Chers enfants, dansez, dansez !
Votre âge
Échappe à l’orage ;
Par l’espoir gaiment bercés
Dansez, chantez, dansez !
À l’ombre de vertes charmilles,
Fuyant l’école et les leçons,
Petits garçons, petites filles,
Vous voulez danser aux chansons.
En vain ce pauvre monde
Craint de nouveaux malheurs !
En vain la foudre gronde,
Couronnez-vous de fleurs.
Chers enfants, etc.
L’éclair sillonne le nuage,
Mais il n’a point frappé vos yeux.
L’oiseau se tait dans le feuillage ;
Rien n’interrompt vos chants joyeux.
J’en crois votre allégresse :
Oui, bientôt, d’un ciel pur
Vos yeux, brillants d’ivresse,
Réfléchiront l’azur.
Chers enfants, etc.
Vos pères ont eu bien des peines ;
Comme eux ne soyez point trahis.
D’une main ils brisaient leurs chaînes,
De l’autre ils vengeaient leur pays.
De leur char de victoire
Tombés sans déshonneur,
Ils vous lèguent la gloire :
Ce fut tout leur bonheur.
Chers enfants, etc.
Au bruit de lugubres fanfares,
Hélas ! vos yeux se sont ouverts.
C’était le clairon des Barbares
Qui vous annonçait nos revers.
Dans le fracas des larmes,
Sous nos toits en débris,
Vous mêliez à nos armes
Votre premier souris.
Chers enfants, etc.
Vous triompherez des tempêtes
Où notre courage expira :
C’est en éclatant sur nos têtes
Que la foudre nous éclaira.
Si le Dieu qui vous aime
Crut devoir nous punir,
Pour vous sa main ressème
Les champs de l’avenir.
Chers enfants, etc.
Enfants, l’orage, qui redouble,
Du Sort présage le courroux.
Le Sort ne vous cause aucun trouble,
Mais à mon âge on craint ses coups.
S’il faut que je succombe
En chantant nos malheurs,
Déposez sur ma tombe
Vos couronnes de fleurs.
Chers enfants, etc.
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