LES HIRONDELLES
Air de la Romance de Joseph.
Captif au rivage du Maure,
Un guerrier, courbé sous ses fers,
Disait : Je vous revois encore,
Oiseaux ennemis des hivers.
Hirondelles, que l’espérance
Suit jusqu’en ces brûlants climats,
Sans doute vous quittez la France :
De mon pays ne me parlez-vous pas ?
Depuis trois ans je vous conjure
De m’apporter un souvenir
Du vallon où ma vie obscure
Se berçait d’un doux souvenir,
Au détour d’une eau qui chemine
À flots purs, sous de frais lilas,
Vous avez vu notre chaumine :
De ce vallon ne me parlez-vous pas ?
L’une de vous peut-être est née
Au toit où j’ai reçu le jour ;
Là, d’une mère infortunée
Vous avez dû plaindre l’amour.
Mourante, elle croit à toute heure
Entendre le bruit de mes pas ;
Elle écoute, et puis elle pleure :
De son amour ne me parlez-vous pas ?
Ma sœur est-elle mariée ?
Avez-vous vu de nos garçons,
La foule, aux noces conviée,
La célébrer dans leurs chansons ?
Et ces compagnons du jeune âge
Qui m’ont suivi dans les combats,
Ont-ils revu tous le village ?
De tant d’amis ne me parlez-vous pas ?
Sur leurs corps l’étranger peut-être
Du vallon reprend le chemin ;
Sous mon chaume il commande en maitre,
De ma sœur il trouble l’hymen.
Pour moi plus de mère qui prie,
Et partout des fers ici-bas.
Hirondelles de ma patrie,
De ces malheurs ne me parlez-vous pas ?
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Béranger.