La Fanfare du cœur/Ébauche

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ÉBAUCHE


Hier, en souriant d’un sourire discret,
Elle m’a dit tout bas : « Veux-tu ? fais mon portrait. »
Et moi, nouveau Sanzio peignant ma Fornarine,
Je sens mon cœur ému battre dans ma poitrine…
À l’œuvre ! Tout est prêt, pinceaux, toile, couleurs.
Je mettrai sur son front une tresse de fleurs,
Et j’unirai, fidèle à ses jolis airs mièvres,
Aux lis blancs de son front les roses de ses lèvres…
Mais, hélas ! son regard me met tout en émoi,
Et, ne pouvant souffrir le ciel si loin de moi,
Comme l’oiseau qui rentre au nid à tire d’aile,
J’achève le portrait dans les bras du modèle !