La Cathédrale de Lyon/II/10

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Henri Laurens (p. 48-50).

Extérieur de la nef. — L’effet de l’extérieur de la nef a été considérablement diminué et dénaturé par les bâtiments adossés à la Manécanterie et par la maison des Comtes de Lyon, qui masquent en partie la face méridionale et s’opposent à toute vue d’ensemble. Au sommet du mur des bas côtés règne une galerie qui passe au travers des contreforts, sur une corniche formant larmier, couronnée d’une balustrade en festons. Cette disposition, en partie visible au nord, disparaît au midi sous la longue toiture qui est venue prolonger celle du collatéral pour couvrir les chapelles ajoutées au XVe siècle. Au-dessus de la chapelle des Bourbons, dans la gorge de cette corniche, se développe une très curieuse suite d’animaux, sculptés par l’imagier qui les signait de son profil.

Au-dessus du comble des bas côtés, l’architecture du XIIIe siècle apparaît dans toute son intégrité. Sept grandes fenêtres divisées chacune en trois baies par deux meneaux, couronnées de roses à redents, occupent toute la partie haute de la nef, laissant entre elles juste la place nécessaire pour les points d’appui des arcs-boutants. Le mur est couronné par un large chéneau formant chemin

Photo L. Bégule

(XIVe siècle).                Détails de la nef                (XIIIe siècle).
de ronde, surmonté d’une balustrade dentelée qui ne réussit pas à cacher l’énorme toiture moderne. Entre chacune des fenêtres, six arcs-boutants doubles, appuyés sur de puissants contreforts surmontés de pinacles élégants, viennent épauler la poussée des voûtes. Au midi, six grandes statues de belle allure sont adossées à la face principale de chacun des contreforts. Malgré les mutilations causées par les arquebusades des calvinistes en 1562, on reconnaît encore facilement Moïse, Aaron, Josué, Gédéon, le jeune David recevant l’onction de la main de Samuel et enfin David, le Roi-prophète, couronné et jouant du rebec. Ces six figures groupées par un lien historique apparent rappellent les principaux moments de la destinée du peuple juif avant le Messie et, en même temps, les grandes institutions judaïques, symbolisées chacune par leur premier ou leur plus illustre représentant : la théocratie par Moïse, le sacerdoce par Aaron, l’armée par Josué, la judicature par Gédéon, la prophétie par Samuel, la royauté par David.

La face septentrionale présente la même disposition, mais les contreforts sont dépourvus de statues. Comme l’église Saint-Étienne masquait ce côté de l’édifice, on a réservé toute l’ornementation pour les culées méridionales, exposées aux regards des chanoines qui circulaient dans le cloître.