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La Chanson des gueux/ Ballade des Loupeurs

La bibliothèque libre.
Maurice Dreyfous (p. 168-169).


X

BALLADE DES LOUPEURS


C’est nous qu’est les ch’valiers d’ la loupe.
Pour ne rien fair’ nous nous hâtons.
Sans penser à tremper not’ soupe,
N’importe où nous nous empâtons
D’arlequins, d’ briffe et d’ rogatons,
Quéqu’fois d’ saucisse et d’attignoles.
Quand nous somm’s pleins, nous éclatons
Du cabochard aux trottignolles.

Nous somm’s dans c’ goût-là toute eun’ troupe
Des lapins, droits comm’ des bâtons,
Avec un rideau sur la croupe,
Un grimpant et des ripatons,
Eun’ cintièm’ quand nous nous gâtons,
Et v’là ! d’ Montmartre aux Batignolles,
Nous somm’s rien bath ! Nous épatons
Du cabochard aux trottignolles.


D’ temps en temps nous tirons not’ coupe
Su’ l’ grand boul’vard. Des vrais chatons
Quand nous naviguons l’ vent en poupe !
Les galup’s qu’a des ducatons
Nous rinc’nt la dent. Nous les battons
Qu’ les murs leur en rend’nt des torgnioles.
L’ soir nous somm’s soûls comm’ des hann’tons
Du cabochard aux trottignolles.


envoi


Princes, gens d’ la haut’, tas d’ mich’tons,
Vous nous croyez des carmagnoles.
C’est pas vrai. Doux comm’ des moutons
Du cabochard aux trottignolles !