La Femme et la démocratie de nos temps/8

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CHAPITRE VIII.


Nous avons parlé de différence de races qui rendent plus ou moins sensible à telle ou telle vertu. Ainsi, l’italienne et l’anglaise, avec des mêmes principes généraux, auront des impressions différentes. La première, plus forte, sera sensible à des beautés de passion ; la seconde estimera la chasteté et la modestie. L’une songera à sa dignité, et l’autre à sa puissance. Là où les passions sont faibles, la pudeur l’emporte. La femme anglaise rêve une vie pure, renfermée dans sa famille : le poète de son pays célèbre le premier baiser des vierges, et la morale porte le caractère d’une nature modeste qui ne brûle qu’une fois. Au midi, la nature a d’autres qualités, d’autres faiblesses : la virginité y obtient peu d’hommage ; les passions s’y allument à plusieurs reprises avec une égale fraîcheur ; là, la femme est rarement fidèle à un sentiment unique ; comme l’homme, elle en connaît plusieurs ; à différens âges une nouvelle jeunesse lui rend comme les premiers battemens du cœur et la rougeur du front. Le poème de sa vie recommence. Ainsi dans l’Inde, ainsi en Égypte, ainsi dans les contrées brûlantes où la terre aussi ouvre son sein pour de doubles récoltes. Mais pour les femmes du nord et du midi la passion gardera son caractère immortel, et celles-ci aspireront aussi à un sentiment sans terme. Nous voyons rarement un grand homme, dans l’histoire d’Italie, sans voir à côté de lui une femme digne de lui, soit dans le bien, soit dans le mal : avec Brutus, Porcie ; avec Pison, Plancine ; avec Néron, Agrippine ; avec Trajan, Plotine. On en pourrait remplir des pages.