La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 25
Apparence
XXV | |||
Li Emperere li tent sun guant, le destre ; | L’Empereur tend à Ganelon le gant de la main droite ; | ||
Mais li quens Guenes iloec ne volsist estre ; | Mais le comte voudrait bien n’être point là. | ||
Quant le dut prendre, si li caït à tere. | Comme il va pour le saisir, le gant tombe par terre. | ||
Dient Franceis : « Deus ! que purrat ço estre ? | « Mauvais présage, s’écrient les Français. | ||
335 | « De cest message nus avendrat granz perte. | « Ce message sera pour nous la cause de grands malheurs. | |
« — Seignurs, dist Guenes, vus en orrez noveles. | Aoi. | « — Vous en saurez des nouvelles, » leur répond Ganelon. |
Vers 333. — Dans le Keiser Karl Magnus’s Kronike, ce n’est pas le gant, c’est le bref qui tombe des mains de Ganelon : « Des lettres furent écrites, et le Secrétaire les remit à Gevelon pour qu’il les portât à Marsile. Mais Gevelon détourna les mains, et les lettres tombèrent par terre. Les douze Pairs sourient et Roland dit : « Si l’Empereur m’avait confié les lettres, la peur ne me les aurait pas fait lâcher, et elles ne seraient pas tombées à terre... »
Vers 335. — Grant. O. Pour le cas sujet, il faut granz. Sur les adjectifs à une seule terminaison pour le m. et le f., voyez la note du v. 19. ═ Au v. 336, lire nuveles.