La Chanson des gueux/ Les triolets de Navet

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Maurice Dreyfous (p. 172-173).


XII

LES TRIOLETS DE NAVET


Ce marloupatte pâle et mince
Se nommait simplement Navet ;
Mais il vivait ainsi qu’un prince
Ce marloupatte pâle et mince.
Il aimait les femmes qu’on rince.
Navet mangeait plus qu’il n’avait.
Ce marloupatte pâle et mince
Se nommait simplement Navet.

Fort des flûtes et de la pince,
Il était respecté, Navet.
N’ayant rien de ceux qu’on évince,
Fort des flûtes et de la pince,
Aux plus rupins il disait mince
Et cognait dur. On le savait
Fort des flûtes et de la pince.
Il était respecté, Navet.


Malheur aux pantres de province
Qui flouaient la taupe à Navet !
Comme au drame, il criait : Vingince !
Malheur aux pantres de province !
Souvent, lardé d’un coup de bince,
Le micheton nu se sauvait.
Malheur aux pantres de province
Qui flouaient la taupe à Navet !