La Jeunesse blanche (1913)/Douceur du souvenir

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La Jeunesse blancheEugène Fasquelle - Bibliothèque Charpentier (p. 73-74).


DOUCEUR DU SOUVENIR


 
Souvenir ! ô douceur d’un amour qui s’achève !
Souvenir ! ô douceur d’un songe qui n’est plus !
Rappel triste, en marchant, d’anciens vers qu’on a lus ;
Écume de la mer dont s’argente la grève.

L’église a disparu, mais la cloche on l’entend !
Souvenir ! ô douceur de la convalescence !
Charme de la sourdine et de la réticence
Qui font paraître au loin le rythme plus chantant.


L’amour fini ressemble à la mélancolie
Du soir ; au pied du mont, quand la flore est cueillie,
Il ne faut pas plus loin fatiguer ses genoux,

Ni trop s’époumoner à monter jusqu’au faîte,
Car, après tout, l’amour qui mit notre âme en fête
S’il eût été plus long aurait été moins doux !