La Chanson d’Ève/Ô mes anges, les flammes

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Société du Mercure de France (p. 171-172).

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Ô mes anges, les Flammes,
Ô mes souffles de feu, qui résonnez dans l’air,
Qui dansez et chantez en vos robes légères
D’étoiles et d’éclairs ;
Vers vous aussi mon âme
S’élance avec ardeur,
Et mon rire qui brille,
Ô mes filles, mes sœurs !

Flammes subtiles, ô divines compagnes,
Radieux séraphins,
Enseignez à mes pieds, enseignez à mes mains
Vos danses agiles,
Qui bondissent sur les montagnes,
Comme les biches et les daims.

Enseignez à mes bras vos étreintes mortelles,
Vos enlacements fous,
Enveloppez-moi du vol chaud de vos ailes,
Et brisez mes genoux.

À ma bouche enseignez vos baisers qui dévorent,
Votre bouche qui mord,
Et cette voix éblouie et profonde,
Où revivent en flammes d’or,
Les premiers soleils du monde.

Et prenez-moi, feu léger, feu dansant,
Frémissantes Flammes !
Faites de moi de l’ardeur, de l’élan,
Une chose qui monte et plane ;
Faites de moi du rire et du chant !
Car vous êtes des voix et des chants, ô mes Flammes,
Des sons exultants, mes anges joyeux !
Vous êtes des chants radieux où mon âme,
S’élève sur des ailes de feu.