La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Notes supplémentaires

La bibliothèque libre.




NOTES SUPPLÉMENTAIRES.


Page 28. Depuis la publication de ma première édition, le révérend G. S. Faber a bien voulu me faire part de ses opinions relativement aux considérations que j’ai présentées dans mon second chapitre sur l’accord des découvertes géologiques avec les livres sacrés, et je suis heureux de pouvoir dire, ainsi qu’il a eu l’obligeance de m’y autoriser, que mes vues sur ce sujet lui ont paru pleinement d’accord avec une interprétation saine du texte hébreu de ces versets de la Genèse, qu’au premier abord, elles pourraient sembler contredire.

Cette opinion de M. Faber a d’ailleurs d’autant plus de valeur que pour l’adopter, il a dû en abandonner une autre qu’il avait émise dans son traité On the three Dispensations (1824), où il avait essayé de mettre les phénomènes géologiques d’accord avec le récit de Moïse, en supposant que chacun des jours démiurgiques représente une période de plusieurs milliers d’années.

Je dois dire à ce propos que j’ai été fort surpris de voir que l’on m’avait regardé à tort comme inclinant vers cette opinion que chaque jour de la création dont il est question dans le récit mosaïque représentait un intervalle de plusieurs milliers d’années. Dans mon second chapitre (page 45 et suivantes), j’ai dit que cette opinion, qui a été celle de théologiens et de géologues fort savans, n’est pas complètement d’accord avec les faits, et je me suis déclaré ouvertement pour l’hypothèse qui suppose qu’un intervalle de temps indéfini s’est écoulé entre la création de la matière qui compose l’univers et la création de l’espèce humaine. En plaçant, comme on le fait dans cette manière de voir, le commencement à une distance indéfinie avant le premier des six jours décrits dans le récit que nous fait Moïse de la création, je ne vois plus aucune raison de supposer à aucun de ces jours une durée plus longue que celle d’un de nos jours ordinaires ; et je pense qu’il s’est écoulé un intervalle suffisant pour l’accomplissement de tous les phénomènes géologiques, depuis la création première de l’univers qui est mentionnée dans le premier verset de la Genèse, jusqu’à cette autre création dernière, dont l’historique se trouve dans le troisième verset et les suivans, et qui avait surtout pour objet de mettre le globe en état de devenir la demeure de l’homme. Nous avons vu (page 20), dans la note du docteur Pusey que l’idée d’un pareil premier acte de création avait été admise par plusieurs des pères de l’église, ainsi que par Luther.

Page 56. Le professeur Kersten a trouvé des cristaux de feldspath prismatique bien distinct sur les parois d’un fourneau dans lequel on avait fondu du schiste cuivreux et des minerais de cuivre. Parmi ces cristaux de formation pyrochimique, il s’en trouvait de simples, et d’autres qui étaient réunis deux par deux ; ils étaient composés de silice, d’alumine et de potasse. Cette découverte est fort importante pour la géologie, à cause de l’appui qu’elle offre à la théorie de l’origine ignée des roches cristallines, dans lesquelles le feldspath joue d’ordinaire un rôle très important. Tous les essais que l’on a faits pour produire artificiellement de semblables cristaux de feldspath ont été jusqu’ici sans résultat. — Voyez les Annales de Poggendorf, n° 22, 1834, et l’Edinb. New Phil.journ. de Jameson.

Le professeur Mitscherlich a également réussi à produire synthétiquement par la chaleur des cristaux artificiels de mica. Ce résultat ne peut s’obtenir que très difficilement, et seulement en faisant passer, avec une grande lenteur, de l’état fluide à l’état solide, les ingrédiens qui entrent dans la composition des cristaux, comme l’on suppose qu’ils ont dû se refroidir avec une lenteur excessive dans la formation du granite et des autres roches primitives où le mica entre dans une grande proportion. Quant aux roches trapéennes, d’une formation ignée plus récente, où le mica est rare, tandis que les cristaux de pyroxène s’y trouvent en abondance, il est probable qu’elles ont subi un refroidissement beaucoup plus rapide que les roches de la série granitique, et M. Mitscherlich a formé des cristaux de pyroxène synthétiquement à l’aide de leurs élémens mis en fusion, et refroidis avec beaucoup plus de rapidité que dans la production artificielle du mica.

Les expériences qu’a faites sir James Hall en 1798, sur le whinstone et sur la lave, ont signalé pour la première fois l’influence d’un refroidissement lent et graduel sur la production de corps de cette espèce à l’état cristallin. De semblables expériences ont été faites sur une plus grande échelle par M. Grégory Watt, en 1804. Les expériences de sir James Hall sur la production artificielle du calcaire et du marbre cristallin datent de 1805.

M. Whewell, dans son rapport sur la minéralogie fait devant l’association britannique, à Oxford en 1832, cite les observations du docteur Wollaston et du professeur Miller sur des cristaux de titanium et d’olivine trouvés dans les scories de fourneaux de fer, et les expériences de Mitscherlich et de Berthier sur des cristaux artificiels pareils à ceux que l’on trouve dans la nature, et qu’ils ont obtenus dans des fourneaux par une synthèse directe, en se guidant sur la théorie atomique. Quant à la production des cristaux par voie humide, nous renvoyons aux observations et aux expériences sur des sels artificiels, de Brooke, de Haidenger et de Beudant, et aux expériences de Haldat, de Becquerel, et de Repetti.

Dans la réunion de l’association britannique à Bristol en août 1856, M. Crosse a communiqué les résultats de ses expériences sur la production artificielle des cristaux sous l’influence de l’action galvanique faible, mais long-temps continuée, de batteries mises en action par de l’eau pure, sur les élémens de plusieurs corps cristallisés qui font partie du règne minéral ; il a obtenu ainsi des cristaux artificiels de quarz, d’arragonite, de carbonate de chaux, de plomb ou de cuivre, et plus de vingt autres minéraux artificiels. Un de ses cristaux de quarz, d’une forme parfaitement régulière, avait 5/6 de pouce en longueur et 1/10 en diamètre ; il rayait facilement le verre, et M. Crosse l’avait obtenu en exposant de l’acide fluosilicique à l’action électrique d’une batterie d’eau, depuis le 8 mars jusqu’aux derniers jours de juin 1856.

Page 57. Dans notre note relative aux coquilles d’eau douce des étages supérieurs de la grande formation houillère, nous avons omis de mentionner une découverte importante de M. Murchison (1831-1832), qui a fait connaître une bande calcaire remplie d’animaux d’eau douce, tels que des paludines, des cyclas et des coquilles planorboïdes microscopiques : cette bande, interposée entre les couches supérieures du terrain houiller, s’étend depuis les collines de Breiddin, au nord-ouest de Shrewsbury, jusqu’au bord de la Severne, près de Bridgorth, sur une longueur d’environ trente milles ; et il a constaté que les couches de houille qui contiennent ce calcaire lacustre passent d’une manière conforme dans la région inférieure du nouveau grès rouge des comtés du centre. Voyez les bulletins de la société géologique, t. I, p. 472. Les localités principales où se trouve ce calcaire du Shropshire sont Pontesbury, Uflington, Le Botwood et Tasley.

On a reconnu dernièrement à Ardwick, près de Manchester, des lits de calcaire, ayant une position géologique toute semblable, et contenant les mêmes débris organiques, dont quelques uns appartiennent au dépôt bien connu de Burdie House, près d’Édimbourg ; le professeur Phillips a fait voir que ces lits étaient les mêmes que ceux du Shropshire (Association britannique pour l’avancement des sciences, 1836) ; et M. Williamson les a également décrits dans le Phil. mag., octobre, 1836.

Page 66. La houille de Buckeberg, dans le duché de Nassau, à propos de laquelle les opinions ont été partagées, quelques auteurs la rapportant au sable vert, et d’autres à la série oolitique, a été déterminée par le professeur Hoffmann comme faisant partie de la formation wealdienne d’eau douce.

Voyez les Versteinerungen des Norddeutschen Oolithen Gebirges, de Rœmer, Hanovre, 1830.

P. 77. On a reçu dernièrement de l’Inde une notice sur la découverte d’un ruminant fossile inconnu et très curieux, presque aussi grand qu’un éléphant, et rattachant entre eux d’une manière remarquable les deux ordres des pachydermes et des ruminans. Le docteur Falconer et le capitaine Cautley ont publié une description détaillée de cet animal, qu’ils ont désigné sous le nom de Sivatherium, pour rappeler la chaîne sivalique ou sous-hymmalayenne dans laquelle il a été trouvé, entre le Jumna et le Gange. Sa taille excède celle des plus grands rhinocéros. On en a trouvé une tête presque entière. Le front est remarquablement large, et supporte les noyaux osseux de deux cornes courtes, épaisses et droites, dans une position semblable à celle de l’antilope à quatre cornes de l’Indostan. Les os nasaux sont développés à un degré sans exemple parmi les ruminans, et ils surpassent même sous ce rapport ceux du rhinocéros, du tapir et du palœotherium, les seuls herbivores qui offrent une semblable particularité d’organisation. Il est donc hors de doute que le sivatherium était doué d’une trompe, et que cet organe était intermédiaire entre la trompe du tapir et celle de l’éléphant. Sa mâchoire est double en grandeur de celle d’un buffle, et plus grande que celle d’un rhinocéros. On trouve les débris du sivatherium en compagnie de ceux de l’éléphant, du mastodonte, du rhinocéros, de l’hippopotame, de plusieurs ruminans et d’autres animaux.

Nous avons vu (page 77) qu’il y a plus de distance entre les genres actuels de pachydermes qu’entre ceux d’aucun autre ordre de mammifères, et que plusieurs des lacunes qui existaient dans la série de ces mammifères, telle qu’elle est composée à l’époque où nous vivons, se trouvent remplies par les genres et les espèces éteintes que l’on a rencontrés dans les couches de la série tertiaire. Le sivatherium est un important anneau de plus dans cette chaîne de genres éteints à caractères intermédiaires. Déjà nous avons fait sentir (page 100) toute la valeur que donnent à ces sortes d’anneaux les argumens qu’ils fournissent è la théologie naturelle.

P. 80. L’histoire des débris organiques du système miocène des dépôts tertiaires vient d’être éclairée d’une lumière nouvelle par les découvertes qui ont été faites dans des couches de cette formation du midi de la France, à peu de distance du pied des Pyrénées. M. Lartet a présenté un mémoire à l’Académie des sciences de Paris, le 16 janvier 1837, sur un nombre prodigieux d’ossemens fossiles qui ont été trouvés depuis peu dans la formation tertiaire d’eau douce de Simorre, de Sansan et d’autres localités du département du Gers. Parmi ces débris se trouvent les os de plus de trente espèces qui peuvent être rapportées à presque tous les ordres de mammifères ; le plus remarquable est une mâchoire de singe qui est le premier exemple que l’on ait encore trouvé d’un fossile appartenant à l’ordre des quadrumanes : l’individu duquel provient cette mâchoire était probablement haut d’environ 50 pouces.

Nous allons donner la liste des genres auxquels appartiennent ces débris fossiles.

Quadrumanes. — Singe, une espèce.

Pachydermes. — Dinotherium, deux espèces. — Mastodonte, cinq espèces.—Rhinocéros, trois espèces. — Un animal nouveau voisin de ce même genre.—Palœotherium, une espèce.—Anoplotherium, une espèce. — Une espèce éteinte voisine des Anthracotherium. — Une espèce éteinte voisine des Cochons.

Carnivores. — Chien, une espèce. — Genre nouveau, intermédiaire entre le chien et le raton, une grande espèce. — Chat, une grande espèce. — Une espèce voisine du genre Genette, — Une espèce voisine des Coatis, grande comme un ours blanc.

Rongeurs. — Lièvre, une petite espèce. — Plusieurs autres petites espèces encore indéterminées.

Ruhinans. — Bœuf, une espèce. — Antilope, une espèce. — Cerf, plusieurs espèces.

Edentés. — Une grande espèce inconnue.

M. de Blainville, qui est sur le point de publier un rapport sur ces débris, établit leur importance relativement à la géologie fossile de la France, par ce fait que, dans une seule localité qui fut anciennement un bassin où se rendaient en abondance des eaux d’alluvion, se trouvent réunis en un mélange confus, au sein d’une formation tertiaire d’eau douce, des os dispersés et des fragmens brisés de squelettes de la plupart des quadrupèdes fossiles que l’on a rencontrés disséminés dans l’étendue des couches tertiaires du reste de la France, et faisant partie de genres qui représentent presque tous les ordres de mammifères. — Comptes rendus, n° 3, janvier 1837. — Ces débris paraissent être du même âge que ceux d’Epplesheim.

Page 95. L’auteur de cet ouvrage a vu en septembre 1835, à Liège, la collection très nombreuse des fossiles que M. Schmerling a recueillis dans les cavernes des environs, et il a visité quelques unes de ces cavernes. Beaucoup de ces os paraissent avoir été apportés là par des hyènes, comme ceux de la caverne de Kirkdale ; et ils portent des traces évidentes des dents de ces animaux. D’autres, et en particulier les ossemens d’ours, ne sont ni brisés ni rongés ; mais ils ont été probablement réunis sur ce point de la même façon que les ossemens d’ours de la caverne de Gailenreuth, par suite de l’habitude où étaient ces animaux de se retirer aux approches de leur mort dans les retraites que leur offraient ces cavernes. Quelques ossemens ont dû y être introduits par l’action des eaux.

Les débris humains qui se rencontrent dans ces cavernes sont dans un état de décomposition moins avancée que ceux des diverses espèces d’animaux éteints. On y trouve en même temps des couteaux de pierre et d’autres instrumens grossiers de pierre et d’os, qu’y ont probablement laissés des tribus sauvages qui habitaient de semblables creux de rochers. Quelques uns de ces ossemens humains peuvent provenir aussi d’individus qui y ont été ensevelis à des époques plus récentes ; ces retraites ont dû être choisies comme sépultures. M. Schmerling, dans ses Recherches sur les ossemens fossiles des cavernes de Liège, émet l’opinion que les débris humains sont contemporains des débris de quadrupèdes d’espèces éteintes avec lesquels on les trouve ; mais, après avoir examiné attentivement sa collection, nous sommes d’un avis entièrement opposé.

Page 447. Nous avons représenté le Dinotherium comme le plus grand des mammifères terrestres, et comme offrant dans la mâchoire inférieure, et dans les défenses dont elle est armée, une disposition extraordinaire en rapport avec les habitudes de quelque gigantesque quadrupède herbivore, habitant des eaux. On a trouvé dans l’automne de 1830 une tête entière de cet animal à Epplesheim, longue d’environ quatre pieds, et large de trois. Le professeur Kaup et le docteur Klipstein en ont récemment publié une description et des figures (pl. 2’, fig. 2) ; ils font voir que la forme et les dispositions remarquables de la partie postérieure du crâne prouvent qu’à cette partie étaient fixés des muscles d’une puissance extraordinaire, propres à imprimer à la tête les mouvemens nécessaires pour l’emploi des défenses à fouiller et à déchirer la terre. Ces auteurs font aussi observer que les conjectures que j’ai établies relativement aux habitudes aquatiques de cet animal sont confirmées par les rapports de forme qui existent entre l’occipital de la tête qu’ils décrivent et le même os de la tête des cétacés ; le dinotherium par cette partie de son organisation rattache les cétacés aux pachydermes. On a rencontré à Epplesheim plus de trente espèces fossiles de mammifères.

Page143. M. C. Darwin a déposé dans le Musée du Collège royal des chirurgiens, à Londres, une série fort intéressante d’os fossiles de mammifères éteints trouvés par lui dans l’Amérique du sud. D’après les communications que m’a faites M. Owen, il s’y trouve deux, peut-être même trois espèces distinctes d’édentés, d’une taille intermédiaire entre les mégathérium et la plus grande espèce vivante de tatous, le dasypus gigas ; toutes sont protégées de la même manière par une cuirasse de tubercules osseux et elles établissent un passage plus direct entre le mégathérium et les tatous actuels qu’entre ce même animal et les paresseux. Un fossile plus intéressant encore c’est le crâne d’un quadrupède se rapprochant de l’hippopotame par ses dimensions, mais offrant en même temps la dentition d’un rongeur ; et une particularité que nous devons remarquer ici, c’est que la plus grande espèce vivante de cet ordre, le capybara, est propre à l’Amérique du sud. M. Darwin a également recueilli des fragmens d’un petit rongeur très voisin de l’agouti, et des restes d’un quadrupède ongulé de la taille du chameau, qui établit un passage entre le groupe anormal de ruminans dont les chameaux et les lamas font partie, et l’ordre des pachydermes.

Page 172. Dans l’été de 1836, M. Murchison a découvert à Ludlow, dans les roches de schistes sableux qui constituent les étages supérieurs du système silurien, un lit très curieux presque entièrement composé d’os brisés, de dents et d’écailles de poissons mêlés de nombreux petits coprolites. Toutes ces circonstances des débris organiques qui composent ce lit le font ressembler à la couche désignée sous le nom de lit osseux (bone bed), située à la partie inférieure du lias sur les bords de la Severn, près de Aust-Passage et près de Watchet ; on trouve en effet dans cette dernière couche des os, des dents et des coprolites provenant de poissons, mêlés avec des os de reptiles réduits en fragmens. Ce lit osseux de Ludlow est le premier exemple qu’on ait encore signalé jusqu’ici de débris prouvant que les poissons existaient en abondance à cette époque reculée de la série de transition où se sont déposées les couches supérieures du système silurien.

Nous avions déjà signalé dans une note, à la page 240, la présence dans le système carbonifère de dents, d’écailles, d’os et de coprolites appartenant à la classe des poissons.

Page 182. M. le docteur Milne Edwards a récemment combattu l’opinion qui explique les changemens de la peau des caméléons par des différences dans l’intensité de leurs inspirations ; et il a fait voir que ces changemens sont dus à des modifications qui ont lieu dans la disposition de couches de pigmens membraneux diversement colorés, superposées les unes aux autres, au dessous de l’épiderme, et pouvant se modifier à ce point que l’une peut être entièrement cachée par l’autre. Cette opinion détruit les conjectures qu’a émises Cuvier en attribuant au plésiosaure la faculté de faire varier la couleur de sa peau comme conséquence de la ressemblance qu’offrent ses côtes, quant à leur structure, avec celles du caméléon.

Voyez Penny cyclopædia, t. VI) page 474 et suivantes, et les Annales des sciences naturelles (1re série, t. 4).

Page 187. Voici un fait qui fera voir de quelle exquise délicatesse peut jouir la main humaine. Je tiens de M. James Gardener, de Régent Street, à Londres, qu’il peut avec sa main seule, guidée seulement par le sens du toucher, tracer, les yeux fermés, des lignes parallèles, dont la distance, mesurée au micromètre, se trouve être exactement de de pouce. À l’œil nu, il ne peut pas voir distinctement des lignes plus rapprochées que de pouce ; dans ce cas, le sens du toucher surpasse donc en finesse le sens de la vue dans le rapport de 8 à 1. M. Gardener peut également tracer un cercle ou une ellipse parfaite, sans le secours d’aucun instrument, et en faisant tourner sa main auteur de son poignet comme autour d’un centre.

Page 260. « Les sens des conchifères doivent être fort obscurs, et nous n’avons aucun motif de penser que la généralité de ces êtres possède quelque chose de plus que le toucher et le goût. Cependant il est possible que la plupart aient la conscience de la présence ou de l’absence de la lumière. — « Dépourvues d’organes spéciaux pour la vue, l’odorat ou l’ouïe, dit sir Antony Carlisle, à propos de l’huître commune, dans son Hunterian oration (1826), ces créatures sont réduites à la perception des impressions que leur transmet le contact immédiat des corps ; cependant il paraîtrait que tous les points de leur enveloppe seraient sensibles à la lumière, aux sons, aux odeurs et à l’action des liquides stimulans. Des pêcheurs assurent que l’on voit les huîtres dans les parcs, lorsque l’eau est claire, fermer leur coquille toutes les fois que l’ombre d’un bateau passe au dessus d’elles. »

M. Deshayes va jusqu’à dire qu’on ne peut découvrir chez ces animaux aucun organe particulier pour les sens, si ce n’est peut-être ceux du toucher et du goût ; mais nous ne devons pas oublier de citer ici les organes qui ont été désignés sous le nom de taches oculaires dans le pecten auquel a été appliqué par Poli le nom d’argus, à cause du grand nombre de ces organes. Les pectens nagent librement, et leurs mouvemens rapides et volages sont cause que nous les avons entendu nommer les papillons de l’Océan. La manière dont ces mouvemens s’exécutent, surtout à l’approche d’un danger, indique l’existence d’un sens au moins analogue à celui de la vision ordinaire. On voit les taches oculaires des peignes placées à peu de distance les unes des autres tout le long du bord épaissi du manteau, comme sur les limites extrêmes de l’économie de l’animal. Telle locomotion, telle vision, est un aphorisme général qui n’est pas sans quelques exceptions, et il y a des raisons de penser que le spondyle, qui est fixé à l’état adulte, possède néanmoins de ces taches oculaires. (Penny cyclopædia, t. VII, p. 452 et suiv., art. Conchifera.) — Ehrenberg a décrit les yeux de la medusa aurita comme ayant la forme de petits points rouges sur la circonférence du disque. Il a fait connaître aussi l’existence de petites taches oculaires rouges à l’extrémité des rayons de l’astérie. »

Page 287. On désigne sous le nom de pesanteur spécifique d’un corps le rapport de son poids au poids d’un autre corps sous des volumes égaux ; d’où il résulte que si un corps, qui occupe dans l’eau un espace donné, peut être réduit à un volume moindre, son poids absolu demeurant le même, il deviendra d’une pesanteur spécifique plus grande. Supposons que le poids absolu du corps du nautile, de même que celui du fluide péricardial qu’il contient, soit égal à celui d’un même volume d’eau ; l’animal, quand il sera plongé, déplacera toujours un volume d’eau précisément égal au sien. La présence du fluide péricardial à l’intérieur du corps (c’est-à-dire dans le péricarde), ou son expulsion du corps dans la coquille, ne changera rien à la pesanteur spécifique du corps lui-même, parce que le volume du corps variera suivant que le péricarde sera vide ou distendu par le fluide. Mais comme le volume de la coquille demeure constamment le même, tandis que la quantité de matière qu’elle contient varie suivant que le fluide péricardial remplit ou abandonne le siphon, sa pesanteur varie de la même manière ; elle s’accroît quand le fluide pénètre dans le siphon en comprimant l’air des chambres intérieures, elle diminue au contraire quand ce fluide rentre du siphon dans le corps.

Quand l’animal, se préparant à flotter, sort de sa coquille, et que le fluide péricardial rentrant du siphon dans le péricarde, force le corps à s’agrandir par la distension de ce sac, le poids absolu de l’ensemble du corps et de la coquille demeure le même ; mais la pesanteur spécifique est diminuée par l’accroissement de volume du corps, et l’animal peut flotter. Lorsqu’au contraire le nautile se prépare à plonger, il se retire dans sa coquille, et, en comprimant le sac péricardial, il force le liquide qui y est contenu à pénétrer dans le siphon ; le volume du corps diminue donc, par suite de l’affaissement du sac, d’une quantité égale à la différence qu’il y a entre l’espace qu’occupe le sac distendu et celui qu’occupe le même sac dans son état de contraction ; l’ensemble devient spécifiquement plus pesant, et l’animal plonge.

Dans le but de simplifier le problème, nous avons supposé, pour le fluide péricardial et pour le corps de l’animal, des pesanteurs spécifiques égales à celle de l’eau. Si, comme le dit M. Owen, le fluide péricardial est plus dense que l’eau, son passage dans le siphon sera d’un effet plus considérable pour faire plonger la coquille, par la raison qu’un volume de fluide plus pesant qu’un égal volume d’eau s’ajoutera dans la coquille sans en accroître le volume ; mais lorsque ce même fluide vient à rentrer dans le corps, la pesanteur spécifique de ce dernier ne s’augmente que de la différence qu’il y a entre la pesanteur spécifique de ce fluide et celle de l’eau ; mais cet accroissement est plus que contrebalancé par la diminution de pesanteur spécifique qui résulte pour le corps de l’expansion des tentacules rétractiles, et par conséquent de leur accroissement en volume. Ces mêmes tentacules, quand l’animal rentre dans sa coquille, se contractent en un volume moindre, et accroissent par conséquent la tendance de la coquille à descendre.

Dans les ludions, dont nous avons déjà parlé, et dans tout l’ensemble de l’appareil dont ils font partie, le bocal et la membrane qui le recouvre jouent le même rôle que le péricarde dans le nautile ; l’eau du bocal représente le fluide péricardial. Si une petite vessie était placée au col du ballon qui les surmonte, et suspendue à l’intérieur de la cavité comme un siphon artificiel, la vessie, remplie d’eau, représenterait le siphon du nautile distendu par le fluide péricardial, et l’air comprimé dans l’intérieur du ballon représenterait celui de l’intérieur des chambres aériennes.

La différence qu’il y a entre ces deux appareils, c’est que, dans le nautile, le péricarde entier est une membrane flexible, et que la presque totalité du fluide péricardial peut être chassée dans le siphon, tandis que dans le ludion, la membrane seule qui recouvre le bocal est extensible et qu’une petite partie seulement de l’eau du bocal peut être chassée dans le ballon.

C’est donc le même principe qui cause un changement dans la pesanteur spécifique, en faisant varier la quantité de matière contenue soit dans la coquille, soit dans le ballon, sans que leur volume respectif en soit modifié.

Page 288. Les tentacules, qui, lorsqu’ils sont épanouis autour de la tête, retarderaient tous les mouvemens de progression de l’animal, peuvent suivre le corps et la coquille dans des mouvemens rétrogrades, sans y opposer aucun obstacle matériel. De même aussi la portion de la coquille qui se trouve à l’avant dans tous les mouvemens rétrogrades qu’exécute l’animal, soit pour monter ou descendre, soit pour flotter à la surface des eaux, est précisément celle qui éprouve le moins de résistance de la part du fluide dans lequel elle se meut, en même temps que cette portion de la face dorsale de l’animal est celle qui oppose le plus de résistance aux chocs qu’elle peut recevoir de la part des autres corps, soit pendant qu’elle flotte à la surface, soit lorsqu’elle tombe au fond de la mer.

Page 290. M. Owen fait observer que le capuchon ou disque musculaire aplati du nautilus pompilius semble disposé pour être le principal organe de locomotion de l’animal lorsqu’il rampe au fond des eaux ; et que, dans la position renversée du mollusque, cet organe offre une grande ressemblance avec le pied d’un gastéropode. À l’état de repos ou de rétraction, il peut remplir les fonctions d’un opercule, et défendre l’entrée de la coquille. (Voyez Owen, On the Pearly nautilus, page 12.) L’animal pouvait aussi s’aider de ses nombreux tentacules, soit dans ses mouvemens de progression, soit pour se fixer au fond.

Page 291. Dans le cas d’animaux qui auraient fin siphon et une coquille chambrée, mais point de fluide péricardial dont ils pussent remplir leur siphon, l’accroissement et la diminution de la pesanteur spécifique pourraient s’expliquer par l’admission dans le siphon, et l’expulsion alternative de tout autre liquide sécrété, ou même de l’eau dans laquelle flotte la coquille. Peut-être découvrira-t-on par la suite, dans quelques uns de ces genres, certaines modifications organiques destinées à vider et à remplir le siphon, par tout autre moyen que par l’action du péricarde, et peut-être même avec de l’eau prise dans la cavité branchiale. Mais comme nous savons que le nautile flambé possède dans son fluide péricardial et dans son siphon un appareil qui suffit à produire ces modifications dans sa pesanteur spécifique, et comme nous rencontrons dans les ammonites, et dans plusieurs autres familles éteintes de coquilles chambrées, un siphon et des chambres aériennes toutes semblables à ceux du nautile, nous sommes autorisés à conclure par analogie que ces mécanismes, si semblables à ceux du nautile, qui ont échappé à la destruction, étaient en rapport avec des parties molles et périssables qui correspondaient à l’appareil péricardial du nautile actuel.

Il est d’ailleurs de peu d’importance, pour la théorie statique que j’ai proposée relativement au siphon, que le fluide alternativement admis et rejeté provienne du péricarde ou de toute autre cavité intérieure du corps, ou même de la mer ; seulement on a déjà constaté l’existence d’un mécanisme à l’aide duquel, dans le premier cas, s’effectuent les mouvemens du fluide péricardial, ainsi que cela a lieu dans le nautile flambé ; tandis que si le second cas existait, il nous resterait à découvrir par quel mécanisme s’effectue l’admission du fluide à l’intérieur du siphon, et l’expulsion qui a lieu ensuite.

Dans le cas où il existe un siphon enveloppé dans toute son étendue par une coquille rigide et inflexible, comme cela a lieu dans le nautilus Sipho, l’élasticité de l’air intérieur des chambres ne peut aider la force musculaire du siphon dans la fonction de régler l’action d’un fluide quelconque à l’intérieur de ce tube ; et si l’hypothèse que nous avons proposée dans la note de la page 514, en parlant de cette espèce, ne lui est pas en effet applicable, non plus qu’à toutes celles qui offrent une même modification de l’appareil siphonal, la manière dont s’opéreraient les mouvemens alternatifs du liquide qui remplit cet organe nous serait encore complètement inconnue.

Dans le cas d’un fourreau articulé tel que celui de la planche 52, fig., 3, d, e, f, et de la pl. 53, chacun des articles calcaires (e), formé par une coquille rigide, pouvait bien s’articuler avec le collier de la cloison transversale adjacente, de façon à constituer une enveloppe mobile ou valve, laquelle, étant tirée par son bord supérieur vers l’extérieur du collier h, aurait laissé un passage entre son bord extérieur et l’intérieur du collier sous-jacent ; et à travers ce passage l’air eût pu passer de la chambre aérienne contiguë dans l’intervalle compris entre le fourreau calcaire et le siphon membraneux, toutes les fois que ce dernier aurait dû être vidé du liquide péricardial qui y était contenu, et rentrer dans la chambre aérienne, lorsque ce fluide aurait pénétré dans le siphon, en même temps que le bord inférieur des valves serait retombé dans l’ouverture pratiquée pour les recevoir à l’intérieur du collier inférieur (i).

Peut-être dans la spirule et dans les autres animaux dont le corps ne se loge pas à l’intérieur de leur coquille, les chambres aériennes n’ont-elles pas d’autre fonction que de contrebalancer le poids du corps, et de permettre à l’animal de flotter au sein des eaux ; et il serait possible que dans ce cas le siphon n’eût pas d’autres usages que de conduire jusqu’à l’extrémité de la coquille et de distribuer à l’intérieur de chaque chambre aérienne les vaisseaux nécessaires pour conserver à la coquille et à ses cloisons transversales leur vitalité. Le mécanisme pour l’ascension et la descente, que nous avons décrit à propos du nautile, ne s’appliquerait plus dans un cas semblable, et les mouvemens n’y seraient probablement plus produits que par une action musculaire directe.

Page 387. La répétition fréquente des mêmes parties dans un animal est l’indice d’un rang peu élevé et d’une imperfection relative de l’organisation. Le nombre des os dans le corps humain est de 242 ; et celui des muscles est de 252 paires. — South, Dissector’s Manual.

Page 361, ligne 13. M. Murchison, dans son excellent mémoire sur on renard fossile trouvé dans la formation tertiaire d’eau douce d’Œningen, près de Constance, a donné une liste de plusieurs genres d’insectes fossiles, en même temps que de crustacés, de poissons, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères trouvés dans la marne schisteuse et dans le calcaire de ces carrières intéressantes. — Voyez les Transactions géologiques de Londres, nouv. série, t. m, p. 277.

Page 361. Note. La collection d’insectes fossiles d’Aix, qui a été décrite dans le mémoire dont il s’agit, a été faite par M. Lyell et par M. Murchison. Il est fait mention dans le même mémoire de la conservation de la pubescence de la tête d’un diptère. — Voyez l’Edinb. New Phil. Journal, octobre 1829, p. 294, pl. 6, fig. 12.

Page 391. Dans la note qui se trouvait à la fin de ma première édition, j’ai fait mention de la découverte qu’a faite Ehrenberg de débris d’infusoires fossiles convertis en silex, dans le tripoli, ou schiste à polir (Polierschiefer de Werner) de Bilin, en Bohême, et de quatre autres localités, ainsi que de la rencontre qu’il a faite de semblables débris dans le minerai de fer limoneux de certains marais. Je puis maintenant extraire de nouveaux renseignemens du mémoire qu’il a présenté sur ce sujet à l’Académie royale de Berlin en juin et juillet 1856, et qui a été traduit dans les mémoires scientifiques de Taylor en février 1857.

Il est dit dans ce mémoire que les sources minérales de Carlsbad contiennent des infusoires vivans appartenant aux mêmes espèces que l’on rencontre dans l’eau de la mer, près du Havre, en France, et près de Wismar, sur la Baltique ; et qu’une espèce de pâte siliceuse, que l’on désigne sous le nom de silex farineux (kieselguhr) et qui se rencontre en petites masses de la grosseur du poing et de la tête d’un homme, dans une tourbière, à Franzenbad, près d’Eger, se compose presque entièrement des étuis siliceux d’une espèce de navicule, la navicule verte, qui vit maintenant dans l’eau douce aux environs de Berlin, et que l’on rencontre dans un grand nombre d’autres localités. Le kieselguhr de l’Ile-de-France est également presque entièrement formé par des débris d’infusoires, et il en est de même d’une substance que l’on désigne sous le nom de bergmehl, trouvée à San-Fiore, en Toscane. Neuf espèces actuellement existantes ont été reconnues dans le silex farineux de Franzenbad ; 5 dans celui de l’Île-de-France ; 19 dans le silex farineux (berghmel) de San-Fiore ; 4 dans le tripoli de Bilin. Dans chacun de ces cas, ce sont pour la plupart les mêmes espèces qui vivent encore maintenant dans les eaux douces stagnantes ; quelques unes appartiennent aux eaux minérales salées, et un petit nombre se trouvent dans la mer. Le nombre total des espèces fossiles observées est de vingt-huit, dont quatorze se rapprochent des espèces d’infusoires qui vivent maintenant dans l’eau douce, et dont cinq rappellent les espèces marines. Les neuf autres appartiennent probablement à des espèces actuellement vivantes, mais qu’on n’a pas encore découvertes. Dans chacune de ces quatre localités, on observe qu’il y a un eespèce de beaucoup prédominante relativement à toutes les autres, et il n’y a pas deux localités où ce soit la même espèce. Le tripoli de Bilin occupe une surface d’une grande étendue, probablement le fond de quelque ancien lac, et il y forme des couches schisteuses de quatorze pieds d’épaisseur composées presque entièrement par un amas de tests siliceux appartenant à l’espèce Gaillonella distans. Ces tests ont de ligne, le environ de l’épaisseur d’un cheveu, et à peu près le volume d’un globule de sang humain ; vingt-trois millions environ de ces animaux sont donc contenus dans une ligne cube de tripoli, et quarante-un milliards dans un pouce cube. Un pouce cube de tripoli pesant 220 grains, il faut donc 487 millions de ces animaux pour peser un grain ; ou, en d’autres termes, l’enveloppe siliceuse d’un seul de ces animalcules ne pèse qu’environ la cent quatre-vingt-sept millionième partie d’un grain. On a également trouvé des débris siliceux d’infusoires dans le tripoli de Planitz et de Cassel.

M. de Humboldt a récemment communiqué à l’académie des sciences de Paris (février 1857) une lettre du professeur Retzius de Stockholm, dans laquelle ce naturaliste fait savoir à M. Ehrenberg qu’une substance désignée sous le nom de silex farineux (bergmehl), que Berzelius a analysée et décrite en 1833, et qu’il a trouvée contenir de la silice, de la matière animale et de l’acide crénique, sert d’aliment en Laponie, dans des saisons de disette, mêlée à de la farine de blé et d’écorce, pour constituer une sorte de pain, ainsi que cela eut lieu en 1833 dans la commune de Degerfords. M. Retzius a reconnu dans ce silex farineux (bergmehl) dix-neuf espèces d’infusoires à test siliceux. Ce dépôt paraît être analogue au kieselguhr de Franzenbad. — L’Institut, 22 février 1837, n° 198.

M. Ehrenberg a fait connaître aussi qu’un ocre jaune d’une consistance molle, appelé raseneisen (marshochre, meadowearth, limonite ochreuse, fer limoneux des marais) que l’on rencontre en grande quantité dans certaines fontaines des marais des environs de Berlin, recouvrant le fond des fossés, ou remplissant les pas d’animaux, se compose en partie de fer sécrété par des animalcules infusoires du genre Gaillonella. On peut séparer ce fer des tests de ces animaux sans qu’ils cessent de conserver leur forme. Il a découvert de pareils débris ferrugineux et siliceux dans de semblables substances ocreuses provenant de l’Oural et de New-York, ainsi que dans une substance terreuse jaune qui se forme à la surface des eaux minérales des sources salées de Colberg et de Durrenberg. Cette substance s’emploie à Colberg comme ocre dans la peinture en bâtimens. Le fer sécrété par ces animalcules, et qui se trouve uni à leurs enveloppes siliceuses, constitue après leur mort un noyau qui attire d’autre fer dissous dans les eaux qu’habitent ces animaux.

Le professeur Ehrenherg annonce dans une autre communication que certaines portions dures et lourdes du tripoli de Bilin, désignées sous le nom de schiste happant (saugschiefer), sont encore des restes de gaillonelles cimentés et remplies par une matière siliceuse amorphe provenant de ces infusoires ; et que les nodules de silex résinite (semiopal) que l’on rencontre dans le même tripoli sont aussi composés de silice provenant de débris d’infusoires qui se sont dissous, et réunis en des concrétions siliceuses dans lesquelles se voient dispersés en grand nombre des tests d’infusoires en partie décomposés, et d’autres qui se sont conservés sans altération. M. Ehrenberg croit aussi avoir rencontré des traces de corps organisés microscopiques de forme sphérique, et dont quelques uns appartiennent peut-être au genre actuel pixidicula, dans le silex résinite de Champigny, de même que dans celui de la dolérite de Steinheim, près de Hanau, et de la serpentine de Kosemitzen Silésie, et dans l’opale noble du porphyre de Kaschau. Les bandes blanches et opaques qui se voient dans certains silex de la craie lui ont également offert des corps microscopiques, soit sphériques, soit en aiguilles, qu’il regarde comme étant d’origine organique. Ces corps sont surtout abondans dans la croûte siliceuse blanche dont les silex sont revêtus, et dans la silice pulvérulente que contiennent parfois leurs cavités ; mais on n’en distingue pas dans la substance intérieure noire du nodule. L’existence actuelle d’infusoires marins rend probable qu’il existait aussi des animaux de cette classe dans les mers anciennes où se sont déposés les terrains stratifiés. La faculté que possèdent certains infusoires vivans de sécréter de la silice et du fer range leurs débris fossiles siliceux et ferrugineux presque dans la même catégorie que les débris calcaires fossiles des foraminifères, des polypes et des crustacés.

Les espèces vivantes de ces animaux, que l’on commence maintenant à trouver en si grande abondance a l’état fossile, se partagent en deux classes et en six familles. Trois de ces familles ont un épiderme mou et sans enveloppe ; et trois ont un épiderme siliceux qui constitue un test ou une cuirasse transparente. Cette cuirasse, dans le plus grand nombre des espèces, est formée de deux valves siliceuses ; et, lorsqu’elle est univalve, elle a la forme d’une feuille à bords enroulés en dedans l’un vers l’autre. La moitié à peu près des genres d’Ehrenberg ont une cuirasse siliceuse, tandis que les autres n’ont qu’une enveloppe membraneuse.

Les espèces que l’on trouve à Carlsbad ne vivent pas dans la source thermale, mais on les trouve à une petite distance, recouvrant les pierres et le bois d’une substance verte visqueuse, ordinairement composée de millions de corps d’infusoires. Ces animalcules ne se voient jamais dans l’eau qui sort d’une source chaude, ni dans les eaux limpides d’une source froide, d’une rivière ou d’un puits.

Page 393. Note. M. Searles Wood a découvert cinquante espèces de foraminifères dans le Crag inférieur du comté de Suffolk.

Lond. and. Edinb. Phil. Mag., août 1833, p. 86.

Page 434, ligne 19. M. Webster est le premier qui ait observé dans l’Île de Portland l’intéressant phénomène d’un de ces lits de terreau noir, que l’on désigne sous le nom de Dirt Bed (couche de boue) avec les bois fossiles et les cailloux qu’il renferme et, suivant lui, c’est de ce lit seulement, et non de l’oolite de Portland que proviennent les arbres silicifiés que l’on trouve dans cette île. Geol. Trans. Lond. N. S. t. 2, p. 12. — D’après ce même savant, la série de Purbeck contient des couches d’origine d’eau douce, et se distingue ainsi de l’oolite de Portland ou ne se voient que des coquilles marines. Dans le Mémoire qu’il a écrit sur ce sujet, il était indécis à l’égard de la limite rigoureuse qui sépare ces deux formations ; mais il penchait à la placer dans le lit de silex (chert) (pl. 57, fig. 1), et cette opinion est celle qu’il professe maintenant. Il exprime dans ce même Mémoire la pensée que le Dirt Bed ne repose pas immédiatement sur une couche de formation marine (comme M. de La Bêche, et moi-même après lui, l’avions supposé par erreur ; voyez les Geol. Trans. N. S. t. IV, page 45) ; mais que ces lits, que l’on désigne sous le nom de Top Cap, situés immédiatement au dessous du Dirt Bed, proviennent de l’eau douce. Au dessous de ce Top Cap, le professeur Henslow a découvert en 1852 deux autres nappes de terreau noir, très restreintes en surface et en épaisseur et situées l’une à cinq pieds, l’autre à sept pieds plus bas que le Dirt Bed (Geol. Trans. N. S. t. IV, p. 46) ; et le docteur Fitton a trouvé depuis, dans la plus récente des deux, des troncs de cycadites dans la même position que si ces plantes eussent crû sur ce point.là même (Geol Trans. N. S. t. IV, p. 219).

Page 438. Dans le courant de l’année dernière, M. Robert Brown a reconnu, en étudiant un Cycadites microphyllus de Portland, qu’il existe dans le tronc adulte de cette espèce des vaisseaux scalariformes dépourvus de disques ; et c’est un point qui la rapproche, me dit-il, de la section des cycadées américaines, bien que sous d’autres rapports elle offre une grande ressemblance avec les espèces africaines et australiennes, de même savant observe encore que l’ordre des cycadées n’est représenté que par un seul genre en Amérique, savoir, les zamia, sur lesquels ce genre a été originairement établi, et auxquels il vient tout récemment d’être restreint ; et que la ressemblance qui existe dans la structure des vaisseaux scalariformes du tronc entre ces zamia du Nouveau-Monde et les cycadites fossiles de l’Europe est une circonstance très remarquable.

Page 457. Depuis la publication de ma première édition, M. Bowerbank a eu l’obligeance de me faire la communication suivante relativement aux débris végétaux fossiles de l’argile de Londres. — « Ma collection de fruits fossiles de l’argile de Londres se compose de plus de 25000 échantillons ; déjà j’y ai déterminé plus de 500 espèces, et je ne doute pas qu’il ne m’en reste à déterminer encore plusieurs centaines. Feu M. Crow m’a dit avoir connaissance d’environ six à sept cents espèces. Aucun de ces fruits ne peut être rapporté avec certitude à quelque espèce récente, quoique plusieurs s’en rapprochent beaucoup ; les fruits de palmiers y sont abondans, et beaucoup d’autres se rapprochent, non seulement par leur forme extérieure, mais aussi quant à leur structure interne, du groupe bien connu des fruits capsulaires (seed vessels) de l’époque actuelle. Il en est qu’il m’a été impossible de rapporter à aucune forme connue. Les fruits de conifères y sont comparativement rares, bien que les débris de branches appartenant à cette famille s’y rencontrent assez fréquemment. Les palmiers présentent un fuit également curieux ; on observe en effet rarement des tiges fossiles dont la structure soit analogue à celle de ces végétaux, tandis que l’on rencontre de nombreuses espèces de fruits appartenant à cette famille. La plus grande partie des bois fossiles de l’argile de Londres proviennent certainement de plantes dicotylédonées, et il en est de même de la plupart des fruits fossiles ; et la structure interne de ces bois et de ces fruits est dans le plus bel état de conservation. »

Page 485. À la réunion de l’association britannique à Bristol, en août 1856, M. R. W. Fox a mis sous les yeux de la section de géologie une expérience de laquelle il résulte que le cuivre pyriteux, ou chalkopyrite, ou bisulfure de cuivre, peut être converti en sulfure sous l’action d’un courant voltaïque faible. L’appareil qu’il emploie se compose d’une auge partagée en deux compartimens par une cloison d’argile humide ; dans l’un de ces compartimens il place une solution de sulfate de cuivre et une pièce de bisulfure jaune de cuivre, et dans l’autre une petite quantité d’eau renfermant un peu d’acide sulfurique, ou de l’eau seulement sans acide, dans laquelle est une pièce de zinc communiquant avec les pyrites cuivreuses de l’autre compartiment par l’intermédiaire d’un fil de cuivre.

Ainsi soumis à l’action voltaïque dans cet appareil simple, la surface du minerai de cuivre passe bientôt du jaune à une belle couleur irisée, puis à une couleur pourpre, et enfin, après quelques jours, à l’état de sulfure sur lequel le cuivre métallique se dépose en cristaux brillans. Si l’on continue l’expérience pendant quelques semaines, et qu’on y ajoute de temps en temps de nouveau sulfate de cuivre, le sulfure finit par former une croûte épaisse immédiatement au dessous des cristaux métalliques ; il est de couleur presque noire et un peu friable. Suivant M. Fox, l’oxide de cuivre de la solution cède une partie de son oxigène à une partie du soufre du bisulfure, et il se forme ainsi de l’acide sulfurique qui se porte à travers l’argile sur le zinc du second compartiment, tandis que le cuivre désoxidé se dépose sur le minerai cuivreux électronégatif. Ce résultat semble expliquer pourquoi le enivre métallique se trouve, dans les mines, en contact avec le sulfure de cuivre et avec un minerai noir de cuivre, mais jamais avec le bisulfure jaune de ce même métal, et aussi pourquoi le sulfure de cuivre se rencontre ordinairement dans les veines métalliques, plus près de la surface que le bisulfure jaune, y étant exposé à l’action de l’eau, et d’une substance ferrugineuse, telle que le gossan ou oxide de fer, que l’on trouve dans les régions supérieures des mines de cuivre du comté de Cornouailles. M. R. W. Fox a également rendu compte de ses expériences sur l’état électro-magnétique des veines métalliques, et il a fait voir qu’il y a découvert des preuves d’une action électrique indépendante de toute influence accidentelle. Il a même obtenu une action voltaïque très marquée en plongeant dans l’eau un morceau de sulfure et un autre de bisulfure jaune de cuivre ; de ces deux minéraux, le premier était électro-positif par rapport au dernier. Cette expérience fait voir que l’action voltaïque entre différens filons (lodes) métalliques, et même entre des parties différentes d’un même filon, doit être très intense. M. Fox avait été déterminé à entreprendre ses expériences électro-magnétiques sur les mines, par les analogies que lui avaient paru présenter certains filons métalliques avec des combinaisons voltaïques.

Dans une autre expérience, M.R.W. Fox a remplacé la pièce de zinc par du sulfure de cuivre dans l’un des compartimens, toutes les autres circonstances demeurant les mêmes ; et au bout de quelques semaines, le bisulfure jaune de cuivre du compartiment opposé se trouva recouvert d’une couche mince de sulfure de ce métal. Ce savant a vu encore qu’il y avait un dégagement abondant d’hydrogène sulfuré, quand le bisulfure jaune de cuivre était plongé dans une dissolution de sulfate de zinc ou de fer, dans l’un des compartimens, et mis en communication par le moyen d’un fil conducteur avec une pièce de zinc placée avec de l’eau dans le compartiment opposé. Comme l’hydrogène sulfuré a la propriété de précipiter plusieurs métaux de leurs solutions sous forme de sulfures, cette expérience semblerait désigner ce gaz comme l’agent qui a pu produire une grande partie des sulfures métalliques. — Voyez une note du tome 2, qui termine l’explication de la pl. 67.

Dans une communication qu’il a faite depuis à la Société géologique de Londres (janvier 1837), voici ce que dit M. Fox : « Il me semble que j’aperçois chaque jour quelque nouvelle raison de croire que la tendance qu’offrent les filons métalliques à se diriger Est et Ouest peut être attribuée à l’influence magnétique du globe terrestre. Ces filons peuvent offrir dans quelques points du globe, par rapport à cette direction, des déviations considérables dépendantes peut-être de circonstances locales ; mais leur tendance générale à se diriger dans le sens que nous venons de dire est tellement marquée, qu’elle ne laisse aucun doute relativement à l’influence d’une loi générale dont elle est une conséquence. Il est à remarquer que plusieurs grandes veines d’hœmatite, et d’autres variétés d’oxide de fer que l’on trouve dans le comté de Cornouailles, sont dans la direction Nord et Sud. Je ne saurais prononcer si ce sont là ou non des exceptions, mais c’est un fait curieux que cette coïncidence presque parfaite de la direction de veines décidément ferrugineuses avec le méridien magnétique moyen. »

M. Becquerel a fait récemment une application très importante de certains appareils électro-chimiques à la réduction immédiate des minerais d’argent, de plomb et de cuivre sans l’emploi du mercure, et il s’occupe maintenant de nouvelles recherches sur l’extraction des métaux de leurs minerais respectifs. — L’Institut, 21 mars 1836 ; Phil. Magaz. février 1837.

M. Wheastone expose de la manière suivante les résultats pratiques de ces recherches, dans une lettre que j’ai reçue de lui à ce sujet.

« L’importance des intéressantes expériences de M. Fox résulte de l’exacte analogie qu’elles offrent avec les circonstances dans lesquelles sont maintenant placés les filons minéraux. Les longues recherches de M. Becquerel sur l’action permanente des courans faibles dans la production des combinaisons et des décompositions chimiques, sont d’une plus haute importance encore. On a rendu un compte détaillé de ces intéressantes expériences dans la troisième partie des Mémoires scientifiques de Taylor, et elles méritent toute l’attention des géologues désireux de pénétrer dans le mystères des formations minérales. Ces investigations ne sont pas d’ailleurs sans intérêt pour la pratique. M. Becquerel a découvert tout récemment un procédé à l’aide duquel il sépare les métaux précieux de leurs minerais, et les obtient dans un état de pureté parfaite sans le secours du mercure, et je crois que ce procédé est actuellement en usage dans quelques mines de la France. L’appareil électro-chimique qui produit ces résultats se compose simplement de fer, d’une dissolution de sel marin, et du minerai convenablement préparé. Ainsi cet agent puissant, que la nature seule jusqu’ici avait su employer dans ses vastes laboratoires, va donc être enfin soumis au commandement de l’homme, et il n’est pas besoin d’avoir la voix d’un prophète pour prédire qu’avant peu la pile vol taïque accomplira dans les applications de la chimie la même grande révolution qu’a déjà produite la machine à vapeur dans les arts mécaniques. »