La Fanfare du cœur/Portrait

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PORTRAIT


Je garde pour moi seul un souvenir pieux :
De ton être adoré j’ai l’image fidèle, —
Ton front blanc comme un lys, ta main, ta taille frêle,
La rose de tes lèvres et l’azur de tes yeux.

Rien n’en rendra jamais la fraîcheur éphémère,
Et les ans, dans leur cours, ne l’affaibliront pas ;
Car l’image que j’ai n’a point les faux éclats
Ni la fragilité des choses de la terre.

Elle est gravée au fond de mon cœur affolé ;
Nul que moi n’en saura le charme inviolé.
Et, quand l’âge sur nous mettra sa main flétrie,
J’aurai conservé chaste, éternel, infini,
Comme un dernier parfum de notre amour béni,
Le vivant souvenir de ta beauté chérie.