La Foire sur la place/II/1

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Paul Ollendorff (Tome 1p. 143).
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Deuxième Partie — 1


Une impression plus forte s’imposait à Christophe, à mesure qu’il voyait plus clair dans la cuve aux idées, où fermentait l’art parisien : la suprématie de la femme sur cette société cosmopolite. Elle y tenait une place absurde, démesurée. Il ne lui suffisait plus d’être la compagne de l’homme. Il ne lui suffisait même pas de devenir son égale. Il fallait que son plaisir fût la première loi pour elle et pour l’homme. Et l’homme s’y prêtait. Quand un peuple vieillit, il abdique sa volonté, sa foi, toutes ses raisons de vivre, dans les mains de la dispensatrice de plaisir. — Les hommes font les œuvres ; mais les femmes font les hommes, — (quand elles ne se mêlent pas de faire aussi les œuvres, comme c’était le cas dans la France d’alors) ; — et ce qu’elles font, il serait plus juste de dire qu’elles le défont. L’éternel féminin a toujours exercé sans doute une force exaltante sur les meilleurs ; mais pour le commun des hommes et pour les époques fatiguées, il y a, comme l’a dit quelqu’un, un autre féminin, tout aussi éternel, qui les attire en bas. Celui-là était le maître de la pensée parisienne, le roi de la République.