La Civilité puérile/Chapitre VI

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Traduction par Alcide Bonneau.
Isidore Liseux (p. 113-115).

Chapitre VI

Du jeu


Dans les jeux honnêtes, montre de la bonne humeur, non cette pétulance qui amène des querelles ; jamais de tricheries ni de mensonges. Car si l’on commence par ces petites infamies, on commettra plus tard de plus graves injustices. Celui qui cède de bon gré triomphe mieux que celui qui a le dernier mot dans une querelle. Ne proteste jamais contre la décision d’un tiers appelé comme arbitre. Si tu joues avec de moins habiles que toi et que tu puisses toujours être le plus fort, laisse-les gagner quelquefois, pour rendre la partie plus amusante ; en jouant avec des inférieurs, ignore toi-même que tu es d’un rang plus élevé. C’est pour le plaisir qu’il faut jouer, non pour le gain. On dit que le caractère des enfants ne se découvre nulle part aussi bien qu’au jeu. Celui qui est enclin à tricher, à mentir, à se battre, qui est porté à la violence, à la colère, à l’orgueil, y manifeste clairement ces vices de sa nature. En résumé, un enfant doit avoir la même retenue au jeu qu’à table.