Aller au contenu

L’honneur de souffrir/XCVII. C’est le jour tiède et mol où naissent les lilas

La bibliothèque libre.
Librairie Grasset (p. 150).

XCVII


C’est le jour tiède et mol où naissent les lilas.
Le gai cri d’un oiseau est dans l’éther buté.
Malgré les cieux gonflés d’un pâle et sûr éclat,
L’espace est de grisaille encore empaqueté.
Le ciel est hésitant. Les nuages houleux
Languissent. — Que de fois je vous ai vu renaître,
Printemps dolent, gisant, dont s’enivrait mon être !
Mais aujourd’hui, devant vos efforts indécis,
Je songe qu’il viendra, imprévu mais précis,
Au terme des instants dont nul ne sait la somme,
Quand les siècles seront glacés et révolus,
Le jour où sur le sol déserté par les hommes
Votre verte tiédeur ne se lèvera plus…