La Douceur de vivre/14

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Calmann-Lévy, éditeur (p. 224-233).


XIV


Madame Van Coppenolle, penchée à la portière, cheveux et voiles au vent, regardait approcher Pompéi dans un poudroiement de poussière, de fumée et de soleil. Là-bas, sur le quai, des gens attendaient. Isabelle songeait tendrement à sa cousine, sa seule amie, qu’elle n’avait pas revue depuis leur voyage de Pont-sur-Deule à Courtrai… Elle se rappelait le départ dans le matin gris, madame Wallers, maternelle et sermonneuse, et l’arrivée d’Angelo, éperdu, avec ses fleurs inutiles… Et ce temps-là lui semblait aussi ancien que la Flandre lui semblait lointaine…

La locomotive nonchalante entra dans la gare, souffla, siffla, et s’arrêta un peu trop tôt. Isabelle, presque au bout du convoi, devait descendre sur le ballast… Mais, comme elle tâtait le loquet Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/235 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/236 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/237 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/238 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/239 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/240 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/241 Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/242

— Croyez-vous ?… dit Isabelle…

Elle prit à poignée les pétales de roses qui parsemaient ses cheveux, son cou, son corsage et les jeta tous, comme des baisers, sur la figure pâlissante d’Angelo.