La Chanson d’Ève/Ô fleurs, âmes légères

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Société du Mercure de France (p. 175-176).

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Ô Fleurs, âmes légères,
Qui, doucement, saluez la lumière
Où je chante ;
Ô Fleurs qui vous jouez dans l’air du paradis,
En tout ce que je vois, en tout ce que je dis,
Comme les flammes et les eaux vivantes,
Vous aussi, divines Fleurs,
Êtes mes anges et mes sœurs.

Déjà presque humaines,
Si proches de moi, et pourtant si lointaines,
Ô fidèles compagnes,
Lèvres nombreuses, beaux yeux ouverts,
Dont la foule innombrable partout m’accompagne
Et peuple mes déserts ;


Recevez-moi parmi vous, douces sœurs,
Parmi vos chants qui ne sont qu’images,
Couleurs, parfums et souffles doux,
En vos sourires, parmi vous,
Recevez-moi timide et tremblante,
En votre pur et jeune sein,
En votre éternelle et grave attente
De je ne sais quoi de divin.