvions nous en défaire et le voler : j’ai sur moi de la poudre prompte, ce serait l’affaire d’un instant. — Ce procédé, ma chère, heurterait nos principes ; respectons éternellement le vice, et ne frappons que la vertu. En arrêtant la source des crimes de cet homme, nous sauverions la vie à des millions de créatures : le devons-nous ? — Tu as raison : et Cordelli reparut suivi de son escorte. D’où viens-tu, lui dit la Durand… de te livrer je le parie, à quelqu’infamie secrette que tu nous caches. Vous vous trompez, répondit l’Italien en ouvrant une porte qui communiquait, de la pièce où nous étions, dans celle où il avait pénétré par l’extérieur ; tenez, continua-t-il en nous faisant voir un oratoire orné de tous les attributs de la religion, voilà d’où je viens ; quand on a, comme moi, le malheur de se livrer à d’aussi terribles passions que celles qui m’entraînent, il faut bien appaiser au moins par quelques bonnes œuvres, la colère qu’elles doivent inspirer à Dieu. Tu as raison, dis-je, laisse-nous imiter ton exemple ; Durand, suis-moi, allons demander pardon à Dieu des crimes que cet homme nous a fait commettre ; et tirant la porte, nous nous enfermâmes dans l’oratoire. Oh ! pour le coup, dis-je promptement à mon amie que je n’avais emmenée là que pour lui parler à l’aise, pour le coup, mes idées changent, et cet imbécille fanatique ne mérite que la mort ; n’ayons nul regret au fil criminel que nous coupons en lui arrachant la vie. Avec une ame timorée comme celle de ce bougre-, on ne parcourt pas long-tems la carrière du vice ; ce seraient peut-être ici ses dernières expéditions : agissons donc sans scrupule. Rien de plus aisé, me dit Durand, que de nous défaire de tous ces gens-là, à l’exception d’une des vieilles qu’il faut conserver pour nous montrer le local ; va, sois certaine que c’est ici où ce négociant cache ses trésors, et que notre moisson sera bonne. — Mais ses gens qui viennent le reprendre ce soir ? — Nous les ferons boire, et nous nous en déferons de même : nous rentrâmes.

Nous voilà aussi saintes que toi, dîmes-nous, mais de grâce fais-nous rafraîchir, nous mourons de faim. Aussitôt, sur un ordre donne par Cordelli, les deux vieilles servent un assez bon repas, que partagent le maître et ses acolites. Au troisième verre de vin, Durand glisse adroitement la poudre, d’abord à Cordelli, et successivement aux deux autres ; il n’y eut pas moyen d’en donner aux vieilles, elles ne touchèrent à rien : en un instant, la poudre produisit tout l’effet que nous en attendions, et nos trois scélérats tombent à terre comme des sacs. Durand, alors, sauta sur la plus agile des vieilles, va, lui dit-elle, en lui enfonçant un couteau dans le cœur, va joindre tes indignes complices ; si ton maître n’eût été qu’un roué comme nous, il était pardonné, mais dès qu’il croit en Dieu, je veux qu’il aille au Diable : pour toi, dit la Durand à l’autre, si nous te laissons la vie, c’est sous la condition expresse de nous aider d’abord, à jeter les cadavres dans la mer, et de nous enseigner ensuite tous les détours, toutes les cachettes et toutes les chambres du château ; il doit y avoir ici des trésors, il nous les faut ; commence par nous dire s’il y a d’autres êtres ici que nous ? — Maintenant, non, mesdames, nous répondit la vieille en tremblant, il n’y a plus que moi de domestique dans la maison. — Que veux-tu dire par là : y aurait-il donc d’autres maîtres ? Je crois, nous dit la vieille, qu’il y a encore quelques victimes ; au reste, promettez-moi la vie, je vais vous mener par-tout. Nous nous débarrassâmes d’abord des cadavres ; et tout en agissant, ton maître, dîmes-nous, venait-il souvent à cette maison ? — Trois fois par semaine. — Et d’affreux massacres à chaque visite ? — Vous l’avez vu ; venez, poursuivit cette femme, quand notre première opération fut faite, je vais vous mener dans les cachots, vous y trouverez encore du gibier. C’était-là, qu’à plus de cent pieds sous terre, le scélérat enfermait et cachait ses victimes ; toutes étaient dans des prisons séparées, et sur douze de ces chambres, nous en trouvâmes neuf remplies ; cinq contenaient de très-jolies filles d’environ quinze à dix-huit ans ; quatre garçons de treize à seize ans occupaient le reste ; toutes ces victimes avaient été débauchées et enlevées dans différentes villes d’Italie ; deux de ces filles, l’une de seize ans, l’autre de dix-huit, étaient de Raguse en Albanie ; il était difficile de voir de plus belles créatures : au moment où nous les examinions, nous crûmes entendre quelque bruit au bas de l’escalier du château, nous volons nous éclaircir de la cause de cet événement ; c’était le retour de nos gens et de ceux de l’Italien. Nous commençâmes par faire venir ces derniers, au nombre de trois, et les ayant fait boire dans la salle où étaient encore les restes de notre repas, au moyen de notre poudre prompte, nous les avons bientôt mis au rang de leur maître. Redescendant alors pour parler aux nôtres : retournez à la ville, dîmes-nous, nous voulons passer encore vingt-quatre heures ici ; Cordelli garde ses gens, c’est tout ce qu’il nous faut, et la voiture repartit. Nous retournâmes examiner les victimes : Durand, dis-je, je prends ces deux Albanaises pour moi, elles me dédommageront d’Elise et Raimonde, et je réponds aux signes de mécontentement que j’apperçois déjà sur ta figure, je réponds, dis-je, que je les sacrifierai, dès que tu le voudras, avec la même facilité que j’ai fait les autres. — Il te faut donc toujours des femmes ? — Il m’est impossible de m’en passer, mais il ne me faut qu’un cœur, et c’est du tien seul que je veux faire à jamais mon unique trésor. — Flatteuse, il faut céder à tout ce que tu veux ! Lila, c’était celle de seize ans, et Rosalba furent donc aussitôt relâchées et mises néanmoins sous clef dans une des meilleures chambres du château ; il y avait déjà huit jours que ces pauvres filles étaient reléguées dans ces cachots mal-sains, mal nourries, couchées sur la paille, et l’on s’appercevait du mal-aise que leur faisait éprouver leur détention ; toutes deux s’effrayaient encore, mais quand je les eus baisées, caressées, leurs larmes coulèrent, et elles m’accablèrent d’amitiés ; elles étaient sœurs et filles d’un riche négociant de Raguse, avec lequel Cordelli se trouvait en correspondance ; il avait persuadé à leur père de les faire élever à Venise, et le scélérat semait le bruit de leur mort, afin de s’en emparer. Je vais imiter ton exemple, dit la Durand, prendre aussi l’une de ces jeunes filles. Oh ! J’y consens, chère amie, va, sois bien sûre que je ne serai jamais jalouse de ces choses-là. Monstre, dit Durand, plus délicate que toi, je ne veux pas que rien me distraie de ta chère idée. Cesse donc, mon amour, cesse donc, répondis-je, de prendre des plaisirs charnels, pour des distractions morales ; je t’ai déjà dit que mes systêmes différens des tiens étaient inébranlables ; que je saurais foutre et me branler avec toute la terre, sans être un instant distraite du tendre sentiment que je t’ai juré pour la vie. Nous fîmes placer les trois autres filles et les quatre garçons dans la salle des supplices, et après nous en être amusées la moitié du jour, nous rafinâmes les horreurs commises avec Cordelli, et fîmes périr ces sept créatures dans des tourmens mille fois plus cruels encore ; cela fait, nous dormîmes deux heures, et poursuivîmes nos recherches.

Je ne sais pas positivement le lieu où il garde son argent, nous dit la vieille, j’ignore même s’il en a ici ; mais s’il en existe, ce doit être dans une cave voisine de celle où l’on met le vin. Nous y descendîmes ; deux énormes portes d’airain formaient la clôture de ces caveaux, et nous n’avions pas d’outil pour les enfoncer. Plus nous trouvions de difficultés, plus augmentait, suivant l’usage, le desir que nous avions de les vaincre. À force de tourner, nous découvrîmes une petite fenêtre qui donnait dans ce caveau, et que deux seuls barreaux garantissaient. Notre premier mouvement fut de nous élancer pour voir à travers. Là, six grands coffres s’offrirent à notre vue : vous imaginez comme cet aspect redoubla notre zèle ; enfin, après des peines infinies, nous parvenons à déraciner ces barreaux. Je m’élance la première ; j’ouvre un de ces coffres avec une incroyable agitation ; mais, hélas ! combien notre joie est courte, en voyant que ces bahus immenses ne contiennent que des instrumens de supplices, ou des hardes de femmes. J’allais de rage abandonner l’opération, lorsque Durand me dit, cherchons bien, je ne puis m’ôter de la tête qu’il n’y ait autre chose là-dedans. Je fouille ; mes mains tombent sur un paquet de clefs, dont l’une porte pour étiquette : clef du trésor. Oh, ma chère Durand ! m’écriai-je, ne cherchons plus ici ; voilà la preuve que l’objet de nos vœux n’est pas dans ce caveau. Hélas ! nous avions d’abord trouvé des portes sans clefs, voilà maintenant des clefs sans portes. Dona Maria, sais-tu quelque-chose, dis nous-le, ta fortune est faite ? Vous me mettriez entre la mort et des millions, que je ne vous en dirais pas davantage, répondit la vieille. Cherchons, nous trouverons peut-être : allez, dit la Durand, me chercher une baguette de ce coudrier que j’ai vu dans la cour. Dès que mon amie l’a reçue, elle se livre à l’impression de cette baguette, d’abord immobile en ses mains. Elle monte : un secret mouvement l’avertit de tourner à gauche ; elle suit une longue gallerie, au bout de laquelle une nouvelle porte de fer se présente à nous. J’essaie à l’instant les clefs ; elles ouvrent ; la baguette tourne alors dans les mains de Durand avec une incroyable rapidité. Dix énormes caisses étaient dans cette chambre, et certes ce n’étaient ici ni des vêtemens de femmes, ni des instrumens de supplices, mais de belles et bonnes pièces d’or, dont il y avait pour plusieurs millions. Allons, dis-je, pleine de courage et de joie, il ne s’agit plus que d’emporter. Comment faire pour y réussir ! Se confier aux domestiques était dangereux ; on ne pouvait descendre ces caisses, il fallait les vuider. Dans cette fatale alternative, nous préférâmes d’emporter moins, et d’emporter plus sûrement : la vieille, les deux jeunes filles, la Durand et moi, nous nous chargeâmes à outrance, et nous ne cessâmes, huit jours de suite, de faire des voyages. Nous répandions, pendant ce temps-là, que Cordelli passerait le mois à la campagne ; qu’il nous avait chargé de lui aller journellement tenir compagnie, et sous main, nous frétions une felouque pour Venise. Le neuvième jour au matin nous en profitâmes, après avoir jeté la vieille dans un des puits du château la dernière fois que nous y fûmes, afin d’enterrer notre secret avec elle.

Le tems de notre traversée fut superbe, les soins de nos femmes excessifs, la chaire excellente : nous arrivâmes à Venise, point trop fatiguées d’une mer calme et tranquille, sur les côtes de laquelle nous n’avions jamais cessé d’être.

C’est, sans contredit, un spectacle aussi magnifique qu’imposant, que celui d’une ville immense flottante au milieu des eaux ; il semble, comme Grécourt le dit quelque part que la sodomie ait choisi là son saint asile, afin d’éteindre aussi-tôt, dans la mer, les bûchers dont le fanatisme voudrait la punir ; il est certain qu’elle gît là comme dans son temple, et qu’il est bien peu de villes en Italie où elle règne avec plus d’empire.

L’air qu’on respire à Venise, est mou, efféminé, il invite au plaisir, quoique souvent peu sain, sur-tout quand la marée est basse ; alors, les gens riches vont le plus qu’ils peuvent dans les campagnes riantes qu’ils possèdent en terre ferme ou dans les isles voisines de la ville. Malgré cette mauvaise qualité de l’air, on y voit cependant beaucoup de vieillards, et les femmes s’y flétrissent moins vîte qu’ailleurs.

Les Vénitiens sont communément grands et bien faits, leur physionomie est gaie, spirituelle, et cette nation bien connue mérite d’être aimée.

Dès les premiers jours de notre arrivée dans Venise, je m’occupai de placer les sommes que je venais de me procurer nouvellement ; et malgré les instances de la Durand pour que je gardasse tout, je voulus absolument partager ; nos lots nous formèrent à-peu-près un million cinq cents mille livres de rente chacune, ce qui, réuni à ce que j’avais déjà, me composait un revenu de six millions six cents mille livres à manger par an ; mais craignant de paraître suspectes à Venise avec une fortune aussi considérable, nous prîmes tous les moyens nécessaires à persuader que le luxe que nous affections n’était le résultat que du produit de nos charmes et de nos connaissances dans l’art de la magie, et dans l’effet des simples. Nous recevions en conséquence chez nous, toutes les personnes de l’un et l’autre sexe, qui desiraient des voluptés ou des instructions, La Durand avait fait exécuter, d’après cela, un laboratoire et un cabinet à machines à-peu-près dans le goût de celui qu’elle avait à Paris : on y voyait des trappes, des coulisses, des boudoirs, des cachots et tout ce qui peut en imposer aux yeux et à l’imagination ; nous prîmes de vieilles servantes, promptement dressées à toutes ces manœuvres, et nos deux jeunes filles eurent ordre de se prêter avec autant de complaisance que de soumission à tout ce qui devait servir et l’un et l’autre de nos projets. Vous vous souvenez qu’elles étaient vierges ; cette raison, jointe à tout ce que nous devions attendre de leur charmante figure et de leur jeunesse, devait à toute sorte de titres nous faire espérer que ces deux petites terres seraient d’un grand rapport, quand une fois elles seraient défrichées ; je devais d’ailleurs me joindre à elles et reprendre là, tous les premiers exercices de bordel, que vous m’avez vu pratiquer à Paris, lorsque je me jettai dans la carrière, ce qu’assurément je ne faisais ici que par libertinage, d’après le bien immense dont vous voyez que je jouissais.

Le premier individu qui se présenta chez nous, fut un vieux procurateur de Saint-Marc, qui, nous ayant bien examinées toutes les trois, me fit l’honneur de me présenter le mouchoir : peut-être, me dit-il délicatement, mon goût me porterait-il à choisir une de vos pucelles, mais mon impuissance prononcée ne me permettrait pas de jouir des voluptés qu’elle m’offrirait ; je serai, sans doute, plus à l’aise avec toi, et je vais t’expliquer de quoi il s’agit.

Tu auras, me dit le vilain, la bonté de m’avertir du jour où tes règles seront le plus abondantes ; couchée sur un lit, les cuisses très-écartées, je m’agenouillerai devant toi, je te gamahucherai le con, je m’enivrerai de ces menstrues que j’adore ; et quand je me serai bien mis en train, en les dévorant, je terminerai le sacrifice au temple même que je viendrai d’encenser, pendant qu’une de tes domestiques, il faut absolument que l’individu que je te demande soit de cet état, pendant, dis-je, qu’une de tes servantes aura la complaisance de m’étriller à tour de bras. Seigneur vénitien, répondis-je, votre sérénité a-t-elle envie de recommencer souvent cette scène libidineuse, ou n’est-ce que pour une fois ? Ce n’est que pour une fois, me répondit le procurateur ; quelque belle que vous soyez, mon ange, il m’est impossible de revoir une femme quand elle a satisfait avec moi cette passion. Eh bien ! excellence, lui dis-je ; avec le souper, car il est de règle dans notre maison, que jamais un cavalier comme vous, ne s’amuse sans nous faire l’honneur de souper ; avec le repas, dis-je, et la fouetteuse, cela vous coûtera cinq cents sequins. Vous êtes chère, mademoiselle, me dit le procurateur en se levant ; mais vous êtes jolie, et tant que vous serez jeune vous aurez raison de vous faire valoir…… Quel jour faut-il que je vienne ? — Demain : ce que vous aimez commence aujourd’hui, et demain l’orage. Je serai très-exact, me répondit le procurateur, et ayant, dès le lendemain, satisfait à sa dégoûtante passion, l’ayant fait étriller à tour de bras, avec un nerf de bœuf, je reçus son dégoûtant hommage, dont j’eus la fausseté de lui faire croire que je faisais le plus grand cas. Je palpai au delà des cinq cents sequins, un diamant qui valait bien au moins le double, et dont le vieux coquin me fit présent, pour me prouver à quel point il était satisfait de mes bonnes manières.

Un négociant fort riche, nommé Raimondi, parut ensuite : mon cœur, me dit-il, en examinant mes fesses, votre cul est-il intact ? — Assurément, monsieur. Ma fille, continua-t-il en écartant, vous me trompez, ce n’est pas un homme qui a une aussi grande habitude des culs, auquel il est possible d’en imposer. — Eh bien ! monsieur, je ne vous cacherai rien ; une ou deux fois, d’honneur, et pas davantage : et Raimondi, sans répondre, enfonça sa langue, au trou de mon cul ; il me fit relever : il était en feu. Écoutez, me dit-il, je vais vous expliquer ma passion ; rien de fait si elle ne vous convient pas : tout mon plaisir consiste à voir foutre, c’est cela seul qui me met en train ; je serais absolument nul si je ne m’enflammais au spectacle des jouissances d’autrui ; vous me fournirez six beaux hommes qui vous enconneront tour-à-tour sous mes yeux ; je m’amuse avec eux pendant qu’ils vous foutent, et sitôt qu’ils vous ont déchargé dans le con, j’avale avec grand soin, le foutre qu’ils vous ont lancé dans le vagin ; votre art doit consister à faire l’impossible pour me le rendre dans la bouche ; cette opération finie, vous m’offrez le derrière ; je vous sodomise pendant que vos six hommes m’enculent tour-à-tour ; dès que le sixième a déchargé, je sors de votre cul, je m’étends sur un lit ; vous vous posez à califourchon sur moi, et vous me chiez dans la bouche, pendant qu’un des hommes vous gamahuche le con, qu’un second vous enfonce la langue dans la bouche, que le troisième se branle devant moi, que le quatrième me suce le vit, et que j’en branle un de chaque main ; aussitôt que votre étron part, je le mange : cela fait, je me relève ; vous prenez mon vit dans votre bouche, vous me sucez exactement ; tous les hommes alors viennent l’un après l’autre chier dans la mienne ; j’avale leur merde, vous avalez mon foutre, et voilà le dénouement de la scène ; mais prenez garde, mon cœur… poursuivit le Vénitien, trois écueils terribles s’offrent à vous dans cet arrangement ; celui où, quelques efforts que vous fassiez, il vous devienne impossible de me lancer dans la bouche, le sperme que vous auriez reçu dans le con ; celui où vous n’avaleriez pas le mien ; et celui où vous ne pourriez pas chier : or, il est bon que vous sachiez que chacun de ces crimes est puni par cent coups de fouet, que je vous fais appliquer devant moi par un des six hommes, de manière qu’en manquant de me rendre les six inondations, et en refusant d’avaler mon foutre, et en ne chiant point ? c’est huit cents coups de fouet que vous avez mérités ; cent, si vous n’avez commis qu’une de ces fautes : ainsi du reste.

Monsieur, dis-je à Raimondi, votre passion n’est pas d’une exécution très-facile, il y a de grands dangers à courir : j’imagine donc, qu’en me chargeant de tous les accessoires, deux mille sequins ne sont pas trop. Ta beauté me décide, et je consens à tout, dit le négociant : nous prîmes jour, et le surlendemain je le satisfis.

La Durand m’appela quelques tems après, pour un noble, dont la manie n’était pas tout-à-fait aussi dangereuse : mon amie le branlait, il léchait, pendant ce tems-là, mes narrines, le tour et le dedans de mes oreilles, ma bouche, mes yeux, le clitoris, l’intérieur du con, le trou du cul, les entre-deux des doigts de pieds et les aisselles ; au bout d’une heure de cette cérémonie, il finissait par se faire sucer le vit, et me déchargeait dans la bouche. La Durand m’avait prévenue huit jours d’avance, afin que je ne lavasse aucune de ces parties, la crise de ce libertin devant être mieux ou plus mal provoquée, en raison du degré de saleté dans lesquelles il les trouverait.

Ils s’avertissaient tous, et nous ne manquions pas de pratiques. Il en vint un qui conduisait avec lui deux négresses ; il fallait que, nue entre ces deux femmes, j’eusse la complaisance de me laisser branler par elles ; le contraste du blanc au noir commençait d’abord par le mettre en train ; dès qu’il y fut, il se mit à fouetter les négresses jusqu’au sang, pendant que je le suçais ; il m’étrilla ensuite à mon tour : déchiré par les négresses qui l’houspillaient, tantôt avec des martinets à pointes de fer, tantôt avec des nerfs de bœuf, il finit par m’enculer pendant qu’une des femmes noires le sodomisait lui-même avec un godmiché, et qu’il molestait le cul de la seconde. Je volai à celui-là un diamant superbe, tout en lui suçant le vit, et j’exigeai encore de lui, mille sequins, pour une partie aussi extraordinaire.

Il en parut un plus singulier : il fallait le lier nud sur une échelle double, deux de nos servantes l’étrillaient à tour de bras, la Durand le suçait ; huchée sur le haut de l’échelle, je lui chiais sur le nez ; quand il banda, nous le fîmes mettre à genoux, nous lui fîmes son procès, nous l’interrogeâmes, nous le condamnâmes à être rompu. Tous les instrumens étaient là ; mais la barre était de carton : Durand le lia sur la croix ; je frappai, il déchargea sous les coups, nous donna cinq cents sequins, et s’enfuit, tout honteux, de nous avoir mis dans la confidence d’une aussi bisarre fantaisie.

Enfin, nos pucelles furent en scène ? nous vendîmes dix-huit fois le pucelage du con de Rosalba, trente fois celui de son cul ; vingt-deux fois celui du con de Lila, trente-six fois l’autre ; et après avoir retirés plus de six cents mille francs de ces quadruples prémices, nous les livrâmes aux bras séculiers.

L’ambassadeur de France m’écrivit un jour de me rendre chez lui avec une des plus jolies filles qu’il me serait possible de trouver. Je lui conduis une enfant de seize ans, plus belle que l’amour, et qui, enlevée au sein de sa famille, qu’elle ne devait plus revoir, m’avait coûté excessivement cher. Monseigneur nous fait déshabiller toutes les deux dans un petit cabinet, situé au plus haut degré de sa maison : une espèce de trou profond, et que l’on eût pris pour un puits, se trouvait au milieu de cette pièce. L’ambassadeur nous courbe toutes deux sur le bord, comme pour nous en faire voir la profondeur, et s’amuse à observer nos fesses, bien à sa portée par cette posture. Si je vous précipitais toutes les deux là dedans, dit le paillard, qu’en arriverait-il ? — Bien peu, d’inconvéniens, si nous tombions sur de bons matelats. C’est dans les enfers que vous tomberez, gueuses ; ce que vous voyez est la bouche du Tartare, et en même tems, pour nous effrayer, des flammes sortent de cet antre obscur et nous repoussent. — Ainsi, ce sera donc là notre tombeau ? — Je le crains, et vois votre sentence écrite sur vos culs. Il nous les baisait, nous les pinçait en disant cela ; et celui de la jeune personne que je lui avais amenée, était sur-tout le plus molesté. Il le mordait et le piquait avec une aiguille : cependant rien ne paraissait encore, et quoique par ses ordres je le secouasse de toutes mes forces, il n’y avait pas même encore la plus légère apparence d’érection…

Oh ! foutre, dit ce libertin en empoignant ma compagne, et l’enlevant de terre, oh ! sacre-dieu, quel plaisir de précipiter cela dans les flammes. L’effet suit de près la menace, et sitôt que par mes soins, le vit du paillard bande, d’un élan vigoureux la jeune fille est à l’instant élancée dans le trou…… branle… branle… branle donc, foutue garce, s’écrie-t-il, en voyant sortir les flammes que détermine la chûte, du corps qu’on vient de lancer ; puis s’armant d’un poignard, à l’instant où sa décharge est prête à partir, il se précipite lui-même dans le trou, pour y poignarder sa victime, dont les cris m’annoncent la mort. Je ne le revis plus ; une vielle femme me paya, me recommanda le silence, et nous n’avons jamais entendu parler de ce seigneur.

Les femmes parurent bientôt ; je m’étonnais, avec Durand, de n’avoir encore entendu parler d’aucune, lorsque signora Zanetti, l’une des femmes les plus riches et les plus débordées de Venise, me fit inviter de l’aller voir. Cette créature, âgée de trente-cinq ans, me donna sur-le-champ l’idée de ces belles Romaines, dont les sculpteurs nous ont conservé les traits :

Quelle céleste figure ! c’était celle de Vénus elle-même, c’était sa taille, c’était la réunion complette de toutes ses grâces. Je vous rencontrai l’autre jour à l’église de la Saluté, me dit cette charmante femme : vous y alliez sans doute comme moi, pour y découvrir quelques objets de lubricité ; car je vous crois trop d’esprit pour qu’un autre objet, que celui-là, vous conduise en de pareils lieux ; c’est l’usage ici, les églises nous servent de bordels… Savez-vous que vous êtes très-jolie, mon ange ? Aimez-vous les femmes ? — Peut-on ne pas aimer ce qui vous ressemble ! — Ah ! voilà de la galanterie française. Dix ans de séjour que j’ai fait à Paris, m’ont appris ce jargon. Je vous prie de me dire franchement si vous aimez les femmes, et si vous aurez du plaisir à vous branler avec moi ? — Ah ! je vous le jure ; et pour que mes actions prouvent mes paroles, je m’élance au cou de la belle Vénitienne, et lui suce la bouche un quart-d’heure. Tu es charmante, mon ange, me dit-elle, en me prenant la gorge, et je vais passer de délicieux instans avec toi.

Nous soupâmes, et les voluptés les plus piquantes, couronnèrent cette libidineuse soirée. Zanetti, la plus libertine des femmes, possédait, mieux que qui que ce fût au monde, l’art de leur donner du plaisir ; je n’avais de mes jours été si bien branlée. Quand nous eûmes déchargé cinq ou six fois chacune, que nous nous fûmes léchées, sucées, foutues avec des godmichés, que nous eûmes épuisées enfin toutes les ressources les plus raffinées du saphotisme, foutons maintenant, me dit ma tribade ; elle sonne : ai-je des hommes-là, demanda-t-elle à sa femme-de-chambre, jeune fille de dix-huit ans, belle comme le jour. Oui, madame, lui répondit celle-ci, il y en a dix là qui attendent vos ordres ; n’imaginant pas que madame eût besoin d’eux ce soir, ils allaient se retirer désolés, car ils sont bien en train. Est-ce que tu les a maniés, bougresse, dit la belle Vénitienne ? — Oui, madame, j’en ai touché quelques-uns, mais je ne les ai pas fait décharger ; madame peut s’en convaincre. Allons, amène-les moi, coquine, je veux en régaler ma nouvelle amie. Rosetti arrive aussitôt avec les dix jeunes gens, qui me parurent d’une taille et d’une figure enchanteresse ; en un clin-d’œil, la soubrette et la maîtresse, mettent ces armes en état ; et je me vois à l’instant menacée de dix vits, dont mes mains eussent à peine empoigné le plus mince. Eh bien ! me dit Zanetti, toute nue… échevelée comme une bacchante, c’est pour toi cette fête, où veux-tu que posent ces vits ?… Oh ! foutre, m’écriai-je, étourdie de ce spectacle, mets-les par-tout… par-tout… Non, me dit-elle, il faut desirer le plaisir, contente-toi de te les faire mettre dans le con cette première tournée, cela t’échauffera, tu désireras le reste ; et laisse-nous faire. En même tems, Rosetti se déshabille, toutes deux soutiennent, à coup de poignet, l’état brillant de nos athlètes ; et ma belle amie me les introduit, l’un après l’autre, dans le con. Dès qu’ils y sont, la garce se couche sur moi, à la renverse, met son con sur ma bouche, et vient me sucer le clitoris, pendant que deux jeunes gens l’enculent, et que la soubrette enfonce le vit d’un troisième, dans le cul de celui qui me fout.

On n’a pas d’idée des plaisirs que cette première séance me fit goûter. Quand tous les dix m’eurent ainsi passé sur le corps, je présente les fesses, on m’encule : j’avais le con sucé par Zanetti agenouillée contre un lit, et qui branlait un vit de chaque main. On sodomisait mon fouteur, et je suçais le con de Rosetti, qui branlait deux vits sur sa motte, de manière à ce que je pusse, alternativement, ou sucer son con ou pomper les vits qu’elle masturbait. Quand tous les engins m’eurent ainsi passé dans le cul, nous ne formâmes plus qu’un seul grouppe. Je me couche à plat dos sur un homme qui m’encule ; un autre m’enconne ; de ma main droite je facilite l’introduction du vit d’un homme dans le cul de Zanetti, qui, couchée sur un autre, recevait un vit dans son con : de ma gauche, j’en faisais autant à Rosetti, également foutue par devant et par derrière. Un homme enculait celui dont j’étais sodomisée, et nous en avions chacune un dans la bouche. Il y a encore de la place pour deux, dit Zanetti ; tu vois que ceux qui sodomisent et ma femme-de-chambre et moi, pouraient, sans surcharger le tableau, avoir chacun un vit dans le derrière. On peut donc faire un grouppe de quinze, et si ces grouppes imitent le nôtre, tu vois qu’ils seront délicieux ; mais annéantie, ivre de volupté, je ne répondis qu’à coup de cul ; et le délire nous saisissant tous à-la-fois, ce fut au milieu d’un torrent de foutre que nous éteignîmes… — ou plutôt que nous endormîmes un instant notre dévorante lubricité.

Toutes les mêmes postures s’exécutèrent sur Zanetti, et ne jouant plus que le second rôle, j’eus le plaisir alors de m’embrâser aux indiscibles lubricités de cette coquine ; ni Sapho, ni Messaline, n’y faisaient œuvre ; c’était un déraisonnement… un décousement d’idées… un dévergondage… une série de blasphêmes si énergiques, des soupirs si brûlans… des cris si prodigieux à l’instant de la crise. Oh non ! je le répète, jamais Vénus n’eut une plus fidèle prosélite… jamais délire ne fut semblable… jamais putain plus débordée.

La coquine ne s’en tint pas là ; il fallut boire, après avoir foutu ; nous nous achevâmes : la soubrette se mit à table avec nous, mais les hommes furent congédiés ; et quand nous fûmes toutes trois hors de raison, nous nous remîmes à nous branler comme des garces, jusqu’à ce que l’astre des cieux venant éclairer nos saturnales, nous contraignît enfin à les suspendre, pour retrouver dans un peu plus de repos, les forces nécessaires à recommencer.

Quelques jours après, cette charmante femme vint me voir, je lui avais, disait-elle, absolument tourné la tête, elle ne pouvait plus se passer de moi. À présent que nous nous connaissons mieux, chère amie, me dit-elle, il faut que je t’avoue tous mes penchans ; je suis pleine de vices, et comme on dit que tu as beaucoup de philosophie dans l’esprit, je viens te supplier de tranquilliser ma conscience. Et quels sont, cher amour, m’empressai-je de dire, les vices que tu chéris le plus ? quels sont ceux où tu te livres avec plus de plaisir ? — Le vol. Rien ne m’amuse, comme de dérober le bien des autres ; et quoique j’aie plus de cent mille livres de rente, il n’est pas un seul jour dans ma vie, où je ne vole par goût. Console-toi, cher amour, dis-je, en tendant la main à mon amie, et vois dans celle que tu aimes, une des plus grandes zélatrices de cette passion ; assurément, je puis m’en passer comme toi ; et comme toi j’aime à m’y livrer… Que dis-je ! j’en fais, à ton exemple, un des plus doux amusemens de ma vie. Le vol est d’institution naturelle, ma chère ; non seulement ce n’est point un mal, mais il est constant que c’est même un bien.

Au reste, je vois avec plaisir, ma chère amie, poursuivis-je, en embrassant ma nouvelle amie, que tes principes ne sont pas très-scrupuleux en morale. On ne saurait être plus ferme que moi sur tous ces objets, me répondit l’aimable Vénitienne : entraînée par ma tête, à mille infamies, il n’est rien que je ne me permette, toutes les fois que mes passions parlent… Quoi ! dis-je, jusqu’au meurtre. — Jusqu’au parricide, jusqu’au crime le plus effrayant, s’il en existait chez les hommes. Ah sacre-dieu, dis-je à mon amie !… baise mille et mille fois celle qui te ressemble aussi-bien, et juge-moi digne de toi. Eh bien ! me dit Zanetti, puisque tu t’ouvres de cette manière, je vais de même te parler avec confiance ; écoute, ne t’effraie pas, et jure-moi de ne rien révéler de tout ce que je vais te dire ; je fis le serment qu’exigeait mon amie, et voici ce que j’appris d’elle.

Tu sais que je suis veuve, Juliette, et par conséquent maîtresse absolue de mes actions. Ne me demande point comment j’ai eu cette liberté… et devine, sans me faire rougir de l’aveu, qu’elle est le fruit du crime. — Est-ce ta main qui l’a commis ? — Non. Je fis assassiner ce triste ennemi de mes plaisirs : à Venise avec quelques sequins, on brise aisément tous ses nœuds. — Il valait mieux le faire toi-même ; un trait de ressemblance de plus, en ce cas, nous eût réuni. — Oh Dieux ! je t’adore, chère ame ; comme il est bien fait de se défaire de ces coquins-là, quand ils veulent nous gêner ; et quel droit ont-ils donc à notre liberté, pour oser la contraindre ainsi : qu’on nous accorde le divorce, et l’uxoricide sera moins connu. Quoiqu’il en soit, il faut que tu saches, ma chère, qu’il existe à Venise une célèbre association de scélérats, dont l’unique métier est de voler, de filouter, d’escroquer et d’assassiner au besoin, tous ceux qui leur résistent. Les fils de cette association s’étendent à plus de trente ou quarante milles d’ici, et tous correspondent chez le nommé Moberti, directeur en chef de cette troupe. Or, ce Moberti, ma chère, est mon amant ; je suis folle de lui : il est impossible d’avoir pour aucun homme les sentimens que j’ai pour celui-là ; et cependant, ma chère, en le voyant, tu t’étonneras sans doute de ma passion pour lui ; mais lorsque tu le connaîtras, tu cesseras de te surprendre, et tu concevras alors qu’il est possible d’aimer un homme pour ses goûts, ses passions, le genre de son esprit, plus que pour les agrémens physiques de sa personne. Moberti a cinquante-quatre ans ; il est roux comme Judas ; ses yeux sont chassieux et petits ; sa bouche large et mal garnie ; son nez et ses lèvres à la manière des nègres ; il est petit, mal fait, mais doué, malgré cela, d’un instrument si prodigieux, que, malgré l’extrême habitude que j’ai d’être enculée, il m’écorche chaque fois qu’il me sodomise… seule et unique façon dont il jouisse de moi. Voilà, ma chère amie, le physique singulier de l’homme dont je rafole, quoique je lui fasse cent infidélités par jour ; mais il me les permet ; il sait que je ne puis m’en passer ; et si je lui en tolère, de mon côté, en lui fournissant le gibier qu’il aime, il me permet, du sien, de foutre, si je veux, avec toute la terre. Aucune jalousie de part ni d’autre : c’est presque ce qu’on pourrait appeller une union morale. Moberti a l’esprit qui me plaît, c’est un désordre d’imagination… si piquant, un libertinage si atroce, une férocité si sauvage, un abandon de principes si prodigieux, un athéisme si profond, une corruption si complète, que tout cela me tourne la tête, et me fait idolâtrer cet homme à un point qui surpasse tout ce que les poëtes et les historiens ont pu, jusqu’à ce moment-ci, vous peindre de l’amour. Moberti a, comme tu l’imagines bien, plusieurs agentes dans Venise, qu’il place chez des gens très-riches, et qui, ne fréquentant que des personnes de cette caste, sont à même de lui fournir des renseignemens. Je suis la première de ses agentes ; toutes les autres correspondent avec moi, et c’est par mon moyen que s’indiquent les principaux vols. Il n’y a que trois ans que nous nous connaissons ; je ne le sers que depuis cette époque ; mais je puis bien assurer que, dans ce court espace, je lui ai valu plus de dix millions, que je lui ai fait assassiner au moins quatre cents personnes ; et voilà ce qui me tourne la tête. Je décharge trois jours et trois nuits de suite, ma chère amie, lorsque j’ai commis ou fait commettre des crimes de cette espèce : lui-même aime le meurtre au point, qu’à l’exemple de ce fameux voleur de Sibérie, il abandonne, dans ses expéditions, les dépouilles à ses camarades, pour le seul plaisir d’égorger les victimes de sa propre main. C’est, je te le répète, le coquin le plus barbare et le plus cruel qu’il soit possible de trouver au monde ; et ses vices s’arrangent si bien avec ceux de mon caractère, que voilà pourquoi je l’adore. Par une fatalité singulière, et qui prouve que le crime est toujours bien plus heureux que la vertu, pourvu qu’il soit constant, hardi, il y a vingt-cinq ans que mon amant mène la même vie, il n’a pas même encore été soupçonné. Quelques capitaines de sa troupe ont été roués, pendus, brûlés, mais jamais ils ne l’ont compromis. Cet homme, rare par son énergie, par sa perversité, par son courage, espère mener encore douze ou quinze ans le même train, et se retirer ensuite avec moi en Dalmatie, où il a acheté dernièrement des possessions superbes. C’est ainsi que nous comptons couronner la vie la plus scélérate dont aient encore été souillées les annales humaines. Voilà, ma chère, ce que j’avais à te dire ; vois si tu veux être des nôtres : dans le cas de l’acceptation, je te donne à dîner sous peu avec mon amant ; tu le verras jouir de moi, de toi-même, si tu le desires, et nous prendrons tous les trois ensuite les arrangemens nécessaires à une liaison intime. Assurément, dis-je à mon amie, tu ne pouvais rien me proposer de plus agréable. J’accepte tout, à deux conditions : la première, que si ton amant s’amuse avec moi, il me payera chef, et que ce ne sera de même qu’aux conditions d’un partage très-considérable dans ses vols, que je le servirai ; la seconde, c’est que nous partagerons dorénavant toutes les dépenses de nos réunions libertines : c’est ton amie que je veux être, ce n’est plus ta putain. Un souper délicieux termina cette conversation, et nous nous séparâmes en nous promettant de nous revoir bientôt.

Ne sachant pas comment tout cela tournerait, je crus devoir, jusqu’à de plus amples éclaircissemens, faire un mystère du tout à ma compagne. Nous vivions d’ailleurs dans une liberté assez grande, pour que chacun put faire tout ce qu’il lui plaîsait de son côté.

La signora Zanetti me prévint, quelques jours après, qu’elle avait parlé à son ami ; que celui-ci desirait infiniment de faire connaissance avec moi, et qu’elle m’invitait en conséquence de venir le lendemain dîner chez lui, dans une charmante campagne qu’il possédait dans l’île de Saint-George, à très-peu de distance de la ville.

On ne m’avait point trompé sur le physique de cet homme étonnant ; il était impossible d’être plus laid, et difficile en même tems d’avoir une physionomie plus spirituelle. Voilà, dit Zanetti en l’embrassant, la jolie fille dont je t’ai parlé ; j’espère que, sous tous les rapports, tu auras lieu d’en être content. Le brigand me prit alors par la main, et me conduisit, sans dire un mot, dans un cabinet, où je fus très-étonnée de trouver deux jeunes garçons de quinze ans, beaux comme l’Amour. Que ce gibier ne vous scandalise pas, me dit le paillard ; je suis bougre ; je vous foutrai pourtant, mais en cul ; votre amie a dû vous instruire : faite-moi voir vos fesses, et dissimulez le con, je vous supplie, au point qu’il ne me soit pas même possible de me douter que vous en ayez un.

Le début me parut cavalier : je ne sais néanmoins ce que ce personnage avait d’attrayant ; mais je sentis, dès le premier abord, qu’il était tout simple d’aimer un tel homme. Moberti fut long à l’examen de mon derrière, aucun détail ne lui échappa ; puis m’appliquant deux fortes claques sur chaque fesse, voilà qui est bon, me dit-il, je vois ce que c’est que votre cul, vous pouvez vous déshabiller. — Et votre amie, monsieur ? — Elle viendra ; elle sait bien que nous ne nous mettrons pas à l’ouvrage sans elle ; et pendant que je me déshabillais, Moberti caressait les petits garçons.

La belle Vénitienne parût. As-tu pourvu à tout, lui dit son amant ? Serons-nous bien seuls ? Les portes sont-elles bien fer|es sont-elles bien fermées ? Le dîner sera-t-il bon ? — Repose-toi sur moi, mon ami, tu connais mes soins. Allons, foutons donc en paix, reprit Moberti, et livrons-nous en sûreté aux plus bisarres caprices de l’imagination. — Oui, mon ami, oui, tu le peux ; il n’y a plus que Dieu qui te voie… Oh ! je me fouts de ce témoin-là, dit ce roué, mon plus grand chagrin est qu’il n’existe réellement pas de Dieu, et de me voir privé par là du plaisir de l’insulter plus positivement… Mais, peut-on parler devant cette jeune personne, est-elle des nôtres ? — Oui, tu sais ce que je t’ai dit sur elle, elle n’attend que son poste pour être en activité, et j’ose croire que tu en seras content. — Je le suis déjà de son cul… autant qu’on peut l’être du cul d’une femme… Allons, ma chère, mets donc tout ceci en train ; et Zanetti, déboutonnant aussi-tôt la culotte des deux jeunes garçons, montra leurs fesses au libertin qui, couché sur un vaste sopha se branlait en les regardant. Presse-toi, me dit mon amie tout bas, je suis sûre qu’il brûle du desir de voir tes fesses à côté de celles de ces garçons : je m’y place aussi-tôt, la motte bien plastronnée, et Moberti, sans préférence, nous examine un moment tous les trois, il baise cependant le mien avec ardeur, le gamahuche profondément ; alors il ordonne à l’un de ses gitons de se placer entre mes jambes et de m’arracher des poils, de manière à produire en moi des soubre-sauts, pendant lesquels il continue d’enfoncer toujours sa langue dans le trou de mon cul, et sa maîtresse le branle pendant qu’elle-même est branlée par l’autre giton. Écoutez-moi bien, dit alors le brigand, et sur-tout, exécutez ce que je vais vous prescrire, du mieux qu’il vous sera possible : il faut faire partir un pet dans ma bouche au même instant ou l’on vous arrache un poil ; et au sixième, en même-tems que le pet, il faudra pisser sur le nez du jeune homme qui vous épile, en l’accablant d’invectives. Je suis assez heureuse pour satisfaire ce singulier libertin, avec toute la ponctualité qu’il desire ; et quand j’en suis à l’inondation et qu’il m’entend l’accompagner d’invectives adressées à l’objet de sa luxure, pour venger son bardache, il s’empare d’une poignée de verges et m’étrille un quart-d’heure entier. Que fais-tu donc, que fais-tu donc, s’écrie Zanetti, par une suite de procédés annexés à cette scène, et quel tort cette créature a-t-elle envers toi ? — Elle a petté, la garce ; elle a souillé de son indigne urine le délicieux visage de mon ganimède ; il ne devrait pas exister de punitions assez fortes pour l’un et l’autre de ces outrages. Eh bien ! dit Zanetti, parfaitement au fait de tout ce qui plaisait à son ami, je vais te fouetter, polisson, jusqu’à ce que tu aies cessé de traiter ainsi mon amie : on le fustige de cette manière un bon quart-d’heure, au bout duquel l’Italien nous fit voir un membre d’un pied de long sur huit pouces de circonférence. En as-tu vu de cette taille, me dit-il en me le montrant ? — Oh ciel, m’écriai-je, je suis une fille perdue si jamais tu me perfores avec une telle machine ! C’est cependant ce qui va t’arriver, dit-il, en ordonnant ensuite à sa maîtresse de se déshabiller aussi, tu ne seras pas plus difficile que ces enfans, ils ont leur pucelages, tu ne l’as pas. — Mais tu les tueras et je ne veux pas l’être. À ces mots, Zanetti, nue, vient lui présenter les fesses à baiser ; et pendant qu’un des jeunes gens lui tire un poil du con, elle lâche à brûle-pourpoint le plus énorme pet au nez de son amant, qui sacre, tempête, se jette sur elle et l’encule ; il arrange si bien pendant cette opération les petits garçons et moi au-dessus des reins de sa déesse, que nos trois culs se trouvent grouppés sur son visage, et qu’il peut baiser indistinctement l’un et l’autre. J’étais émerveillée, je l’avoue, de la manière leste dont Zanetti, sans sourciller, soutenait dans son cul l’introduction de ce membre énorme ; la garce n’avait pas bougé ; l’Italien sacrait, allait venait et faisait sentir ses dents sur nos fesses ; il se retire, le grouppe se défait, et il nous considère avec des yeux où se peint la plus cruelle luxure ; il se couche sur le canapé, le visage dans les fesses de son amante dont il tette l’anus, et nous ordonne dans cette posture de venir le branler quelques instans, chacun à notre tour, en observant de baiser son vit, de lécher ses couilles et de lui enfoncer trois doigts dans le cul. Son membre s’anime si prodigieusement à ce jeu, que je crois qu’il va perdre son foutre ; mais parfaitement maître de lui il se contient, se relève, demande des verges et nous fouette tous les quatre à tour de bras ; nous en recevons au moins deux cents coups chacun. Cette opération faite, il me saisit en me lançant des yeux qui me font peur. Bougresse, me dit-il, il faut que je te tue. Quelqu’accoutumée que je fusse à toutes ces scènes, j’avoue que la frayeur me saisit, d’autant plus, que Zanetti que je fixais, ne me tranquillisait nullement par ses yeux : oui, triple infâme Dieu, reprend l’Italien en fureur, oui, garce, il faut que je te tue ; et tout en disant cela, il me serrait le col de manière à m’étouffer ; il saisit ensuite un poignard, me le tient suspendu sur le sein, pendant que son amie le branle, mais sans jetter un seul regard sur moi, sans me rassurer du moindre geste : après m’avoir tenue quelques minutes dans cette affreuse perplexité, il me courbe sur le sopha, présente son vit à l’entrée de mon cul et me l’enfonce sans nulle préparation, d’une telle vigueur dans l’anus, qu’une sueur froide couvre mon visage, et que je suis prête à m’évanouir. Cependant mon amie me tenait et s’opposait fortement à tous les mouvemens que j’eusse pu faire, de façon que je fus labourée, vexée, pourfendue de ce vit monstrueux, sans pouvoir opposer la moindre résistance ; il maniait, pendant ce tems-là, de chaque main, le cul d’un des petits garçons, et baisait Zanetti sur la bouche : au bout d’un instant, il me fit mettre à terre, les mains que j’appuyais sur le sopha, et courber étonnamment la tête en relevant les reins le plus qu’il m’était possible ; un des petits garçons passant mon col entre ses jambes, vint se tenir droit devant lui, et il le langottait pendant ce tems-là ; tous deux se remplacèrent mutuellement dans ce poste, et Zanetti, dans une attitude différente, vint placer le trou de son cul au même endroit où le paillard ne trouvait l’instant d’avant que des bouches ; il ne décharge point, et se retirant avec violence et sans aucune précaution, il m’occasionne presqu’autant de mal, par cette retraite précipitée, qu’il m’en a fait en s’établissant dans la place. Son cul est bon, dit-il en se retirant, il est étroit, il est chaud ; mais elle remue pendant qu’on l’encule, et tu sais, Zanetti, que je veux qu’on soit immobile, et que sans cette clause, il me devient impossible de décharger. Alors, sa maîtresse prend des verges, et le fouette ; j’étais à terre, étendue sur le ventre, les deux petits garçons le branlaient sur mes fesses ; au bout d’un instant, il me fit coucher à plat-ventre, et de travers sur un canapé ; il fait mettre les deux gitons sur mon corps, tous deux auprès l’un de l’autre, et se présente au cul du premier qui se trouve placé près du mien : mais les plus fortes résistances s’opposent à ce projet. Attachons-les, sacre-dieu, s’écrie-t-il ; et Zanetti, me priant de l’aider, nous lions et garottons ce jeune garçon, en forme de boule, de façon que sa tête passée entre ses jambes écartées, présente la jouissance de la bouche tout au près de celle du cul. Pour mieux fixer la position, Zanetti s’accroupit sur l’enfant, Moberti se représente ; rien ne pouvant plus le déranger maintenant, son vit énorme disparaît en trois tours de reins dans l’anus du chétif écolier : je lui branle le cul pendant ce tems-là, et il manie l’autre jeune homme.

Rien d’horrible comme les propos de ce scélérat pendant cette jouissance ; il ne parlait que de crimes, que d’abominations, que de meurtres, que d’incendies, que de massacres ; il ne déchargea pourtant point encore : le second bardache, par ses ordres, est aussitôt mis dans la même posture ; il en jouit de même ; mais cette fois-ci, il avait fait placer celui qu’il venait de foutre, la tête en bas, les pieds en haut, et le corps ainsi étendu le long de celui de sa maîtresse, qui s’accroupissait sur celui du giton enculé. Il avait donc sous ses baisers, un cul, un con et une bouche : je le fouettais ; les propos redoublèrent d’horreurs, et je vis en un clin-d’œil, des ruisseaux de sang dans la chambre ; le cruel, en perdant son foutre, avait frappé de vingt coups de stilet, et le garçon qu’il sodomisait, et celui qui lui servait de perspective. Scélérat, lui dis-je en redoublant mes coups sur ses fesses, on ne porta jamais la trahison plus loin, et tu peux te flatter d’être un monstre. L’explosion de la décharge de ce libertin, m’avait donné l’idée d’un volcan ; ce n’était plus un homme, mais un tigre, un enragé. Le calme rétabli, les deux cadavres furent jetés dans un trou à dessein préparé au fond d’un petit jardin attenant le cabinet où cette scène venait de se passer, et l’on se r’habilla ; Moberti s’endormit avant le dîner. Oh, quel homme ! dis-je à sa maîtresse. Tu ne vois rien encore, me répondit Zanetti ; il a été très-doux cette fois, il ne le sera pas toujours ainsi. Deux nouvelles victimes l’attendent au sortir de table, et comme ce sont des jeunes filles je te réponds qu’il les fera souffrir dix fois plus. — Notre sexe l’émeut donc davantage ? — Sans doute ; c’est l’histoire de tous les gens cruels en volupté ; la faiblesse, la délicatesse d’une femme les irritent bien plus, leur férocité a bien plus d’action sur la débilité que sur la force, moins on peut se défendre plus ils attaquent avec violence, et comme il entre ainsi plus de scélératesse dans le crime, ils ont aussi plus de plaisir. T’a-t-il bien fait mal ? — Ah ! je suis toute écorchée ; j’ai soutenu des vits monstrueux, jamais aucun qui m’aie fait autant de mal.

Cependant, Moberti ne tarda pas à se réveiller ; à peine le fut-il qu’il demanda à dîner : on servit. Nous étions dans une salle fraîche et solitaire ; tout ce qui était utile au service, se trouvait placé près de nous, sans que nous eussions besoin de domestique. Ce fut là que le brigand m’expliqua les services auxquels il me destinait ; il s’agissait de protéger ses vols, de lui découvrir des victimes, de quitter la Durand, pour prendre une maison seule, où j’attirerais les dupes qu’il comptait voler et tuer. Je prévis dans l’instant qu’il y aurait infiniment plus de danger que de profit, à l’acceptation d’un tel projet ; et beaucoup trop au-dessus d’un gain si médiocre, je refusai intérieurement les propositions de cet homme ; mais je me gardai bien de lui découvrir ma pensée, et pour que rien ne troublât son illusion, j’applaudis infiniment ses projets, et lui promis bien de le servir. Nous achevâmes ainsi le plus magnifique repas que j’eusse fait depuis long-tems : au sortir de table, il : ne fit passer dans un cabinet secret avec lui.

Juliette, me dit-il, tu as vu mes goûts d’assez près, pour concevoir que c’est dans le meurtre que je place mes plus voluptueuses jouissances… Puis-je être sûr de l’ardeur que tu mettras à multiplier mes victimes ; n’ai-je rien à appréhender de tes remords. Il faut me mettre à l’épreuve, mon cher, répondis-je ; la manière dont je me conduirai, vous fera voir si c’est par goût, ou par complaisance, que j’entre dans vos vues ; et l’idée la plus perfide s’offrit ici à mon imagination scélérate. Je n’avais aucune envie d’être la maîtresse de cet homme, aucune d’accepter ses propositions, et cependant, par unique principe de méchanceté, je lui témoignai de la jalousie. À quoi me servira, dis-je, d’occuper le second poste dans vos arrangemens ? La confiance, le cœur, ces biens si précieux à posséder quand ils sont accordés par quelqu’un que l’on aime, tout-cela m’appartiendra-t-il ? J’ai accepté tout ce que vous m’avez proposé, j’en conviens ; mais il me serait bien plus agréable d’exercer seul cet emploi près de vous, et de n’avoir pas sous mes yeux perpétuellement une rivale aussi dangereuse que votre Zanetti… et le coquin m’écoutait avec autant d’intérêt que de surprise. Quoi ! réellement tu m’aimerais, me dit-il, au bout d’un moment de silence. — Ah ! vous me tourneriez la tête ; ayant absolument tous vos goûts, j’idolâtrerais un amant qui vous ressemblerait. — Eh bien ! ne dis mot, tout cela va s’arranger ; tu es infiniment plus belle que Zanetti, je te préfère, et tu vas régner seule sur mon cœur. — Mais vous allez la mettre au désespoir ; quelle ennemie d’ailleurs je vais me faire ; croyez-vous qu’elle puisse me pardonner jamais de vous avoir séduit ? — Oh ! si elle de nous tracassait bien fort. — Dieu ! quelle idée ! elle me fait frémir ; une femme que j’aime, que vous avez aimée, réfléchissez-vous à ce comble d’horreur ? — Il n’en existe à rien, toutes nos actions sont simples, toutes sont inspirées par la nature, et je ne croyais pas que tu en fusses encore à douter de ces premières bases. — Ah ! mes scrupules ne tiendront pas long-tems aux charmes de vous posséder seule !… Mais tant que cette créature existera, je vous avoue que je ne serai pas rassurée ; elle, de son côté, m’inspirera beaucoup de frayeur, et je craindrai toujours de vous perdre ; il me semble que pendant que nous y sommes ce serait une affaire à terminer sur-le-champ : cette femme est méchante, si vous saviez tout ce qu’elle m’a dit de vous… Ah ! croyez que si nous ne prenons pas les avances, elle ne nous laissera jamais vivre en paix. Je t’adore, fille céleste, me dit l’Italien en se jetant dans mes bras, le sort de ta rivale est décidé, tu triomphes, il ne s’agit plus que de prononcer son supplice ensemble ; et Moberti, que cette idée brûlait tout autant que moi, saisit mon cul et l’enfile sans aucune préparation ; ce vit énorme m’eût fait jeter les hauts-cris dans tout autre tems, mais ici, très en feu moi-même, je me précipitai sur le dard et déchargeai dès la première secousse. Que lui ferons-nous, me dit le paillard en foutant ? Je veux que ce soit au sein des plaisirs que nous prononcions sur ses douleurs ; nous le fîmes. Ce que vous verrez fut le résultat de l’arrêt prononcé. Nous rentrâmes. Moberti, qui voulait conserver ses forces, s’était bien gardé de les perdre. Zanetti commençait à s’inquiéter, et nous pûmes lire facilement dans ses yeux, que le démon de la jalousie commençait à tourmenter son cœur ; elle pria son amant de passer avec moi dans le même salon où s’étaient célébrées les orgies du matin ; et là, elle lui présenta les nouveaux objets destinés aux derniers plaisirs de la soirée. C’était une mère de vingt-six ans, grosse de sept mois, et conduisant par la main deux charmantes petites filles, dont l’une avait onze ans et l’autre neuf. Moberti, qui connaissait la marchandise pour l’avoir choisie lui-même, fut ravi de la voir enfin dans ses filets : voilà qui va me faire excessivement bander, nous dit-il à l’oreille ; c’est une femme que je trompe ; elle croit que je vais lui rendre de grands services, et les tourmens que je lui prépare sont affreux. Allons, Zanetti, que les portes se ferment, que le silence règne, qu’il n’y ait aucun autre bruit dans cette maison que celui que je vais y faire. Je voudrais que l’univers entier cessât d’exister quand je bande. Moberti s’asseoit, il ordonne à sa maîtresse de déshabiller Angélique, pendant que Mirza, l’aînée des filles, et la jeune Marietta attendront dans un silence respectueux les ordres qui émaneront du brigand.

Zanetti, en cachant avec le plus grand soin toutes les parties antérieures d’Angelique, approche sa croupe de Moberti, qui, après l’avoir brutalement maniée, déclare qu’avant qu’il soit une heure, ce beau cul va changer de forme ; il touche ce ventre rebondi, le frappe avec délices et lui pronostique les mêmes malheurs. Ah ! monsieur, dit l’intéressante Angélique, vous m’avez cruellement trompée ; il ne m’est que trop facile de m’appercevoir à présent à quelles horreurs je suis destinée ; respectez au moins le fruit que je porte. On ne se peint point ici les éclats de rire que l’intercession fit pousser à ce scélérat. Double putain, s’écrie-t-il en accablant de coups cette malheureuse ; oh ! oui, oui, ne doute pas que je n’aie les plus hautes considérations pour ton état ; il n’est rien à mes yeux de plus respectable qu’une femme grosse, et tu dois déjà voir à quoi point cet intéressant état m’attendrit. Commence, néanmoins, par me déshabiller ta fille aînée, et amène-là moi dans le même état que Zanetti vient de t’offrir à mes recherches. Agenouillée pendant ce tems-là entre les jambes de ce libertin, je le polluais légèrement afin d’entretenir son feu, et souvent il baisait ma bouche avec d’inexprimables transports. Rien de joli comme la petite fille qu’on lui amène, et rien de cruel comme le genre de caresses lubriques dont il l’accable. La cadette avance, même cérémonie. Sacre-dieu, dit le scélérat exalté, ne pourrais-je pas trouver un moyen de les enculer d’un seul coup toutes trois ? À ces mots, il se saisit de la mère, la couche sur le dos, fixe ses jambes en l’air, par des cordes, et l’encule en levrette. Par ses ordres, je m’élance sur cette mère, de façon à prêter entièrement mon cul aux baisers du paillard, et sur mes reins s’établit sa maîtresse, présentant un second derrière aux baisers de cet insatiable ; de chacune de ses mains, il manie une petite fille dont il écorche les fesses avec des tenailles. Ne s’en tenant pas à molester ces deux petits culs, il s’égare sur celui de la mère, qu’il traite de même ; et pour les nôtres, il se contente de les mordre, pendant que nous lui pétions dans la bouche : pèse sur cette coquine, Juliette, me dit-il, afin que ce double poids étouffe, s’il est possible, l’abominable fruit dont sont empestées ses entrailles. Zanetti et moi nous exécutâmes si bien toutes deux ce dont on nous charge, qu’il s’en fallût de bien peu que la pauvre Angélique ne périt étouffée sur-le-champ. Au bout d’un quart-d’heure d’allées et de venues dans l’anus de cette pauvre femme, supplice affreux et qui lui faisait jetter les hauts-cris, Moberti décula en ordonnant que la plus âgée des deux fille lui fut présentée. Zanetti préparait les voies, le présentais l’instrument devenu plus terrible et plus monstrueux encore par ses incursions dans le cul de la mère. Après des peines infinies, nous parvînmes enfin, la Vénitienne et moi, à introduire cette énorme masse dans l’étroit orifice offert à ses fureurs. Aussi-tôt que le paillard s’apperçoit des progrès de son vit, il le pousse avec tant de vigueur, qu’il l’engloutit bientôt tout entier ; mais la malheureuse s’évanouit ; voilà ce que je voulais, dit le féroce personnage, je ne jouis jamais aussi bien que quand mes vexations les réduisent-là… Allons, Zanetti, tu m’entends, et puis bas à mon oreille, je ne veux l’envoyer aux enfers, que souillée d’un bel et bon crime. Par les soins de la Vénitienne, Angélique est placée sur les reins de sa fille, présentant les fesses au paillard ; les miennes sont exposées à droite, celles de la plus jeune fille à gauche, et mon amie s’agenouille devant le cul de son amant ; mais devinez quel est ici le nouvel épisode dont le libertin régale sa lubricité : il faut que sa maîtresse, en lui mordant fortement les fesses, imite l’aboiement d’un dogue, pendant que lui, contrefaisant le même animal, dévore le cul d’Angélique. Je n’ai de ma vie rien vu de plaisant comme ce concert de chiens ; à la vérité, il ne l’était pas autant pour Angélique, dont le cruel brigand déchire tellement les fesses, que les lambeaux pendaient le long des cuisses de cette infortunée. Il s’égayait aussi de tems en tems sur celles de la petite et sur les miennes ; mais ce n’était que pour aiguiser ses dents qu’il rapportait avec plus de fureur ensuite sur les masses charnues d’Angélique, bientôt réduite en un tel état, qu’elle s’évanouit comme sa fille ; il change de cul ; l’autre sœur est vigoureusement attaquée, et ce sont alors les fesses de celle qu’il vient de foutre, sur lesquelles s’exercent ses dents. Cependant la Zanetti exécute les ordres qu’elle a reçu : pendant que son amant jouit, pour déterminer son extase, la coquine poignarde celle des jeunes filles, qui sert de perspective, et la malheureuse tombe à l’instant noyée dans les flots de son sang. Scélérate, s’écrie l’italien, vois le crime affreux que tu viens de commettre ; que l’être éternel, prolongeant maintenant tes jours, te donne le tems de te repentir, car l’enfer serait ton partage si tu mourais chargée de ce crime… Qu’on laisse-là ce cadavre, je m’en servirai tout-à-l’heure ; il décule, son foutre n’avait pu tenir à cet excès d’horreur, il venait d’en lâcher les flots ; et cette opération faite, il laisse Zanetti avec cette malheureuse famille, et passe avec moi dans le cabinet ou nous venons de nous entretenir tous deux. Je vais faire des atrocités, me dit-il en baisant ma bouche, et se rebranlant sur mon derrière, et ta rivale va s’y trouver enveloppée. Je voudrais enchérir encore sur l’arrêt que nous avons prononcé ; je voudrais qu’il ne pût exister au monde de tourment plus cruel que celui qu’il faut qu’elle subisse… et malheureusement cela ne sera pas… Oh ! Juliette, je rebande ; vois comme l’idée de cette insigne trahison a d’empire sur mes sens ; puis, maniant mes fesses : quel beau cul, Juliette ! je t’adore, tu es remplie d’imagination, tu possèdes une exécution facile dans le crime, et je n’immole Zanetti, que pour te conserver éternellement. Mais, dis-je, cher ami, songes-tu que cette femme t’idolâtre ? Je suis véritablement fâchée d’avoir un instant cédé à tes perfides desirs ; il est affreux de traiter ainsi une femme qui nous est attachée. — Eh, que m’importent les sentimens de cette putain, mes passions n’eurent jamais rien de sacré quand je bande. Oh ! la garce, elle ne s’attend à rien, c’est le moment de la saisir… Que cette soirée sera délicieuse pour moi !… Revêts-moi de cette peau de tigre ; elles seront nues toute trois dans la chambre, elles tiendront le cadavre au milieu d’elles, je me jetterai indifféremment sur toutes… je les dévorerai ; tel sera le premier supplice où ta rivale reconnaîtra qu’elle a perdu tout mes sentimens. Tu auras soin, pendant la scène, de m’exhorter à la plus extrême rigueur. Nous terminerons ensuite par ce que nous avons dit ; et si tu trouves quelque chose de plus exécrable encore, tu l’ajouteras à nos résolutions ; car, tout ce qui est convenu, se trouve, ce me semble, bien au-dessous de mes desirs. Je fus prévenir Zanetti ; elle ne revint pas de l’ordre que je lui apportais, de se trouver au rang des autres : accoutumée à commander, elle trouvait la subordination bien étrange, et ne put s’empêcher de me questionner. Que va-t-il donc faire, me dit-elle ? Vous le verrez, répondis-je froidement, et je rentrai. Moberti se branlait, son imagination s’enflammait sur les exécrations qu’il allait commettre. Il se précipite sur mon cul, l’accable de caresses et me courbant, le coquin m’encule, en jurant qu’il ne connaît pas au monde une plus délicieuse jouissance que celle de mon derrière. Il lime long-tems ; nous améliorions nos projets pendant ce tems-là ; nous perfectionions nos plans de supplice, nous concevions des horreurs, dont eussent frémi les animaux, même les plus sauvages. Allons, me dit le paillard, en se retirant, me voilà suffisamment excité ; et revêtu de sa peau de tigre, dont les quatre pattes étaient armées d’ongles monstrueux, et le muffle arrangé de façon, qu’il peut mordre de sa bouche tout ce qu’il atteint, arrangé, dis-je, de cette manière, et moi le suivant nue, armée d’un immense gourdin, dont je devais réveiller sa paresse, nous entrons : Zanetti est la première sur laquelle il se jette ; il lui emporte un teton de ses griffes, et la mord à l’instant sur les fesses, avec tant de violence, que le sang coule tout de suite… Ah ! je suis perdue, s’écrie cette infortunée, je suis perdue, Juliette, et c’est vous qui me trahissez ! j’aurais dû m’en douter. Oh ciel ! à quoi dois-je m’attendre ?… Ce monstre, que j’ai tant aimé, voilà donc ce qu’il me prépare, et chacune de ces jérémiades était accompagnée des plus affreux traitemens. Moberti, cependant, laisse une minute respirer sa victime, pour se jeter avidemment sur les autres objets qui l’entourent. Angélique et sa fille veulent fuir… Comment échapper à la rage de ce furieux ; il les considère, mais ce julT10p190 n’est pas encore à elles qu’il en veut : le cadavre l’occupe, il le saisit, et sa dent carnacière, s’attache un moment sur les restes inanimées de cette malheureuse, qu’il quitte bientôt, pour se porter, avec la même rage, sur les deux objets qui le fuient. Il martyrise, avec la même furie, l’une et l’autre de ces créatures ; et c’est précisément sur les parties les plus charnues, que le scélérat s’attache à plaisir. Il bande extraordinairement : je suis obligée de le suivre, tantôt pour le frapper de toutes mes forces, tantôt pour le branler en dessous ou lui gamahucher le derrière : opération à laquelle je procédais en levant la queue de sa peau de tigre. Peu à peu ses cruautés se rafinent ; il saute sur sa maîtresse, en me faisant un signal ; je l’aide ; nous lions et garottons cette malheureuse sur un banc de bois ; il s’établit à califourchon sur elle, et de ses griffes aiguës, le scélérat lui arrache les yeux, le nez et les joues ; il la baisait, l’infâme, pendant qu’elle poussait ainsi les hauts-cris ; et moi, je me branlais de toutes mes forces. Sans moi, me disais-je, sans mes trahisons, mes perfidies, mes conseils, il n’aurait jamais entrepris cette horreur… J’en suis l’unique cause : mon sperme échappait à cette délicieuse idée ; et lui, poursuivant ses horreurs, ne cessait de baiser la bouche de cette infortunée, afin, disait-il, de recueillir avec soin les élans précieux de la douleur d’une femme qu’il a tant aimée ; il la retourne, lui déchire les fesses, et me fait distiller sur les blessures de la cire d’Espagne enflammée. Il se jette à la fin sur elle comme un furieux ; et pendant que je le branle en-dessous, le monstre déchire, assassine, met en pièces le malheureux objet de son ancienne flamme, qu’il laisse enfin sans vie sur le carreau. Ivre de rage et de lubricité, il s’élance sur les deux autres victimes : uniquement avec ses griffes, il arrache l’enfant du sein de la mère, le brise contre le crâne de cette malheureuse femme, se reprécipite sur l’autre fille, les étouffe, les déchire et les massacre toutes deux. S’élançant aussi-tôt dans mon cul, c’est-là que l’exécrable bourreau perd à la fin, avec son foutre, le délire qui le ravale au rang des plus dangereux animaux de la nature ; et nous revolons à Venise, en nous promettant de nous revoir, le plutôt possible, pour statuer sur de derniers arrangemens que je n’avais nullement envie de prendre.

Je passai la nuit la plus agitée. Dieux ! que je me fis branler de fois, par mes femmes, sur l’idée des crimes dont je venais de me souiller. C’est alors que je reconnu bien qu’il n’est pas au monde de plaisir plus violent que celui du meurtre : cette passion une fois introduite dans le cœur, aucun effort ne peut l’en arracher. Rien, non, rien n’est comparable à la soif du sang. À peine en a-t-on goûté, qu’il devient impossible de s’en rassasier, et l’on n’existe plus qu’en multipliant ses victimes.

Cependant, rien au monde ne pût me décider à accepter la proposition de cet homme ; j’y voyais, comme je vous l’ai dit, des dangers infiniment supérieurs aux profits ; et bien décidée au refus, je contai tout à la Durand, qui m’assura que je faisais d’autant mieux, qu’assurément cet homme n’aurait pas été trois mois à me traiter comme sa maîtresse. Quand il reparut, je lui fis fermer ma porte, et je ne l’ai jamais revu depuis.

Un jour, la Durand me fit prier de monter chez elle, pour une femme qui me desirait encore avec ardeur ; car il est inoui combien j’inspirais naturellement plus aux femmes qu’aux hommes. La signora Zatta, épouse d’un procurateur, pouvait avoir cinquante ans, belle encore, et douée du plus ardent amour de son sexe. À peine m’a-t-elle vue, que la tribade me cajole comme un homme, et ses instances deviennent telles, qu’elle m’ôte, pour ainsi dire, tous les moyens de lui résister.

Nous soupons ensemble ; et au dessert, la Messaline à moitié ivre, se précipite sur moi, et me met nue. Zatta était une de ces femmes à fantaisie, qui, pleines d’esprit et d’imagination, aiment moins leur sexe par goût que par libertinage, et qui remplacent avec lui les jouissances réelles par les plus luxurieux caprices. Cette créature n’avait absolument que des goûts d’hommes ; je déchargeai six fois sous ses doigts savans, ou plutôt, ce ne fut qu’une seule éjaculation qui se prolongea pendant deux grandes heures. Revenue à moi, je voulus attaquer la bisarrerie des goûts préliminaires de cette femme ; mais je la trouvai aussi habile à les défendre qu’ardente à en jouir. Elle me prouva que l’égarement où elle se livrait, était pour elle le plus délicieux de tous ; elle m’ajouta, qu’elle portait ses manies au dernier degré, et qu’elle ne déchargeait jamais aussi délicieusement que lorsqu’elle s’y abandonnait. Elle desira d’autres filles : il en vint sept ; après s’être branlée avec toutes, elle sortit de sa poche un godmiché, comme je n’en avais encore vue de ma vie. Cet outil singulier avait quatre têtes : elle commence par s’en enfoncer un dans le cul, et me sodomise avec l’autre. Nous étions dos-à-dos : les deux autres têtes de cet instrument étaient recourbées ; nous nous les enfonçâmes dans le con. Nous avions, dans cette attitude, chacune une fille entre nos jambes, qui suçaient nos clitoris, et qui remuaient artistement la machine. Il nous restait cinq autres filles à employer : deux donnaient le fouet à celles qui nous suçaient, deux élevées sur des chaises, nous faisaient teter leurs cons, et la cinquième présidait au total, et parcourait les rangs pour que tout s’exécutât dans la plus grande règle. Nous luttâmes ensemble ; et après avoir épuisées nos sept femmes, nous être fait mettre les fesses en sang, Zatta voulut se venger sur nos fouetteuses ; nous les déchirâmes impitoyablement ; elles eurent beau crier, nous fûmes inflexibles, et nous ne leur fîmes graces que quand des flots de foutre eurent appaisé nos fureurs. L’infatiguable coquine, plus irritée que calmée par cette série de luxures, voulut encore passer la nuit avec moi, et se livra à mille débauches d’imagination, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Ce que cette libertine faisait le mieux, sans doute, c’était de gamahucher le trou de cul. Elle avait l’art d’allonger et de durcir sa langue à tel point, que le doigt le plus long et le plus agile n’eût pas procuré de plus douces sensations.

Le besoin que nous avions eu de femmes ce jour-là, engagea la Durand à consentir enfin à ce que je lui proposais depuis long-tems. Nous augmentâmes notre établissement de quatre créatures charmantes, et nous en retînmes, au-dehors, plus de cinq cents, pour les avoir à nos ordres, nous les voulions.

Je n’ai pas besoin de vous dire à quels excès de turpitude nous avons vu des hommes et des femmes se livrer dans notre maison. Quelque savante que je fusse, j’appris encore ; et j’avoue que je n’aurais jamais cru, que l’imagination humaine pût s’élever à cet incroyable degré de corruption et de perversité. Ce que j’ai vu faire là, est inimaginable ; on ne croira jamais que le libertinage puisse entraîner l’homme dans un tel gouffre d’horreurs et d’infamies : oh, comme il est dangereux quand il bande. Non, je puis le dire avec vérité, la bête la plus féroce et la plus sauvage n’atteignit jamais ces monstruosités. Le grand crédit dont nous jouissions, le silence, l’ordre, la subordination qui régnaient dans cet asile, l’extrême facilité que l’on y trouvait à la satisfaction de toutes les débauches, de quelque nature qu’elles pussent être ; tout encourageait l’homme timide, tout enthousiasmait l’homme entreprenant ; et les passions, sous quelques formes qu’elles se présentassent, quelque fût le genre des ames où elles s’éveillassent, étaient toujours sûres de s’alimenter, de se nourrir et de se satisfaire. C’est-là, mes amis, je le répète, oui, c’est-là qu’il faut suivre l’homme pour le bien connaître ; c’est dans le sein de la lubricité que son caractère, absolument à nu, fournit à-la-fois toutes les teintes nécessaires au philosophe qui veut les saisir ; et c’est après l’avoir vu là, qu’on peut deviner, à coup sûr, le résultat des jets de son exécrable cœur et de ses effrayantes passions.

À l’égard des meurtres produits par la luxure, nous nous rendions très-difficiles sur l’acquiescement à cette sorte de fantaisie : cependant on nous en demandait si souvent la permission, et l’on nous La payait si cher, qu’il nous devint impossible de ne pas établir un tarif pour cette trop ordinaire manie des hommes sanguinaires. Pour mille sequins, il devint permis, dans notre maison, de faire périr, de telle manière que l’on voudrait, soit un jeune garçon, soit une jeune fille. Mais pour jouir de toutes ces extravagances, et pour nous en échauffer la tête, Durand et moi, nous avions ménagé des niches secrètes, d’où nous pouvions, sans être vues, distinguer à merveille tout ce qui se passait dans les boudoirs que nous donnions à nos libertins ; et c’est-là où nous avons fait, l’une et l’autre, un cours complet de tous les plus bisarres rafinemens. Dès que les personnes qui desiraient des objets de libertinage, nous paraissaient mériter la peine d’être observées, nous nous rendions au poste, et là, nous faisant foutre, ou nous faisant branler. Nous nous échauffions à loisir des détails lascifs que les plus excessives débauches offraient à nos regards. Avec ma figure et mon âge, il m’arrivait souvent d’être plutôt desirée qu’une des créatures de notre maison. Si la partie me convenait, je me prostituais à l’instant. La bisarrerie des caprices de la Durand, son goût décidé pour le crime, ses charmes, quoique sur leur déclin, là faisaient souvent desirer de même. Parfois aussi l’on nous réunissait, ou l’on nous mêlait avec d’autres filles, et Dieu sait alors quelles orgies !

Un homme d’une des familles les plus distinguées de Venise, se présente un jour chez nous. Le libertin dont il s’agit se nommait Cornaro. Il faut, me dit-il, que je t’avoue la passion dont je suis dévoré. — Ordonnez monsieur, ordonnez, on ne refuse rien dans cette maison. — Eh bien, ma chère ! il faut que j’encule un petit garçon de sept ans, dans les bras de sa mère et de sa tante, et que ces deux femmes aiguisent elles-mêmes les fers, dont un homme que j’amènerai se servira pour trépaner l’enfant pendant que je le sodomiserai. L’opération faite, il faut que j’encule la mère sur le corps de son fils, dont cet homme, toujours en se servant des fers aiguisés par la mère et la tante, coupera les fesses que je mangerai sur le gril, avec les deux femmes et toi, en ne buvant que de l’eau-de-vie. — Oh ! monsieur, quelle horreur ! — Oui, c’en est une, je le sais ; mais je ne bande qu’aux horreurs, ma chère ; plus elles sont fortes, plus elles m’excitent, et je ne me plains jamais que de l’impossibilité où je suis de pouvoir les redoubler. Mon homme fut bientôt servi : son chirurgien parut ; et ayant pris avec lui deux vigoureux fouteurs, il s’enferma dans un cabinet, en m’ordonnant de me retirer jusqu’à ce qu’il eût besoin de moi ; je le fis, mais en allant me cacher dans une des pièces pratiquées, comme je vous l’ai dit, pour examiner tous les individus, de la jouissance desquels j’attendais quelques plaisirs : il se livra ; et je ne puis vous rendre le plaisir que j’en éprouvai.

Au bout de deux heures il me rappela ; j’entrai : l’enfant était dans les bras de sa mère, il pleurait ; celle-ci le couvrait de ses larmes et de ses baisers… Le chirurgien, les fouteurs buvaient, et la jeune tante partageait les larmes de sa sœur. Foutre, dit julT10p201 le Vénitien, contemplons ceci ! oh ! que cette scène est sublime ! puis au bout d’un moment d’observation : comment ! dit-il, putain, tu pleures ? tu pleures parce que je vais tuer ton fils ? et quel intérêt peux-tu prendre à ce marmouset, dès qu’il est sorti de ton ventre ? Allons, opérons, Juliette, opérons ; fouts en cul sous mes yeux, pendant que j’agirai, prends l’un de ces gaillard-là, je garderai l’autre : je ne puis rien faire sans un vit dans le cul. J’obéis au caprice de ce libertin qui, saisissant l’enfant d’un bras nerveux, le campe sur le dos de sa mère, l’enfile pendant qu’on le fout, et que la jeune tante, à genoux, aiguise l’instrument nécessaire à l’opération, sous l’inspection du chirurgien, qui la fouette pendant ce tems-là. J’étais placée de manière à ne rien perdre : quoique mon cul, vigoureusement perforé, se trouve positivement sous le nez de Cornaro, il avait ordonné que, de tems en tems, mon fouteur décula pour lui faire sucer son vit, qu’il devait aussitôt après engloutir dans mon cul ; tout se passait comme il le desirait, lorsque sentant son foutre prêt à lui échapper, il fait signe au chirurgien ; celui-ci, saisit l’arme des mains de la tante, et dans moins de tems que je n’en mets à vous le dire, il fend les trois têtes, en fait jaillir les cervelles, et notre Vénitien décharge en beuglant comme un âne, au fond de l’une de ces masses dont il vient d’arracher l’existence. Il décule ; et les trois malheureux individus qui respirent encore, roulent au milieu de la chambre, en jetant les hauts-cris. Les tigres commettraient-ils des atrocités de ce genre ! Oh ! foutre, me dit Cornaro, je n’eus jamais tant de plaisir ; achevons ces victimes, dit-il en leur lançant à chacune un coup de massue sur la tête ; oui, foutre, achevons-les, et mangeons leurs fesses sur le gril. Scélérat, dis-je à ce barbare, ne te repends-tu donc point des horreurs que tu viens de commettre ? — Oh ! Juliette, quand on est où j’en suis, les seuls remords que l’on connaisse, sont ceux de la vertu.

Ivre de volupté, je tenais ce divin scélérat sur mon sein ; je le branlais, je tâchais de rendre à son physique, par des sensations délicieuses, toute l’énergie que l’éjaculation qu’il avait faite, venait de lui faire perdre ; il bandaillait, mordillait ma gorge, et suçait ma bouche ; je lui disais des horreurs ; je mêlais, aux titillations matérielles, tout l’embrâsement de la plus lascive conversation. Quand je l’entendis demander mon cul, je crus mon triomphe certain ; il s’agenouilla devant mes fesses, il les mania ; les pressura en gamahuchant le trou, un quart-d’heure : mais il ne bandait pas encore : une décharge m’énerve pour huit jours, me dit-il ; le tems énorme que je suis à m’exciter, l’abondante quantité de liqueur que je perds, tout m’épuise : soupons ; mes forces se répareront au milieu des luxures, dont nous allons entremêler le repas que nous ferons, et peut-être, au sein de l’ivresse, consommerons-nous de nouveaux crimes. Fais-toi foutre en attendant, devant moi, car le libertinage étincèle dans tes yeux, et je conçois tout le besoin que tu as d’une décharge. Non, répondis-je, puisque tu attends, j’attendrai de même ; c’est toi seul qui m’excites et non d’autres : c’est ton sperme que je veux voir couler, et qui peut seul faire éjaculer le mien. Eh bien ! dit Cornaro, rendons, en ce cas, notre souper le plus impur possible, transformons-le en d’affreuses orgies ; je n’ai pas besoin de te recommander ce qu’il y faut ; tu connais mes goûts maintenant, et tu ne me laisseras rien à desirer.

Vêtue en bacchante, la Durand, dès que tout fut prêt, vint avertir que le souper était servi. Nous nous transportâmes dans une fort grande salle, au milieu de laquelle était une table de quatre couverts, qui devaient être remplis par Cornaro, la Durand, une femme de cinquante ans, nommée Laurentia, connue pour la créature la plus débordée, la plus corrompue, la plus lascive et la plus spirituelle qu’il y eût dans toute l’Italie ; j’étais le quatrième convive. Laurentia, décidée comme nous à manger de la chair humaine, la vit servir sans effroi et dévora sans répugnance. Rien n’était délicat comme le souper qui accompagnait ces mets sanguinaires : huit services de tout ce qu’il est possible d’imaginer de plus rare et de plus exquis le précédèrent et le suivirent ; mais ainsi que cela était convenu, on ne but absolument que de l’eau-de-vie de la plus grande vieillesse. Huit filles de quatorze ans, de la plus délicieuse figure, ayant dans leurs bouches, l’eau-de-vie que l’on devait boire, venaient au moindre signe la lancer de leurs lèvres de rose dans le gosier enflâmé des convives. Huit bardaches de quinze ans se tenaient respectueusement deux par deux, appuyés sur le dos de la chaise de chacun des convives, afin d’exécuter, au moindre signe, les ordres qui pourraient leur être donnés. Aux quatre angles de la table, en face de chaque acteur était un grouppe composé de deux vieilles femmes, deux négresses, deux vigoureux fouteurs, deux bardaches, deux jeunes filles de dix-huit ans, et deux enfans de sept. D’un seul geste on pouvait approcher ce grouppe de soi et se satisfaire avec les sujets qui le composaient. Au-delà du gradin, s’élevaient quatre théâtres, sur chacun desquels deux : nègres déchiraient à coups de fouet une belle fille de seize à dix-sept ans qui disparaissait par des trapes, et une autre reparaissait dès que la première était engloutie ; de droite et de gauche de chacun de ces fustigateurs, et sur le même théâtre, étaient d’autres nègres enculant des gitons mulâtres, de l’âge de douze ou treize ans. Quatre filles de quinze ans placées sous la table suçaient le vit de Cornaro et nos cons. Un faisceau énorme de lumière partant du plafond répandait dans cette salle une flamme aussi pure que celle du soleil, et avait cela de particulier que les rayons de ce feu ardent, adroitement dirigés sur une infinité d’enfans placés dans le balcon du ceintre, les brûlaient au point de leur faire jeter les hauts-cris. Ce phénomène fut celui qui frappa le plus Cornaro, celui qui l’amusa davantage et qui nous valut le plus d’éloges. Notre homme enthousiasmé, après avoir promené ses regards sur tous les objets dignes de le fixer, s’assit en protestant n’avoir jamais rien vu de si lubrique. Quelle est cette femme, demanda-t-il en voyant Laurentia ? Une rouée comme toi, dit Durand, une garce en état de te surpasser en infamie et dont on branle à présent le con comme on suce ton vit. Voilà qui va fort bien, dit Cornaro, mais il me semble qu’avant de se mettre à table avec moi, cette femme et la Durand auraient dû me faire voir leurs fesses. Cela est juste, répondirent-elles toutes deux en se levant pour aller poser leurs culs prés du visage de Cornaro ; le libertin les examine, les baise, et les observant avec attention : voilà, dit-il, des culs où le libertinage empreignit plus d’une fois son cachet ; j’en aime la dégradation ; elle est l’ouvrage du tems et de la lubricité ; ces flétrissures me délectent ; oh ! combien la nature corrompue est belle dans ses détails, et combien les pavots de la vieillesse l’emportent à mon avis sur les roses de l’enfance ! baisez-moi, culs divins, parfumez-moi de vos zéphirs et retournez ensuite à vos places pour nous prostituer de concert.

Que sont ces femmes, dit ensuite Cornaro en jettant les yeux sur les complaignantes entourant la table ? Ce sont, répondis-je, des victimes condamnées à la mort et qui, connaissant ton autorité dans ces lieux, viennent à tes genoux implorer leur grâce. Elles ne l’auront assurément pas, dit le barbare en jetant, sur elles, un coup-d’œil féroce : j’ai souvent fait mourir beaucoup de gens, mais je n’ai jamais accordée nulle grâce. De ce moment, on se mit à manger, et tout ce qui devait se mouvoir se mit en action.

Cornaro, que l’on suçait sans cesse, bandait déjà fort dur ; il dit qu’il fallait que chacune des victimes vint recevoir un supplice de lui. Ces charmantes créatures se lèvent l’une après l’autre, commencent par présenter leur cul au paillard, et se prêtent ensuite avec humilité à ce qu’il lui plaît de leur imposer. Soufflets, pinçons, épilations, morsures, nasardes, brûlures, chiquenaudes, claques sur le cul, compression de seins, égratignures, tout est employé, et sitôt qu’elles ont reçu ce qui leur est destiné, elles vont reprendre à genoux les mêmes places qu’elles occupaient avant. Ces préliminaires accomplis, Cornaro se courbe sur mon sein, en me faisant empoigner un vit de l’état duquel je commençais à être fort contente.

Ces garces-là m’ont fait bander, me dit-il à l’oreille, je ne serais pas étonné de devenir fort méchant tout-à-l’heure. Les moyens de le devenir sont là, mon ami, répondis-je, nous n’attendons que les mouvemens de ton cœur et les instigations de ton esprit ; parle, et la plus entière soumission va te prouver notre dévouement. Ici Cornaro, assez violemment, passa ses deux mains sous mes fesses, me souleva sur lui, et montrant mon cul à l’un des fouteurs : venez, dit-il, la sodomiser dans mes bras ; on m’encule, il suce ma bouche ; une des jeunes servantes s’empare de son vit, une autre lui moleste le cul. Va-t-en, Juliette, me dit-il ; toi, Laurentia, viens la remplacer… Même cérémonie : on encule la vieille, Cornaro suce, d’intervalle en intervalle, le vit qui la fout ; Durand passe après, mêmes épisodes ; toutes les femmes éprouvent le même sort, toutes sont enculées par un fouteur nouveau qui, de même, au bout d’un instant, vient faire sucer à ce libertin les souillures acquises dans cette jouissance ; les branleuses changent comme les vieilles ; et par mes soins, les plus jeunes et les plus jolies filles vont manier le vit du paillard et prêter leurs fesses à ses claques. Mangeons, dit-il à la fin, en voilà suffisamment pour une première scène, nous rafinerons tout cela dans quelques instans. Juliette, me dit Cornaro, crois-tu qu’il puisse exister au monde une plus divine passion que celle de la luxure ? — Aucune, sans doute ; mais il faut la porter à l’excès : celui qui s’impose des freins en libertinage, est un imbécille qui ne connaîtra jamais le plaisir.

Le libertinage, dit la Durand, est un égarement des sens qui suppose le brisement total de tous les freins, le plus souverain mépris pour tous les préjugé, le renversement total de tout culte, la plus profonde horreur pour toute espèce de morale, et tout libertin qui n’en sera pas à ce degré de philosophie, flottant sans cesse entre l’impétuosité de ses desirs et ses remords, ne pourra jamais être parfaitement heureux. Je crois, dit Laurentia, qu’il n’y a rien à reprocher à monsieur sur les faits que l’on vient d’alléguer, et je lui crois assez d’esprit pour être au-dessus de tous les préjugés.

Il est bien certain, dit Cornaro, que je n’admets absolument rien de respectable parmi les hommes, et cela par la grande raison que tout ce que les hommes ont fait, n’est absolument chez eux que l’ouvrage de l’intérêt et des préjugés. Y a-t-il un seul homme au monde qui puisse légitimement assurer qu’il en sait plus que moi ? quand une fois on ne croit plus à la religion et par conséquent aux imbécilles confidences d’un Dieu avec les hommes, tout ce qui vient de ces mêmes hommes doit être soumis à l’examen, et livré sur-le-champ au plus vil mépris, si la nature m’inspire de fouler aux pieds ces mensonges : dès qu’il sera donc prouvé qu’en religion, qu’en morale et qu’en politique, nul homme ne peut en avoir appris plus que moi, je puis, de ce moment, être aussi savant que lui, et rien de ce qu’il m’annonce, dès-lors, ne peut plus être respecté de moi ; aucun être n’a le droit despotique de me soumettre à ce qu’il a dit ou pensé ; et à quelque point que j’enfreigne ces rêveries humaines, il n’est aucun individu sur la terre qui puisse acquérir le droit de m’en blâmer ou de m’en punir. Dans quel gouffre d’erreurs ou d’imbécillités nous plongerions-nous si tous les hommes suivaient aveuglément ce qu’il a plu à d’autres hommes d’établir ; et par quelle incroyable injustice nommerez-vous moral, ce qui vient de vous, immoral, ce qui vient de moi ? À qui nous en rapporterons-nous, pour savoir de quel côté se trouve la raison ? Mais, objecte-t-on, il y a des choses si visiblement infâmes, qu’il est impossible de douter de leur danger ou de leur horreur : pour moi, j’avoue sincèrement que je ne connais aucune action de ce genre… aucune qui, conseillée par la nature, n’ait fait autrefois la base de quelques coutumes anciennes ; aucune enfin qui, n’étant assaisonnée de quelques attraits, ne devienne, par cela seul, légitime et bonne ; d’où je conclus qu’il n’en est pas une seule à laquelle on doive résister, pas une qui soit utile, pas une enfin qui n’ait eu pour elle la sanction de quelques peuples. Mais, vous dit-on imbécillement encore, puisque vous êtes né dans ce climat ci, vous devez en respecter les usages : pas un mot ; il est absurde à vous de vouloir me persuader que je doive souffrir des torts de ma naissance ; je suis tel que la nature m’a formé ; et s’il existe une contrariété entre mes penchans et les loix de mon pays, ce tort appartenant uniquement à la nature, ne doit jamais m’être imputé… Mais, ajoute-t-on encore, vous nuirez à la société, si l’on ne vous en soustrait : platitudes que cela. Abandonnez vos stupides freins, et donnez également à tous les êtres le droit de se venger du tort qu’ils reçurent, vous n’aurez plus besoin de code, vous n’aurez plus besoin du sot calcul de ces pédans boursouflés, plaisamment nommés criminalistes, qui, pesant lourdement dans la balance de leur ineptie, des actions incomprises de leur sombre génie, ne veulent pas sentir que quand la nature a des roses pour nous, elle ne peut nécessairement avoir que des chardons pour eux. Abandonnez l’homme à la nature, elle le conduira beaucoup mieux que vos loix : détruisez sur-tout ces vastes cités, où l’entassement des vices vous contraint à des loix répressives : quelle nécessité y a-t-il que l’homme vive en société ? rendez-le au sein des agrestes forêts qui le virent naître, et laissez-lui faire là, tout ce qui pourra lui plaire ; ses crimes alors, aussi isolés que lui, n’auront plus nul inconvénient, et vos freins deviendront inutiles : l’homme sauvage ne connaît que deux besoins, celui de foutre, et celui de manger ; tous deux lui viennent de la nature ; rien de ce qu’il fera pour parvenir à l’un ou l’autre de ces besoins, ne saurait être criminel : tout ce qui fait naître en lui des passions différentes, n’est dû qu’à la civilisation et qu’à la société ; or, dès que ces nouveaux délits ne sont le fruit que des circonstances, qu’ils deviennent inhérens à la manière d’être de l’homme social, de quel droit, je vous prie, les lui reprocherez-vous ? Voilà donc deux seules espèces de délits auxquels l’homme peut être sujet ; 1°. ceux que l’état de sauvage lui impose : or, n’y aura-t-il pas de la folie à vous de le punir de ceux-là ? 2°. Ceux que sa réunion aux autres hommes lui inspire ; ne serait-il pas plus extravagant encore de sévir contre ceux-là. Que vous reste-t-il donc à faire, hommes ignorans et stupides, lorsque vous voyez commettre des crimes ? Vous devez admirer et vous taire ; admirer… très-certainement, car rien n’est intéressant, rien n’est beau comme l’homme que ses passions entraînent ; vous taire… bien plus sûrement encore, car ce que vous voyez est l’ouvrage de la nature, qui ne doit vous inspirer pour elle, que du respect et du silence,

À l’égard de ce qui me regarde, je conviens avec vous, mes amies, qu’il n’existe pas au monde un homme plus immoral que moi ; il n’est pas un seul frein que je n’aie brisé, pas un principe dont je ne me sois affranchi, pas une vertu que je n’aie outragée, pas un seul crime que je n’aie commis ; et je dois l’avouer, ce n’est jamais qu’au bouleversement constaté de toutes les conventions sociales, de toutes les loix humaines, que j’ai vraiment senti la luxure palpiter dans mon cœur, et l’embrâser de ses feux divins : je bande à toutes les actions criminelles ou féroces ; je banderais à assassiner sur les grands chemins ; je banderais à exercer le métier de bourreau : eh ! pourquoi donc se refuser ces actions, dès qu’elles apportent à nos sens un trouble aussi voluptueux… Ah ! dit Laurentia… assassiner sur les grands chemins ! — Assurément : c’est une violence, toute violence agite les sens ; toute émotion dans le genre nerveux, dirigée par l’imagination, réveille essentiellement la volupté ; si donc je bande à aller assassiner un homme sur le grand chemin, cette action ayant le même principe que celle que me fait déboutonner ma culotte, ou trousser une jupe, doit être excusée comme elle, et je la commettrai dès-lors avec la même indifférence, mais cependant avec plus de plaisir, parce qu’elle a quelque chose de plus irritant. Comment, dit ma compagne, jamais l’idée d’un Dieu n’arrêta tes écarts. Ah ! ne me parte pas de cette indigne chimère, je n’avais pas douze ans, qu’elle était déjà l’objet de ma dérision. Je ne concevrai jamais que des hommes sensés, puissent s’arrêter un moment à cette fable dégoûtante que le cœur abjure, que la raison désavoue, et qui ne peut trouver de partisans, que parmi des sots, des fripons ou des fourbes. S’il était vrai qu’il y eût un Dieu, maître et créateur de l’univers, ce serait, incontestablement, d’après les notions reçues par ses sectateurs, l’être le plus bisarre, le plus cruel, le plus méchant et le plus sanguinaire ; et de ce moment nous n’aurions pas en nous assez d’énergie, assez de puissance pour le haïr, pour l’exécrer, pour l’avilir, et le profaner au point où il mériterait de l’être. Le plus grand service que pourraient rendre des législateurs, serait une loi sévère contre la théocratie. On n’imagine pas à quel point il est important de culbuter les funestes autels de cet horrible Dieu ; tant que pourront renaître ces fatales idées, il n’y aura pour les hommes, ni repos, ni tranquillité sur la terre, et le flambeau des guerres religieuses sera toujours suspendu sur nos têtes. Un gouvernement qui permet tous les cultes, n’a pas absolument rempli le but philosophique, auquel tous doivent tendre : il doit aller plus loin, il doit expulser de son sein tous ceux qui peuvent troubler son action. Or, je vous démontrerai, quand vous voudrez, que jamais un gouvernement ne sera vigoureux, ni stable, tant qu’il admettra chez lui, le culte absurde d’un être suprême ; c’est-à-dire la boëte de Pandore, l’arme acérée et destructive de tout gouvernement, le systême effrayant, en vertu duquel les hommes se croyant journellement en droit de s’égorger entr’eux. Qu’il périsse mille et mille fois, celui qui s’avisera de parler d’un Dieu dans un gouvernement quelconque. Le fourbe, à ce nom sacré, et revéré des sots, n’a d’autre objet que d’ébranler les bases de l’état ; il veut y former une caste indépendante, toujours ennemie du bonheur et de l’égalité, il veut maîtriser ses compatriotes, il veut allumer les feux de la discorde, et finir par enchaîner le peuple, dont il sait bien qu’il fera toujours ce qu’il voudra, en l’aveuglant par la superstition, et l’empoisonnant par le fanatisme. Mais, dit la Durand, dans la seule vue de faire jaser notre homme, la religion est la base de la morale ; et la morale, quelque soient les entorses que tu viennes de lui donner, n’en est pas moins très-essentielle dans un gouvernement.

De quelque nature que vous supposiez ce gouvernement, reprit Cornaro, je vous prouverai que la morale y est inutile. Et, qu’entendez-vous en effet, par morale ; n’est-ce pas la pratique de toutes les vertus sociales : or, qu’importe je vous prie, le respect de toutes les vertus, aux ressorts du gouvernement ? Craignez-vous que le vice contraire à ces vertus, ne puisse entraver ses ressorts ? Jamais. Il est même bien plus important que l’action du gouvernement agisse sur des êtres corrompus, que sur des êtres moraux. Ceux-ci raisonnent, et jamais vous n’aurez de gouvernement solide par tout où l’homme raisonnera ; car, le gouvernement est le frein de l’homme, et l’homme d’esprit ne veut aucun frein. Voilà d’où vient que les plus adroits législateurs, desiraient ensevelir dans l’ignorance les hommes qu’ils voulaient régir ; ils sentaient que leurs chaînes assujétissaient bien plus constamment l’imbécille, que l’homme de génie : dans un gouvernement libre, allez-vous me répondre, ce desir ne peut être celui du législateur. Et quel est, selon vous, le gouvernement libre ; en existe-t-il un seul sur la terre ? je dis plus, en peut-il exister un seul ? L’homme n’est-il pas par-tout l’esclave des lois ? et, de ce moment, ne le voilà-t-il pas enchaîné ? Dès qu’il l’est, son oppresseur, tel qu’il soit, ne doit-il pas desirer qu’il se maintienne toujours dans l’état où il peut être le plus facilement captivé ? Or, cet état n’est-il pas visiblement celui de l’immoralité ? L’espèce d’ivresse dans laquelle végète perpétuellement l’homme immoral et corrompu, n’est-il pas l’état où son législateur le fixe avec le plus de facilité ? Pourquoi donc lui donnerait-il des vertus ? Ce n’est jamais que quand l’homme s’épure, qu’il secoue ses freins… qu’il examine son gouvernement et qu’il en change. Pour l’intérêt de ce gouvernement, fixez-le par l’immoralité, et il vous sera toujours soumis. Je vous demande d’ailleurs, les choses vues en grand, de quelle conséquence sont les vices entre les hommes ? Qu’importe à l’état que Pierre vole Jean ; ou qu’à son tour celui-ci assassine Pierre ? Il est parfaitement absurde d’imaginer que ces différens délits réciproques, puissent être de la plus légère importance à l’état. Mais il faut des loix qui captivent le crime : à quoi bon ? quelle nécessité y a-t-il de captiver le crime ? le crime est nécessaire aux loix de la nature, il est le contre-poids de la vertu : il convient bien aux hommes de vouloir le réprimer. L’homme des forêts avait-il des loix qui contînssent ses passions, et n’existait-il pas aussi heureux que vous ? Ne craignez pas que la force soit jamais entamée par la faiblesse ? si celle-ci souffre, c’est une des loix de la nature, il ne vous appartient pas de vous y opposer. — Voilà, dis-je, un systême qui ouvre la porte à toute les horreurs. — Mais elle sont nécessaires les horreurs ; la nature ne vous en convainc-t-elle pas, en faisant naître les poisons les plus dangéreux, aux pieds même des plantes les plus salutaires ? pourquoi blâmez-vous le crime ? ce n’est point parce que vous le croyez mal en lui-même, c’est parce qu’il vous nuit : croyez-vous que celui qu’il sert, s’avise de le blâmer ? eh ! non, non. Si donc le crime fait sur la terre autant d’heureux que de malheureux, la loi qui le réprimera sera-t-elle juste ? Le caractère d’une bonne loi doit être de rendre tout le monde heureux ; celle que vous aurez promulguée contre le crime, n’aura pas ce grand but ; elle n’aura satisfait que la victime du délit, et sans doute elle aura déplu souverainement à l’agent. Le grand malheur des hommes est de ne jamais, en législation, regarder qu’une portion de l’humanité, sans faire la moindre attention à l’autre ; et voilà d’où viennent, tant de bévues.

Nous en étions là, lorsqu’on vint annoncer qu’une femme, plongée dans la plus extrême misère, sollicitait, avec la plus vive instance, l’honneur d’entretenir un instant Cornaro. Faites entrer, dis-je, sans donner le tems au Vénitien de répondre. Aussitôt, les femmes qui entouraient la table, à genoux, se levèrent pour faire place à cette nouvelle scène, et furent prendre place sur les gradins ou les cinquante sultanes présentaient leurs fesses.

On vit aussi-tôt paraître, avec modestie, une femme grosse, âgée de trente ans, belle comme Vénus, suivie de deux petits garçons lui appartenant, dont un de quatorze ans, l’autre de treize, et deux filles dont elle était également mère, l’une de quinze ans, l’autre de douze. Ô monsieur ! s’écria-t-elle en tombant, avec sa famille, aux genoux de Cornaro, absolument la dupe de la scène que je faisais jouer pour l’émouvoir… ô monsieur… monsieur ! c’est votre pitié que j’implore ; au nom du ciel, laissez-vous attendrir sur le sort d’une mère abandonnée de son époux, et dont vous voyez les malheureux enfans vous demander du pain ; depuis deux ans nous manquons de tout ; sans travail, sans ressources, nous sommes prêts à nous plonger tous cinq, dans l’abîme éternel de la mort, si la dureté des hommes persiste à nous enlever tous les moyens de prolonger nos jours… Oh ! mon cher monsieur, ne voyez pas, sans vous attendrir, l’excès de la misère à vos genoux : soulagez-nous, ou nous allons périr.

Je l’ai dit, rien n’était joli comme cette femme ; son costume négligé, sa grossesse, des grâces infinies répandues sur toute sa personne, des enfans d’une physionomie enchanteresse, d’intéressantes pleurs inondant les joues de cette jolie famille, tout enflamma si bien la criminelle luxure de notre libertin, que je crus un instant qu’il allait décharger sans qu’on le touchât ; mais il s’en garda bien, c’est pour des scènes bien plus piquantes que le scélérat se réserve ; et c’est pour les exécuter qu’il passe avec moi dans Un cabinet, où l’on venait de faire entrer les nouvelles victimes que je viens de peindre.

C’est là que la férocité de cet anthropophage, se développe dans toute son étendue ; il n’est plus à lui ; le décousement de ses propos, annonce son nouveau désordre ; il ne balbutie plus que des paroles sales et sans suite, que d’affreux mots ou des blasphêmes. Je continuerai de vous le peindre dans cet égarement : tous les traits sont essentiels à l’artiste qui développe aux hommes les monstruosités de la nature. Eh bien ! garce, dit-il en entrant, je viens t’apporter des secours ; tu es grosse, je viens te faire pondre. Allons, nue… et des fesses, sur-tout… Juliette, je bande, je bande beaucoup… Frotte mes couilles avec de l’esprit-de-vin… Mais, déshabille donc ces garces… hâte donc leur toilette… Et en disant ces mots, il lance un si furieux coup de poing dans le visage de la mère, qu’il lui poche, un œil, lui casse une dent, la jette à vingt pas de lui ; et le bourreau, tout en agissant, touche mon cul d’une manière si brutale, que dans la crainte qu’il ne s’en prenne à moi, je me hâte d’enlever les haillons qui couvrent l’infortunée, déjà sur le sol que vont bientôt arroser et son sang et ses larmes. Cette attitude, en me forçant d’être courbée, présente entièrement mes fesses au paillard ; il s’en saisit et m’encule. Déshabille-la donc, s’écrie-t-il, arrache, déchire, étrangle si elle résiste ; ne sens-tu pas comme je bande ! et ici, Cornaro exige que cette infortunée vienne me supplier, à genoux, de la déshabiller ; il lui crache au nez pendant qu’elle le fait. Dès que la pauvre femme est dans l’état qu’il desire, il sort de mon cul, la relève, dépouille lui-même, en un clin-d’œil, les deux garçons et les deux petites filles, accable ces quatre culs des plus brutales et des plus dégoûtantes carresses ; puis m’ordonnant de lui brûler les fesses avec une bougie ; allons, foutre, dit-il en fureur, au bout d’un instant, donne-moi donc des verges : dès qu’il en est armé, il étend la mère sur le dos, de manière à ce que son gros ventre se trouve absolument présenté ; il établit ensuite sur le ventre, les quatre enfans, par échelons, ce qui lui donne à flageller de suite, un ventre et quatre, culs. D’abord il baise, il patine tout cela ; il s’extasie à la vue de tant de charmes, s’étonne que la misère et le dénuement de ces malheureuses créatures, ne leur ait rien enlevé de leur fraîcheur et de leur embonpoint : puis passant de la surprise à la scélératesse, il flagelle à-la-fois, en remontant avec la rapidité de la foudre, et le ventre le plus pur, le plus blanc, et les huit julT10p224 fesses les plus appétissantes. Je le branlais pendant l’opération, j’entretenais son énergie par les propos les plus atroces et les plus sanguinaires. De tems en tems, quand il se reposait, quand il s’extasiait à la vue des plaies ouvertes par sa barbarie, il me mettait le vit dans le cul, se retirait au bout de trois ou quatre saccades, et reprenait ses funestes fustigations. Las de ce premier plaisir, il se mit à comprimer le ventre de la jeune mère, à le pétrir, à le battre, à l’accabler de coups de poing ; et pendant ce tems, il dévorait de baisers les fesses sanglantes des quatre enfans.

Les attitudes changent ; il couche la mère au milieu du lit, sur le dos, établit entre ses jambes, tour-à-tour, chacun de ses enfans, et les encule, en accablant le ventre de la mère, des plus sensibles outrages. Mon ami, dis-je, je lis dans tes yeux que ton foutre va te trahir, tu ne tiens pas à tout le piquant de cette scène, tes forces se perderont, et tu ne pourras plus ni consommer ton crime, ni jouir des nouveaux épisodes qui doivent en précéder l’accomplissement. Et que me prépares-tu donc encore, dit le Vénitien, ivre de lubricité ? Viens, dis-je, laisse un moment reposer ces créatures, tu les reprendras dans une minute : je l’entraîne dans une salle où Durand venait de préparer, avec Laurencia, la nouvelle scène que vous allez voir.

Cette salle représentait un de ces temples où se célébraient autrefois les Saturnalles, à Rome. Neuf tableaux lubriques s’offrirent au Vénitien.

Le premier représentait un bel homme, bandant près du cul d’un petit garçon, qu’un autre giton carressait.

Au second, se voyait une femme de quarante ans, branlant une jeune fille de quinze ans, elle-même branlée par une fille de dix-huit.

Au troisième, un vigoureux athlette enculant une belle négresse, et léchant le con d’une jolie blanche.

Au quatrième, une mère fouettant sa fille, et fouettée elle-même par un homme.

Le cinquième offrait un homme enculant un veau, et sodomisé par un chien.

Le sixième, un homme fouettant, à tour de bras, sa propre fille, attachée le long d’une échelle ; on l’étrillait pendant ce tems-là lui-même. Le septième, un grouppe de dix jeunes filles, se gamahuchant toutes les dix.

Le huitième, un grouppe de dix hommes, s’enculant tous mutuellement, et dans des attitudes assez bisarres pour ne composer qu’une masse ronde.

On voyait au neuvième enfin, des hommes enculant des filles tarrées, pendant qu’ils gamahuchaient des vieilles de soixante ans, et que des petits garçons leur mordaient les fesses.

Au milieu de tout cela, deux matrônes semblaient offrir à Cornaro six jeunes filles de deux ou trois ans, toutes nues, et belles comme des petits amours. Elles étaient couronnées de fleurs ; tout agissait ; tout bandait ; tout se prêtait. On n’entendait que des cris, ou de plaisirs, ou de douleurs, et le murmure délicieux des cinglons de verges. Tout était nu ; tout présentait la lubricité sous ses faces les plus scandaleuses ; des flots abondans de lumières, produits par des lampes nourries d’huile de jasmin, dont le parfum flattait autant l’odorat que les rayons, enchantaient les yeux, achevaient de rendre ce temple l’un des asiles le plus délicieux que la luxure eût encore vus s’ériger pour elle.

Notre homme parcourt les différens tableaux offerts à sa luxure. Deux fouteurs et deux fouetteuses le suivent, afin d’irriter son cul, tour-à-tour, de toutes les différentes manières possibles[4]. Ici, le paillard presse des tetons ; de ce côté, il égratigne un cul ; par-là, de vigoureux coups de poing ensanglantent les plus jolies figures. C’est le tigre en fureur au milieu d’un troupeau de brebis.

Allons, dit-il, finissons : je n’y puis plus tenir ; mais je veux opérer devant du monde ; je veux joindre le plaisir du scandale aux horreurs qui décideront à la fin mon sperme. Donne moi six jeunes filles et six jeunes hommes, des plus sensibles et des plus honnêtes que tu aies ici. Ils m’entoureront pendant que j’agirai, et je ferai tout ce qui dépendra de moi pour être le plus effrayant possible. Je lui amène, sur-le-champ, ce qu’il demande, et nous passons tous dans le cabinet où nous attend cette malheureuse famille : on l’entoure ; la peine de mort est prononcée contre ceux, ou qui ne pourront soutenir ce spectacle, ou qui y verseront des larmes. Cornaro se saisit de la mère ; il l’attache par les pieds, et la suspend ainsi au plafond, afin que son enfant l’étouffe. Il fait tenir la plus jolie des filles par sa sœur ; il l’encule. Puis, armé d’une scie à triples dents, il tranche ainsi lentement la tête de cette infortunée, tout en l’enculant. Le cruel fit durer plus d’une heure cette exécrable opération. Trois des spectatrices se trouvent mal, et se brisent la tête en tombant. Marque-les, dit Cornaro, je les travaillerai quand j’aurai fini. La tête tombe enfin ; un autre remplace ; et ce n’est que dans le cul du dernier des garçons et qu’en déchiquetant le col de cette dernière victime, que le scélérat perd enfin les flots du sperme écumeux, dont les bouillonnemens le rendent aussi féroce. Trois autres spectatrices s’étaient de même évanouies ; tout le reste fondait en larmes. Quant à la mère, elle n’existait plus ; son enfant, redescendu dans la poitrine, l’avait étouffée. On ne voyait donc, dans cet affreux repaire, d’un côté, que l’épuisement du crime et que ses sinistres effets de l’autre. Eh quoi ! mon ami, dis-je en m’approchant du coupable et secouant son vit, quoi ! tu laisseras ces victimes impunies ; tu n’exécuteras pas la sentence que tu as portée contre elles ? Non, dit le Vénitien, je suis épuisé ; je ne suis pas ennuyé du crime, mais j’en suis las ; il faut que je me repose. Désespérant d’en tirer davantage, je lui fais servir un consommé, et il se retire, après m’avoir payé cent mille francs les orgies qu’il vient de célébrer.

L’individu le plus apparent qui vint nous visiter, après ce personnage, fut une noble Vénitienne, très-riche, et très-connue par ses débauches.

Silvia, âgée de quarante-cinq ans, grande, faite à peindre, et les plus beaux yeux possibles, arrivait pour passer trois jours entiers dans notre maison. Mes amies, nous dit-elle, j’ai une réplétion de foutre qui ne peut s’épancher que dans des horreurs, et j’en desire de tous les genres. Je veux d’abord, poursuivit cette nouvelle Messaline, que vous me prostituiez à quelques libertins, dont les goûts bisarres me promènent, tour-à-tour, dans les sentiers les plus bourbeux de la crapule. Il en est un tout prêt là-bas, répondis-je, madame, et qui sûrement fera votre affaire ; mais il vous battera ; il vous rossera. — Ah ! mon cœur, c’est tout ce que je demande ; je brûle d’être la victime d’un tel libertin… Que me fera-t-il ensuite ? — Après vous avoir traitée comme la dernière des malheureuses, il vous obligera de lui branler des vits sur le visage ; il vous fera foutre en con devant lui, et finira par vous enculer. Oh ! c’est délicieux, répondit Silvia ; voilà précisément ce que je desire ; pressons-nous de commencer par cette scène, je vous ferai part ensuite de quelle manière je veux la terminer. Je fis monter l’homme en question : il m’avait positivement demandé quelqu’un de l’âge et de la tournure de Silvia. Sa joie fut extrême en la voyant. Nos deux acteurs furent bientôt aux prises ; et moi, derrière ma cloison, non-chalamment couchée entre deux filles, qui me branlaient à-la-fois par-devant et par derrière, je ne perdais rien du spectacle. Dorsini débuta par une douzaine de coups de pieds au cul, rapidement suivis d’une vingtaine de soufflets et de huit ou dix coups de poing ; mais tout cela distribués avec une telle rapidité, que Silvia pût croire qu’elle était assaillie d’une grêle. Cependant sa contenance est ferme, et ses yeux même n’annoncent que du plaisir ; à cet orage succèdent des invectives ; on n’a jamais traitée une femme comme Dorsini traite Silvia. Allons, dit-il, qu’on m’amène des vits ; je veux voir comment cette putain exerce son métier : six beaux fouteurs paraissent ; Silvia nue, les fesses appuyées sur le vit du paillard, lui fait dégorger des engins sur le visage ; il est arrosé de sperme ; on lui en barbouille le nez ; à peine bande-t-il : six nouveaux jeunes gens paraissent ; il leur ordonne de foutre sa putain. Sacre-dieu ! s’écrie-t-il en la voyant s’agiter sous eux, quelle coquine, quel dévergondage !… Oh ! vieille garce, comme le tempéramment te domine ! jure, putain, sacre donc Dieu ; et c’est par mille et mille invectives à l’Éternel que Silvia répond à cette invitation. On ne porta jamais plus loin l’idiôme du blasphême. Cette persuasion au moins me fut restée si Dorsini n’eût encore enchéri sur elle ; pendant ce tems, le coquin se branlait lui-même en maniant tour à tour le cul des fouteurs et celui de sa gueuse ; il la fait enfin retourner ; un vigoureux fouteur, qui l’enconne, expose ses fesses à Dorsini, lequel, après un examen préalable de ce cul qui, comme vous l’imaginez bien, ne se fait pas sans quelques vexations, braque son vit sur l’orifice immoral et s’engloutit en une minute. Silvia souffre tout sans sourciller, tant il est vrai qu’il est possible de trouver autant de plaisir au rôle de patient, qu’à celui d’agent ; l’imagination est l’unique berceau des voluptés, elle seule les créée, les dirige, il n’y a plus qu’un physique grossier… imbécile, dans tout ce qu’elle n’inspire ou n’embellit pas.

Mais Dorsini, qu’on encule lui-même pendant qu’il agit, ne fait que s’exciter provisoirement dans l’anus ; la bouche est son temple ordinaire, c’est-là que son hommage se consomme ; il la demande avec fureur et continue de la foutre dès qu’il y est englouti, et le coquin décharge au grand contentement de sa coquine, qui le suce avec une ardeur bien propre à caractériser son putanisme et tout l’affreux désordre de sa tête impudique. Dorsini paye et se retire.

Partageons, me dit Silvia, j’aime l’argent qui vient du bordel, il m’a toujours porté bonheur. Me voilà suffisamment échauffée, me dit-elle ensuite, procédons au reste. Alors la coquine réunissant, dans un vaste salon, vingt-cinq hommes superbes, et vingt-cinq filles de la plus grande beauté, se livre seize heures de suite, devant moi, aux plus monstrueux écarts de la débauche… aux passions les plus désordonnées, aux goûts à-la-fois les plus sales et les plus extraordinaires dans une femme, qui, nécessairement, n’a dû contracter de pareilles habitudes qu’après avoir renoncé à tous les soins de sa réputation, à tous les principes de pudeur et de vertu dont il semble que notre sexe doive être exclusivement le dépositaire, et dont il ne s’écarte jamais sans surpasser alors tout ce que les hommes offrent de plus exécrable en ce genre.

Silvia, toute en feu, finit par la cruauté ; c’est l’usage. Voici l’horreur qu’elle inventa. Elle choisit pour victime un petit garçon de treize ans, joli comme un ange : je lui ferai beaucoup de mal, me dit-elle ; peut-être même le réduirai-je en une telle extrémité, que tu l’enterreras peu de jours après. Combien veux-tu me le vendre ? — Mille sequins… le marché est conclu.

La coquine fait lier cet enfant à plat ventre sur un banc recourbé en telle sorte qu’il lui exposait entièrement son derrière ; elle s’accroupit alors sur le visage d’un beau jeune homme, couché sur des piles de carreaux, et se fait lécher le con par lui, pendant qu’un autre à genoux devant sa croupe lui gamahuche le cul ; excitée de cette manière, elle s’arme d’une bougie et se délecte à calciner lentement les fesses et le trou du cul de la victime qui, comme vous l’imaginez bien jette des cris affreux pendant l’opération. Pour Silvia, elle décharge ; la garce se pâme en blasphémant comme un charretier, et pousse la férocité au point de faire retourner l’enfant, et de lui arracher avec les dents toutes les parties qui forment son sexe : nous le retirons évanoui, le malheureux mourut trois jours après : et Silvia triomphante, après m’avoir couverte d’or, ne fut pas long-tems sans venir renouveller chez moi de pareilles horreurs.

Ce fut à elle que nous dûmes, quelques mois après, la connaissance du sénateur Bianchi, l’un des plus riches citoyens de la république : âgé d’environ trente-cinq ans, la manie de ce libertin était de prostituer, au bordel, deux de ses nièces dont il était le tuteur. À quelque point que cet homme eût tâché d’anéantir la pudeur dans l’ame de ces jeunes personnes, elles se ressentaient cependant encore assez de l’excellente éducation qu’elles avaient reçue, pour ne se prêter qu’avec peine à un tel acte de débauche. Elles rougirent en me regardant, et ce fut là où je pus voir à quel point cette heureuse candeur embellissait les grâces dont la nature les avait parées ; il était impossible d’être plus jolies. De ce moment j’embrasse, avec délices, le luxurieux projet du paillard, et me plais, par d’indignes propos, à scandaliser ces oreilles chastes. Quelle marchandise faut-il à ces putains, mon ami, dis-je au sénateur, leur faut-il du gros ou du menu ? Regarde toi-même, me répondit Bianchi, en troussant l’une après l’autre ses deux nièces devant moi, mesure leurs cons, et vois ce qui leur faut. Bon, dis je, après y avoir assez brutalement fourré mes doigts… c’est du médiocre qui convient : eh ! non, non, sacre-dieu, s’écria Bianchi ; je veux les élargir ; donne-moi ce que tu as de plus gros ; et d’après cet ordre expressif, dont les pauvres filles continuaient de rougir, je présente six jeunes fouteurs, dont les membres avaient au moins douze pouces de long, sur huit de circonférence ; voilà ce que je veux, me dit notre homme, en les maniant ; mais six ne sont pas assez, ma chère, tu ne connais pas l’appétit de ces demoiselles ; avec leur air agnès, elles foutent, quand elles y sont, comme des louves, et douze hommes, je le parierais, ne les satisferont qu’à peine. Eh bien, dis-je ! en voilà six de plus ; et toi, que te faut-il, aimable libertin ? que fais tu pendant qu’on déshonore tes nièces ? — Je fouts des garçons ; fais-m’en venir six, de douze ans tout au plus ; à l’instant je les lui procure, l’opération commence, et me voilà à mon poste, car vous croyez que je manquais bien peu de pareilles scènes.

Ce libertin fit des horreurs, et en fit exécuter sur ses nièces de plus terribles encore ; il mourut quelque tems après cette scène, et le barbare avait, en expirant, déshéritées ces malheureuses. La misère dans laquelle il les laissa, les contraignit à venir nous demander un asile, que nous leur accordâmes au prix d’une prostitution qui nous valut beaucoup d’argent. Ce fut la cadette, c’est-à-dire, une des plus belles filles de l’Europe, que je livrai quelque tems après, à l’homme dont la passion mérite un article à part dans cet intéressant recueil des lubricités inhumaines.

Alberti était un grand homme, sec, d’environ cinquante-cinq ans, dont le seul aspect était capable d’effrayer une femme. Je lui fis voir le délicat et bel enfant que je lui destinais ; il m’ordonne de la faire mettre nue, et l’examine ensuite en la palpant brutalement, comme on fait à un cheval dont on veut connaître les défauts : pas une parole, pendant cet examen ; pas un geste qui prouvât la lubricité ; ses yeux s’enflammaient seulement ; il respirait avec difficulté. Est-elle grosse, me demanda-t-il au bout de quelques instans, en portant ses mains sur le ventre, toujours avec la même brutalité ? Je ne le crois pas, répondis-je. — Tant pis ; je vous la payais le double si elle l’eût été : quoiqu’il en soit, que veux-tu de cette bête, tu sais à quoi je la destine ? — Deux mille sequins, dis-je. — Je les donnerais si elle était grosse ; ne l’étant pas, je n’en offre que la moitié : nous marchandons en face de la victime ; je la livre enfin. Dès l’instant, elle est enfermée dans une chambre de notre maison, si basse et si prodigieusement isolée, que ses cris ne pouvait s’entendre : là, couchée sur de la paille, le supplice de cette malheureuse devait durer neuf jours ; la nourriture diminuait par gradation jusqu’au quatrième jour, il ne lui était plus rien fourni les cinq derniers. Chaque jour, le féroce Alberti venait supplicier sa victime ; il y passait deux heures : Rosalba et moi assistions à la séance, avec une autre fille qui se changeait tous les jours.

La première chose que fit ce cruel libertin, fut de presser fortement, et les fesses et les tetons de la victime ; il les mollissait, les pinçait, les comprimait avec un tel art, qu’en moins d’une heure, ces quatre globes de chair devinrent tout meurtris. Placée en face de lui, parfaitement à hauteur de sa bouche, il baisait mes fesses pendant ce tems-là, tandis que Rosalba le branlait, et que celle qui changeait tous les jours, le fustigeait à tour de bras. Plongé dans un recueillement total, Alberti ne laissait échapper que des mots coupés, entremêlés de juremens. Les vilaines chairs, dit-il ironiquement ! quel exécrable cul ! de semblables tripailles ne sont bonnes qu’à bouillir ; et les grâces embellissaient celle qu’il osait traiter de cette manière : il ne déchargea point.

Pendant les deux premiers jours, les procédés furent les mêmes ; le troisième, les parties charnues de la victime se trouvèrent tellement flétries, tellement boursoufflées, qu’une fièvre assez violente s’empara de son sang. Bon, dit Alberti, voilà où je la voulais, mon intention était que le régime ne commençât que le quatrième jour ; mais ce nouvel évènement le décide pour aujourd’hui : et il continue de pressurer. Au bout de la séance, il sodomise la victime, en lui pinçant vigoureusement les cuisses ; puis il traita de même la nouvelle fille qui nous aidait, et gamahuchait mon derrière. Les épisodes des trois jours suivans furent les mêmes ; jamais il ne déchargeait : à cette époque, les fesses et les tetons de la victime ressemblaient à des peaux de bœuf, que le soleil a racornies ; et la fièvre malgré le régime, ayant toujours augmentée, nous crûmes que la malheureuse n’irait pas au neuvième jour. Il faut la faire confesser, me dit-il enfin, le huitième, en se retirant ; elle expire, sans faute, à la séance de demain : cette précaution me fit rire ; mais quand je sus que ce paillard voulait être le temoin secret de cette cérémonie, et qu’elle ne devenait qu’un véhicule à sa lubricité, je m’y prêtai de la meilleure grace. Un moine vint, et confessa la malheureuse, pendant qu’Alberti, entre Rosalba et moi, écoutait du cabinet voisin, tout ce que disait la malade : rien ne parut l’amuser autant que cet épisode. Ah ! foutre, disait-il pendant que nous le branlions, c’est pourtant moi qui la réduis là… Voilà mes œuvres ; oh, la garce ! comme j’aime à l’entendre ; et au moyen de ce que nous avions dit à la moribonde que le confesseur était sourd, nous ne perdîmes pas un mot de cette sainte conversation. Le moine disparaît ; le paillard entre ; la jeune fille, épuisée de faim, de fièvre et de contusions, paraît toute prête à rendre l’ame. C’est le spectacle dont le scélérat veut jouir : il la met bien en face de lui ; et pendant qu’il encule Rosalba… que la nouvelle le fouette, il m’ordonne de continuer, sur le corps de la victime, les mêmes vexations dont il l’a tourmentée jusqu’alors. Je remanie ces peaux pendantes : à la seconde ou troisième compression, la malheureuse, épuisée d’aussi longues souffrances, tombe à nos pieds, sans vie. Tel est l’instant de la décharge de notre homme. Mais, juste ciel ! quels élans : je n’avais vu de mes jours une décharge, ni aussi longue, ni aussi impétueuse. Il fut plus de dix minutes en extase ; et le résultat du clystère, le plus abondant, l’eût été moins que celui de l’éjaculation de ce scélérat.

Alberti devint une de nos meilleures pratiques : il ne s’écoulait pas de mois qu’il ne fît une neuvaine dans notre maison. Nous lui livrâmes bientôt l’autre nièce de Bianchi ; mais qui, plus délicate, expira dès le septième jour.

Au travers de tout cela, la Durand menait son cabinet à merveille ; elle s’était si bien informée de toutes les intrigues de la ville, qu’elle était devenue, au bout de fort peu de temps, en état de dire la bonne aventure à tout le monde. Elle sut que le sénateur Contarini, père d’une fille de seize ans, belle comme le jour, en était éperduement amoureux. Elle va le trouver. Échauffez, lui dit-elle, la tête de votre charmante Rosina, sur le desir de se faire annoncer ce qui doit lui arriver dans le cours de sa vie ; indiquez-lui ma maison, je vous y cacherai, et vous réponds de vous faire jouir d’elle amplement, dans les différentes cérémonies où je la soumettrai pour lui dire sa bonne aventure. Le sénateur, hors de lui, promet à Durand tout ce qu’elle voudra, si elle réussit. La modeste Durand s’informe des passions du père ; et comme le paillard exigeait beaucoup de choses, elle lui demande trois mille sequins. Contarini, fort riche, en compta la moitié d’avance, et le jour est pris pour le surlendemain.

Rosina, très-enflammée du desir de se faire annoncer l’avenir, écrit à la Durand, pour lui demander son jour ; et celle-ci ne manque pas de lui indiquer celui dont elle est convenu avec le père. Elle arrive, renvoie sa duègne ; et, je l’avoue, quand cette belle fille fut débarrassée des gazes qui la couvraient, nous crûmes voir l’astre du jour se montrer, après un orage, sur l’horison de la nature. Représentez-vous ce que le ciel a pu former de plus parfait, et vous n’aurez encore qu’une imparfaite idée de l’intéressante fille que je vais en vain essayer de vous peindre. Rosina, âgée de seize ans, grande et faite comme les grâces, ressemblait à ces belles vierges qu’immortalisa le pinceau de l’Albane ; ses cheveux châtains retombaient, en boucles flottantes, sur son sein d’albâtre ; ses grands yeux bleus inspiraient à-la-fois l’amour et la volupté ; et c’était sur sa bouche de rose qu’on desirait éprouver tous les traits d’un Dieu séducteur, dont son ensemble était l’image. On n’eût jamais une plus belle peau, jamais un sein plus rond, des cuisses plus potelées, un con plus étroit, plus chaud, plus mignon, et des fesses… Ah ! quel être au monde eût pu résister à ce beau cul. J’avoue qu’en le voyant, il me séduisit au point, que je ne pus m’empêcher de l’accabler de caresses. Nous prévînmes cette aimable enfant de tout ce à quoi elle devait s’attendre, pour obtenir les prophéties qu’elle demandait. Vous serez fouettée, mon ange, lui dit la Durand : soumise d’ailleurs à un homme qui jouira de vous de toutes les manières imaginables. — Oh ciel ! si jamais mon père. — Est-il rigoureux, votre père ? — Jaloux de moi comme d’une maîtresse. — Soit ; mais il ne saura jamais un mot de ce qui va se passer : c’est l’Être suprême qui va s’emparer de vous, chère fille, et les brèches, que ses jouissances occasionneront, seront réparées sur-le-champ. D’ailleurs, cette cérémonie est indispensable. Vous n’apprendrez pas ce que vous desirez, si vous refusez de vous y soumettre ; et, je vous l’avoue, mes amis, rien ici ne nous amusa davantage comme les combats de la pudeur et de la curiosité. Rosina voulait et ne voulait pas : tantôt révoltée des épreuves, tantôt séduite par l’espoir de son instruction ; rien n’était plaisant comme cet état d’incertitude ; et sans l’arrivée du père, nous nous en serions, je crois, amusées tout un jour. Mais, comme le sénateur était là, il fallut promptement frapper les derniers coups. Rosina se décide à la fin ; je passe du côté du père ; la Durand reste avec la fille.

Quelque fut la tendresse de Contarini pour sa fille, comme dans une ame pareille le libertinage était tout et le sentiment rien, le sénateur ne m’en fit pas moins quelques agaceries suffisantes à me persuader que je ne lui déplairais pas, en exposant mes charmes à ses yeux. Je le satisfis, et ses caresses me convainquirent bientôt de ses goûts. Le paillard aimait passionément le derrière, et il en était encore à caresser le mien, quand nous entendîmes frapper à la cloison. Allons, lui dis-je, préparez-vous, le corps de votre charmante fille va vous arriver. Les planches s’entrouvrent, et la belle Rosina jusqu’au col, tombe nue à la disposition de l’incestueux sénateur. Oh ! foutre, s’écrie-t-il, dès que ce trésor est ouvert à ses yeux, branle-moi, Juliette, branle-moi, je vais mourir de plaisir en examinant tant d’attraits. J’exécute, le libertin parcourt ; tout paraît un moment égal à ses desirs : le con même est baisé par lui ; mais le cul l’emporte bientôt. On ne se fait pas d’idée de l’ardeur avec laquelle ses baisers le couvrent : branle en dessous, me disait-il, pendant que je vais lécher le trou de ce beau cul ; et n’étant bientôt plus maître de lui, son vit, plus dur que le fer, se présente au trou ; il encule : Rosine, peut faite à de semblables attaques, pousse des cris affreux ; rien n’arrête l’impétuosité de ce libertin, il pousse, il presse, il est au fond : le coquin touche mes fesses ; il veut que ma bouche se colle sur la sienne, qu’une de mes mains favorise ses attaques, pendant que l’autre chatouillera le trou de son cul. Libertin, dis-je, en lui obéissant, ton intention est elle donc d’en rester-là, et ce joli petit mont de Vénus ne sera-t-il donc point attaqué par toi ? Non, me dit le fidèle sodomiste, non, je débanderais à l’entreprise : il y a quinze ans que je ne touche plus à ce fruit, et quinze ans qu’il me fait horreur ; mais je vais fouetter. Il se retire en disant cela, saisit les verges que je lui présente, et se met à étriller sa fille, avec une telle violence, que le sang, dont nous avions besoin pour l’opération, s’écoule promptement sur les cuisses. Tu me trouves cruel, mon enfant, me disait Contarini ; mais on n’est pas le maître de ses passions ; plus celles ou nous nous livrons sont rafinées, et plus leurs excès sont affreux : et ici, le desir d’augmenter les tourmens de cette jolie petite malheureuse, m’inspira d’épouvantables conseils. — Quels sont vos projets sur cette fille, demandai-je. — La bien foutre, la fesser cruellement, m’en divertir ainsi trois mois, la forcer à prendre ensuite le voile ; et les coups de fouet, pendant ce dialogue, déchiraient toujours la plus belle peau du monde. — En vérité, monsieur, ce n’est pas trop, ce me semble, la peine de la garder pour cela, et quand vous en serez rassasié, on vous fournira facilement ici les moyens de vous en défaire, et vous n’aurez pas de dot à payer. — Que dis-tu, Juliette ? — Il y a mille façons. Comment, l’idée d’un meurtre de débauche n’est jamais venu souiller votre imagination ? — Si… j’ai quelquefois conçu cette fantaisie… mais avec ma fille ! Et je voyais le vit du paillard lever, à cette idée, une tête rubiconde et vermeille, signe assuré du plaisir dont le seul apperçu du projet, enflâmait ses sens irrités. Juliette, poursuivait-il, en baisant avec fureur les traces de ses cruautés, tu m’avoueras que ce serait un crime horrible, un délit sans exemple, et dont frémirait la nature. — Vous en jouiriez pourtant. Alors, pour achever d’enflâmer le paillard, je tire des cordons préparés ; la chambre où nous sommes s’obscurcit au plus grand degré ; je frappe contre la cloison, et le corps entier de Rosina passe dans la chambre. Observez-vous, dis-je bas à Contarini, la voilà toute entière ; mais ne dites mot. Le libertin saisit sa fille, s’énivre sur sa bouche et sur ses tetons, des plus divins baisers, la rencule et décharge. Oh ciel ! qu’avez-vous fait, lui dis-je, je vous la livrais, que n’en avez-vous profité… Renvoyons-là, et je vais tâcher de vous rappeler à la vie, pendant que la Durand tirera son horoscope. Je refrappe, la cloison s’ouvre, l’enfant disparaît ; et pendant ce tems, l’adroite Durand le vendait à un autre. Nous avions trois ou quatre abonnés, qui ne s’amusaient que de ces sortes de prostitutions ; et l’on avait soin de leur livrer ce que l’on supposait devoir leur convenir. Je fis l’impossible alors, pour tirer notre homme de son engourdissement, rien ne put y réussir. Contarini était un de ces hommes faibles, qui ne conçoivent le crime que dans le délire des passions ; l’idée que je lui proposais était trop forte pour lui, il redemanda sa fille avec instance. Je fus aussi-tôt prévenir la Durand ; mais trop sûre de gagner des monts d’or avec cette délicieuse petite fille, elle m’assura qu’elle ne la rendrait jamais. Absolument de cet avis, je me hâtai de lui proposer un moyen qui remplirait notre but mutuel ; elle arrange tout. Oh ! monsieur, dis-je en larmes, en revenant trouver le père,… votre malheureuse fille, — Eh bien ! Effrayée de la prédiction qui lui a été faite, elle vient de se jeter par une fenêtre ; elle est morte, monsieur, elle est morte. Contarini désolé, repasse dans l’appartement de ma compagne, on lui fait voir un cadavre défiguré, de l’âge et de la tournure de sa fille ; le benêt croit tout. Un moment, il veut employer la menace, mais bientôt contenu par la crainte d’une récrimination trop juste, dont il sait que nous pouvons légitimement nous armer, il se tait, sort en larmes, comme un imbécille, et nous laisse sa chère et adorable fille, qui, promptement séduite par nous, devint bientôt une de nos meilleures putains. À quelque tems de là, un noble Vénitien, de la première classe, vint nous acheter du poison pour une femme qu’il avait adorée, et dont il était devenu l’époux depuis deux ans ; le malheureux se croyait trompé ; il ne l’était pas : sa femme était un modèle de sagesse et de retenue ; j’étais la seule cause des soupçons qu’il avait contr’elle ; ils étaient l’ouvrage de ma méchanceté. Cette femme me déplaisait ; je voulais la perdre, j’y réussis. Le scélérat l’empoisonna lui-même, et vous jugez des effets que j’en ressentis.

Peu après, un fils vint nous en demander pour son père ; il s’agissait de la succession : le jeune homme impatient s’ennuyait d’attendre ; pour deux mille sequins, nous lui vendîmes le secret d’entrer en jouissance dès le lendemain.

Vous me rendez, j’espère, assez de justice, pour croire qu’au milieu de tout cela je ne m’oubliais point ; assez riche pour donner énormément à mes plaisirs, et pour ne me livrer aux autres que par caprice ou par sordidité, je me plongeai, sans aucune retenue, dans un gouffre d’horreurs et d’impudicités.

Mon goût pour le vol et pour le meurtre, s’exerçait à travers de tout cela ; et dès que ma perfide imagination condamnait une victime, il était bien rare quelle ne fût immolée sur-le-champ.

J’en étais là de mes désordres moraux et physiques, lorsqu’un jour, je reçus de Zeno, chancelier de la république, l’invitation de me rendre, avec mes deux amies, à sa campagne, située sur les bords du canal de la Brenta ; nous y passâmes une journée entière, au milieu de ce que la lubricité pût nous fournir de plus piquant, Excédés de fatigue, nous étions à nous restaurer par un souper délicieux, lorsqu’une fille de dix-huit ans, belle comme le jour, demanda instamment à parler à Zeno. — Comment ! ici, dans l’asile de mes plaisirs ? à l’heure qu’il est ?… Excellence, dit l’introductrice, elle a tout forcé, elle est au désespoir, elle accourt exprès de Venise, elle dit que la chose est pressée, et qu’il n’y a pas un moment à perdre. Faites entrer, dit Zeno : ô Juliette, poursuivit-il, en me parlant bas, ou je me trompe, ou voici quelqu’occasion de mettre en action mes principes. Les portes s’ouvrent, et la plus belle créature que j’aie vu de ma vie, tombe, en larmes, aux pieds du magistrat. O monseigneur, s’écrie la belle affligée, il s’agit de la vie de mon père ; arrêté hier, pour une prétendue conspiration, dans laquelle il n’entra de ses jours, il va demain porter sa tête sur un échafaud ; vous seul pouvez le sauver ; je vous conjure de m’accorder sa grace ; s’il faut que le sang de l’un des deux coule ; ô monseigneur, prenez le mien, et sauvez celui de mon père. Aimable enfant, dit Zeno en relevant cette fille, et en la faisant placer près de lui ; n’êtes-vous pas la belle Virginie, fille du noble Grimani ? — C’est moi-même. — Je connais votre affaire, mademoiselle ; et certes, votre père, quoique vous puissiez dire, est grandement coupable. — Non, monseigneur. — Il l’est ; mais tout peut s’arranger. Juliette, suivez-moi : je suis à vous dans un instant, Virginie ; je vais écrire ce qu’il faut pour sauver votre père. — O brave seigneur ! — Un moment, ne pressez pas autant les effets de votre reconnaissance ; cette grâce n’est pas accordée. — Comment ? — Vous saurez tout, mademoiselle, tout sera bientôt dans vos mains ; et vous ne pourrez bientôt plus vous en prendre qu’à vous-même, si vous n’obtenez pas ce que vous demandez : nous passons dans un cabinet.

Voilà, me dit Zeno, une créature qui me fait extraordinairement bander : c’est la plus belle fille de Venise : il faut que je l’aie à quelque prix que ce soit ; cependant, je ne puis sauver son père, et quand je le pourrais, Juliette, je ne le ferais certainement pas ; je vais écrire deux lettres ; dans l’une, je demanderai sa grace, sa prompte exécution dans la seconde ; et ce sera cette dernière que je ferai porter, tout en lui faisant croire que c’est l’autre : persuadée que j’envoie celle qui flatte ses desirs, Virginie m’accordera tout ; mais quand elle verra que je l’ai trompée… O Juliette ! c’est ce qui m’embarrasse, — Et quelle nécessité y a-t-il renvoyer ? — Sa famille… Venise… la république entière. — Il faut la dénoncer elle-même. — Mais en l’accusant, je ne peux plus en jouir, elle me perdra. — Zeno, vos accusations sont secrètes, vos tribunaux obscurs, vos exécutions nocturnes, promettez à cette fille la grâce de son père, envoyez, ainsi que vous l’avez dit, le billet contraire à ce dessein, jouissez d’elle, accusez-la tout de suite après, je vous proteste que mes femmes et moi nous vous servirons de témoins. Ces petites horreurs sont des jouissances pour mon cœur dépravé, et je m’y livre avec délices ; certifiez que cette créature n’est venue ici que pour vous séduire, nous le soutiendrons de même ; traitez de calomnies, de récriminations, tout ce qu’elle inventera pour sa défense ; payez bien l’avocat de forme qui lui sera donné ; que son procès s’instruise avec autant de promptitude que de mystère, et dans vingt-quatre heures, si vous le voulez bien, elle est expédiée. — Tu as raison… Voilà les billets écrits rentrons… Oh Juliette, quelle jouissance !… Non, je ne vis jamais une fille plus aimable que toi.

Voilà, dit Zeno, en reparaissant, la grace de votre père, mademoiselle ; lisez ce papier, mais vous imaginez, j’espère, que de telles faveurs ne s’accordent pas pour rien : — oh ! monseigneur, toute notre fortune est à vous, prenez, disposez, ordonnez, j’ai ordre de ma famille de prendre avec vous, sur cela, tous les arrangemens que vous voudrez. Il ne s’agit point d’argent, dit Zeno, ce que j’exige est plus précieux ; ce sont vos charmes, Virginie, qu’il faut m’abandonner ; telle est la seule récompense que j’exige, pour la grace que je vous accorde, et le courrier ne part pas que je n’aie obtenu ce que je demande. — Grand Dieu ! quel sacrifice !… O toi que j’aime, dit-elle, en tirant de son sein le portrait de son amant, faut-il donc que l’on ait la cruauté de me mettre entre l’infidélité et l’infamie ! Ah, monseigneur ! quelle belle action vous feriez, en vous contentant du bonheur de sauver la vie à un innocent : — cela est impossible ; il faut même que vous vous décidiez à la minute même… Les crimes de votre père sont tels, que dans quelques minutes il ne sera plus tems ; et pendant qu’elle se consultait, Zeno fut s’enfermer avec Lila, pour achever de s’exciter aux infamies qui ranimaient. Je donne le mot à Rosalba, dont l’esprit pénétrant faisait chaque jour de nouveaux progrès ; et pour combler la méchanceté, nous sermonâmes cette jeune fille en sens inverse : oh ! mademoiselle, lui dit Rosalba, n’ayez aucune confiance en ce libertin ; il est capable de tout, dès qu’il a pu l’être, d’exiger votre honneur pour prix des jours de votre père. Il vous trahira, dès qu’il aura joui de vous ; et le monstre, pour couvrir son crime, vous immolera peut-être, sur les mânes encore palpitantes du respectable auteur de vos jours : mais, à supposer qu’il tienne parole, de quel œil votre amant verra-t-il ce sacrifice ? L’amour n’en pardonne point de cette espèce, et vous êtes bien sûre de n’être jamais excusée par lui ; méfiez-vous de tous les pièges qu’on vous tend ; ce que vous inspirez dès la première vue, m’engage à vous le dire… Vous êtes perdue, si vous faiblissez ; la reprenant de là, et sans avoir l’air de savoir ce que Rosalba vient de faire, mademoiselle, lui dis-je, je sais parfaitement qu’à votre âge le sentiment et la délicatesse sont des dieux auxquels on croit devoir s’immoler ; mais cette folle constance que vous gardez à votre amant, doit-elle balancer, je vous prie tous les sentimens dûs à votre père ? Zeno, le plus honnête des hommes, est incapable de vous trahir : songez, d’ailleurs, que ce n’est pas votre cœur qu’il demande, il se contente de votre corps. Vous n’en resterez pas moins pure aux yeux de votre amant… Ah ! croyez-moi, belle Virginie, dans la situation où les circonstances vous placent, vous ne pouvez refuser sans crime. Verrez-vous de sang-froid votre père marcher à la mort, pendant qu’un seul instant de complaisance eût pu le sauver ? Ah ! Virginie, êtes-vous bien sûre que cette fidélité, à laquelle vous sacrifiez tout, soit aussi religieusement observée par votre amant, que par vous ; et ne connaissez-vous pas les hommes ! S’il arrivait, cependant que celui que vous aimez n’eût pas autant de vertu, quel remords n’auriez-vous pas, en ce cas, d’avoir immolé votre père à un sentiment dont vous ne seriez pas payée : non, mademoiselle, vous ne pouvez refuser ce que l’on vous propose, sans crime, je vous le répète ; la pudeur que vous allez sacrifier, n’est qu’une vertu de convention ; la piété filiale que vous outrageriez, en ne cédant pas, est le vrai sentiment de la nature, le sentiment précieux et cher que vous n’étoufferiez pas, sans mourir de douleur.

Vous n’avez pas d’idée, mes amis, du bouleversement dans lequel nous tenions cette ame timorée, par des propos de cette nature ; son esprit était si troublé, que ses forces morales étaient prêtes à l’abandonner. Zeno rentre… et dans un tel état d’indécence, qu’il n’était plus possible de douter de la perte de sa malheureuse victime : le coquin bandait ferme, et Lila nue, nous l’amenait par le bout du vit. Eh bien ! est-elle décidée, nous dit-il en balbutiant ? Oui, oui, répondis-je ; monseigneur, mademoiselle est trop raisonnable pour ne pas sentir qu’elle doit bien plus à son père, qu’à sa prétendue virginité, et elle est prête à vous l’immoler sur-le-champ… Non, non, s’écria cette pauvre fille en larmes, non, non, j’aime mieux la mort ; mais la saisissant aussi-tôt, mes femmes et moi, en deux minutes nous l’exposâmes nue, malgré elle, aux regards impurs du chancelier. Dieu ! quelles formes ! quelle chair ! que de fraîcheur ! quel incarnat ! Flore elle-même, eût offert moins d’attraits. Zeno ne se lassait point d’admirer, et chacun des baisers lubriques dont il accablait cette charmante fille, semblait découvrir un charme nouveau. Nous offrîmes le cul : juste ciel ! que d’attraits ! que de fermeté ! que de rondeur ! et quand nous l’entr’ouvrîmes, quand nous exposâmes aux yeux de Zeno, le trou mignon, objet de ses desirs, nous crûmes qu’il allait mourir de plaisir en le foutant avec sa langue. Voyons comme elle est dans le plaisir, dit le Chancelier ; Juliette, et toi, Rosalba, chatouillez-la toute deux sur toutes les parties voluptueuses de son corps ; en face de l’opération, je vais me faire polluer par Lila, et à mesure que vous allez l’enflammer toutes deux, ma bouche, errante sur tous ses charmes, y saisira la volupté. Cette commission me plaisait d’autant plus que j’avais la plus grande envie de branler cette belle fille ; nous nous y prîmes donc avec tant d’adresse, ma compagne et moi, que les beaux yeux de Virginie se chargèrent bientôt de lubricité ; et la jolie coquine, pâmée dans nos bras, facilite bientôt au vit de Zeno, par le moyen du foutre qu’elle perdait avec abondance, la destruction de son joli pucelage. Lila y présente aussitôt l’engin du Chancelier ; le paillard pousse, mais comme il est faiblement fourni, et que Virginie décharge, toutes les difficultés disparaissent ; le voilà maître de la place, pendant que je contiens seule la victime, en continuant de la branler ; que Lila, exhaussée sur le sein de Virginie, présente son beau cul aux baisers du paillard, et que Rosalba le fustige. Il était prêt à s’égarer, quand je l’arrête aux portes du plaisir ; ménagez vos forces, lui dis-je, songez qu’une autre forteresse vous attend, n’épuisez pas vos munitions de guerre. Tu as raison, s’écrie-t-il en se retirant ; et nous remontrons aussitôt, à ses lubriques desirs, le plus divin cul qu’eût créé la nature depuis celui de Ganimède. Zeno contemple ; sacre-dieu, dit-il, que d’attraits ! et le coquin, sans s’amuser à louer davantage, au moyen des services que nous lui rendions, eut bientôt forcé les barrières. Virginie, par l’attitude que je lui avais fait prendre, était appuyée sur mon visage, et je suçais son con pendant qu’on la sodomisait ; mes amies branlaient, maniaient, servaient Zeno, tout l’entourait de volupté, tout hâtait la perte du foutre qu’il élança bientôt au fond du plus beau cul du monde, malgré les cris, les soubre-sauts de la victime, qui n’avait pas endurée si patiemment cette attaque-ci que l’autre. Quelle jouissance, me dit-il en se retirant ! oh Juliette ! après la tienne, il n’en est pas de plus délicieuse au monde… je suis encore dans une ivresse… Allons, dis-je, presse-toi d’envoyer le billet. Assurément, me répondit ce monstre ; je viens d’acquérir, en foutant cette fille, de bien grands titres à condamner son père… puis, bas, mais je n’en resterai point là, Juliette. Je veux que ma scélératesse t’étonne, et c’est dans ce nouvel épisode que je compte retrouver les forces nécessaires à une nouvelle jouissance. — Et quand tu te seras lassé de cette jouissance, en laisseras-tu vivre long-tems l’objet ? Mais, dit Zeno, je crois qu’en joignant un mot au billet, on viendrait l’arrêter dans mon château même ; et comme je rebanderai d’ici là, peut-être serais-je encore dans son cul, quand on arriverait pour la conduire à la mort. Exécute promptement, dis-je à Zeno, cette idée est délicieuse… le supplément au billet part, et nous nous relivrons aux luxures. À la manière dont je voyais que Zeno caressait les fesses de Virginie, il était facile de se douter de toutes les conjurations qu’il formait intérieurement contre ce beau derrière ; on n’imagine pas les atrocités qu’inspire un cul, quand on en a bien joui ! Tu veux fouetter, n’est-ce pas, mon ami, dis-je à Zeno, tu veux déchirer ce beau cul, et tu n’oses ? Eh bien ! dis-je, satisfais-toi ; j’ai dans ma poche, une eau qui, dans trois minutes, fera disparaître les traces ; et si, pour preuve de ce qu’elle a souffert, la coquine veut montrer les marques, elle sera contrariée par l’évidence, et tout ce qu’elle pourra dire ensuite, n’en portera que bien mieux toutes les couleurs de la calomnie… Oh Juliette ! Juliette ! s’écria Zeno, je ne cesserai de te dire que tu es une créature délicieuse ! Le scélérat alors, n’écoutant plus que sa passion, saisit des verges, nous fait tenir Virginie ; et sacrant comme un malheureux, le coquin, en moins de cent coups, met en lambeaux le plus beau cul du monde ; il redouble, je le suçais pendant ce tems-là ; mes deux autres femmes le fouettaient ; il rebande, se jette comme un furieux sur cette belle fille, la sodomise, et décharge en hurlant.

Oh ! Juliette, me dit il, dès qu’il a fini, que ne puis-je immoler moi-même cette garce, que de plaisirs elle me donnerait : sa profonde sensibilité la rend susceptible de mille différens supplices, tous plus divins les uns que les autres. Comme on écorcherait ce beau sein, comme on brûlerait ces belles fesses… Ah ! Juliette ! Juliette, je voudrais rôtir son cœur sur son ventre, et le lui manger sur la figure ; et comme je voulais la frotter de mon eau, non, non, me dit ce monstre, laisse-lui mes marques, je veux qu’elle les porte à l’échafaud, je veux qu’elle ait la possibilité de les montrer, et qu’elle ne l’ose pas ; cette idée m’amuse ; et par d’affreux discours nous nous amusâmes à désespérer cette pauvre fille, jusqu’au moment où les réponses arrivèrent.

Les fatales lettres de Zeno n’avaient que trop réussi, on venait arrêter la fille de Grimani. Oh juste ciel ! s’écrie cette infortunée, en voyant les effets des perfides manœuvres du chancelier ; tu m’as trompée, scélérat, mais mes juges m’entendront, et je me vengerai de tes horreurs. Faites votre devoir, messieurs, dit aux Sbirres le flegmatique Zeno, sans avoir l’air de prendre gardes aux invectives qu’on lui adressait, emmenez cette fille ; ne voyez-vous pas bien que la douleur lui trouble la cervelle. A-t-on pris garde, ajouta ce monstre, aux recommandations que j’ai faites, d’exécuter promptement les coupables ? Excellence, dit un des Sbirres, en sortant deux têtes sanglantes de dessous son manteau ; voilà comme vos ordres ont été exécutés ; et Virginie tombe à la renverse en reconnaissant son père et son amant. Quelle scène, me dit Zeno tout bas ; vois comme elle me fait rebander. Ah ! tâchons d’être seuls, et recommençons des horreurs. — Rien de plus simple, gardez les têtes et renvoyez les Sbirres. — Tu as raison… Sortez, messieurs, dit le chancelier : dans deux heures Virginie sera dans les cachots de Venise ; laissez ces têtes, et retournez à d’autres devoirs. Un moment, dis-je bas à Zeno, le Sbirre qui tient ces têtes, est-il le même que celui qui les a coupées ? — Oui. — Eh bien, il y a ici, ce me semble, un rafinement d’outrages, essentiel à mettre en action : quelqu’affreux que soit ce Sbirre, il faut qu’il foute la fille, la main teinte encore du sang de son malheureux père et de son triste amant… Assurément, dit Zeno, il y a là des choses délicieuses à faire, gardons-nous bien de les manquer. Un seul Sbirre s’en va, et Zeno s’enferme avec l’autre, Virginie, les têtes, les trois femmes et moi. Nous rappelons la victime à la lumière, en ayant soin de placer les têtes en face d’elle, pour qu’elles la frappent, sitôt qu’elle ouvrira les yeux. Le Sbirre est chargé du soin de rendre cette belle fille au jour ; et dès qu’elle a repris l’usage de ses sens, c’est son père, c’est son amant qu’elle voit, c’est dans les bras de leur bourreau qu’elle se trouve. Je branlais ce vilain homme, pendant qu’il donnait ses soins à Virginie : Foutez cette belle fille, lui dit le chancelier, — Oh ! Monseigneur. — Je vous l’ordonne ; vous avez assassiné le père, je veux que vous foutiez la fille ; vous avez tué l’amant, je veux que vous foutiez la maîtresse ; et le coup de foudre, qui frappe à ces mots Virginie, la replonge encore, presque sans connaissance, dans mon sein. Un moment, dis-je à Zeno, ceci malheureusement va devenir ta dernière décharge ; il faut qu’elle soit complette, que tous les moyens qui sont en notre puissance, soient employés pour la rendre brillante, et voici, sous ma direction, la tournure que je fis prendre au grouppe voluptueux que je desirais. Le Sbirre se coule sous Virginie, il l’enconne, ouvre, et présente les fesses de cette sublime créature à Zeno, qui l’encule ; de chacune de ses mains, Virginie tient une des têtes : à cheval sur la poitrine du Sbirre, je lui fais sucer mon con, en tournant mes fesses à Virginie : Zeno branle de droite et de gauche, les deux culs de mes amis ; une vielle le fouette. Vaincu par d’aussi délicieuses sensations, il était difficile que le paillard y tint ; il décharge ; nous l’imitons tous ; mais c’est sans mouvemens que Virginie est arrachée à cette scène, d’horreurs.

Nous partons. Le chancelier remet lui-même sa victime dans les prisons du palais, et dans vingt-quatre heures, au moyen de nos dépositions, Virginie se trouve condamnée. Tel était le moment où nous l’attendions. À force d’or et de séductions, Zeno fait immoler une autre fille à sa julT10p266 place. Virginie retombe entre nos mains ; nous lui servons nous-même de bourreaux, et la malheureuse ne gagne pas au change. Dieu ! quelle scène ! j’en déchargeai huit jours de suite ; peu d’infamies, sans doute, m’avaient plus échauffée que celles-là.

Les femmes, de leur côté, continuaient d’abonder dans notre maison ; les unes pour se faire dire leur bonne aventure, les autres pour s’y vautrer, avec autant de mystère que d’impunité, dans tout ce que le libertinage avait de plus recherché. Par les mesures que nous avions prises, nous pouvions fournir, sous le voile le plus impénétrable, des filles et des garçons aux femmes qui nous fréquentaient. Nous arrangions aussi des petits ménages, qui, gênés par leurs parens, étaient bien aises de trouver un asile chez nous. D’autres parties se faisaient dans des appartemens obscurs, où les hommes ne pouvaient reconnaître les femmes que nous leur livrions. À combien de pères, par ce moyen, nous avons donné leurs filles ; à combien de frères leurs sœurs, à combien de prêtres leurs pénitentes ?

Il me vint un jour deux femmes de vingt à vingt-cinq ans, charmantes, qui, s’étant mutuellement échauffée la tête sur moi, me supplièrent de diriger leurs jeux, et de m’y mettre en tiers. Nous soupâmes toutes les trois ; leur manie consistait à me sucer la bouche et le con : elle se relayaient rapidement, et de manière à ce que celle qui venait de me gamahucher, me langottait, et que celle qui venait de baiser ma bouche, suçait aussi-tôt mon con : il fallait que, pendant ce tems-là je les branlasse chacune d’une main, et qu’armée d’un godmiché, je les foutisse ensuite toutes deux, pendant que celle, qui n’était pas foutue, se faisait gamahucher par celle qui l’était. Je n’avais jamais vues de femmes si lubriques : on ne se figure point ce qu’elles inventèrent, ce qu’elles me dirent en se livrant à la lubricité. Une d’elles, je m’en souviens, porta l’extravagance au point de desirer d’aller se faire foutre au milieu d’un hôpital de vérolés. Bien venu qui m’expliquera maintenant l’imagination des individus de mon sexe ; pour moi j’y renonce. En général, on n’est pas plus vive, plus aimable, que ne le furent ces deux libertines : je crois que la nature favorise infiniment davantage les tribades, que les autres femmes ; et que comme elle leur accorde une imagination plus sensible, elle leur a prodigués de même, tous les moyens du plaisir et de la volupté[5].

Je ne dois pas vous laisser ignorer, non plus, une partie bien extraordinaire, que j’exécutai avec quatre citadines Vénitiennes.

Elles attendirent un jour orageux, et vinrent me prendre en gondole, dans le moment où les éclairs sillonnaient la nue. Nous gagnons la grande mer ; l’orage se décide ; le tonnerre se fait entendre. Allons, dirent ces coquines, voici l’instant, branlons-nous ; que ce soit en bravant la foudre, que nous élançions notre sperme ; et les garces se jettent sur moi comme des Messalines. Ma foi, je les imite : trop sensible au plaisir pour être refroidie par d’aussi simples phénomènes de la nature, je blasphême, comme elles, le chimérique Dieu qui, dit-on, les produit. Cependant, le tonnerre gronde, la foudre tombe de toutes parts. Notre gondole, rapidement élancée, ne paraît plus que le jouet des flots ; et nous jurons, nous déchargeons, nous bravons la nature alarmée… en courroux contre tout ce qui existe, et ne respectant que nos plaisirs.

Une autre très-jolie femme m’envoya prier de venir déjeûner dans son palais. Je fus obligée de polluer, devant elle, son fils, âgé de quinze ans ; ensuite nous nous branlâmes devant son fils. Elle fit descendre sa fille, qui avait un an de moins. Elle m’ordonna d’exciter cette jeune personne, pendant qu’elle se faisait enculer par son fils : ensuite elle tint, elle-même, sa fille aux attaques sodomites de son fils. Pendant ce tems-là, je gamahuchais la demoiselle, et la mère branlait, avec sa langue, le trou du cul du fouteur de sa fille. Je n’avais pas encore vu de tête plus libertine, de sang froid… aucune de mieux organisée. Dès qu’elle sut que nous vendions des poisons, elle en acheta de toutes les sortes. Je lui demandai si elle s’en servirait pour les jolis objets avec lesquels nous venions de jouir. Pourquoi pas, me dit-elle ? Quand je me livre à ces infamies-là, je n’y mets jamais de bornes. Délicieuse créature, lui dis-je, en baisant sa bouche ; c’est que, plus l’on brise de freins en ce cas, et plus l’on décharge. Je déchargerai donc bien, me dit-elle, car j’en briserai beaucoup. Six mois après, elle n’avait plus ni mari, ni père, ni mère, ni enfans.

Un membre du conseil des dix m’envoya chercher, pour servir de jouissance à son fils, qu’il enculait pendant ce tems-là.

Un autre, de la même chambre, exigeait que je me branlasse avec sa sœur, vieille et laide. Il enculait cette sœur ; il m’en fit autant après, puis, je reçus cent coups de fouet par cette sœur.

Il n’était pas, en un mot, de luxure, de débauche, d’infamies auxquelles la Durand et moi, ne nous livrassions du matin au soir ; et il n’y avait pas de jour que ce quadruple métier, de putain, de maquerelle, de sorcière et d’empoisonneuse, ne nous rapportât mille sequins, et souvent beaucoup davantage.

Soutenues, aimées, recherchées de tout ce qu’il y avait d’aimables libertins, dans les deux sexes, à Venise, nous menions, sans aucun doute, la vie la plus délicieuse et la plus lucrative, lorsqu’un revers affreux vint troubler notre union… m’enlever, ma chère Durand, et me faire perdre, en un jour, et toutes les sommes que j’avais placées sur Venise, et toutes celles que j’y avais gagnées.

Le sort s’annonçait dans la punition qu’il préparait à la Durand, de la même manière qu’il s’était manifesté pour moi. J’avais été punie, lorsque je fus obligée de quitter Paris, pour n’avoir pas voulu porter le crime à son dernier période. La malheureuse Durand eut la même fortune ; et nous pûmes nous convaincre, l’une et l’autre, par de si cruels exemples, que le plus dangereux de tous les partis, quand on est dans le train du crime, est de revenir à la vertu, ou de manquer de la force nécessaire à franchir les dernières bornes : car ce fut bien plutôt le défaut de courage que la volonté qui manqua à mon amie ; et certes, si la malheureuse se perdit, ce fût plutôt pour n’avoir pas tout osé, que pour n’avoir pas tout voulu.

Les trois inquisiteurs d’état envoyèrent, un matin chercher la Durand ; et après avoir exigé d’elle le secret le plus inviolable, ils lui révélèrent, qu’ils avaient besoin de ses secrets destructeurs, pour anéantir une faction nombreuse qui s’élevait dans la ville. Les choses sont malheureusement trop avancées, lui dirent-ils, pour employer les moyens juridiques ; nous n’avons plus que celui du poison. Vous savez avec quelle tranquillité nous vous, avons laissé jouir du fruit de vos forfaits, depuis trois ans que vous êtes dans Venise ; il faut nous en témoigner votre reconnaissance, en nous communiquant, ou en exerçant, pour notre compte aujourd’hui, des crimes dont il eût été de notre devoir de punir sévèrement les résultats. Avez-vous le double secret de donner la peste dans une ville, et d’en préserver ceux qui vous seront indiqués ? Non, dit la Durand, quoiqu’elle possédât et l’un et l’autre de ces secrets ; mais elle eut peur. Cela est bon, répondirent les magistrats, en lui faisant ouvrir une porte pour la congédier ; et ce qui acheva de la faire frémir, c’est qu’on ne prit pas même la peine de lui recommander le silence. Nous sommes perdues, me dit-elle en rentrant ; et elle me raconta ce qui venait de lui arriver. Je voulus la renvoyer à l’instant ; ce serait la même chose me dit-elle ; j’exécuterais, que je perdrais de même la vie ; on me sacrifierait secrètement. Je vais même te quitter fort vîte, afin de ne te point compromettre, si l’on venait à soupçonner que nous nous fussions vues au retour. La malheureuse me quitte. Adieu, Juliette, me dit-elle, nous ne nous reverrons peut-être jamais. Il n’y avait pas deux heures qu’elle m’avait quittée, lorsqu’on vint me chercher de la part de la république. Je suis les sbirres ; j’arrive au palais ; on me fait passer, très-émue, dans une salle isolée, presqu’au comble de la maison. Les sbirres se rangent autour de moi et me gardent. Un grand rideau de taffetas noir partageait cette salle. Deux des inquisiteurs paraissent ; les sbirres sortent. Levez-vous, me dit l’un d’eux, et répondez avec autant de clarté que de précision. Avez-vous connu une femme nommée Durand ? — Oui. — Avez-vous exercée des crimes avec elle ? — Non. — Vous a-t-elle quelquefois mal parlé du gouvernement de Venise ? — Jamais. Juliette, dit gravement l’autre juge, vous en imposez dans vos réponses ; vous ne nous instruisez pas autant que nous le sommes ; vous êtes coupable. Tenez, continua-t-il, en tirant le rideau, et me laissant voir le corps d’une femme, pendue au plafond, dont je détournai sur-le-champ les yeux avec horreur, voilà votre complice, c’est de cette façon que la république punit les fourbes et les empoisonneuses. Sortez sous vingt-quatre heures de son territoire, ou voilà le sort qui vous attend demain. Je m’évanouis. Quand je repris l’usage de mes sens, j’étais entre les mains d’une femme que je ne connaissais point, et les sbirres m’entouraient encore. On m’entraîna de cette salle. Allez chez vous, me dit le chef des sbirres, exécutez fidèlement… ponctuellement les ordres de la république. Ne réclamez point contre celui qui confisque vos biens ; c’est-à-dire, seulement ce que vous aviez placé sur Venise, vos meubles et vos bijoux. Partez avec le reste ; ou vous êtes morte, si demain le soleil vous retrouve encore dans la ville. J’obéirai, monsieur, répondis-je, j’obéirai ; je n’ai pas envie de rester plus long-tems dans un pays où l’on punit les gens pour n’avoir pas voulu mal faire. — Silence, madame, silence ; si votre propos était entendu par d’autres, vous ne sortiriez pas de ce palais. Allez, brave homme, dis-je à cet alguasil, en lui remettant cent sequins, je vous entends, et vous remercie ; je ne serai plus demain dans vos tristes lagunes.

Mes malles furent bientôt faites : Lila et Rosalba paraissaient desirer de rester à Venise, où elles faisaient fort bien leurs affaires, je les y laissai ; je n’emmenai qu’une seule femme, qui ne m’avait pas quitté depuis mon mariage, et dont je ne vous ai jamais parlé, parce qu’elle ne jouait jamais de rôle dans mes aventures : ayant la permission de garder mon porte-feuille et mon argent comptant, j’emportai plus de huit cents mille francs ; tout le reste fut confisqué au profit de la république ; mais ce qui me restait des fonds placés sur Rome, s’élevant à cinq millions de rente, suffisaient à me consoler. Je fus, dès le même soir, coucher à Padoue, d’où je gagnai Lyon en moins de huit jours : je m’y reposai. Ce petit carême me fit violemment éprouver le besoin de foutre ; et pour y satisfaire, je descendis tout naturellement chez une célèbre maquerelle dont on m’avait donné l’adresse, et qui me fournit, pendant les quinze jours que je passai chez elle, tout ce qui pouvait, dans l’un et l’autre sexe, satisfaire amplement mes desirs.

Ne voyant plus aucun danger pour moi de retourner à Paris, puisqu’il y avait long-tems que le ministre qui m’en avait chassée, n’était plus au monde, je me déterminai d’y rentrer ; j’en fis part à Noirceuil, et j’attendis sa réponse. Enchanté de me revoir, ce cher et bon ami m’assura que je lui ferais grand plaisir en venant lui montrer les progrès de son élève. J’écrivis sur-le-champ à l’abbé Chabert, de m’amener ma fille à Paris, dans un hôtel garni que je lui indiquai. Nous y arrivâmes presqu’au même instant. Marianne atteignait sa septième année. Il était impossible d’être plus jolie ; mais la nature était muette en moi ; le libertinage l’avait éteinte. Voilà donc quels sont ses effets ; il semble qu’en s’emparant avec tyrannie d’une ame, il ne veuille y laisser aucun autre sentiment que ceux qu’il inspire ; ou que, si par hasard en dépit de lui, quelques autres parviennent à nous pénétrer, il ait aussi-tôt la puissance de le corrompre ou de le tourner à son profit. Je n’éprouvai, je dois en convenir, d’autre mouvement, en embrassant Marianne, que ceux de la lubricité. La jolie élève à former, dis-je bas à Chabert : oh ! je veux préserver celle-là des fautes qui firent quitter Paris à sa mère, et de celles qui firent pendre la Durand à Venise ; je lui ferai si bien sentir la nécessité du crime, qu’elle n’en quittera jamais la route ; et si jamais la vertu voulait se faire entendre au fond de son cœur, je veux qu’elle y trouve le vice si bien établi, qu’elle n’ait même pas la possibilité de l’attaque.

Chabert, qui avait présidé à l’éducation de Marianne, se plut à me faire admirer tous ses petits talens ; elle était musicienne, dansait à merveille, dessinait joliment… parlait italien, etc. Et le tempéramment, dis-je à l’abbé ? Je crois qu’elle en aura, me répondit Chabert, et si l’on n’y prend garde, la petite fripone se branlera bientôt. Je l’aiderai, dis-je, je jouirai singulièrement à recueillir les premières preuves de sa nubilité. Il faut attendre, me répondit l’abbé, ou vous risqueriez sa santé ; mais cette considération me touchait peu. L’abbé, qui était venu plusieurs fois à Paris, depuis mon absence, me remit au courant, et se chargea du soin de déplacer mes fonds de Rome, pour en acquérir ici les deux belles maisons de ville et de campagne que vous me connaissez.

Dès le lendemain, je fus trouver Noirceuil ; il me reçut avec la plus grande marque de joie, et me trouva, dit-il, fort embellie. Ayant continué de profiter de la faveur du ministre, tant qu’il avait vécu, Noirceuil, depuis mon départ, avait triplé sa fortune, et tout Paris le désignait aux premières places. Juliette, m’assura-t-il, sois bien certaine que je n’y monterai jamais sans t’y élever avec moi ; tu es nécessaire à mon existence ; je n’aime à commettre le crime qu’avec toi, et de délicieux s’offriront à nous, si j’obtiens encore une plus grande somme de crédit que celle très-considérable dont je jouis toujours : il sera donc alors nécessaire de nous entendre pour profiter agréablement de cette veine. Il exigea ensuite le récit de mes aventures ; et quand je vins à lui parler des cinq cents mille francs, que j’étais chargée de remettre à Fontange de Donis, élevée dans un couvent de Chaillot, et qui devait être âgée de dix-sept ans, il m’engagea vivement à nous amuser de cette fille, et à mettre les cinq cents mille francs dans ma poche. Ses raisonnemens, sur cet objet, me persuadèrent tellement que je ne puis m’empêcher de vous les répéter : il est bon de vous prévenir que j’avais l’air de balancer, pour qu’il s’ouvrît davantage à moi. Voici donc comme il combattit mes objections simulées, un soir que je soupais dans sa petite maison de la Barrière-Blanche.

Quand on a deux raisons pour faire une chose, Juliette, me dit-il, et aucune pour ne la pas faire, je vous avoue qu’il me paraît incroyable d’entendre demander si on la fera : quand on a trente ans, de l’esprit, point de préjugé, plus de religion, plus de Dieu, aucun remords, la plus grande habitude du crime, beaucoup d’intérêt à faire cette chose, je vous avoue encore qu’il me paraît très-singulier d’entendre demander si on fera cette chose ou non. Quand on a dans sa main tout ce qu’il faut pour opérer, que l’on a déjà fait des choses plus fortes, qu’on a trouvé du plaisir à les faire, que l’on a été vivement chatouillé de ce plaisir, je vous avoue franchement encore, lorsque la même dose de plaisir et une beaucoup plus grande d’intérêt s’y trouvent, qu’il me paraît très-singulier d’entendre demander si on succombera : vous mériteriez donc le fouet, ma chère Juliette, oui, le fouet, pour oser me consulter sur une chose de cette futilité ; je vous déclare donc que si, dans quatre jours, elle n’est pas exécutée, je romps tout commerce avec vous, et vous regarde comme une femme faible, sans caractère, qui ne sait jamais se décider à rien. M’objecterez-vous que vous êtes assez riche pour vous passer d’une somme qui doit faire le bonheur d’une malheureuse orpheline. Ah, Juliette ! l’est-on jamais assez ? Je vous accorde que cette somme ne doive vous servir qu’à des superfluités ; je vous demande si la jouissance de ces superfluités ne serait pas toujours préférable pour vous, au vain plaisir de les donner à une petite fille que vous ne connaissez pas, et que vous éloigneriez par-là des seuls plaisirs auxquels vous devez la soumettre, Examinons maintenant l’existence de cette petite fille… oh, oui ! c’est une chose assez importante pour mériter d’être approfondie : que vous est-elle ? Rien. Qui est-elle ? La bâtarde d’une femme avec qui vous avez fait du libertinage : oh ! combien ces titres sont respectables ! Mais, voyons, qu’arrivera-t-il, si vous remplissez l’objet prescrit ? personne au monde ne vous en saura gré ; on dira seulement : elle a fait son devoir. Si, au contraire, vous gardez la somme, jamais aucun individu ne saura qu’elle vous a été confiée, et vous aurez le délicieux plaisir d’en jouir : dites maintenant lequel vous flattera le plus ou de ce vain et futile devoir, ou des jouissances que vous vous procurerez avec la somme ? Oh, Juliette ! pouvez-vous balancer un instant ! je vais plus loin ; je ne connais pas cette jeune fille, mais examinez-la bien attentivement, regardez s’il n’est pas écrit sur son front : C’est pour tes menus-plaisirs que le ciel m’a mise en ce monde ; considère toutes les fatalités qui nous réunissent, et vois si ce n’est pas une victime que t’offre la nature en mon individu… Oui, ces mots sont écrits sur son front, vous les y lirez ; et qui les y a placés, si ce n’est la main de la nature : mais, m’objecterez-vous peut-être, c’est tromper les intérêts d’une amie ; plus j’ai eu de tort avec elle, et plus je dois les réparer : il y a deux choses à prouver ici, et que vous ne trompez point les intérêts de votre amie, et qu’il n’y a pas le plus petit mal à tromper les-intentions d’un mort, quelque soit le respect imbécille que l’on ait eu de tout tems pour cela. En quoi manquez-vous d’abord aux intentions de votre amie ? Son intention pure et simple, est que cette somme aille à sa fille ; mais il n’est pas dit que vous ne deviez pas en jouir avant : ainsi, gardez avec l’intention de lui laisser la somme après vous, si elle existe, et voilà votre conscience en repos, si tant est que vous ayez besoin de la calmer ; ce qui tromperait le desir de votre amie, serait que vous laissassiez ce bien à un tiers ; mais quand vous en jouirez avec le projet de le laisser après vous, assurément l’intention se trouve parfaitement remplie ; madame de Donis ne vous a pas dit : conservez les jours de cet enfant, je vous les recommande, et si malheureusement elle meurt, le bien sera à vous, et n’y sera que dans ce cas ; elle vous a dit simplement, voilà cinq cents mille francs, je les laisse à ma fille ; eh bien ! si cette fille vous survit, qu’elles les ait après vous, les vœux du mort sont remplis ; maintenant, je vais plus loin ; trompassiez-vous même les intentions de ce mort, quel respect imbécille pouvez-vous donc imaginer qu’on puisse devoir aux ordres d’un individu qui n’est plus au monde ? On lèse un individu, en lui manquant lorsqu’il vit, parce que son existence passive reçoit la lésion, et qu’elle souffre du refus que vous faites de lui obéir ; mais quand cette existence est détruite, la douleur ne peut plus avoir lieu ; le choc est nul, puisqu’il n’est plus d’être qui puisse la recevoir ; il est donc parfaitement impossible d’offenser un mort ; donc il résulte que tout héritier qui remplit à son détriment un legs, dans l’unique vue de satisfaire au défunt, est un imbécille aussi complet, que celui qui jeterait son argent dans l’eau ; car celui-ci perd son argent ; et l’autre, sacrifie son bonheur à la satisfaction d’un être qui n’a plus d’existence, et je crois que l’un vaut bien l’autre : il y a, comme cela, tout plein de petites institutions bénignes dans le monde, dont nous ne voulons pas nous défaire, et qui n’en sont pas moins ridicules pour cela. Toutes les clauses testamentaires ne doivent jamais être exécutées : il est absurde de vouloir les remplir ; absurde de vouloir donner à un homme la faculté d’agir quand il est mort ; c’est contre toutes les loix de la nature et du bon sens : voilà donc l’objet résolu. En gardant les cinq cents mille francs, vous ne trompez point les intentions de votre amie ; je vous l’ai, je crois, suffisamment démontré : examinons maintenant une autre branche de vos dilemmes : si je rends, je fais la fortune de cette petite fille ; si je ne rends pas, je fais mon bonheur : voici comment l’on peut répondre à cela.

Nous ne pouvons, ce me semble, estimer les qualités des autres, que par les relations intimes qu’ils ont avec nous : ainsi, nous ne devons aimer un être quelconque, que parce que ses rapports s’enclavent avec les nôtres ; sa figure nous charme, son esprit, son caractère, sa manière d’être, tout cela nous donne du plaisir, et nous éprouvons une jouissance réelle à voir cet objet ; mais entre deux jouissances, le bon sens dicte, qu’il faut, quand on ne peut en avoir qu’une, choisir incontestablement la meilleure. Telle est votre position : ou il faut jouir de Fontange, en renonçant aux cinq cents mille francs, ou il faut jouir des cinq cents mille francs, en renonçant à Fontange. Ici, je n’ai point de conseils à vous donner ; vous seule pouvez choisir la jouissance qui vous conviendra le mieux. Comparez, décidez, et souvenez-vous seulement que, quelque parti que vous preniez, vous éprouverez nécessairement un petit remords, car vous savez que la vertu en donne comme le crime. D’après cela, si vous abandonnez Fontange, et que vous gardiez l’argent, vous vous direz : pourquoi donc ai-je pris ce parti ? je regrette cette jolie personne. Si c’est le contraire que vous adoptez, vous vous direz : que je suis faible !… je jouirais des cinq cents mille francs, et je suis obligée de m’en passer aujourd’hui. Mais observez que le premier de ces remords a nécessairement, auprès de lui, une consolation réelle, une consolation physique. Il est vrai que j’ai perdue Fontange, direz-vous, mais je jouis ; au lieu que le second n’a, pour toute consolation, qu’une jouissance isolée, qu’un sacrifice mort à la vertu, dont vous ne recueillerez jamais nul mérite ; qu’une petite satisfaction intérieure ; qu’un plaisir intellectuel, très-médiocre par lui-même, et toujours troublé par l’autre remords, L’un, vous donne une privation de peu de conséquence, et une jouissance physique délicieuse ; l’autre, une privation très-réelle, et une simple jouissance de l’esprit. Votre manière de penser, d’ailleurs, s’oppose à cette petite jouissance morale : ce n’est pas quand on ne croit à rien ; ce n’est pas quand on déteste la vertu, et qu’on adore le vice ; ce n’est pas quand on aime le crime, par lui-même et par intérêt, que l’on peut être long-tems touché des jouissances vertueuses. Comparez cela maintenant avec les charmes de jouir de vos cinq cents mille francs, et vous verrez ce que vous éprouverez. L’objet, dites-vous, est de n’avoir point de remords. Faites donc, sur-le-champ, et sans balancer, le crime que vous projetez ; car je vous réponds que, si vous ne le faites pas, vous ne vous serez pas plutôt ôté la possibilité de le faire, que vous serez dévorée du regret d’avoir manqué une si belle occasion de posséder cet argent. Le crime n’est pas pour vous ce qu’il est pour les autres. Vous êtes parvenue à y trouver un chatouillement très-vif, il vous cause de la volupté ; ne doutez donc point que cette volupté, dont vous jouirez d’autant mieux ici, qu’il y a plus de freins à rompre, ne contre-balance entièrement la petite peine que tout autre être pourrait trouver à cette action. Ainsi, je vois pour vous, dans le cas du crime fait, d’abord une jouissance à le faire, ensuite une jouissance à l’avoir fait ; et, dans l’autre cas, je ne vois qu’une privation décidée… privation dont vous allez souffrir d’autant plus, que vos caprices augmenteront tous les jours, auront tous les jours un nouveau besoin d’argent pour être assouvis ; et pour tout dédommagement, je ne vois que la douceur isolée… momentanée et faible pour tous les êtres… entièrement frivole pour vous, d’avoir, non pas fait une bonne action, mais une action fort ordinaire ; car, peut-être vous la passerais-je, s’il y avait ce qu’on appelle de l’héroïsme, attendu qu’au moins l’orgueil y serait satisfait ; au lieu qu’ici, il n’y a pas la plus légère jouissance. Votre action n’est ni grande, ni belle ; elle n’est que simple. Vous ne faites aucun bien en laissant jouir Fontange, et vous vous faites un très-grand mal en ne l’en empêchant pas : mais il faudra, dites-vous, se défaire de cette petite fille, pour qu’elle ne puisse jamais savoir le vol que je lui fais. Eh bien ! dès que vous concevez à merveille les meurtres de débauche, il me semble que vous devez concevoir, tout aussi facilement, ceux qui n’ont que l’intérêt pour but. Tous deux sont également inspirés par la nature ; tous deux ont le même objet et les mêmes passions. On Commet le meurtre de débauche, pour s’irriter aux plaisirs des sens ; on commet toutes les autres sortes de meurtres dans l’égale vue de satisfaire une passion. Il n’y a pas, à cela, la plus légère différence : toutes celles que vous y voudriez établir, seraient frivoles ; le motif seul pourrait établir quelque distance. Or, il est assurément bien plus légitime de se livrer au délit, par un intérêt puissant, que par le seul agrément d’une chatouilleuse émission. Vous voulez bien commettre le meurtre pour irriter votre tête, pour délecter votre imagination, et vous ne l’osez point, quand il s’agit d’une fortune.

Le résultat est donc que, si les agrémens que Fontanges vous procure, l’emportent sur ceux que vous pouvez attendre de son bien, il faut garder Fontange, la marier, et jouir du sot et froid plaisir d’avoir fait votre devoir… d’avoir fait une belle action, relative à Fontanges, mais une très mauvaise par rapport à vous : car, ne vous y trompez pas, se priver d’une mauvaise action, n’est/point du tout égal à en faire une bonne. Il peut, à la rigueur, se rencontrer quelquefois un peu de mérite à faire une belle action ; il n’y en a jamais à se priver du plaisir d’en faire une mauvaise ; parce que la première a de l’éclat, et que l’autre n’en a point. La seconde branche du résultat est que, si les plaisirs que vous pourriez attendre de ce supplément de fortune, vous touchent plus que le bonheur de Fontanges, il faut très-promptement vous débarrasser d’elle : car, vous ne pouvez jouir de ces deux bonheurs à-la-fois, et vous devez nécessairement sacrifier le plus faible.

Examinons maintenant quelle est l’espèce de sentiment que vous deviez à madame de Donis… aucun, ce me semble ; la volupté vous a réunies, le crime vous a séparées ; dût-elle exister encore, assurément vous ne lui devez rien ; morte, beaucoup moins, sans doute ; il serait absurde, extravagant, d’avoir encore un sentiment quelconque pour un être qui ne peut plus en jouir ; on ne doit aux mânes de cet être, ni respect, ni considération, ni amour, ni souvenir ; il ne peut occuper l’imagination en quelque sens que ce puisse être, parce qu’il ne le pourrait que désagréablement, et vous savez qu’il est dans nos principes, de ne jamais laisser parvenir à l’esprit, que des idées agréables ou voluptueuses ; or ; cette série d’idées se prolonge en molestant la fille, puisque ce fut par volupté que vous vous défîtes de la mère ; ces idées se troubleraient, se dégraderaient infailliblement, si vous alliez maintenant rendre service à la fille ; il n’y a donc, non-seulement, aucun inconvénient, à ce que vous ne soyez utile en rien à cette fille, mais il est même nécessaire à votre volupté, que vous la rendiez très-malheureuse ; les idées, nées de l’infortune où vous allez la plonger, se renoueront à celles des atrocités répandues, exécutées par vous, sur le reste de la famille ; et de la réunion de toutes ces idées, naîtra nécessairement pour vous un tout voluptueux, absolument absorbé par des procédés contraires : ne m’alléguez pas les sentimens de tendresse éprouvés par vous, autrefois, pour madame de Donis ; il serait absurde de les réveiller, non pas seulement à cause que vous les avez troublés par votre crime, mais parce qu’il faut bien se garder d’en conserver le moindre pour quelqu’un qui n’existe plus ; ce serait user les facultés de son cœur à une chose inutile, et nuire à son action pour des choses plus réelles ; rien ne doit nous être plus indifférent qu’un être privé de la vie[6] : ainsi vous voilà, vis-à-vis de madame de Donis, dans le cas où vous pouvez très-bien l’offenser, puisque vous ne lui devez rien, et où, en l’offensant, vous n’offensez rien puisqu’elle n’est plus ; il y aurait donc, je vous le répète, la plus affreuse extravagance à vous, de balancer : mais vous entendez, dites-vous, une voix secrette qui semble vous dire de résister ; vous me demandez si cette voix est celle de la nature ? Eh ! non, Juliette, non, non ; cette voix à laquelle il est inconcevable que vous puissiez vous tromper, n’est autre que celle du préjugé, auquel vous avez la faiblesse de laisser encore quelqu’empire, parce qu’il s’agit ici d’un genre de délit qui ne vous est pas aussi familier que ceux où vous vous livrez d’ordinaire, et qui cependant, n’est autre chose que celui du vol que vous aimez, et où vous vous livrez journellement ; vous prenez donc bien certainement ici, la voix du préjugé pour celle de la nature, tandis que celle-ci, bien différente, sans doute, ne vous conseille que de vous rendre heureuse, n’importe aux dépends de qui ; épurez-la donc cette voix, dégagez-la de tout ce qu’elle a d’hétérogène, vous l’entendrez dans toute sa pureté, et cessant de flotter désagréablement ainsi, vous agirez alors en paix, sans crainte de vous donner des remords, sans crainte d’outrager une nature que vous servez au contraire, en accomplissant le crime qu’elle vous indique par le desir quelle vous en donne.

Ce que je ferais à votre place, serait donc, de m’amuser complettement de cette jeune fille, de lui ravir son bien, et de la mettre ensuite dans une telle position d’infortune, que vous puissiez, à chaque instant, augmenter votre bonheur des charmes de la voir languir, ce qui, pour la volupté, vaudra mieux que de la tuer : la félicité que je vous conseille, sera infiniment plus vive ; il y aura alors, et le bonheur physique, acquis par la jouissance, et le bonheur intellectuel né de la comparaison de son sort au vôtre ; car le bonheur consiste plus à ces sortes de comparaisons, qu’à des jouissances réelles ; il est mille fois plus doux de se dire, en voyant des malheureux, je ne leur ressemble pas et voilà ce qui me met au-dessus d’eux, que de se dire tout simplement : je jouis, mais je jouis au milieu de gens tout aussi heureux que moi. Ce sont les privations des autres, qui nous font sentir nos jouissances ; au milieu d’êtres qui en auraient d’égales aux nôtres, nous ne serions jamais contens : voilà pourquoi l’on dit, avec beaucoup de raison, que ce n’est jamais qu’au-dessous de soi qu’il faut regarder pour être heureux, jamais au-dessus ; si donc, c’est le spectacle des malheureux qui doit nécessairement completter notre bonheur, par la comparaison fournie d’eux à nous, il faut donc bien se garder de soulager ceux qui existent ; car en les sortant, par ces secours, de la classe qui fournit à vos comparaisons, vous vous privez de ces comparaisons, et par conséquent, de ce qui améliore vos jouissances ; mais il ne faut pas s’en tenir à ne pas soulager les malheureux, pour se conserver cette classe utile à des comparaisons d’où résulte la plus haute portion de votre bonheur ; il faut en faire toutes les fois que l’occasion s’en trouve, et pour multiplier cette classe, et pour en composer une qui, devenant votre ouvrage, aiguise les délices qui vont résulter pour vous des comparaisons fournies ; ainsi, la jouissance complette ici, serait de vous emparer du bien de cette fille, de la réduire ensuite à l’aumône, de la contraindre, en quelque façon, à la venir demander à votre porte, où vous la lui refuseriez cruellement, afin, en rapprochant ainsi l’infortune de vous, d’améliorer votre jouissance, par une comparaison plus intime et d’autant meilleure, que le désordre procuré devient votre ouvrage : voilà ce que je vous conseille, Juliette, voilà ce que je ferais à votre place… je banderais tous les jours à ces délicieuses idées… au spectacle plus divin encore des malheurs que j’aurais causés ; et je m’écrierais, au milieu de ces délicieux plaisirs : oui, la voilà : je l’ai acquise par un crime, elle ; et ce bien dont je payerai des voluptés si douces, tout est crime ; je suis, par ce procédé, dans un état perpétuel de crimes ; il n’est pas un de mes plaisirs qui n’en soit souillé ; et avec votre imagination, Juliette, oh, comme cette complication doit être divine !

Noirceuil bandait beaucoup en terminant sa disgression, et comme nous n’avions encore rien fait ensemble depuis mon retour, nous nous jetâmes sur un canapé. Là, je lui avouai que j’étais bien loin d’avoir balancé sur le sort de cette petite fille ; et que ce que je lui en avais dit, n’était que pour lui donner occasion de mieux développer ses systêmes. Je lui promis cette jeune personne, en l’assurant que, quelqu’intéressante qu’elle pût être, nous la livrerions bien sûrement au sein de la plus déplorable misère, après en avoir tiré tout ce que nous voudrions… Oh ! Juliette, me dit Noirceuil, en maniant et baisant mes fesses, si tu t’es dépravée pendant ton voyage, je t’ai bien imitée dans cet intervalle ; et tu me retrouve mille fois pis que je n’étais encore ; il n’est pas une seule horreur où je ne me sois livré depuis que je ne t’ai vue. Le croirais-tu, la mort de Saint-Fond est mon ouvrage ; j’aspirais à sa place, je l’ai manquée ; mais je succède bien décidément à celui qui l’occupe aujourd’hui ; tous mes filets sont déjà tendus pour le faire périr ; et quand j’aurai cette place, que j’ambitionne autant, par ce qu’elle met en mes mains, et toute la puissance du prince imbécille, et toute la richesse de son royaume, oh ! Juliette, de quelle somme de plaisirs nous jouirons alors ; je veux que tous mes instans soient marqués par des crimes : tu ne faibliras pas avec moi comme avec Saint-Fond, et nous irons bien loin ensemble. Il fallut enfin présenter le derrière à ce furieux ; mais il s’en retira sans perdre de foutre. J’attends quelqu’un, me dit-il ; il faut que je t’instruise : c’est une très-jolie créature d’environ vingt-deux ans, dont j’ai fait mettre le mari en prison, afin de posséder la femme. Si elle dit un mot, cet époux peut être exécuté demain ; mais comme elle l’adore, elle se gardera bien de prononcer ce mot. Elle a un enfant qu’elle idolâtre ; je veux la faire renoncer à tout ; je veux foutre la femme, faire rouer le mari, et envoyer l’enfant à l’hôpital. Il y a deux mois que je travaille à cette opération, et n’ai pu rien obtenir encore sur l’amour et sur la vertu de cette jeune femme : tu vas voir comme elle est jolie ; je veux que tu m’aides à la séduire : voici le fait. Un meurtre a été commis dans sa maison ; elle y était seule avec l’homme assassiné, son mari et un autre homme ; elle devient témoin nécessaire : l’homme a déposé contre le mari ; mais il faut le témoignage de la femme, puisqu’elle était seule en ce moment à la maison, — Scélérat, c’est toi qui as conduit toute cette trame ; tu as fait tuer l’homme par le témoin que tu as séduit, et qui a déposé que c’était l’époux ; tu veux que la femme en dise autant, et pour le plaisir de posséder cette femme, et pour celui plus piquant encore, de l’avoir rendue l’assassin de son mari. — Oh, Juliette ! comme tu me connais… Oui, tu as raison, j’ai fait tout cela ; mais je veux completter mon crime, et je compte sur toi… Ah ! comme je déchargerai voluptueusement ce soir, en foutant cette femme.

Elle arriva. Madame de Valrose était effectivement une des plus jolies créatures qu’il fût possible de voir ; petite, mais faite à peindre… de l’embonpoint, la peau éblouissante, les plus beaux yeux du monde, la gorge et les fesses moulées. Eh bien ! madame, lui dit Noirceuil, êtes-vous décidée ? Oh ciel ! répondit, les larmes aux yeux, cette charmante femme, comment voulez-vous que je me décide à une telle horreur ? Prenez garde à vous, madame, dis-je vivement ici ; monsieur de Noirceuil, en me mettant au fait de ce qui vous regarde, m’a permis de vous donner un avis : songez que votre époux est déjà perdu, n’y eût-il qu’un témoin, et vous savez qu’il y en a un ; ce seul témoin suffirait à le perdre. — Mais, madame, il n’est point coupable ; le témoin qui le charge, est le meurtrier lui-même. — Vous ne le persuaderez jamais à vos juges ; ce témoin n’avait nul rapport avec l’homme assassiné, et monsieur de Valrose en avait beaucoup. Vous devez donc regarder votre mari comme perdu ; c’est incontestable. Or, puisque dans cette terrible certitude, monsieur de Noirceuil, dont vous connaissez le crédit, vous offre de le sauver, si vous voulez déposer contre lui, je ne… — Mais à quoi sert cette déposition, puisqu’il veut le sauver ? — Il ne le peut sans cette déposition, c’est celle dont il se servira pour prouver que la procédure est informe, et les faits calomnieux, sans doute, dès que la femme sert elle-même de témoin. — Mais alors, je serai punie ? — Un couvent, dont nous vous tirerons huit jours après… Oh, madame ! comment se peut-il que vous balanciez ! — Mais, mon mari me croira coupable ; il saura que j’ai voulu le perdre ; cette idée pèsera sur mon cœur, je ne pourrai jamais revoir cet époux adoré, je ne le sauve qu’en me brouillant éternellement avec lui. — J’en conviens, mais ne vaut-il pas mieux cela que de l’envoyer à la mort ; et si vous l’aimez véritablement, ne devez-vous pas préférer sa vie au bonheur de le posséder ; s’il meurt, n’en serez-vous pas de même séparée ? — Funeste alternative !… et si l’on me trompe… si cet aveu achève de le perdre, au lieu de le sauver ?… Ce soupçon injurieux, dit alors Noirceuil, est la récompense du bien que je veux vous faire, madame, et je vous en remercie… En vérité, repris-je avec chaleur, vous meriteriez, madame, que monsieur de Noirceuil vous abandonnât sur-le-champ ; comment osez-vous soupçonner ainsi le plus vertueux des hommes ? — Il met, aux soins qu’il veut me rendre, un prix qui me déshonore : j’idolâtre mon mari, je ne lui ai manqué de mes jours, et ce n’est pas, quand il est dans le malheur, que je comblerai son infortune, par un aussi sanglant outrage. — Cet outrage est imaginaire, jamais votre époux ne s’en doutera ; avec l’esprit que vous anoncez, je suis étonnée que vous teniez à ces chimères : ce ne sont point vos sentimens d’ailleurs, que desire monsieur de Noirceuil, ce ne sont que vos faveurs, et la lésion dès-lors doit vous paraître beaucoup moins sensible ; mais, je vais plus loin, cette lésion, dût-elle même exister, de quelle considération devient-elle, dès qu’il s’agit de sauver votre époux ? Il me reste donc à défendre monsieur de Noirceuil, sur le prix qu’il exige. Ah ! madame, vous connaissez bien peu l’esprit du siècle, si vous supposez qu’on oblige gratuitement aujourd’hui. En vérité, monsieur de Noirceuil, pour un service que vous ne payeriez pas encore assez de votre fortune entière, se contente, selon moi, de bien peu, en n’exigeant que vos faveurs : en un mot, vous tenez dans vos mains la vie de votre époux ; sauvé en l’accusant, perdu si vous ne le chargez pas, voilà votre sort ; prononcez. Et ici, la chère petite femme tomba dans une crise épouvantable de douleurs, qui mit Noirceuil, dans un tel embrâsement, que le scélérat vint se faire branler, par moi, sous ses yeux. Elle s’évanouit. Allons, sacre-dieu, trousse-là, dit Noirceuil, que je la foute ; et comme, en la délassant j’avais mis sa jolie gorge à l’air, Noirceuil la paîtrissait déjà de cette manière barbare, dont il avait coutume de caresser cette partie. J’achève de déshabiller cette pauvre petite créature ; et la plaçant sur mes genoux, toujours évanouie, j’expose son joli cul à ce libertin, qui pendant que je lui tiraille les poils en dessous, se dispose à la sodomie, suivant son usage. Noirceuil qui ne se souciait nullement de ménager sa victime, pénètre, avec tant de violence, que la moribonde ouvrit enfin les yeux. Où suis-je, s’écria-t-elle, et qu’ose-t-on entreprendre ? Un peu de patience, mon enfant, répondis-je assez durement, et l’on aura bientôt de vous tout ce que l’on en veut… Mais on me fait des choses… — Que jamais n’entreprit votre époux, n’est-ce pas ? — Jamais, jamais ; cette horreur me fait frissonner. Songez-donc, madame, dit le féroce Noirceuil, enculant toujours, qu’il ne s’agirait que de couper la cloison qui sépare, pour rendre absolument nulle l’action contre laquelle vous vous récriez ; et si vous voulez, Juliette, avec un rasoir… — Fouts, fouts, Noirceuil, tu commences à déraisonner ; et la petite femme se débattant toujours : oh ! lâchez moi, c’est une violence, c’est une abomination… Double putain, dit Noirceuil, s’armant d’un pistolet, dont il lui met le bout sur la tempe ; si tu me déranges… si tu dis un mot, tu es morte. C’est alors que la malheureuse conçoit que la résignation est son seul lot ; elle abbaisse sur mon sein sa belle tête en larmes, je lui pince la motte, je la lui épile, je lui occasionne, en un mot, des douleurs si vives que Noirceuil, serré dans cet anus, comme dans un étau, se sent prêt d’élancer son foutre ; il saisit les tetons en dessous, avec une telle violence, les douleurs deviennent si cuisantes, que le coquin décharge en jetant les hauts-cris : il se retire, et me jetant sur cette charmante femme, j’en jouis à mon tour, en mourant de plaisir. Cette scène ranime Noirceuil ; bandant encore, il veut s’y joindre ; par mon attitude, mes fesses lui sont présentées, il les baise, et mettant son vit dans la bouche de Valrose, il lui ordonne de le sucer ; le premier mouvement en est un d’horreur, le second un de désobéissance. Quel grouppe ! J’étais couchée sur Valrose ; Noirceuil en sens contraire, l’était également sur moi ; il s’excitait dans la bouche de cette jolie petite femme, et venait gamahucher mon cul : je couvris de foutre le con de ma branleuse ; Noirceuil répandit le sien dans sa bouche. Nous nous rajustâmes.

Eh bien ! dit Noirceuil, quand il fut de sang-froid ; voilà l’infidélité commise, balancerez-vous maintenant à sauver votre mari. Eh ! monsieur, cela le sauvera-t-il, dit cette charmante créature, de l’air le plus doux et le plus intéressant ; êtes-vous bien sûr que cela le sauvera ? Je vous en fais le serment le plus sacré, dit le traître, et je consens à ne jamais renouveler avec vous les plaisirs que je viens de goûter, si je vous trompe : venez me trouver demain matin, nous irons ensemble chez le juge, vous signerez que votre mari est coupable ; je vous le rends après-demain. Oh, Noirceuil ! dis-je bas à ce monstre, que j’idolâtre en toi cette persévérance dans le crime, même au moment où s’éteignent les passions qui semblent t’y porter. N’en ai-je pas joui, me répondit Noirceuil ; et ne sais-tu pas que mon foutre signe toujours un arrêt de mort ? Nous nous retirâmes. Madame de Valrose que je ramenai, me supplia de m’intéresser pour elle, et je le lui promis, avec la sincérité que l’on doit à une putain dont on est lasse. Le lendemain, elle déposa ; le surlendemain, Noirceuil arrangea les choses avec tant d’art, que la pauvre petite malheureuse fut déclarée complice du mari, et pendue près de lui, dans la même heure où celui-ci fut exposé sur la roue, après avoir été rompu. Je branlais Noirceuil, à une croisée d’où nous vîmes toute l’expédition ; il me le rendait. Depuis long-tems je n’avais si délicieusement déchargé. Noirceuil demanda l’enfant, par motif de commisération ; il l’obtint, le foutit, et le mit à la porte au bout de vingt-quatre heures, sans lui donner le moindre secours. Cela vaut bien mieux que de le tuer, me dit-il, ses souffrances seront bien plus longues, et je jouirai bien plus long-tems d’en être la cause.

Cependant l’abbé Chabert m’avait trouvé tout ce qui me fallait ; je m’établis au bout de huit jours de mon arrivée à Paris, dans un hôtel délicieux ; vous le connaissez, et j’achetai, près d’Essonne, la belle terre où nous voici réunis ; je plaçai le reste de mon bien en différentes acquisitions, et me trouvai, mes affaires faites, à la tête de quatre millions de rente. Les cinq cents mille francs de Fontanges servirent à meubler mes deux maisons, avec la magnificence que vous y voyez ; je m’occupai ensuite d’arrangemens libidineux ; je me formai les différens sérails de femmes que vous me connaissez, à la ville et à la campagne ; je pris trente valets, de la plus belle taille et de la plus délicieuse figure, choisis sur-tout à la grosseur du membre, et vous savez l’usage que j’en fais ; j’ai de plus, six maquerelles, qui ne travaillent absolument que pour moi dans Paris, et chez lesquelles, quand je suis à la ville, je me rends trois heures tous les jours. À la campagne, elles m’envoient ce qu’elles découvrent, et vous avez souvent pu juger de leurs fournitures. Peu de femmes, d’après cela, doivent donc se flatter de jouir plus délicieusement de la vie ; et cependant, je desire toujours ; je me trouve pauvre ; mes desirs sont mille fois supérieurs à mes facultés ; je dépenserais le double, si je l’avais ; et il ne sera jamais rien que je ne fasse pour augmenter encore ma fortune : criminel ou non, je ferai tout.

Dès que ces divers arrangemens furent pris, j’envoyai chercher mademoiselle de Donis à Chaillot : je fis payer sa pension, et la retirai. Rien, dans la nature entière, n’était aussi joli que cette fille. Représentez-vous Flore elle-même, et vous n’aurez encore, de ses grâces et de ses attraits, que la plus imparfaite idée. Âgée de dix-sept ans, mademoiselle de Donis était blonde ; ses cheveux superbes la couvraient en entier ; ses yeux étaient du plus beau brun ; on n’en vit jamais de plus vifs, ils pétillaient à-la-fois d’amour et de volupté ; sa bouche délicieuse ne paraissait s’ouvrir que pour l’embellir encore ; et ses dents, les belles du monde, ressemblaient à des perles qu’on avait semées sur des roses. Nue, cette superbe fille eût pu servir de modèle aux grâces. Quelle motte rebondie ! quelles cuisses rondes et appétissantes ! quel sublime cul ! O Fontanges ! qu’il fallait être à-la-fois cruelle et libertine, pour ne pas faire grace à tant d’attraits, et pour ne pas t’excepter, au moins, du sort rigoureux que je destinais à toutes mes jouissances.

Prévenue depuis cinq ans, par sa mère, de me rendre tous les respects et tous les soins possibles, aussi-tôt qu’elle sut que c’était moi qui l’envoyais prendre, elle se félicita intérieurement de ce bonheur ; et en arrivant, éblouie de ce faste, de cette multitude de valets, de femmes, de cette magnificence de meubles dont elle n’avait encore aucune idée, n’étant jamais sortie de son couvent, elle s’imagina voir l’Olimpe, et se crut transportée, toute vive, dans le séjour azuré des Dieux : peut-être même me prenait-elle pour Vénus. Elle se jette à mes genoux ; je la relève ; je baise sa jolie bouche de rose, ses deux grands yeux et ses deux joues d’albâtre, que la pudeur anima, sous mes lèvres, du plus joli vermillon de la nature. Je la presse contre mon sein, et je sens son petit cœur battre sur ma gorge, comme celui de la jeune colombe qu’on arrache au sein de sa mère. Elle était assez bien vêtue, quoiqu’avec simplicité : un joli chapeau de fleurs, de superbes cheveux blonds, retombant en boucles flottantes sur deux épaules délicieusement coupées. Elle me dit, du son de voix le plus doux et le plus flatteur… madame, je rends grâces au ciel qui me procure l’avantage de vous consacrer ma vie ; je sais que ma mère est morte, et je n’ai plus que vous dans le monde. Alors, ses paupières se sont mouillées, et j’ai souri. Oui, mon enfant ; lui ai-je dit, votre mère est morte ; elle a été mon amie ; elle mourut singulièrement… elle me laissa de l’argent pour vous. Si vous vous conduisez bien avec moi, vous pourrez être riche ; mais tout cela dépendra de votre conduite, de votre aveugle obéissance à toutes mes volontés… Je serai votre esclave, madame, me répondit-elle, en se courbant sur ma main, et je rebaisai sa bouche, une seconde fois, avec un peu plus de détail. Je fis découvrir la gorge… elle rougissait, elle était émue, et m’adressait néanmoins, toujours avec esprit, ce qu’elle pouvait placer d’honnête et de respectueux, Alors, je la reprends une troisième fois dans mes bras, ses cheveux épars, sa jolie gorge bien nue, et je lui dis, en dévorant sa bouche : je crois que je vous aimerai, car vous êtes douce et fraîche… L’idée de la scandaliser me vint alors : rien n’est joli comme le scandale donné par le vice à la vertu. Je sonne mes femmes ; je me fais mettre nue devant cette jolie petite fille ; et m’examinant devant une glace : est-il vrai Fontanges, lui dis-je en la baisant, est-il vrai que mon corps est beau ? et la pauvre petite détourna les yeux en rougissant, J’avais, autour de moi, quatre de mes plus belles femmes, Phriné, Laïs, Aspasie et Théodore ; toutes quatre de seize à dix-huit ans, et plus belles que Vénus. Approchez donc, mademoiselle, lui dit Laïs, c’est une faveur que madame vous accorde ; il faut en profiter. Elle vient, en baissant les yeux. Je lui prends la main ; je la place sur moi. Comme elle est enfant, dis-je à mes femmes ; Phriné, faites donc voir à cette petite fille ce qu’il faut qu’elle fasse ; et me penchant sur une ottomanne, Phriné s’asseoit à mes côtés, prend ma tête sur son sein, et me branle le clitoris. Aucune femme ne s’acquitte de ce devoir comme celle-là : son exécution savante ; ses coups de doigts lascif ; elle baise et carresse singulièrement le derrière, sa langue, quand je le veux, chatouille l’anus à merveille ; ses mouvemens, au mont de Cypris, s’accordent étonnamment bien avec ceux de l’autre temple, qu’elle suce délicieusement quand on veut. Pendant qu’elle agissait, Laïs, huchée sur ma poitrine, venait, en s’acroupissant sur ma bouche, me faire sucer son joli con ; Théodore me branlait le cul, et la belle Aspasie rapprochait Fontanges du spectacle, en l’obligeant d’y fixer les yeux, et la branlant pour adoucir ses maux. Est-ce que vous n’avez jamais fait la même chose avec vos compagnes, lui demandait Aspasie ? — Oh jamais ! — C’est impossible, disais-je, tout en suçant le cul de Laïs, je sais qu’on se branle beaucoup au couvent… j’avais déjà troussées toutes mes compagnes à votre âge. Puis quittant le con que je suce, venez me baiser, lui dis-je ; elle avance ; je la dévore. Déshabillez-là donc, dis-je à mes femmes ; et l’attitude se rompt un moment pour quitter, toutes à-la fois, les incommodes vêtemens qui gênent mes plaisirs. Toutes les cinq sont en un instant aussi nues que moi. Dieu, que Fontanges était belle ainsi ! que de blancheur ! quelles proportions ! Allons, dis-je, qu’on la place sur moi, de manière à ce que j’aie son petit con sur mes lèvres. Vous, Aspasie, vous saisirez le cul qu’elle vous offrira par cette posture, et vous lui langotterez l’anus. Phriné, vous lui branlerez le clitoris, de manière à ce que le foutre qu’elle exhalera, vienne distiller dans ma bouche : je vais écarter mes cuisses ; vous, Théodore, vous gamahucherez mon con ; et vous, Laïs, vous lécherez le trou de mon cul. De grace, mes belles amies, mettez en usage tout ce que vous savez ; usez de toutes vos recherches, car cette petite fille m’excite beaucoup, et je veux perdre, pour elle, infiniment de foutre.

Je n’ai pas besoin de vous peindre tout le plaisir que je devais retirer de cette voluptueuse scène : j’étais dans l’ivresse. Enfin, la volupté s’empare de la jeune Fontanges ; elle ne peut résister aux délicates sensations dont elle est enivrée. La pudeur le cède au julT10p312 plaisir, et la novice décharge. Oh ! comme un premier foutre est délicieux ! avec quels délices je le dévorai ! Retournez-là, dis-je à mes femmes ; qu’elle place sa tête entre les cuisses de Théodore, et quelle la gamahuche ; moi, je lui branlerai le cul avec la langue ; Laïs me le rendra : je manierai… branlerai un cul, de chaque main. Nouvelle extase, nouvelle éjaculation de ma part : je n’y tiens plus ; je saisis Fontange ; je me précipite sur elle ; je réunis mon clitoris au sien ; je frotte avec ardeur ; je dévore sa bouche ; mes femmes branlent mon cul, le fouettent, passent leurs mains en-dessous pour chatouiller ma motte, me comblent, en un mot, de plaisir, et je décharge pour la dixième fois au moins, en inondant de mon sperme impur, le con délicieux de la plus vierge et de la plus jolie des filles.

Le foutre éjaculé, l’illusion disparut. Toute belle qu’était Fontange, je ne la voyais plus qu’avec cette indifférence maligne qui réveille en moi la cruauté, quand je me suis rassasiée des objets, et bientôt sa sentence est écrite au fond de mon cœur.

R’habillez-la, dis-je à mes femmes ; j’en fais autant : nous, restons seules. Mademoiselle, lui dis-je sévèrement, n’arguez rien de ce moment d’ivresse où la nature m’a plongée malgré moi ; n’allez pas vous imaginer que ce soit, de ma part, une affaire de prédilection ; j’aime les femmes en général ; vous m’avez satisfaite, tout est dit. Il faut, maintenant, que vous sachiez que votre mère m’a remis cinq cents mille francs pour vous composer une dot ; comme vous auriez pu l’apprendre par d’autres, il est plus simple que je vous en prévienne. — Oui, madame, je le savais. — Ah ! vous le saviez, mademoiselle, je vous en félicite ; mais ce que vous ne saviez pas, c’est que madame votre mère doit ici cette même somme à un certain monsieur de Noirceuil, auquel je l’ai remise, et qui, de ce moment-ci, devient le maître de vous en faire présent, ou de la garder, puisqu’elle lui appartient ; je vous mènerai demain chez ce monsieur de Noirceuil et vous exhorte à beaucoup de complaisance, s’il lui arrive d’exiger de vous quelque chose. — Mais, madame, les leçons de morale et de pudeur qui ont fait la base de l’excellente éducation que j’ai reçue s’accordent mal avec vos conseils ? — Ajoutez mes actions, pendant que vous êtes en train de me gronder ; je vous conseille de me reprocher jusqu’aux bontés que j’ai eues pour vous. — Je ne dis pas cela, madame. — Ah ! dites-le si vous voulez, je vous assure que vos reproches me touchent aussi peu que vos éloges : on s’amuse d’une petite fille comme vous, on la méprise après. — Du mépris, madame ?… j’avais cru qu’on ne méprisait que le vice. — Le vice amuse, et la vertu fatigue ; or, je crois que ce qui sert à nos plaisirs doit toujours l’emporter sur ce qui n’est bon qu’à donner des vapeurs… Mais, vous répondez, ma belle ; vous êtes insolente, et vous n’êtes pas, il s’en faut, au degré de supériorité qui peut faire excuser ce travers ; je vous prie donc de laisser-là toutes ces discussions, mademoiselle ; le fait est que je ne vous dois rien ; que j’ai payé à un créancier de votre mère ce que j’étais chargé de vous remettre, et qu’il dépend absolument de ce créancier de vous rendre cette somme ou de la garder, et je vous avertis qu’il la gardera si vous n’avez pas pour lui les égards les plus étendus. — Et de quel genre, madame ? — Du genre de ceux que je viens d’exiger de vous ; il me semble que vous devriez m’entendre. — En ce cas, madame, votre monsieur de Noirceuil gardera donc tout ; je ne suis point faite pour le métier infâme que vous me proposez ; et si, par respect pour vous, par faiblesse ou par enfantillage, j’ai pu tout-à-l’heure oublier mes devoirs, vous m’avez trop ouverts les yeux pour ne m’avoir pas punie de mon erreur… Et des larmes coulèrent alors avec abondance des plus beaux yeux du monde… En vérité, dis-je, il est bien singulier de se voir faire une scène, parce qu’on n’est pas aux genoux de mademoiselle : eh, grand Dieu ! où en serions-nous, nous autres libertines, s’il fallait adorer toutes les petites putains qui nous branlent… Et à ce mot de putain, des cris de désespoir se firent entendre ; on se précipita la tête sur la table, on heurla, on inonda la chambre de larmes ; et ce n’était pas, je l’avoue, sans un plaisir bien piquant et bien vif que j’humiliais ainsi celle qui venait d’encenser mes luxures. La chûte de l’illusion console l’amour-propre, et l’on aime à se dédommager alors par des mépris, du fol encens qu’on brûla pour l’idole : cette petite pécore m’irritait à un point que je ne saurais peindre. Écoutez, lui dis-je, mon enfant, si monsieur de Noirceuil ne vous donne pas votre dot, vous me servirez ; j’ai précisément besoin d’une fille de cuisine, vous laverez la vaisselle au mieux… Et les larmes redoublèrent ici à un tel excès, que je crus qu’elle allait suffoquer… Eh bien ! continuai-je, si ce moyen-là ne vous plaît pas, il vous reste celui de la mendicité, ou de la prostitution… Tenez ; ce dernier parti, je vous le conseillerais, moi ; vous n’êtes pas mal ; il est inoui ce que vous gagneriez à branler des vits…

Madame, dit Fontange en se levant comme une furieuse, je ne suis faite ni pour l’un ni pour l’autre de ces métiers ; laissez-moi sortir de chez vous ; je me repends des actions où je me suis livrée ; j’en demanderai pardon toute ma vie, à l’Être suprême… Je vais retourner dans mon couvent. — On ne vous y recevra plus ; personne n’y paiera votre pension. — J’y ai des amies. — On n’en a plus quand on est pauvre. — Je travaillerai. — Allons, allons, calmez-vous, petite imbécille, séchez ces pleurs ; mes femmes, ce soir, vont avoir soin de vous, je vous mènerai demain chez Noirceuil, et peut-être ne le trouverez-vous pas, si vous êtes douce, aussi dur et aussi méchant que moi : je sonne, recommande cette jeune fille à mes tribades, fais mettre mes chevaux et vole chez Noirceuil. Il me demande des détails ; en lui peignant Fontange avec les seules couleurs de la vérité, je devais nécessairement l’enflammer. Vois, me dit-il, en me montrant un vit très-roide, vois, Juliette, l’effet de tes foutus pinceaux ; et me faisant passer dans son boudoir, il fallut absolument consentir à lui satisfaire quelques-unes de ces fantaisies bisarres qui doublent les effets du desir sans l’éteindre, qui ne sont pas des jouissances, mais qui, sur des têtes libertines comme celle de Noirceuil, valent mieux que toutes les conjonctions licites ou de l’hymen ou de l’amour ; nous fûmes deux heures, car j’aime aussi toutes ces petites horreurs-là : je les satisfais à des hommes avec le même plaisir qu’ils prennent à m’y soumettre ; leur lubricité allume la mienne : je ne les ai pas plutôt contentés, que je veux que l’on me contente à mon tour ; et après quelques heures de plaisir, qui ne nous coûtèrent aucune perte, tel fut à peu près le discours que me tînt Noirceuil.

Une fantaisie bien extraordinaire me tourmente depuis bien long-tems, Juliette, et j’attendais ton retour avec impatience, n’y ayant que toi seule au monde avec qui je pus la satisfaire. Je veux me marier… me marier deux fois dans le même jour : à dix heures du matin, je veux, habillé en femme, épouser un homme ; à midi, vêtu en homme, épouser un bardache comme femme : je veux plus… je veux qu’une femme m’imite ; et quelle autre femme que toi pourrait servir cette fantaisie ? Il faut que, vêtue en homme, tu épouses une tribade à la même messe, où comme femme, j’épouserai un homme ; et que, vêtue en femme, tu épouses une autre tribade, vêtue en homme, quand, ayant repris les habits de mon sexe, j’épouserai, comme homme, un bardache habillé en fille. — Assurément, vous l’avez dit, monsieur, cette passion est bisarre. — Oui ; mais comme Néron épousa Tigellin comme femme, et Sporus comme homme, je n’invente, moi, que la double liaison dans un même jour, et la fantaisie de me voir imité par toi : les liens qui nous unissent déjà aux objets qui vont servir cette fantaisie, sont encore des épisodes neufs, et que Néron ne trouva pas. Les deux femmes à toi, sont d’abord Fontanges, qui, revêtue d’habits de notre sexe, t’épousera comme homme, et ta fille qui, revêtue des habits du sien, t’épousera en secondes nôces, lorsque toi, tu seras vêtue en homme. Mon époux et ma femme à moi, les voici : deux enfans, Juliette, oui, deux enfans que tu ne me connais pas, et que personne au monde ne connaît : l’un a près de dix-huit ans, c’est mon époux ; il est vigoureux et beau comme Hercule : l’autre a douze ans, c’est l’amour. Tous deux sont les fruits de nœuds très-légitimes ; l’un est de ma première femme, l’autre de ma sixième : tu sais que j’en ai eu huit ? — Mais vous m’aviez dit, ce me semble, qu’il ne vous restait plus d’enfans ? — Ils étaient morts au monde ; on élevait, par mes soins, l’un et l’autre, dans un de mes châteaux, au fond de la Bretagne, et jamais ils n’ont vu le jour : ils viennent d’arriver en mon hôtel, dans une chaise fermée ; ce sont de vrais sauvages, à peine savent-ils parler ; qu’importe : bien menés, ils serviront à la cérémonie ; le reste est notre affaire. — Et d’affreuses bacchanales suivront sans doute une fantaisie extraordinaire ? — Assurément. — Et vous voulez, Noirceuil, que ma malheureuse Marianne, que j’adore, devienne sans doute une victime de ces épouvantables orgies ? — Non, me dit-il, elle y sera, c’est tout ce qu’il faut à ma luxure ; mais tu peux être bien certaine qu’il ne lui sera fait aucun mal : tes femmes l’amuseront pendant que nous serons à l’ouvrage ; voilà tout… J’accepte tout ; et l’on va voir comment le scélérat tint parole.

Ce ne fut pas sans peine que je fis comprendre à mademoiselle de Donis, le bisarre arrangement de cette scène : la vertu s’arrange mal des extravagances du vice. Moitié crainte, moitié complaisance, la malheureuse consentit à tout, sous ma parole la plus sacrée, que le dénouement de ces nôces scandaleuses n’aurait rien qui pût allarmer sa pudeur. La première cérémonie se faisait dans une petite ville, éloignée de deux lieues du château magnifique que Noirceuil possédait en Orléanais, et dans lequel devait se célébrer la fête ; la seconde, dans la chapelle même de ce château.

Je ne vous ennuierai pas des détails de cette double fonction ; vous saurez seulement que tout s’y passa avec décence, rigueur et ponctualité ; la partie civile s’exécuta avec autant de respect que la partie religieuse. Il y eut des anneaux, des messes, des bénédictions, des dots constituées, des témoins : rien ne manqua. Les plus savantes toilettes déguisèrent artistement les sexes, et les embellirent quand il le fallut.

À deux heures du soir, le double projet de Noirceuil fut rempli ; et comme il se trouvait à-la-fois l’épouse de l’un de ses fils, le mari de l’autre, je me trouvais de même le mari de ma fille, et l’épouse de Fontanges. Tout étant conclu, les portes du château se fermèrent avec soin. La saison étant très-rigoureuse, d’ardens brâsiers furent allumés dans la superbe salle où nous devions nous tenir ; et les ordres les plus sévères étant donnés pour qu’on n’osât troubler en rien es bacchanales qu’on allait célébrer, nous nous enfermons dans cet appartement pompeux, au nombre de douze personnes, dont voici les noms :

Noirceuil et moi, comme les deux héros, nous nous plaçâmes sur un trône de velours noir, au milieu de la salle ; au bas du trône, se voyaient, couronnés de cyprès, l’aîné des fils de Noirceuil, nommé Phaon, âgé de dix-huit ans ; le second, âgé de douze, ayant pour nom Euphorbe ; Marianne, ma fille, et mademoiselle de Donis ; les deux témoins des mariages, agens des plaisirs sodomistes de Noirceuil, et ses bourreaux s’appelant l’un Desrues, l’autre Cartouche, de l’âge d’environ trente ans, tous deux vêtus en cannibales, des verges, des poignards et des serpens aux mains, étaient debout, près de nos flancs, et parraissaient nous servir de gardes ; à côté de nous, et assises, se voyaient nues, deux de mes tribades, Théodore et Phriné ; à nos pieds, deux putains également nues, parraissaient attendre nos ordres. Ces filles, prises tout simplement dans un bordel, n’avaient guère plus de dix-huit à vingt ans, et toutes deux de la plus charmante figure ; elles étaient là pour servir la scène.

Un peu effrayée de ces apprêts pour ma pauvre Marianne, je m’avisai de rappeler à Noirceuil les promesses qu’il m’avaient faites. Ma chère, me répondit-il, tu dois voir que ma tête est extraordinairement exaltée ; les plaisirs que j’ai goûtés ce matin, à satisfaire l’incroyable passion qui me dévorait depuis long-tems, m’ont exactement tournée la cervelle, et je crains que tu choisisses mal ton moment pour me rappeler à des projets de sagesse, qu’une dose de plus d’irritation dans le genre nerveux, peut faire évanouir en un instant. Jouissons, Juliette, amusons-nous, peut-être te tiendrai-je parole ; mais si cela n’arrivait pas, tâche de trouver, dans les luxures qui vont nous enivrer, assez de forces pour supporter le malheur que tu sembles craindre, et qui pourtant, soit dit entre nous, n’aurait rien d’effrayant. Songe, ma chère, qu’il n’existe aucun frein pour des libertins tels que nous, que la multiplicité des motifs de respect, ne devient qu’une raison de plus à redoubler les outrages : plus la vertu paraît exiger, plus le vice en fureur se plaît à l’avilir.

Cent bougies éclairaient cette salle, quand la scène s’ouvrit.

Cartouche, et vous Desrues, dit Noirceuil à ses deux agens, dignes émules des hommes célèbres dont je vous ai permis de porter les noms, vous, que je respecte à ce noble titre, vous qui, comme vos patrons, dont le burin fidèle de l’histoire transmettra les haut faits jusqu’au dernier âge de l’homme, seriez prêts à tout faire pour les respectables intérêts du crime, allez déshabiller les quatre holocaustes, que couronne l’arbre de la mort, et faites de leurs habits, désormais inutiles, l’usage que je vous ai prescrit. Les émissaires partent ; en un instant les quatre victimes sont nues, et à mesure qu’on leur arrache un vêtement, il est aussi-tôt jeté dans les brasiers ardens de cette salle. Quelle est donc cette funeste cérémonie, dit Fontanges, en voyant qu’on brûle jusqu’à sa chemise ? pourquoi jetter au feu ce qui me couvre ? Chère fille, lui répond Noirceuil, assez brutalement, c’est que vous n’aurez bientôt plus besoin que d’un peu de terre, pour vous mettre à l’abri. — Dieu ! quel arrêt barbarre, et par où donc l’ai-je mérité ?… Qu’on approche de moi cette créature, dit Noirceuil ; et pendant que Laïs le suce, qu’une des putains lui branle le cul, et que je l’excite par des propos, le libertin se colle sur la bouche de cette fille enchanteresse, et la lui pompe un quart-d’heure de suite, malgré les résistances qu’offre sa pudeur à de pareilles tentatives ; et puis, s’emparant du derrière : oh ! le beau cul, Juliette ! s’écrie-t-il, en s’extasiant devant les fesses ; qu’il sera délicieux de foutre et de martyriser tout cela ! Sa langue alors s’introduit au trou mignon, pendant que, par ses ordres, j’arrache d’une main les poils folets du con de cette belle fille, et que je pince vivement sa gorge naissante, de l’autre. Il la fait mettre à genoux, ordonne aux deux hommes de la langotter, et finit par lui faire baiser son derrière.

On ne se peint point, pendant ces affreux débuts, la honte et l’embarras de cette jeune personne ; si quelque chose l’emporte sur ces deux sentimens, c’est la frayeur que lui inspirent les préparatifs de ce qui lui paraît devoir suivre. Mademoiselle de Donis modestement élevée, n’ayant reçu, dans la maison dont elle sortait, que les meilleurs principes, était nécessairement dans une affreuse situation ; et rien ne nous amusait comme les combats violens de sa pudeur et de la nécessité. Un moment elle veut se soustraire à tout ce qu’on entreprend sur elle. Tenez-vous bien, lui dit durement Noirceuil ; ne savez-vous donc pas ce qu’est l’imagination d’un homme tel que moi ; un rien la trouble et la dérange ; dès qu’on cesse de la servir, elle se démonte, et les attraits les plus divins sont nuls, quand la soumission et l’obéissance ne viennent pas nous les offrir. Le coquin maniait le cul, tout en disant cela ; c’était sur les fesses charnues de cette fille angélique, où s’égaraient indocilement les mains les plus impures et les plus féroces. Double dieu ! s’écria-t-il ; oh ! comme je veux rendre cette coquine-la malheureuse ! à quel point ses attraits exigent des horreurs. Il lui fait alors empoigner le vit de Cartouche, l’oblige de le branler, se plaisant à voir la besogne du vice aux mains de l’innocence ; et comme la pauvre fille, toute en larmes, s’y prend avec autant de mal-adresse que de dégoût, il ordonne, à l’une des putains, de lui donner des leçons, et contraint celle qui les reçoit, à en rendre bien humblement grâces. Ce métier lui sera peut-être utile, dit Noirceuil ; l’état affreux de misère, où je vais la réduire, saura l’y contraindre bientôt : il lui ordonne de branler, avec sa langue, le con des deux putains ; de venir ensuite sucer son vit, et veut qu’on lui applique de vigoureux soufflets, à la plus légère marque de répugnance. Allons, dit-il, pensons aux plaisirs de l’hymen c’est assez s’occuper de ceux de l’amour…… Jetant alors un regard affreux sur Fontanges… qu’elle frémisse, dit-il, quand je lui ferai l’honneur de revenir m’occuper d’elle.

Laïs et Théodore, sont envoyées vers Phaon, le mari de Noirceuil et son fils à-la-fois ; elles réussissent bientôt à le faire bander, et l’amènent à Noirceuil, qui, courbé sur moi, présente nonchalamment le derrière au chaste époux que mes tribades lui conduisent ; je le branlais en dessous, pendant ce tems-là, et il gamahuchait le trou du cul des deux putains. Faites observer les cérémonies d’usage, dit-il aux conductrices de Phaon, et que ce jeune époux ne puisse cueillir les faveurs qui lui sont offertes, sans s’en rendre digne auparavant. Phaon s’agenouille, il adore religieusement le cul qu’on lui présente, le baise avec respect, se lève, et cédant aux mouvemens qui lui sont imprimés, le beau jeune homme s’introduit jusqu’aux couilles, au cul du cher papa. Membré comme un mulet, ses secousses font bientôt frétiller celui qui les reçoit, et le paillard se plait à contrefaire les cris, les plaintes et les simagrées de la jeune épouse qu’on dépucelle ; il soupire, il se plaint, rien ne devient plaisant comme ses contorsions. Le jeune homme, parfaitement excité par ce qui l’entoure, décharge bientôt au cul qui le chatouille : dès qu’il a fait, on le contraint aux mêmes marques de respect, auxquels il fut soumis en commençant : il s’éloigne ; mais Noirceuil, échauffé, veut être foutu ; son anus haletant, semble appeler des vits ; Cartouche et Desrues le sodomisent ; il baise, pendant ce tems, les fesses de Laïs et de Théodore, dont il ne peut, dit-il, se rassasier. Nichée sous lui, je le suce de toutes mes forces ; il paîtrit le cul des putains : foutu deux fois par chacun de ces hommes, allons, dit-il, essayons du rôle d’époux ; après avoir si bien rempli celui de femme, ne suis-je donc pas digne de celui d’homme ?

On lui amène Euphorbe, son second fils. Je suis chargée de guider l’engin ; en trois secousses, le pucelage est au diable. Noirceuil, qui se retire sans décharger, desire ardemment Fontanges au sortir de là. Ce sont les putains qui la lui conduisent, et qui guident l’opération. Juliette, me dit-il, je voudrais que tu mordisses violemment le con de cette petite fille, pendant que je vais l’enculer ; et comme, lors de ma jouissance, je veux qu’elle éprouve infiniment de douleur, j’ordonne à Cartouche et à Desrues, de lui saisir chacun une main, et de lui enlever les ongles avec un canif. On exécute. Fontanges, étourdie, suffoquée par la violence des maux qui pèsent à-la-fois sur son existence, ne sait si elle se plaindra davantage, ou des plaies ouvertes à chacun de ses doigts, ou des morsures dont j’ensanglante son con, ou des secousses du vit monstrueux qui lui déchire le derrière. Celles-ci, néanmoins, semblent être les titillations les plus cuisantes, dont son physique soit martyrisé : à peine peut-elle les soutenir. Ses cris, ses larmes, ses gémissemens deviennent à un tel de gré de violence, que Noirceuil, qu’elles irritent puissamment, est à l’instant de perdre ses forces. Il se retire. O Juliette ! s’écrie-t-il, quel délicieux cul, et comme je vais faite souffrir cette garce ! Je voudrais que tous les démons de l’enfer fussent réunis autour de moi, pour lui faire souffrir chacun un nouveau supplice. Il la fait retourner et tenir par les putains ; j’écarte, et lui présente le con : il s’y plonge en furieux, pendant qu’on donne à cette malheureuse des camouflets de soufre, et qu’on lui arrache julT10p331 les oreilles : le pucelage saute, le sang coule ; et Noirceuil, plus irrité que jamais, déconne, fait tenir sa victime en l’air par les deux bourreaux, et se plaît à la flageller ainsi, jusqu’au sang, avec des martinets de fer, que l’on a fait rougir au feu. Les putains le flagellent lui-même pendant qu’il agit, et il baise alternativement le cul de mes tribades, dont les fesses se trouvent élevées à hauteur de sa bouche ; je le suce, en lui chatouillant l’anus.

Le froid excescif qu’il fait, dit Noirceuil, au bout de quelques instans de cette scène, me fait naître une idée unique. Il se revêt d’une fourrure, en fait prendre de même à ses deux hommes, autant à moi, et nous descendons Fontanges toute nue. On la place sur un grand bassin gelé, qui se trouve en face du château. Cartouche et Desrues se tiennent sur les bords, armés de grands fouets de poste et de bombes d’artifice. Je branle Noirceuil en face du spectacle ; Fontanges a ordre de faire six fois le tour du bassin : quand elle s’approche trop des bords, on la repousse à grands coups de fouet ; quand elle s’éloigne, on lui lance des bombes d’artifice qui lui éclatent sur la tête, ou entre les jambes. Il n’y a rien au monde de plaisant comme de voir ainsi cabrioler cette pauvre créature, qui tantôt s’éloigne, tantôt se rapproche, et qui, la plupart du temps, glisse et tombe sur la glace, au point de s’y casser les jambes. Comment, dit Noirceuil en colère, la voyant prête à avoir fini ses six tours sans accident, comment, la garce ne s’estropiera pas ! et ce vœu était à peine formé, que la malheureuse, atteinte par une bombe qui lui fait voler un teton, se brise au même instant un bras en tombant. Ah foutre ! dit Noirceuil, voilà ce que je voulais. On la remporte ; elle est évanouie : quelques soins intéressés la rappellent au jour, et ses blessures sont légèrement pansées. On songe à d’autres scènes.

Noirceuil exige que ma fille me branle sous ses yeux ; il baise avec avidité le joli petit cul de cet enfant, pendant qu’elle procède à cette fantaisie. Il sera beau, Juliette, ce cul-là, me dit-il ; il m’excite déjà violemment ; et quoiqu’elle n’eût que sept ans, le scélérat l’effleurait déjà de son vit énorme ; mais reprenant tout-à-coup son fils Euphorbe, le vilain l’encule, en m’ordonnant d’écraser les couilles de cet enfant. Il n’est point de douleurs semblables à celles qu’éprouve ce malheureux, à-la-fois tourmenté, et par-devant et par derrière. Après quelques courses dans ce charmant cul, Noirceuil se retire, et fait fouetter cet enfant par ses bourreaux. Celui qui ne frappe pas, l’encule pendant ce tems-là, et je dois couper avec un rasoir, absolument à raz du ventre, les parties viriles de l’infortuné. Noirceuil baise ardemment les fesses de Théodore pendant ce tems-là.

Allons, Juliette, me dit-il, fais-toi foutre ; je le desirais ardemment dans Tétât affreux où j’étais. Les deux cannibales me saisissent : l’un me pénètre le con, l’autre m’enfile le cul ; Noirceuil les encule tour-à-tour, pendant que les putains le fouettent. Aussi-tôt qu’il m’a vu décharger, Fontanges est reprise ; Noirceuil la livre aux deux bourreaux ; jouissez-en comme il vous plaîra, leur dit-il, tout sera bon, pourvu que vous la tourmentiez en la foutant ; et les coquins ayant toute permission, traitèrent si mal cette fille, qu’elle s’évanouit encore dans leur bras. Un moment, dit Noirceuil, il faut que je l’encule encore ; et pendant qu’il se satisfait, je le surprends par une cruauté nouvelle ; j’arrache, avec un bistouri l’œil droit de ma pupille. Noirceuil ne peut tenir à cette horreur : la secousse, que la douleur occasionne à sa patiente, est si vive, que le libertin perd son foutre au fond du cul de la pucelle, pendant qu’on le sodomise lui-même, et qu’il est entouré de culs.

Viens, coquine, dit-il à cette créature au bout de quelques instans ; et la saisissant fortement par un bras, il l’entraîne dans un cabinet voisin. Je les suis. Regarde, poursuit-il, en montrant sur une table les cinq cents mille francs qui appartiennent à la pauvre fille, et qu’il y a fait placer en or, voilà ta dot ; l’œil que nous t’avons laissé pour voir ces richesses, fera, nous nous en flattons, promptement passer à ton ame l’affreux regret de ne les posséder de tes jours. Je te destine à mourir de faim, garce ; et je vais te traiter de manière à ce qu’il te devienne impossible de t’en jamais plaindre, quoique je te rende ta liberté. Tiens, lui dit-il, en lui saisissant la main, touche cet or, il est à toi, et cependant tu ne l’auras jamais. Allons, bougresse, poursuit-il en fureur, telle est la dernière fonction que je voulais faire faire à tes organes ! ils te deviennent inutiles maintenant. Il lui attache, en disant cela, les deux mains sur un billot, l’encule, et je coupe les mains pendant qu’il opère : le sang s’étanche, les plaies se bandent ; aussi-tôt, continuant de foutre, le barbare ordonne à la victime de tirer la langue : je saisis cette langue avec des tenailles, et l’extirpe de même ; je crève l’autre œil… Il décharge : bon, dit-il, en se retirant, et revêtissant la victime d’une grosse chemise, nous voilà bien sûrs qu’elle n’écrira point, qu’elle ne verra goutte, et qu’elle ne parlera à personne. Nous la descendons sur le grand chemin ; cherche ta vie maintenant, garce, lui dit Noirceuil, en lui donnant un grand coup de pied dans le cul, l’idée de te voir périr, de cette manière, excite bien mieux notre lubricité que celle de t’assassiner… Va… va, si tu peux, dénoncer tes persécuteurs ; elle peut au moins entendre leurs questions, dis-je, l’ouie se trouve encore pure chez elle ; et le barbare Noirceuil lui enfonçant aussi-tôt des fers dans les oreilles, la prive promptement du seul organe qui lui reste. Nous rentrons.

Excitez-moi, coquines, dit-il aux quatre femmes ; je viens de décharger ; il faut que je retrouve des forces… branlez ces hommes et qu’ils me foutent ; je n’ai jamais un plus grand besoin d’horreurs que lorsque je viens d’en commettre. Noirceuil est entouré : des culs, des vits l’environnent de toutes parts ; on le branle, on le fout, on le gamahuche. Oh, Juliette ! me dit-il aussi-tôt qu’il bande… Juliette, je veux foutre ta fille ; et sans me donner le tems de répondre, le scélérat se jette sur elle, la fait tenir par ses satellites, et l’encule avec la promptitude de l’éclair ; les cris aigus de ma pauvre Marianne sont les seuls avertissemens que je reçois de l’outrage affreux qu’elle essuie. — Dieux ! que fais-tu, Noirceuil ? — J’encule ta fille : ne fallait-il pas que cela fût ; et ne vaut-il pas mieux que cette rose soit cueillie par ton ami, que par un autre ? Après avoir écorchée, mise en sang cette malheureuse, il se retire sans rien perdre ; et jetant des yeux hagards sur les deux putains, il annonce qu’il veut en sacrifier une. L’infortunée tombe à ses genoux ; elle veut l’implorer, mais en vain ; elle est saisie, liée à cheval sur le haut d’une échelle double : Noirceuil, assis à quelque pieds de l’échelle, en devient le maître, au moyen d’une corde qu’on attache au pied : Théodore et Laïs, agenouillées, lui branlent le vit, les couilles et le trou du cul : les deux sauvages me foutent devant lui ; celle des putains qui reste, est liée contre un poteau, la tête en bas, en attendant douloureusement son sort : vingt fois de suite le coquin fait tomber l’échelle, rajuste la fille, la fait cheoir, et ne cesse cet abominable jeu, que quand la victime s’y est fracassé la tête et cassé les deux jambes. Ces infamies l’ayant échauffé, l’autre putain est condamnée à avoir les deux yeux bandés, pendant que chacun de nous, autour d’elle, lui fera quelques blessures : ce n’est qu’en nommant l’aggresseur, que sa délivrance aura lieu : elle tombe évanouie et noyée dans son sang avant que de pouvoir nommer le coupable. Par les ordres de Noirceuil et d’après mes idées, ces deux malheureuses, qui respirent à peine, sont pendues dans la cheminée, afin que les flammes puissent les dévorer en détail, et que la fumée les étouffe.

Ivre de volupté, Noirceuil erre comme un furieux dans le sallon ; cinq objets capables d’allumer sa rage s’offrent encore à ses regards, mes deux tribades, ma fille et ses deux fils : on dirait, à le voir, qu’il voudrait les immoler tous à-la-fois.

Infâme jean-foutre de Dieu ! s’écrie-t-il, ne borne donc pas ainsi ma puissance, quand je veux t’imiter et commettre le mal ; je ne te demande aucune faculté pour la vertu, mais communique-moi du moins tous tes pouvoirs pour le crime, laisse-moi le faire, à ton exemple ; mets, si tu l’oses, un instant ta foudre en mes mains, et quand j’en aurai détruit les mortels, tu me verras bander encore à la lancer au sein de ton exécrable existence pour la consumer si je puis.

Il se jette, à ces mots, sur son fils Phaon, l’encule, se fait foutre, et m’ordonne, en me faisant branler par Théodore, d’arracher le cœur de l’enfant qu’il fout, et de le lui offrir à dévorer ; le vilain l’avale en plongeant au même instant de sa décharge un poignard au sein de son autre fils.

Eh bien, me dit-il, Juliette ! eh bien, mon ange ! en ai je assez fait ? suis-je assez souillé de sang et d’horreurs ? — Tu me fais frémir, mais je t’imite. — Ne crois pourtant pas que j’en reste là. Ses yeux étincelans se reportent encore sur ma fille ; il bande comme un furieux ; il la saisit, la fait contenir et l’enconne. Oh sacré foutre-dieu, s’écrie-t-il, comme cette petite créature me tourne la tête ! qu’en veux-tu faire, Juliette ? porterais-tu l’imbécillité au point d’avoir quelques sentimens… quelques égards pour ce dégoûtant résultat de la couille bénite de ton abominable époux ; vends-moi cette garce-là, Juliette, je te la paye ; je veux l’acheter ; souillons-nous tous les deux, toi, du joli péché de me la vendre, moi, de celui plus chatouilleux encore de ne te la payer que pour l’assassiner. Oh ! oui, oui, Juliette, assassinons ta fille ; et ressortant son vit, pour me le faire voir : examine à quel point, dit-il, cette exécrable idée enflamme tous mes sens. Fais-toi foutre, Juliette, et ne me réponds qu’avec deux vits dans le corps. Le crime n’a plus rien d’effrayant quand on fout ; et c’est toujours au milieu des flots de foutre qu’il en faut caresser les attraits. On me fout. Noirceuil me demande une seconde fois ce que je veux faire de ma fille. Oh, scélérat ! m’écriai-je en déchargeant, ton perfide ascendant l’emporte, il étouffe en moi tout autre sentiment, que ceux du crime et de l’infamie… fais de Marianne ce que tu voudras, foutu gueux, dis-je en fureur, je te la livre. Il n’eût pas plutôt entendu ces mots, qu’il déconne, il saisit cette malheureuse enfant et la jette, nue, au milieu des flammes ; je l’aide ; comme lui, je m’arme d’un fer pour repousser les mouvemens naturels de cette infortunée, que des bonds convulsifs enlèvent et rejettent vers nous ; on nous branle tous deux, on nous encule ; Marianne est rôtie… elle est consumée. Noirceuil décharge, j’en fais autant ; et nous allons passer le reste de la nuit dans les bras l’un de l’autre, à nous féliciter d’une scène dont les épisodes et les circonstances deviennent le complément d’un crime que nous trouvons encore trop faible.

Eh bien ! me dit Noirceuil, est-il quelque chose au monde qui vaille les plaisirs divins que donne le crime ? Existe-il quelque sentiment qui donne à notre existence une secousse plus vive et plus délicieuse ! — Oh ! mon ami, je n’en connais pas. — Vivons y donc éternellement ; que rien dans la nature entière ne puisse nous ramener à des principes différens ! Il est bien malheureux celui que des remords entraînent à des retours aussi funestes qu’imbécilles ; car, faible et pusillanime dans toutes les actions de sa vie, il ne sera pas plus heureux dans la carrière qu’il va parcourir, qu’il ne l’était dans celle qu’il quitte : le bonheur tient à l’énergie des principes, il ne saurait y en avoir pour celui qui flotte sans cesse.

Nous passâmes huit jours à la terre de Noirceuil, pendant lesquels nous nous livrâmes journellement à quelques nouvelles infamies. Ce fut là qu’il voulut que j’essayasse une des passions de l’impératrice Théodora, femme de Justinien. Je m’étendais à terre ; deux hommes semaient des grains d’orge sur ma motte, et sur les lèvres de mon con ; douze oyes superbes, et de la plus grande taille, venaient becqueter ces graines, et me causaient, par leurs coups de bec, dans cette partie, une irritation si violente, que j’étais obligée de foutre en sortant de là : Noirceuil qui le prévoyait, me livra à une cinquantaine de paysans de sa terre, qui firent des prouesses avec moi. Il voulut se faire également becqueter le cul, et y trouva des sensations plus vives que celles du fouet ; il joignit à ces débauches, celle d’ordonner à l’instituteur et à l’institutrice du bourg de sa terre, de lui fournir chacun trente sujets du sexe qu’il instruisait ; il les mêla, fit dépuceler les filles par les petits garçons ; et finit par les fouetter et les sodomiser, et les empoisonner tous.

Oh ! mon ami, dis-je à Noirceuil, tout ce que nous faisons-là est bien simple ; ne pourrions-nous pas couronner nos orgies, par quelqu’action plus éclatante ? Tous les habitans de ce bourg, n’ont d’autre eau que celle de leurs puits ; je tiens de la Durand, un secret qui les empoisonne en deux jours : mes femmes et moi, nous nous chargeons de les troubler tous, et je branlais Noirceuil en lui faisant cette proposition, afin de ne pas éprouver de refus. Oh ! foutre, me dit le paillard, ne pouvant plus contenir son sperme à cette proposition, oh ! sacre-dieu, Juliette, quelle imagination bisarre t’a donnée la nature, fais ce que tu voudras, mon ange, les flots que tu fais couler signent mon acceptation : agis.

Je tins parole ; tout fut empoisonné en quatre jours ; quinze cents personnes furent mises en terre, et presqu’autant réduites à un tel état de douleur, qu’on les entendait invoquer la mort : on n’attribua le tout qu’à une épidémie. L’ignorance des gens de l’art, de la province, nous mit à couvert, même du soupçon ; et nous partîmes après une expédition qui nous avait coûté bien du foutre.

Telle est l’heureuse position où vous me voyez mes amis ; je l’avoue, j’aime le crime avec fureur, lui seul irrite mes sens, et je professerai ses maximes jusques aux derniers momens de ma vie. Exempte de toutes craintes religieuses, sachant me mettre au-dessus des loix, par ma discrétion et par mes richesses, quelle puissance, divine ou humaine, pourrait donc contraindre mes desirs ? Le passé m’encourage, le présent m’électrise, je crains peu l’avenir ; j’espère donc que le reste de ma vie surpassera de beaucoup encore tous les égaremens de ma jeunesse. La nature n’a créés les hommes que pour qu’ils s’amusent de tout sur la terre ; c’est sa plus chère loi, ce sera toujours celle de mon cœur. Tant pis pour les victimes, il en faut ; tout se détruirait dans l’univers, sans les loix profondes de l’équilibre ; ce n’est que par des forfaits que la nature se maintient, et reconquit les droits que lui enlève la vertu. Nous lui obéissons donc en nous livrant au mal ; notre résistance est le seul crime qu’elle ne doive jamais nous pardonner : oh ! mes amis, convainquons-nous de ces principes ; dans leur seul exercice, se trouvent toutes les sources du bonheur de L’homme.

C’est ainsi que madame de Lorsange termina le récit de ses aventures, dont les scandaleux détails avaient arraché plus d’une fois des larmes bien amères à l’intéressante Justine. Il n’en était pas de même du chevalier et du marquis ; les vits nerveux qu’ils mirent au jour, prouvèrent bien de la différence dans les sentimens qui les avaient animés. Il se complotait déjà quelqu’horreur, lorsque l’on entendit revenir au château, Noirceuil et Chabert, qui, comme on s’en souvient, avaient été passer quelques jours à la campagne, pendant que la comtesse instruisait ses deux autres amies, des faits que ceux-ci savaient depuis long-tems.

Les larmes qui venaient d’inonder les belles joues de notre malheureuse Justine, son air intéressant…… abbatu par autant de malheur… sa timidité naturelle, cette vertu touchante, disséminée sur chacun de ses traits, tout irrita Noirceuil et Chabert, qui voulurent absolument soumettre cette infortunée à leurs sales et féroces caprices. Ils furent s’enfermer avec elle, pendant que le marquis, le chevalier, et madame de Lorsange, se livrèrent à d’autres voluptés toutes aussi bisarres, avec les nombreux objets luxure dont était meublés ce château.

Il était environ six heures du soir, quand chacun revint et se réunit ; le sort de Justine fut mis alors en délibération ; et sur le refus formel que fit madame de Lorsange, de garder une telle prude chez elle, il ne fut plus question que de décider si cette malheureuse créature serait renvoyée, ou immolée dans quelques orgies. Le marquis, Chabert, et le chevalier, plus que rassasiés de cette créature, étaient fermement tous les trois de cette dernière opinion, lorsque Noirceuil demanda à être entendu.

Mes amis, dit-il à la joyeuse société ; j’ai souvent vu que dans de pareilles aventures, il devenait extrêmement instructif de tenter le sort. Un orage horrible se forme, livrons cette créature à la foudre ; je me convertis, si elle la respecte. À merveille, s’écria tout le monde ! Voilà une idée que j’aime à la folie, dit madame de Lorsange, ne balançons pas à l’exécuter ; l’éclair brille, les vents sifflent, le feu du ciel agite les nues ; il les ébranle d’une manière horrible ; on eût dit que la nature, ennuyée de ses ouvrages, fut prête à confondre tous les élémens, pour les contraindre à des formes nouvelles. On met Justine à la porte, non seulement sans lui donner un sol, mais en lui ravissant même le peu qui lui restait. La malheureuse, confuse, humiliée de tant d’ingratitude et de tant d’horreurs, trop contente d’échapper peut-être à de plus grandes infamies, gagne, en remerciant Dieu, le grand chemin qui borde l’avenue du château ; elle y est à peine arrivée, qu’un éclat de foudre la renverse, en la traversant de part en part : elle est morte, s’écrient, au comble de leur joie, les scélérats qui la suivaient : accourez ! accourez ! madame, venez contempler l’ouvrage du ciel ? venez voir somme il récompense la vertu : est-ce donc la peine de la chérir, quand ceux qui la servent le mieux, deviennent aussi cruellement les victimes du sort.

Nos quatre libertins entourent le cadavre ; et quoiqu’il fut entièrement défiguré, les scélérats forment encore d’affreux desirs sur les restes sanglans de cette infortunée ; ils lui enlèvent ses vêtemens ; l’infâme Juliette les excite ; la foudre entrée par la bouche, était sortie par le vagin ; d’affreuses plaisanteries sont faites sur les deux routes parcourues par le feu du ciel. Qu’on a raison de faire l’éloge de Dieu, dit Noirceuil ; voyez comme il est décent ; il a respecté le cul : il est encore beau ce sublime derrière, qui fit couler autant de foutre ; est-ce qu’il ne te tente pas, Chabert ! et le méchant abbé répond, en s’introduisant, jusqu’aux couilles, dans cette masse inanimée, L’exemple est bientôt suivi ; tous les quatre, l’un après l’autre, insultent aux cendres de cette chère fille ; l’exécrable Juliette se branle, en les voyant faire ; ils se retirent, la laissent, et lui refusent jusqu’aux derniers devoirs. Triste et malheureuse créature ; il était écrit dans le ciel, que le repos même de la mort ne te garantirait pas des atrocités du crime, et de la perversité des hommes.

En vérité, s’écrie madame de Losange, en retournant avec ses amis au château, voilà qui m’affermit plus que jamais, dans la carrière que j’ai parcourue toute ma vie. O Nature ! s’écrie-t-elle, dans son enthousiasme ; il est donc nécessaire à tes plans, ce crime contre lequel les sots s’avisent de sévir ; tu le desires donc, puisque ta main punit, de cette manière, ceux qui le craignent, ou ne s’y livrent pas… Oh ! voilà des événement qui comblent mon bonheur, et perfectionnent ma tranquillité.

On arrivait à peine au château, qu’une berline, en poste, y parvenait par l’autre route ; elle entre dans la cour presque en même-tems que la compagnie. Une grande femme fort bien mise en descend, Juliette s’avance vers elle. — Juste ciel ! c’est la Durand ; c’est cette chère amie de madame de Lorsange, condamnée par les inquisiteurs de Venise, et que Juliette croyait avoir vue accrochée au plafond de la salle de ces terribles juges… Chère ame, s’écrie-t-elle, en se jetant dans les bras de son amie… par quel événement… grand Dieu… explique-toi… je ne sais où j’en suis : un salon s’ouvre, on s’y installe, et chacun écoute en silence, l’éclaircissement d’une aussi singulière aventure. — Ma chère Juliette, dit la Durand, avec tranquillité, tu revois celle que tu avais cru perdre dans les horreurs d’une mort violente, et qui, graces à ses intrigues, à son industrie, à sa science, te retrouve bien plus fortunée que jamais, puisqu’avec le bien considérable qu’elle a conservée, elle est encore assez heureuse pour te rapporter celui qu’on t’avait confisqué dans Venise. Oui, Juliette, continua cette chère amie, en remettant sur la table une liasse de papiers : voilà le fonds de tes quinze cents mille livres de rente que je te rends ; c’est tout ce que j’ai pu sauver ; jouis en paix, et ne m’accorde, pour reconnaissance, que la certitude de finir, avec toi, mes jours. Oh, mes amis, s’écrie Juliette, ivre de joie ! aura-t-il tort celui qui quelque jour écrira l’histoire de ma vie, s’il l’intitule : les prospérités du vice… Hâte-toi, Durand, hâte-toi de nous développer des faits aussi singuliers ; et convainc-toi bien que c’est moi qui te supplie de ne jamais nous quitter de tes jours.

Alors cette femme, à jamais célèbre, apprit à la société, le plus succintement qu’elle pût, qu’en promettant de livrer et d’exécuter tous ses secrets, on lui assurait qu’une autre femme serait exécutée à sa place ; l’exemple étant nécessaire pour Juliette, dont le conseil voulait les biens et le départ de peur d’imprudence : la feinte ayant parfaitement réussi, elle avait satisfait les inquisiteurs, et produit, dans Venise, une épidémie, dans laquelle plus de vingt mille personnes-étaient mortes ; son opération faite, elle avait demandé pour grace intime et spéciale, que les biens de son amie lui fussent rendus ; on les lui avaient accordés ; de ce moment, elle ne songea plus qu’à s’évader de Venise, bien persuadée que nourris des principes de Machiavel, ces perfides Vénitiens immoleraient bientôt leur complice. Je suis donc accourue vers toi, mon ange, poursuivit la Durand ; je te rends heureuse, et me voilà contente, ris maintenant de la fatalité du sort qui m’a fait échapper deux fois à la corde ; assurément je ne dois plus maintenant craindre cette fin ; je ne sais quelle sera celle que me destine la main du sort. Ah ! qu’il ne me frappe que dans le sein ma chère Juliette, je ne me plaindrai jamais de ses coups ; et les deux amies, se rejetant dans le sein l’une de l’autre, ne cessent un quart-d’heure entier de se prodiguer les protestations sincères d’amitié, de confiance et d’attachement que le vice goûte, ainsi que la vertu, quoiqu’en puissent dire les froids sectateurs de cette fastidieuse divinité ; chacun partageait les sentimens de ces deux tendres amies, lorsqu’un courrier de Versailles arrive avec grand fracas dans la cour ; il demande Noirceuil ; c’est à lui qu’il remet les ordres dont il est chargé.

Oh ciel ! s’écrie celui-ci, dès qu’il a lu ; il est dit, ma chère Juliette, que tous les genres de bonheur doivent affluer sur nos têtes aujourd’hui. Le ministre vient de fermer les yeux ; voilà la lettre de la main du Roi, qui m’ordonne de me rendre en hâte à la cour, pour prendre les rênes du gouvernement, Quelle somme abondante de félicités ceci nous promet ! suivez-moi toutes deux, continue Noirceuil, en s’adressant à Juliette et à la Durand ; je ne veux de la vie me séparer de vous ; de quelle nécessité vous m’allez être, au gouvernail du vaisseau que je vais conduire ! vous, Chabert, je vous donne un archevêché ; marquis, je vous nomme à l’ambassade de Constantinople ; vous, chevalier, je vous fais quatre cents mille livres de rente ; vous resterez à Paris, pour surveiller nos affaires, Allons, mes amis, réjouissons-nous, je ne vois dans tout cela, que la vertu de malheureuse : nous n’oserions peut-être pas le dire, si c’était un roman que nous écrivissions. Pourquoi donc craindre de le publier, dit Juliette : quand la vérité même arrache les secrets de la nature, à quelque point qu’en frémissent les hommes, la philosophie doit tout dire.

On partit dès le lendemain ; les plus grands succès couronnèrent dix ans nos héros. Au bout de ce tems, la mort de madame de Lorsange la fit disparaître de la scène du monde, comme s’évanouit ordinairement tout ce qui brille sur la terre ; et cette femme, unique en son genre, morte sans avoir écrit les derniers événemens de sa vie, enlève absolument à tout écrivain, la possibilité de la remontrer au public. Ceux qui voudraient l’entreprendre, ne le feraient, qu’en nous offrant leurs rêveries pour des réalités, ce qui serait d’une étonnante différence aux yeux des gens de goût, et particulièrement de ceux qui ont pris quelqu’intérêt à la lecture de cet Ouvrage.


Fin du dixième et dernier Volume.

gênat: gênât jeanfoutre: jean-foutre italiennisé: italianisé langottait: langotait langotterez: langoterez petté: pété revéré: révéré très agitée: très agitée très bien: très bien très certainement: très certainement très chauds: très chauds très connue: très connue très considérable: très considérable très difficiles: très difficiles très doux: très doux très écartées: très écartées très émue: très émue très enflammée: très enflammée très essentielle: très essentielle très étonnée: très étonnée très étonnées: très étonnées très exact: très exact très extraordinaire: très extraordinaire très facile: très facile très grand: très grand très jolie: très jolie très jolies: très jolies très légitimes: très légitimes très malheureuse: très malheureuse très médiocre: très médiocre très peu: très peu très près: très près très promptement: très promptement très rarement: très rarement très réelle: très réelle très riche: très riche très riches: très riches très rigoureuse: très rigoureuse très roide: très raide très scrupuleux: très scrupuleux très singulier: très singulier très vif: très vif très vifs: très vifs très voluptueuses: très voluptueuses

  1. Les putains de cette nation sont extrêmement recherchées dans les pays étrangers. Leur extrême complaisance, leur adresse, leur libertinage et leur beauté leur obtiennent une préférence décidée sur les prostituées des autres nations, presque toujours laides, mal-adroites et sales.
  2. La plus fameuse de l’Italie.
  3. Peu d’hommes savent se faire soigner après leur décharge ; anéantis, ils se retirent froidement, et ne pensent plus à rien. Des soins qui suivent l’éjaculation, dépend néanmoins la vigueur nécessaire à regoûter de nouveaux plaisirs, et à se retirer des anciens dans un état moins abattu. Ces soins consistent à se faire bien exactement sucer, à se taire consoler et manier les couilles, et à appliquer sur elles des linges très-chauds ; il est également utile d’avaler après la crise, des restaurans ou des spiritueux : ces derniers employés en lotions, sur les couilles, sont aussi d’un excellent usage.
  4. On ne desire jamais plus vivement un vit au derrière, que quand on vient d’être fouetté ; et jamais plus vivement le fouet, qu’en venant d’être foutu. Il est inoui comme ces deux plaisirs-là se servent et s’enchaînent.
  5. Ces charmantes créatures, que l’opinion des sots flétrit avec tant de bêtise, portent dans la société les mêmes qualités que dans le plaisir : elles sont toujours plus vives, plus aimables, plus spirituelles que les autres ; presque toutes ont des grâces, des talens, de l’imagination : et pourquoi donc leur en vouloir d’un tort qui n’appartient qu’à la nature ? Lourds sectateurs des plaisirs ordinaires, vous les blâmez parce qu’elles vous refusent ; mais que l’on analyse celles qui vous aiment, on les trouvera toujours presqu’aussi bêtes que vous.
  6. Ce serait ici le cas, sans doute, d’examiner l’absurdité révoltante qu’il y a de pleurer un mort ; il faudrait bien plutôt se réjouir, puisqu’en périssant il s’affranchit de toutes les peines de la vie. D’ailleurs, notre chagrin, nos larmes ne peuvent lui servir à rien, et elles nous affectent désagréablement ; il en de même des cérémonies de l’enterrement d’un mort, et du respect que l’on paraît avoir encore pour lui ; tout cela est inutile, superstitieux : on ne doit à un cadavre, que de le mettre dans une bonne terre où il puisse germer promptement, et se métamorphoser avec vîtesse, en ver, en mouche ou en végétaux, ce qui est difficile dans les cimetières ; si l’on veut rendre un dernier service à un mort, c’est de le faire mettre au pied d’un arbre fruitier, ou dans un gras pâturage, c’est tout ce qu’on lui doit ; tout le reste est absurde. Voyez ce qui est dit sur cette matière, tom. 9, pag. 300.