La Chanson française du XVe au XXe siècle/La Marseillaise

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La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 181-182).


LA MARSEILLAISE


     Allons, enfants de la patrie,
     Le jour de gloire est arrivé ;
     Contre nous de la tyrannie
     L’étendard sanglant est levé, (bis)
     Entendez-vous dans les campagnes
     Mugir ces féroces soldats ?
     Ils viennent jusque dans vos bras
     Égorger vos fils, vos compagnes :
Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons (bis), qu’un sang impur abreuve nos sillons.

     Que veut cette horde d’esclaves,
     De traîtres, de rois conjurés ?
     Pour qui ces ignobles entraves,
     Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
     Français, pour nous, ah ! quel outrage !
     Quels transports il doit exciter !
     C’est nous qu’on ose méditer
     De rendre à l’antique esclavage !
Aux armes, citoyens, etc.

     Quoi ! ces cohortes étrangères
     Feraient la loi dans nos foyers !
     Quoi ! ces phalanges mercenaires
     Terrasseraient nos fiers guerriers ? (bis)
     Grand Dieu ! par des mains enchaînées
     Nos fronts sous le joug se ploiraient !
     De vils despotes deviendraient
     Les maîtres de nos destinées !
Aux armes, citoyens, etc.

     Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
     L’opprobre de tous les partis !
     Tremblez ! vos projets parricides
     Vont enfin recevoir leur prix : (bis)

     Tout est soldat pour vous combattre !
     S’ils tombent, nos jeunes héros,
     La France en produit de nouveaux,
     Contre vous tout prêts à se battre.
Aux armes, etc.

     Français, en guerriers magnanimes,
     Portez ou retenez vos coups ;
     Épargnez ces tristes victimes
     A regret s’armant contre nous ; (bis)
     Mais ces despotes sanguinaires,
     Mais les complices de Bouillé,
     Tous ces tigres, qui, sans pitié,
     Déchirent le sein de leur mère !…
Aux armes, etc.

     Nous entrerons dans la carrière
     Quand nos aînés n’y seront plus,
     Nous y trouverons leur poussière
     Et la trace de leurs vertus ; (bis)
     Bien moins jaloux de leur survivre
     Que de partager leur cercueil,
     Nous aurons le sublime orgueil
     De les venger ou de les suivre !
Aux armes, etc.

     Amour sacré de la patrie,
     Conduis, soutiens nos bras vengeurs,
     Liberté, liberté chérie,
     Combats avec tes défenseurs ! (bis)
     Sous nos drapeaux que la victoire
     Accoure à tes mâles accents !
     Que tes ennemis expirants
     Voient ton triomphe et notre gloire.
Aux armes, etc.

Rouget de l’Isle.