L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Guerre de la Révolution — Bataille de Camden — Arrivée d’une flotte française — Conspiration d’Arnold

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Arrestation du major André.

LEÇON XVI.

guerre de la révolution. — bataille de camden. — arrivée d’une flotte française. — conspiration d’arnold.


1. Nous passerons rapidement sur les derniers événements de la guerre. Après l’année 1779 les provinces méridionales furent le principal théâtre des hostilités.

2. Au mois d’août 1780, eut lieu la bataille de Camden (sud Caroline) à vingt milles nord-est de Charlestown. Cette sanglante bataille fut très-funeste aux Américains.

3. Peu de temps avant la bataille de Camden les Anglais brûlèrent plusieurs villages du New-Jersey. Dans un endroit appelé, « Ferme du Connecticut, » un soldat anglais monta par la fenêtre de la maison du ministre et le fusilla au milieu de sa petite famille.

4. En juillet, six mille Français qui venaient au secours des Américains débarquèrent dans le Rhode-Island. Cet heureux événement ranima le courage de nos troupes.

5. Au mois de septembre, on découvrit un indigne complot qui menaçait de ruiner l’Amérique. Ce n’était rien moins, que de livrer West-Point au pouvoir des Anglais. Ce plan avait été formé entre le général Arnold, commandant de West-Point et le major André officier anglais. Heureusement le général Washington découvrit ce complot et le déjoua. André fut pris et pendu comme un espion. Arnold s’échappa, il déshonora son nom pour toujours.

QUESTIONS.

1. Après l’année 1779 quel fut le théâtre des hostilités ?

2. En quelle année la bataille de Camden eut-elle lieu ? Où est situé Camden ? Que dit-on de cette bataille ?

3. Que firent les Anglais peu de temps avant la bataille de Camden ? Qu’arriva-t-il dans un endroit appelé Ferme du Connecticut ?

4. En juillet, quel heureux événement vint ranimer le courage des Américains ?

5. Quel complot découvrit-on au mois de septembre ? Quel était le but de ce complot ? Par qui fut-il formé ? Par qui fut-il découvert et déjoué ? Que devint André ? Et Arnold ?


HISTOIRE.

1. Je pense qu’il vous sera agréable d’entendre parler encore du général Arnold et du major André.

2. Le général Arnold, comme je vous l’ai dit, commandait West-Point, place forte sur la rivière d’Hudson, soixante milles au nord de New-York. Les Anglais connaissaient l’importance de cette place et ils offrirent secrètement à Arnold trente mille livres sterling s’il voulait la leur livrer.

3. Un bon patriote ne se serait pas laissé tenter par de telles offres et n’aurait jamais consenti à vendre ses concitoyens ; mais Arnold n’était pas un bon patriote. Il s’était mal conduit quelque temps auparavant, et le général Washington l’avait réprimandé par ordre d’un conseil de guerre. Arnold ressentit si vivement cette disgrâce, que dans sa colère, il quitta l’armée et résolut de se venger.

4. Ensuit il prétendit se repentir de sa rébellion et dit, qu’il désirait servir son pays, qu’il voulait donner des preuves de son patriotisme, enfin il supplia qu’on lui accordât le commandement de West-Point.

5. Tout cela n’était qu’une ruse. Il avait le cœur noir et ses intentions étaient viles et basses. — Personne ne soupçonnant ses mauvais desseins, le commandement de West-Point lui fut donné.

6. Dès qu’il eut pris possession de cette forteresse, il écrivit à New-York au général anglais pour lui offrir de la lui livrer.

7. Le général anglais fit part de cette proposition au major André, jeune officier de l’armée anglaise. Celui-ci remonta la rivière dans une chaloupe appelée le Vulture. En arrivant près de West-Point, il eut une entrevue avec Arnold, à l’ombre de la nuit, et l’indigne Arnold consentit à livrer West-Point.

8. Une providence miséricordieuse déjoua ce plan. André essaya de retourner à New-York par terre, il fut rencontré par trois soldats américains qui le prirent. André leur fit en vain les plus brillantes promesses pour obtenir sa liberté ; ils ne se laissèrent pas séduire et le livrèrent à un officier américain qui le conduisit à Washington.

9. André était encore au printemps de la vie, il avait une figure noble et gracieuse, et sans cette fatale conspiration, son caractère aurait été irréprochable. Le conseil de guerre le condamna à regret et le général Washington eut de la peine à signer cet arrêt de mort.

10. Ce fut un triste jour pour le camp américain que le jour où André fut pendu, il ne pouvait être absous ; tout le monde le savait, tout le monde le sentait, cependant les officiers et les soldats ne purent retenir leurs larmes quand le fier André monta les degrés de l’échafaud.

11. Si c’eut été Arnold les pleurs n’auraient pas coulé. Une mystérieuse providence permit à ce coupable de s’échapper. Il s’enfuit à New-York entra au service des anglais et prit les armes contre ses compatriotes.

12. Lorsqu’André fut arrêté et que l’on eut connaissance du complot, Washington fit poursuivre Arnold et s’il avait pu le faire saisir avant la mort d’André, peut-être le sang de ce dernier aurait-il été épargné.

13. Ainsi que je vous l’ai dit Arnold était alors à New-York. Washington forma un plan et après l’avoir bien mûri, il envoya chercher un officier appelé le major Lee.

14. Lorsque Lee entra, Washington lui dit : « lisez ces papiers, vous y verrez les moyens par lesquels j’espère prendre le traître Arnold et sauver André. » Quand le major Lee eut fini de lire, Washington lui demanda : « Connaissez-vous un homme qui soit capable de remplir mes vues ? »

15. Lee répondit qu’il croyait en connaître un dont le nom était Champe. « C’est bien » reprit Washington, « allez lui faire part de ce plan et dites lui que ma confiance repose en lui. Parlez lui du danger auquel il va s’exposer, mais promettez lui une récompense. »

16. Lee alla trouver Champe et s’acquitta de la commission que Washington lui avait donnée. Champe hésita ; à la fin, il consentit à se charger de cette affaire, et la nuit suivante il était sur la route de New-York, faisant courir son cheval au galop afin d’échapper à quiconque essaierait de le poursuivre.

17. Quelques gens ayant vu Champe sortir secrètement du Camp vinrent en avertir le major Lee. Celui-ci ne pouvant révéler le secret, les engagea à courir après le déserteur et à le ramener s’ils le pouvaient.

18. Cependant Champe courait toujours au grand galop. Il fut aperçu à quelque distance, redoublant alors de vitesse, il courut vers une rivière, sauta de son cheval se jeta à l’eau, et nagea jusqu’à un bateau à bord duquel il fut pris par un vaisseau anglais qui l’emmena à New-York.

19. Là il apprit où Arnold logeait et il forma le projet de le saisir et de l’emmener, de l’autre côté de l’Hudson où Lee se tenait prêt à le recevoir pour le conduire au général Washington.

20. Arnold ne lui laissa pas le temps d’accomplir ce dessein. Accompagné de ses troupes il s’embarqua pour la Virginie.

21. Champe s’embarqua aussi sur un autre navire où il entra en qualité de soldat anglais et lorsqu’il fut en Virginie il déserta et retourna dans l’armée américaine. Washington tint sa promesse, il permit à Champe de quitter l’armée et il lui donna une récompense.

22. Lorsque la guerre d’Amérique fut terminée, Arnold partit pour l’Angleterre : il y mourut en 1801, justement méprisé, non seulement en Amérique, sa patrie, mais en Angleterre, et dans tous les pays où se trouvent des gens d’honneur et de bons patriotes.