La Fleur d’Or/Les trois Frères

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La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 120-121).
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Les trois Frères


I


Tu reçus en naissant le don de la beauté,
Un front pur, un regard plein de sérénité
D’où sortait par éclairs, comme une chaste flamme,
L’idéale beauté que renfermait ton âme.
Les vierges, les enfants et les anges de Dieu
(Ce qu’on voit de plus doux en tout temps, en tout lieu),
Morts à jamais sans toi, retrouvèrent la vie,
Et ta main amoureuse en sema l’Italie :
Salut et gloire à toi, peintre envoyé du ciel,
Jeune ange au long profil appelé Raphaël !

II

 
À celui qui dormit sur l’épaule du Maître
Salut ! L’ami loyal fait oublier le traître.
Sous ses longs cheveux bruns, salut au bien-aimé,
Par qui, tout étant fait, le corps fut embaumé,
Et conservée aussi la plus tendre parole
De la nouvelle loi qui rapproche et console.

 
Tous ces mots de géhenne et de peuple maudit,
Sur ses lèvres de miel nul ne les entendit,
Mais ces mots : « Aimez-vous, enfonts, les uns les autres, »
Voilà ce que disait le plus doux des apôtres.
 

III

 
L’évangéliste Jean, le peintre Raphaël,
Ces deux beaux envoyés de l’amour éternel,
Ont un frère en Jésus, digne que Jésus l’aime,
Bien qu’il soit né païen et soit mort sans baptême ;
Virgile est celui-là : tant l’aimable douceur
Au vrai Dieu nous élève et fait toute âme sœur.
Donc, comme une couronne autour de l’Évangile,
Inscrivez ces trois noms : Jean, Raphaël, Virgile,
Le disciple fervent, le peintre au pur contour,
Le poète inspiré qui devina l’amour.