La Célestine/Notes

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La Célestine, tragi-comédie de Calixte et Mélibée
Traduction par A. Germond de Lavigne.
Alphonse Lemerre (p. 243-260).


NOTES


1, page 1. — Ce titre précède les éditions de Séville (1502) et de Madrid (1822) ; j’ai trouvé le suivant en tête de plusieurs autres, notamment de celles d’Anvers (1595-1599-1601) :

« Composée pour servir de leçon aux amoureux extravagants qui, vaincus par une passion désordonnée, donnent à leurs maîtresses le nom de la Divinité.

« Et aussi pour les avertir de se méfier des entremetteuses et des serviteurs faux et méchants. »

2, page 1. — L’auteur veut parler du premier acte de la Célestine, écrit, selon lui, par un auteur inconnu.

3, page 8. — Cette fable, imaginée par les Orientaux et que nous n’avons connue que par la traduction de quelques-uns de leurs contes, était déjà populaire en Espagne à l’époque où parut la Celestine ; elle y avait été introduite, sans aucun doute, pendant la domination arabe.

4, page 12. — On trouve ici, dans les éditions anciennes, un blasphème qui a été supprimé plus tard et qu’indique seulement une note de l’édition de D. Léon Amarita (Madrid, 1822) : « Si Dieu me donnait dans le ciel une place au-dessus des saints, etc. »

5, page 12. — La scène se transporte chez Calixte.

6, page 13. — Il y a ici Erasistrato au lieu d’Hippocrato dans l’édition de Mathias Gast (Salamanque, 1570).

7, page 13. — La même édition écrit piedad seleucal au lieu de piedad celestial. Cette correction et la précédente, que n’a point admises l’édition de 1822, font allusion à un fait de l’histoire ancienne cité par Valère Maxime :
« Antiochus, fils de Seleucus, roi de Syrie, devint éperdument amoureux de Stratonice, sa belle-mère. Sentant néanmoins tout ce que sa flamme avait de criminel, il cachait religieusement au fond de son cœur cette blessure sacrilége : deux affections opposées, un amour extrême et un respect sans bornes, renfermées dans le même sein, dans les mêmes entrailles, réduisirent le prince au dernier degré de langueur. Il était étendu sur son lit dans un état voisin de la mort. Son père, accablé de douleur, se représentait la perte d’un fils unique et l’horrible malheur de voir sa vieillesse privée d’enfants. Mais la sagacité de l’astrologue Leptine ou, selon d’autres, du médecin Erasistrate, dissipa ce nuage de tristesse. Assis auprès d’Antiochus, il remarqua que lorsque Stratonice entrait, il rougissait et que sa respiration devenait pressée ; que sitôt qu’elle était sortie, il pâlissait et reprenait une respiration plus libre. En observant ces symptômes avec attention, il parvint à découvrir la vérité. Aussitôt il en rendit compte à Seleucus. Ce prince, tout passionné qu’il était pour son épouse, n’hésita pas à la céder à son fils. »

(Valère Maxime, lib. V, cap vii, de Patrum amore.

8, page 14. — « La jument suit son frein, la chamelle suit sa courroie, et le seau suit la corde. » (Vieux proverbe arabe.)

9, page 14. — Cervantes a mis une strophe toute semblable dans une romance que l’amoureuse Altisidore chante sous la fenêtre du chevalier de la Triste-Figure :

« Ne regarde point, du haut de ta roche Tarpéienne, l’incendie qui me dévore, ô Manchois, Néron du monde, et ne l’excite point par ta rigueur ! » (IIe partie, chap. xliv.)

10, page 16. — Il y a dans le texte agarrochados, blessés par la garrocha, dard ou petite lance à crochet dont se servent les chulos pour exciter les taureaux, dans les courses.

11, page 16. — Littéralement : cette musette est sur un autre ton.

12, page 18. — J’ai relu l’histoire bien connue de Minerve, j’ai parcouru quelques ouvrages mythologiques, et nulle part je n’ai pu trouver un seul mot qui m’aidât à deviner l’énigme posée par Sempronio. Il n’est guère probable que ce soit un mythe inconnu sur la déesse de la sagesse. Ses historiens avaient trop de respect pour elle. Ce ne peut être qu’une erreur typographique commise dès les premières éditions ; je crois qu’il serait impossible maintenant de rétablir l’intention de l’auteur.

13, page 18. — Vinum et mulieres apostare faciunt homines, et arguent sensatos. (Ecclésiaste, chap. IX, v. 2.)

14, page 18. — Æque imprudens animal est, et nisi scientia accessit ac multa eruditio, ferum cupiditatem incontinens.

(Sénèque, de Constantia sapientis, cap. xv.)

Non satis muliebris insania viros subjecerat, nisi bina ac terna patrimonia auribus singulis pependissent.

(De Beneficiis, lib. vii, cap. ix.)

15, page 19. — Un proverbe italien non moins impertinent que les maximes de Sempronio dit : La donna e como la castagna, bella di fuori, dentro e la magnana. Pétrone disait que le sexe « était de la nature des milans, qu’il ne fallait jamais lui faire du bien, car c’était peine perdue. »
« Elles sont fines, elles sont cautes, tellement que, si par finesse s’acquérait la victoire, les femmes commanderaient à l’univers. Il ne fut jamais rien pire que la femme entre les calamités des hommes. »
Bienveillante réflexion intercalée par messire J. de Lavardin, dans sa traduction (Paris, 1578).

16, page 20. — Près d’un siècle après l’apparition de la Célestine, Cervantes mettait dans la bouche de don Quichotte un éloge à peu près semblable des charmes secrets de Dulcinée : « Ce que la pudeur cache aux regards des hommes est tel, je m’imagine, que le plus judicieux examen pourrait seul en reconnaître le prix, mais non pas y trouver des termes de comparaison. » (Chap. xiii, trad. de M. Viardot.)

17, page 21. — Il y a dans le texte : pequeñuelas tetas.

18, page 22. — « Calixte. Je te répondrais volontiers ce que Nicomaque dit à un certain ignorant à qui n’avait semblé belle l’Hélène de Zeuxis : « Prends mes yeux, et tu la trouveras une déesse. — Et de quels yeux, sot, voudrais-tu que je la visse ? » (Variante de la traduction de Lavardin.)

19, page 22. — Il y a dans le texte : con ojos de alinde, des yeux de miroir. — (Des lunettes de longue vue. — Traduction de Rouen, 1634.)

20, page 23. — Il y a dans le texte albricias, littéralement étrennes, don que l’on faisait à celui qui apportait une bonne nouvelle.

21, page 25. — Lavardin a traduit « un officier » au lieu de « un moine », et ici « le gros commandeur ». Variantes pudibondes que Rojas n’avait nullement jugées nécessaires un siècle auparavant, malgré toutes les rigueurs de l’autorité ecclésiastique. Lavardin ne s’en est pas tenu à ces légers changements ; nous trouverons au neuvième acte des phrases entières que ses scrupules ne lui ont pas permis de conserver textuellement.

22, page 26. — Le texte dit : A Dios, paredes. — Adieu, murailles.

23, page 28. — Le texte dit : para labrar se.

24, page 32. — Textuellement : rincon de mi secreto, coin de mon secret.

25, page 33. — Xó, que te estriego, asna coja. Vieille expression du jargon villageois dont il est impossible de définir positivement le sens. On la retrouve dans le Don Quichotte (chap. x de la 2e partie) : Xó, que te estrego, burra de mi suegro.

26, page 34. — « Otez l’amour et les voluptés de la vie, il n’y a plus rien en icelle que la triste mort. » (Variante de la traduction de Lavardin.)

27, page 35. — Le texte dit : La punta de la barriga.

28, page 36. — Le texte dit : Putos dias vivas.

29, page 38. — Les Arabes nomades observent une maxime tout opposée ; c’est un gracieux recueil d’images riches et heureuses :
« Voyageur, tu trouveras sans peine un ami à la place de celui dont tu t’éloignes. Change souvent de demeure, car la douceur de la vie consiste dans la variété. Je ne connais rien sur la terre qui soit plus charmant que les voyages : abandonne donc ta patrie et mets-toi en route. L’eau qui reste dans un étang se corrompt bientôt ; coule-t-elle sur un lit de sable, elle devient limpide et douce ; mais à peine s’arrête-t-elle qu’elle devient amère. Si le soleil demeurait constamment sur l’horizon, les peuples de la Perse et de l’Arabie se fatigueraient de sa clarté bienfaisante ; si le lion ne sortait pas de sa forêt, comment prendrait-il sa proie, et si la flèche ne s’éloignait pas de l’arc, comment atteindrait-elle le but ? La poudre d’or, abandonnée dans la mine, n’est pas plus précieuse que de la paille ; et l’aloès, dans son sol natal, est regardé comme le bois le plus commun. »

30, page 38. — No vivas en flor, expression proverbiale pour dire : « Ne perds pas ton temps à des choses frivoles. »

31, page 39. — Voici le texte ; le souvenir de Célestin n’est pas tout à fait exact : Est autem Hierosolymis Probatica piscina, quæ cognominatur hebraice Bethsaida… Angelus autem Domini descendebat secundum tempus in piscinam, et movebatur aqua ; et qui prior descendisset in piscinam post motionem aquæ sanus fiebat à quâcumque detinebatur infirmitate.

(Evang. sec. Joann., cap. v.)

32, page 43. — Beati pacifici, quoniam filii Dei vocabuntur.

(Evang. sec. Matthæum, cap. v.)

33, page 44 :

Tel donne à pleines mains qui n’oblige personne :
La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.
(P. Corneille, le Menteur.)

Ausone a dit :


  Gratia quæ tarda est, ingrata est gratia ; namque
    Cum fieri properat, gratia grata magis.
  Si benè quid facis, facias citò, nam citò factum
  Gratum erit. Ingratum gratia tarda facit.

34, page 45. — « La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. »

(Proverbe italien.)


« La main de dessus est préférable à celle de dessous. »

(Proverbe arabe.)

35, page 46. — « Stultius vero nihil est quam famam captare tristitiæ et lacrymas approbare. »

(Sénèque, Epist. xcvi, ad Marullum.)

36, page 46. — Macias était gentilhomme du grand maître don Enrique de Villena. Il conçut pour une dame de la suite de ce seigneur une passion violente dont ne purent le guérir ni le mariage de sa bien-aimée, ni les remontrances du grand maître, ni enfin la prison à laquelle il fut condamné. Le mari, poussé par la jalousie, parvint à séduire le gardien de la tour dans laquelle était enfermé son rival, et lui lança par une fenêtre un javelot qui le perça d’outre en outre. Macias chantait en ce moment une romance qu’il avait composée pour sa dame, et expira en prononçant son nom et celui de l’amour. Les deux qualités de troubadour et d’amant firent de lui l’objet d’un culte solennel et presque religieux pour les poëtes de l’époque ; tous le célébrèrent dans leurs ouvrages, et son nom, auquel se joignit le surnom de el Enamorado, désigna longtemps en Espagne un modèle d’amour et de constance.

Macias vivait vers le milieu du xive siècle ; on n’a connu de lui que quatre romances (canciones). L’une d’elles, qui a été conservée, commence par ces vers :

Cativo de minha tristura
Y a todos prenden espanto
E preguntan que ventura
Foy, que me atormenta tanto.

37, page 47. — Servo d’altrui si fa, chi dice ’l suo secreto a chi no lo sa. (Prov. italien.)

38, page 48. — Trota conventos. « Nos anciens poëtes donnaient ce nom aux entremetteuses, nous ne savons pourquoi. » (Note de l’édition espagnole ; Madrid, 1822.)

39, page 48. — Emplumada. Ancien supplice infligé en Espagne aux hommes et aux femmes de mauvaise vie : on les dépouillait de leurs vêtements, on enduisait leur corps de miel, on les couvrait de plumes, puis on les promenait sur un âne dans toute la ville.

40, page 50. — Mal me quieren mis comadres, porque digo las verdades. (Prov. castillan.)

41, page 52.

Ni se cae el edificio
Sin avisar la caida.
(La Perla, proverbios morales de Alonzo de Barros.)

42, page 52. — Cette phrase précise l’époque à laquelle la Célestine a été écrite : c’était, comme il a été dit dans la préface, pendant ou peu après le célèbre siége de Grenade par les rois catholiques Ferdinand et Isabelle, en 1492.

43, page 53. — Dije le el sueño y la soltura, littéralement : « je lui ai dit le songe et l’explication, » expression proverbiale pour dire : je n’ai négligé aucun moyen de le persuader, je lui ai dit tout ce qui m’est venu à l’idée.

44, page 54. — Blanca était le nom de deux très-petites monnaies espagnoles valant, l’une un demi-maravédis, c’est-à-dire la soixante-sixième partie du réal de vellon, un peu moins d’un denier de France ; l’autre, la douzième partie du réal, ou 5 deniers.

Le blanc était une monnaie française équivalente à cette

dernière ; on dit encore six blancs pour deux sous et demi.

45, page 54. — Le texte que j’ai traduit par « une mesure » dit un azumbre, mesure de liquides valant deux litres.

Arroba, mesure de liquides contenant huit azumbres, ou seize

litres. L’arrobe est aussi un poids valant douze kilogrammes et demi.

46, page 57. — No vayas por lana y vengas sin pluma. Cette expression correspond au proverbe italien : Venuto per lana e andato toso. « Il est venu chercher de la laine et il est parti tondu. »

47, page 57. — Emplumada. Voir la note du deuxième acte, n°39 ci-dessus.

48, page 57. — Expression correspondante en français : « Tu ne serais pas bon cheval de trompette. »

49, page 60. — Le vieux mot français berne, duquel on a fait berner, désignait une sorte d’habillement semblable au sagum des Latins et servant comme lui au supplice redouté par Célestine. Martial a dit :

Ibis ab excusso missus in astra sago.

Les Espagnols traduisent berner par mantear, verbe dérivé de manta, couverture. La berne, autrefois un supplice, n’est plus aujourd’hui qu’une mauvaise plaisanterie tombée en désuétude et qui ne prend guère que les chiens pour victimes.

50, page 60. — Le texte dit : encorozada. Le coroza était un bonnet rond de forme pyramidale faisant partie du costume lugubre dont l’Inquisition revêtait ses victimes. Il était fait en étoffe de laine teinte en jaune et orné de croix de Saint-André, de flammes, de figures diaboliques et grotesques de couleur rouge.

51, page 62. — Traduction libre du proverbe espagnol : meter aguja para sacar reja. « Mettre une aiguille pour retirer une barre de fer. »

52, page 62. — Expression proverbiale. Ruda, rue : plante de la famille des rosacées.

53, page 62. — « À qui en voulait. » (Traduction pudique de Lavardin.)

54, page 65.

Ni desconsuelo mayor
Que hambre en casa vacita.
(Proverbios morales de Alonzo de Barros.)

55, page 66.

User bien de pauvreté,
C’est richesse et félicité.
(Dicton populaire.)


Ni hay pobre que no sea rico
Si lo que tiene le basta ;
Ni acompañan à pobreza
Respecto ni adulacion.
(Proverbios morales.)

56, page 66. — El home que cobdicia grandes tesoros allegar para non obrar bien con ellos, maguer los hava, non es ende señor mas siervo, « L’homme qui convoite d’entasser de grands trésors pour n’en pas faire bon usage, bien qu’il les possède, n’en est pas seigneur, mais esclave. »

(Partidas d’Alfonse le Sage, tit. III.)

57, page 67. — Dios os salve, expression employée comme salutation dans le langage familier et pleine d’originalité dans ce passage.

58, page 68. — Dos azumbres, quatre litres.

59, page 70.

C’est n’être bon à rien que n’être bon qu’à soi.
Voltaire.

60, page 70.

Ni vi mas aspera cosa
Ni mas blanda que la lengua.
(Proverbios morales.)

61, page 73. — Les paroles magiques, les oraisons aux saints les plus influents du paradis ont eu de tout temps une grande vertu aux yeux du peuple, et les mendiants de profession, les aveugles, tels que celui qui fit l’éducation de Lazarille de Tormes, étaient des recueils vivants de ces innombrables ensalmos. L’oraison à sainte Apolline, l’une des plus efficaces, était en grand renom ; elle dissipait la rage de dents la plus opiniâtre ; le savant bachelier Samson Carrasco la conseillait à la gouvernante de Don Quichotte ; et plus d’une vieille femme de la Manche la sait encore sur le bout du doigt. La voici :


A la puerta del cielo
Polonia estaba,
Y la Virgen Maria
Alli passaba.
— Diz, Polonia, que haces ?
Duermes ó velas ?
— Señora mia, ni duermo ni velo,


À la porte des cieux
Apolline était ;
Marie, Mère de Dieu,
En ce lieu passait.
— Dis, Apolline, que fais-tu ?
Dors-tu ou veilles-tu ?
— Je ne dors, hélas ! ni ne veille,

Que de un dolor de muelas
Me estoy muriendo.
— Por la estrella de Venus
Y el sol poniente ;
Por el santissimo sacramento
Que tuve en mi vientre,
Que no te duela mas
Ni muela ni diente.


Mais d’une rage de dents
Je ressens douleur mortelle.
— Par l’étoile de Vénus
Et par le soleil couchant,
Par le Très -Saint-Sacrement
Qu’en mon ventre j’ai tenu,
Que petite ou grosse dent
Ne te nuise dorénavant.

62, p. 74. — Citation d’une ancienne romance de Bernardo del Carpio :

Con cartas un mensagero
El rei al Carpio envió ;
Bernardo como es discreto,
De traicion se receló.
Las cartas echa en el suelo,
Y al mensagero asi habló :
Mensagero sois amigo ;
Non mereceis culpa, non.

63, page 74. — On dit proverbialement en France : « Il ne faut qu’une brebis galeuse pour infecter tout un troupeau. »

Sicut grex totus in agris
Unius scabie cadit et porrigine porci.

(Juvénal.

64, page 74. — Expression familière espagnole pour dire : « Après vos mauvais traitements, il m’arrivera quelque bonne aubaine. » On pourrait citer comme à peu près analogues en français les phrases suivantes : « Après la pluie le beau temps ; le calme après l’orage. »

65, page 85. — Il y a dans le texte : entre col y col lechuga, laitue entre chou et chou ; expression proverbiale fort usitée en Espagne, mais qui n’a pas d’équivalent en France dans le langage familier. L’origine de ce dicton se retrouverait dans certaine coutume des jardiniers et des maraîchers : une laitue placée entre deux choux croît avec plus de facilité, le développement rapide des feuilles de ses voisins la protège, conserve l’humidité autour de sa racine ; elle s’étend et se nourrit pour ainsi dire à leurs dépens. Ce mode de culture est peu usité ; mais la tradition le maintient encore dans quelques jardins.

66, page 91. — Pétrarque, dans ses lettres familières, raconte qu’Adelecta fut grande magicienne et habile astrologue ; elle fit à son mari et à ses deux fils, Éternio et Albricio, plusieurs prédictions qui se réalisèrent. Étant près de mourir, elle annonça à ses fils ce qui leur devait arriver quand elle ne serait plus, et avertit Éternio de se méfier de Cassano. Cassano était un village voisin de Padoue.

Parvenu à soixante ans et pensant toujours aux dernières paroles de sa mère, Éternio fit un voyage à Milan, dont les habitants, indignés de ses méfaits et de sa cruauté, lui avaient juré une haine mortelle. Il fut reconnu, poursuivi et cerné sur un des ponts de la ville. Il sut alors que ce pont se nommait Cassano ; tentant un dernier effort pour échapper à ses ennemis, il piqua son cheval et s’élança dans le fleuve en s’écriant : « Inévitable destin ! fatale prédiction ! funeste Cassano ! » Son cheval l’apporta mourant jusqu’au rivage : ses ennemis le saisirent et l’achevèrent.

67, page 93. — Para frisado. Le drap frisé était un drap à longs poils, fort recherché.

68, page 94. — Alcibiade s’était retiré en Perse, où il fut tué à coups de flèches par ordre du satrape Pharnabaze. Calixte raconte une anecdote dont l’histoire ne fait aucune mention et dont il me serait difficile de citer le héros, qui n’est positivement pas Alcibiade. La Célestine renferme quelques incorrections de ce genre qui témoignent de la précipitation avec laquelle elle a été écrite.

69, page 98. — Polyxène était fille de Priam et d’Hécube, et fiancée d’Achille.

70, page 101. — « On ne prend pas des mouches avec du vinaigre. » (Proverbe français correspondant.)

71, p. 106. — Uno como rocadero pintado. Célestine fait allusion au coroza. (Voir la note 50.)

72, page 107. — On trouve dans le Dictionnaire de Bayle de curieuses recherches sur les actes de sorcellerie attribués à Virgile par un grand nombre d’écrivains anciens. L’un d’eux, Albert de Eib, auteur d’un livre intitulé Marguerite poétique, raconte l’histoire d’une courtisane romaine, « laquelle ayant suspendu Virgile à un étage d’une tour dans une corbeille, il fit éteindre, pour s’en venger, tout le feu qui estoit à Rome, sans qu’il fût possible de le rallumer si l’on ne l’alloit prendre ès parties secrètes de cette moqueuse et ce encore de telle sorte que, ne pouvant se communiquer, chacun estoit tenu de l’aller voir et visiter. »

Un poëte toulousain, Gratian du Pont, cite cette dernière aventure dans un livre imprimé en 1534 et ayant pour titre Controverses du sexe féminin et masculin :

Que dirons-nous du bonhomme Virgile,
Que tu pendis si vrai que l’Évangile
Dans ta corbeille jadis en ta fenestre.
Dont tant marri fut qu’estoit possible estre ?
A lui qui estoit homme de grand honneur
Ne fis-tu pas un très-grand deshonneur ?
Hélas ! si feis, car c’estoit dedans Rome
Que là pendu demeura le pauvre homme,
Par ta cautelle et ta déception,
Un jour qu’on fit grosse procession
Parmy la ville, donc dudit personnage
Qui ne s’en rit ne fut réputé sage.

Beaucoup d’écrivains espagnols ont accueilli cette fable, et je l’ai retrouvée dans un poëme du célèbre Juan Ruiz, archi-prêtre de Hita (commencement du xive siècle), et dans le Corbacho, ó libro de los vicios de las malas mugeres, livre aujourd’hui d’une extrême rareté, fort remarquable, rempli d’anecdotes piquantes et quelque peu scandaleuses, écrit un siècle plus tard et vers l’époque où parut la Célestine, par l’archiprêtre de Talavera, Alonzo Martinez de Toledo. Voici ces deux passages :

Al sabidor Virgilio, como dise en el texto,
Engañó le la dueña, cuando lo colgó en el cesto,
Coidando que lo sobia á su torre for esto.

El Arcipreste de Hita.

Quien vido Virgilio, hombre de tanta acucia é sciencia qual nunca de magica arte ni sciencia otro tal se supo ni se vido ni se falló… que estuvó in Roma colgado de una torre á una ventana en vista de todo el pueblo romano : solo por decir y porfiar que su saber era tan grande que muger en el mundo no le podria engañar ? E aquella que lo engaño presumió contra su presuncion vana como le enganaria… Pues Virgilio sin penitentia no la dejó, que atagar fizo en una hora por arte mágica todo el fuego de Roma, é vinieron á encender á ella todos fuego, que el fuego que el uno encendia no aprovechaha á otro, en tanto que todos vinieron á encendre en su vergonzoso lugar.

El Corbacho (parte I, cap. xviii).

73, page 107. — Beati qui persecutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ipsorum est regnum cœlorum.

(Evang. secund. Matthæum, cap. v.)

74, page 110. — Proverbe italien : Fare come il can dell’ ortolano, che non mangia dei cavoli e non ne lascia mangiar altrui. « Faire comme le chien du jardinier, qui ne mange pas de choux et ne veut pas qu’on en mange. » Lucien cite souvent un proverbe grec qui correspond à celui qui précède : « C’est un chien sur de l’orge, etc. » Une comédie de Lope de Vega porte pour titre El Perro del ortelano.

75, page 112. — Expression populaire pour dire : Tu ne t’enrichiras jamais.

76, page 113. — Le proverbe français, plus laconique, dit : « Souris qui n’a qu’un trou est bientôt prise. »

77, page 113. — Un vieux proverbe espagnol dit : Compañia de uno, compañia de ninguno ; compañia de dos, compañia de Dios ; compañia de tres, compania de reyes ; compañia de quatro, compañia del diablo.

78, page 113. — Ancien proverbe qui a servi de sujet à une comédie de Tirso de Molina, intitulée El Vergonzoso en Palacio.

79, page 115. — Régnier a dit aussi :

Corsaires à corsaires,
L’un l’autre s’attaquant, ne font pas leurs affaires.

Mais ce n’est pas le sens donné au proverbe par Célestine : les corsaires s’entendent entre eux et se connaissent mutuellement.

80, page 116. — Lavardin a traduit : au gros commandeur.

81, page 117. — No quiero en este mundo sino dia y vito, y parte en paraiso. Ceci ne se traduit pas et se devine suffisamment.

82, page 120. — Le texte dit : No digo mas en esto sino que se eche otra sardina al mozo de caballos, pues, etc. « Je pense qu’il faut servir une autre sardine au palefrenier, puisque, etc. » Il m’a été impossible de connaître le sens réel de cet idiotisme, et je l’ai remplacé par celle de nos expressions familières qui m’a semble le plus conforme à la pensée de l’auteur.

83, page 125. — « Qui est toujours un an premier qu’il puisse avoir chausses : et quand son maistre lui en fait tailler, il voudroit qu’en un quart d’heure elles fussent prestes. » (Commentaire ajouté par Lavardin dans sa traduction.)

84, page 125.

Ni todo lo que parece oro
Es mas que la aparencia.
(Proverbios morales de Alonzo de Barros.)

85, page 127. — « M’étant promptement déshabillé, je m’empresse de remplir mes mains de la pommade de la boîte, j’en frotte toutes les parties de mon corps, et je m’efforce de balancer mes bras pour prendre l’essor d’un oiseau. Mais au lieu de duvet et de plumes, mes poils épaississent comme du crin ; ma peau, si délicate, se durcit comme du cuir ; les doigts de mes pieds et de mes mains se réunissent et se terminent par un sabot de corne, du bout de mon échine sort une longue queue ; ma tête devient énorme, ma bouche s’agrandit, mes narines s’ouvrent, mes lèvres sont pendantes, mes oreilles s’allongent prodigieusement et se garnissent d’un poil hérissé. »

(L’Ane d’or, liv. III, trad. de Maury.)

86, page 130. — Le proverbe français dit : « Qui manie le miel s’en lèche les doigts. »

87, page 130. — Les anciens fixaient à trois verres de vin les limites de la tempérance : le premier était pour la santé, le second pour le plaisir, et le troisième pour le sommeil. Mais cette opinion n’était pas générale, et Ausone a dit (Idyll, xi) : Ter bibe, vel toties ternos sic mystica lex est.

Sapientis viri super mensam celebre dictum est. Prima, inquit,

cratera at sitim pertinet, secunda ad hilaritatem, tertia ad voluptatem, quarta ad insaniam. (Apuleius Floridis.)

88, page 131. — Il y a ici un jeu de mots intraduisible, trois et treize s’expriment en espagnol d’une manière à peu près semblable : tres, trece.

89, page 133. — Buenas son mangas pasada la Pascua. On appelait mangas les cadeaux qui se faisaient aux grandes fêtes de l’année, comme Pâques et Noël, aux réjouissances publiques ou à l’avénement d’un nouveau roi.

90, page 137. — « Ou le dormir sur la dure en repos d’esprit qu’en un lict d’or avec ennuy. » (Traduction et Commentaires de Lavardin.)

91, page 138. — Il est presque inutile de dire que la dévote pudeur du sire de Lavardin ne lui a pas permis de conserver les expressions injurieuses que l’auteur a mises ici en profusion dans la bouche de Célestine. Il a fait à sa conscience et à la puissance religieuse le sacrifice de tout ce passage et de ceux qui suivent, qu’il a entièrement changés, et traduits dans un sens tout à fait opposé à l’original.

92, page 140. — « J’ai un instinct si grand pour connaître les vins, qu’il me suffit d’en sentir un du nez pour dire son pays, sa naissance, son âge, son goût, toutes ses circonstances et dépendances. »

(Sancho à l’écuyer du Bocage, Don Quichotte, IIe partie, ch. xiii.)

93, page 143. — …Per quietem vidisse se exponit speciem draconis oblatam herbam ferentis ore, quam veneni remedium esse monstrasset… Inventam deindè, vulneri imposuit protinùsque dolore finito, intra breve spatium cicatrix quoque obducta est.

(Quinte-Curce, lib. IX, cap. viii.)

94, page 153. — Un roe-santos, un roe-altares, expressions familières pour dire un bigot, un faux dévot.

95, page 155. — Caton le Censeur a dit le premier :

Os unum Natura duas formavit et aures
Ut plus audiret quam loqueretur homo.

Nabi-Effendi, poëte turc très-estimé, écrivait à la fin du xviie siècle :

« La nature, qui ne nous a donné qu’un seul organe pour

la parole, nous en a donné deux pour l’ouïe, afin de nous apprendre qu’il faut plus écouter que parler. »

96, page 157. — Certain livre intitulé l’Aviceptologie française et quelques ouvrages sur la chasse nous apprennent qu’au temps ou les perdrix abondaient dans nos campagnes, le bœuf artificiel était un moyen fort usité pour les pousser dans les pièges. Le chasseur occupait debout la partie antérieure de l’appareil, fabriqué en carton et en toile peinte ; la partie postérieure, c’est-à-dire le ventre et le train de derrière, était suspendue sur ses épaules au moyen de bretelles.

97, page 157. — Notre proverbe français : « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs » a le même sens.

98, page 162. — Tomar calzas de Villadiego, ou plus simplement : tomar las de Villadiego. « Prendre les chausses de Villadiego. » Parmeno répond : « Je porte des chausses et même des brodequins du lieu que tu dis. » Ce passage ne pouvait être traduit littéralement.

99, page 172.

Voyez le vieux renard, toujours renard demeure,
Bien qu’il change de poil, de place et de demeure.

(Vieux dicton populaire.)

100, page 174. — Expression familière : Ne plus rien posséder, être réduit à rien, être à sec.

101, page 175. — Buena manderecha, littéralement : une bonne main droite ; vieux mot du style figuré.

102, page 175.

Ni todo lo que parece oro
Es mas que la aparencia.
(Proverbios morales de Alonzo de Barros.)

103, page 175. — Vieux dicton populaire dont je n’ai pu trouver le complément. Nous avons l’analogue dans le langage vulgaire : « Ni vu ni… »

104, page 178. — Expression familière : Ne m’irrite pas, ne lasse pas ma patience.

105, p. 181. — Le texte dit : mozo de espuelas, littéralement valet d’éperons. On appelait ainsi le valet qui marchait à pied à côté du cheval.

106, page 184.

Ni puede dar gran caida
Aquel que poco subio.
(Proverbios morales de Alonzo de Barros.)

107, page 188. — Il y a dans le texte : « Il a raison de le manger avec son pain. »

108, page 189. — C’est ici, à partir des mots : « Nous as-tu entendus », qu’ont été introduites par l’auteur dans la deuxième édition (Salamanque, 1500) les scènes nouvelles qui forment la fin du quatorzième acte, le quinzième, le seizième, le dix-septième, le dix-huitième et presque tout le dix-neuvième, jusqu’aux mots : « Tenez-vous, seigneur, à l’échelle… »

(Voir la préface, p. xii et xiii.)

109, page 190. — Tresquilan me en consejo, y no lo saben en mi casa. Expression proverbiale.

110, page 191. — Allusion au proverbe espagnol : A falta de hombres buenos, mi padre es alcade. « Faute d’hommes de bien, mon père est alcade. »

111, page 192. — Calixte commet une erreur : ce ne furent pas les tribuns, ce fut Manlius Torquatus lui-même qui donna les ordres auxquels son fils désobéit.

112, page 195. — Cet acte a lieu quelques jours après le précédent. Areusa ignore cependant la mort de Sempronio et de Parmeno, ce qui est peu vraisemblable, mais ce qui est nécessaire à l’action. Ce sont là des licences auxquelles on est accoutumé depuis des siècles.

113, page 202. — Cet acte a lieu après la première entrevue de Calixte et de Mélibée.

114, page 203.

Ni falta quien a Lucrecia
La arguya que no fue casta,
(Proverbios morales de Alonzo de Barros.)

115, page 205. — Myrrha était fille de Cynire, roi de Chypre. Ovide (Mét. x) dit qu’éprise d’un amour criminel pour son propre père, elle parvint au but de ses désirs à la faveur de la nuit, dans le temps qu’une fête séparait la reine de son mari ; que Cynire, ayant fait apporter de la lumière, la reconnut et voulut la tuer. Myrrha se réfugia dans les déserts de l’Arabie, où les dieux la changèrent en l’arbre qui produit la myrrhe.

116, page 205. — Canacé, fille d’Éole, ayant secrètement épousé son frère Macarée, mit au monde un fils qu’Éole, indigné, fit manger à ses chiens. Elle se tua avec un poignard que lui envoya son père.

117, page 205. — Thamar était fille de David et de Maacha. Amnon, son frère, conçut pour elle une passion criminelle ; désespérant de la satisfaire, il feignit d’être malade et lui fit violence lorsqu’elle vint le voir.

118, page 208. — Proverbe arabe.

119, page 209. — Vieille ressource scénique toujours renouvelée et toujours nouvelle.

120, page 210. — « … aime son chien. » J’ai traduit textuellement. On voit que le dicton est de vieille date.

121, page 211. — Voir la note 95.

122, page 216. — Ce dicton correspond à l’expression française : À d’autres, portez ailleurs vos coquilles.

123, page 225. — Ces mots : « Tenez-vous, seigneur, à l’échelle, » faisaient suite, dans la première édition, à ceux « Nous as-tu entendus ? » dits par Mélibée dans le quatorzième acte (voir la note 108). Tout ce qu’on vient de lire, entre ces deux répliques, a été introduit par l’auteur dans la deuxième édition, ainsi qu’il l’explique dans le prologue.

124, page 229. — Le texte dit navios. Il faut traduire barques pour être d’accord avec l’opinion des commentateurs qui placent à Tolède le lieu de la scène de la Célestine, Le Tage, en effet, à Tolède, ne porte que des batelets de pêcheurs.

125, page 230. — C’est Nicomède II, fils de Prusias II, qui tua son père pour lui succéder.

126, page 230. — Hérode fit étrangler deux de ses fils, Aristobule et Alexandre, et tuer sa femme Marianne.

127, page 230. — Constantin fit tuer son beau-frère, son neveu, son beau-père, Crispe, son fils, et Fausta, sa femme.

128, page 230. — J’ignore ce que fit Laodice.

129, page 230. — Cette érudition de collège a, ici surtout, quelque chose de déplacé. Il est peu naturel qu’une jeune fille qui vient de perdre son amant, qui forme le projet de se tuer sous les yeux de son père, aille demander à la science des consolations ou des exemples ; dans un moment aussi solennel, c’est bien assez du cœur : la mémoire et la tête ne sont plus rien.

Du reste cette affectation, qu’on peut bien traiter de ridicule, est familière aux écrivains des xvie et xviie siècles, et particulièrement aux Espagnols. Chez l’auteur de la Célestine, bachelier, juriste, savant par état, elle se comprend encore ; chez Cervantes, homme d’esprit, l’ennemi et le frondeur de tous les ridicules, elle est moins pardonnable : Le Don Quichotte cependant renferme dans un de ses épisodes, celui, je crois, du Curieux malavisé, une longue tirade du genre de celle que débite ici Mélibée, et que M. Viardot a cru devoir supprimer dans sa traduction. Malgré l’autorité d’un pareil exemple, je n’ai pas voulu l’imiter. C’est un caractère d’originalité qu’il est du devoir du traducteur de conserver ; il peut être ennuyeux pour le lecteur qui ne s’attache qu’au roman, mais pour celui qui étudie l’esprit de l’ouvrage, c’est un sujet d’observation. Je ne dirai pas que ces quelques lignes savantes, placées dans la bouche de Mélibée, soient une preuve précieuse de l’instruction des femmes à cette époque, à comparer avec leur ignorance avérée pendant les siècles qui ont suivi : ce serait avancer une théorie fort sujette à contestation ; et cependant Fernando de Rojas s’est montré trop intelligent dans toute l’étendue de son œuvre, pour commettre ainsi une bévue dans le seul but de se montrer instruit.

130, page 232. — Le texte dit : A muertos y á idos… citation incomplète du proverbe espagnol : A muertos y á idos no hay amigos.

131, page 237. — Tout ce savant passage se retrouve dans Pétrarque (Epistolæ familiares, lib. ii, ep. i). On peut remarquer, du reste, que Rojas ne l’a cité que de souvenir et que sa mémoire lui a été assez peu fidèle pour lui faire attribuer à Xénophon les paroles de Paul Emile : Ne quem dolor ille fregisset quam ipse fractus esse videretur.

« Xenophon filii mortem nuntiatam, sacrificium (cui tunc intererat)

non omisit. Coronam tantum quam capite gestabat deposuit, max interrogans diligentiùs, atque audiens quod strenue pugnans cecidisset ; coronam ipsam capiti reposuit, ut ostenderet de cuiquâ morte non dolendum, ni turpiter et ignare morientis. — Anaxagoras mortem filii nuntianti : Nihil, inquit, novum aut inexpectatum audio ; ego enim, cum sim mortalis, sciebam ex me genitum esse mortalem. »

132, page 237. — Pétrarque raconte ce fait dans ses Lettres familières (lib. ii, ep. 13). Lambas d’Auria, l’un des ancêtres du célèbre André d’Auria, commandait la flotte génoise dans un combat contre les Vénitiens. Son fils reçut près de lui une blessure mortelle, et sa chute répandit le désordre et la consternation parmi l’équipage de sa galère. Le doge accourut : « À quoi servent les larmes ! s’écria-t-il, il faut combattre, » et saisissant dans ses bras le corps de son fils, il le lança à la mer en ajoutant : « Si tu étais mort dans ta patrie, elle ne t’aurait pas donné une sépulture plus honorable. »

133, page 239. — Voir sur Macias la note 36.