La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 214

La bibliothèque libre.
◄  Laisse 213 Laisse 214 Laisse 215  ►

CCXIV

Gefreiz d’Anjou ad sun greisle sunet ; Geoffroi d’Anjou a sonné de son cor,
Franceis descendent, Carles l’ad cumandet.
Et, sur l’ordre de Charles, les Français descendent de cheval.
Tuz lur amis qu’il i unt morz truvet Tous leurs amis, qu’ils ont là trouvés morts,
Ad un carner sempres les unt portet. Dans un charnier sont transportés sur l’heure.
2955 Asez i ad evesques e abez, Il y avait dans l’armée une foule d’évêques et d’abbés,
Munjes, canunjes, proveires curunez. De moines, de chanoines et de prêtres tonsurés.
Si ’s unt asols e seignez de part Deu ;
Ils donnent aux morts l’absoute et la bénédiction au nom de Dieu.
Mirre e timoine i firent alumer, On fait ensuite brûler de l’antimoine et de la myrrhe,
Gaillardement tuz les unt encensez ; Et tous, avec amour, ont encensé les corps.
2960 A grant honur puis les unt enterrez ; On les enterre ensuite à grand honneur,
Si ’s unt laisez : qu’en fereient il el ? Aoi.
Puis (que pourraient-ils faire de plus ?) les Français les ont laissés.


◄  Laisse 213 Laisse 214 : notes et variantes Laisse 215  ►


Vers 2951.Gefreid. O. Pour le sujet, il faut Gefreiz.

Vers 2952.Comandet. O. V. la note du vers 309.

Vers 2954. — Lire p.-e. carnier. ═ Ici se trouve raconté, dans la Karlamagnus Saga (ch. xl) et dans la Keiser Karl Magnus’s Kronike, le miracle des Aubépines, qui se lit, avec une légère variante, dans le récit de Philippe Mouskes... « Charles ne sait comment reconnaître les cadavres chrétiens des païens : Dieu fait un grand prodige, et des buissons d’épines sortent du corps des mécréants. » (Cf. la Chronique rimée, vers 8063-8068.)

Vers 2956.Munies, canonies. G. Mu. Muines, canonies. Mi. V. notre note du vers 1881. ═ Coronez. O. V. la note du vers 2684.

Vers 2960.Honor. V. la note du vers 45.

◄  Laisse 213 Laisse 214 Laisse 215  ►