La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 100

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C

E Engelers, li Guascuinz de Burdele, Engelier, le Gascon de Bordeaux,
1290 Sun cheval brochet, si li laschet la resne, Pique des deux son cheval, lui lâche les rênes,
Si vait ferir Escremiz de Valterne : Et va frapper Escremis de Valtierra.
L’escut de l’ col li freint e escantelet, Il met en pièces l’écu que le païen porte au cou,
De sun osberc li rumpit la ventaille ; Lui déchire la ventaille du haubert,
Si l’ fiert el’ piz entre les dous furceles, Le frappe en pleine poitrine entre les deux épaules
1295 Pleine sa hanste l’abat mort de la sele. Et, à pleine lance, l’abat mort de sa selle.
Après, li dist : « Turnet estes à perdre. » Aoi. « Vous êtes tous perdus, » s’écrie-t-il.


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Vers 1292.Escantelet. O. Lyon : Desoz la bocle li fraint et escartele.

Vers 1293. — Telle est la version d’O. Génin lui a substitué celle-ci, d’après le texte de Versailles : L’osberc li fause de dessus la gonelle. Il était amené à ce changement par une fausse théorie de l’assonance. — Je veux bien que Lyon soit ici, à un mot près, tout semblable à Versailles : L’osberc li fause de desoz la gonelle. Mais, en thèse générale, de tels changements ne sont pas admissibles. L’armure du chevalier, à l’époque où fut rédigé le texte d’Oxford, n’était pas la même qu’à celle où furent composés nos premiers Refazimenti, et l’on court risque de tomber en de terribles anachronismes. (V. notre note sur l’armure, au vers 994.)

Vers 1296.Turnez. O. Engelier s’adresse ici à tous les païens. C’est donc un s. p. m., et il faut turnet.

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