La Bible d’une grand’mère/181

La bibliothèque libre.

CLXXXI

RETOUR DU JEUNE TOBIE
LE VIEUX TOBIE RECOUVRE LA VUE.

(Même année, 708 ans avant J.-C.)



Pendant que le jeune Tobie, cédant aux prières de Ragüel et d’Anne, achevait son heureuse quinzaine chez ses parents, le vieux Tobie et sa femme commençaient à s’inquiéter de ne pas voir revenir leur fils. « D’où peut venir ce retardement de notre fils ? disaient-ils ; Gabélus ne serait-il pas mort ? et Tobie ne sait peut-être plus à qui s’adresser pour ravoir notre argent ? » Après quelques jours d’attente, le vieux Tobie fut saisi d’une profonde tristesse ainsi que sa femme, et ils pleuraient ensemble sans pouvoir se consoler.

Tous les jours, Anne allait dans tous les chemins par lesquels son fils pouvait revenir ; elle montait sur les collines pour le voir arriver de loin, et tous les jours elle revenait en pleurant près de son mari.

Pendant ce temps, Ragüel, qui aimait beaucoup sa fille et son gendre, les suppliait de rester encore un peu ; mais Tobie résistait, et au jour fixé, encouragé par l’Ange, il se mit en route, emmenant de nombreux troupeaux et de grandes richesses, car Ragüel avait donné à Tobie, avec sa fille Sara, la moitié de tout ce qu’il possédait, serviteurs, servantes, troupeaux, chameaux, mulets, ânes, vêtements, trésors, parfums, or, argent, tout enfin.

Ragüel et Anne bénirent une dernière fois Sara et Tobie, les embrassèrent tendrement et les laissèrent partir. Le onzième jour de leur voyage, l’Ange dit à Tobie : « Mon frère Tobie, tu sais l’état d’affliction dans lequel tu as laissé tes parents. Si tu le trouves bon, allons devant ; laissons Sara, les serviteurs et les troupeaux continuer lentement leur route ; nous arriverons ainsi plus promptement pour tirer ton père d’inquiétude. »

Tobie, qui suivait docilement tous les conseils de l’Ange, y consentit. Ils emportèrent seulement avec eux le fiel du poisson. Anne continuait à aller tous les jours sur la colline pour voir si Tobie ne revenait pas. Enfin, elle l’aperçut de bien loin et courut aussitôt à la maison pour dire au vieux Tobie : « Voici votre fils qui revient. »

L’Ange Raphaël dit alors à Tobie : « Aussitôt que tu seras entré dans la maison, adore le Seigneur ton Dieu, en lui rendant grâces de ton retour. Approche-toi de ton père, embrasse-le, et aussitôt frotte-lui les yeux avec le fiel du poisson ; les yeux de ton père s’ouvriront, il verra la lumière du ciel comme auparavant, et il sera comblé de joie en te voyant. »

Le chien, qui les avait accompagnés pendant tout le voyage, courut devant d’eux, témoignant sa joie par ses sauts et ses caresses.

Le père de Tobie, tout aveugle qu’il était, se mit à courir, manquant tomber à chaque pas, et alla ainsi au-devant de son fils. Se jetant dans ses bras, il l’embrassa en pleurant ; sa mère en fit de même. Et ils revinrent à la maison. Ayant adoré Dieu, ils s’assirent. Alors le jeune Tobie, prenant le fiel du poisson, en frotta les yeux de Tobie. Après avoir attendu quelques instants, une petite peau semblable à une peau d’œuf commença à sortir de ses yeux. Le jeune Tobie la tira des yeux de son père, qui recouvra la vue au même instant… Tous se prosternant rendirent grâces à Dieu.

Jacques. Ils ont dû être bien heureux du retour de Tobie et de la guérison de son père,

Grand’mère. Aussi heureux que nous le serions tous à leur place. Tobie raconta alors à ses parents son voyage, son mariage, les services que lui avait rendus son fidèle compagnon. Les parents attendirent avec impatience la venue de Sara, qui ne put arriver que le septième jour avec tous ses serviteurs, ses chameaux, ses troupeaux ; pendant sept jours, ce ne furent que festins et réjouissances.