La Bible d’une grand’mère/161

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CLXI

ÉLIE ENLEVÉ AU CIEL — ÉLISÉE LE REMPLACE

(Même année, 796 ans avant J.-C.)



Le Seigneur annonça un jour à Élie qu’il l’enlèverait au ciel. Élie, ne voulant pas dans son humilité que personne fût témoin de cette grande faveur de Dieu, chercha à éloigner son fidèle serviteur Élisée. Il lui annonça donc qu’ils devaient se séparer, parce que le Seigneur l’envoyait tout seul à Béthel. Mais Élisée, qui avait eu lui aussi connaissance de ce qui allait se passer, ne voulut pas quitter son maître, et l’accompagna à Béthel. Les enfants des prophètes qui étaient à Béthel, les voyant arriver, dirent à Élisée : « Ne savez-vous pas qu’aujourd’hui même le Seigneur vous enlèvera votre maître ? » Élisée leur répondit : « Je le sais, mais n’en dites rien. »

Petit-Louis. Comment ces enfants ont-ils pu le savoir ?

Grand’mère. Parce que le Seigneur l’avait révélé à leurs parents, les prophètes, pour la plus grande gloire de Dieu.

Élie dit encore à Élisée : « Demeurez ici, car le Seigneur m’envoie à Jéricho. — Vive le Seigneur et vive votre âme ! répondit Élisée, je ne vous abandonnerai pas partout où vous irez. »

Quand ils arrivèrent à Jéricho, les enfants des prophètes de Jéricho dirent à Élisée la même chose que ceux de Béthel. Élisée leur répondit de même.

À Jéricho, Élie dit à Élisée : « Demeurez ici, le Seigneur Ascension d’Élias.
m’envoie vers le Jourdain. » Le fidèle Élisée répondit encore : « Partout où vous irez, je vous suivrai. »

Ils allèrent donc ensemble jusqu’au Jourdain ; et cinquante enfants des prophètes les accompagnèrent et restèrent à quelque distance du fleuve pour ne pas les gêner.

Alors Élie prit son manteau, et, l’ayant plié en deux, il en frappa les eaux du fleuve qui s’ouvrirent et leur laissèrent un passage à sec. Quand ils furent passés de l’autre côté, Élie, sachant que le moment était venu où le Seigneur l’enlèverait au ciel, dit à Élisée : « Demande-moi ce que tu voudras, afin que je l’obtienne pour toi, avant que nous soyons séparés. »

Élisée répondit : « Je vous prie de faire que j’aie une double portion de votre esprit de prophète.

— Ce que tu me demandes est difficile : mais si tu me vois lorsque je serai enlevé d’avec toi, tu l’auras ; si tu ne me vois pas, tu ne l’auras pas. »

Pendant qu’ils s’entretenaient en marchant, un char de feu attelé de chevaux de feu les sépara tout à coup l’un de l’autre, et Élie monta au ciel au milieu d’un tourbillon de vent.

Élisée, le voyant monter, lui criait : « Mon père, mon père, vous qui étiez le char et le conducteur d’Israël ! que deviendra Israël sans vous ? » Élie lui jeta son manteau, afin qu’il le conservât ; puis il disparut.

Élisée s’en retourna et arriva au bord du Jourdain dont les eaux s’étaient refermées. Il prit le manteau d’Élie et en frappa les eaux, mais elles ne s’ouvrirent pas. Alors il dit : « Où est maintenant le Dieu d’Élie ? » et frappant le fleuve une seconde fois, les eaux se séparèrent, et Élisée le passa sans se mouiller.

Les enfants des prophètes, qui étaient restés près du Jourdain, voyaient tout cela ; ils vinrent au-devant de lui, se prosternèrent devant lui en disant : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée. » — Élisée alla demeurer à Jéricho ; les habitants de la ville lui dirent : « Seigneur, cette ville est très-commode à habiter ; mais les eaux y sont très-mauvaises, et la terre y est stérile ; elle ne produit rien. »

Élisée leur répondit : « Apportez-moi une cruche neuve, et mettez du sel dedans. » Quand on lui eut apporté ce qu’il demandait, il alla à la fontaine, et, ayant jeté dedans l’eau salée, il dit : « Voici ce que dit le Seigneur : « J’ai rendu ces eaux saines ; elles ne causeront plus à l’avenir la mort de personne, et elles ne rendront plus la terre stérile. » Ces eaux, en effet, devinrent saines comme elles sont restées depuis.